Les connaissances des vertus médicinales des plantes font partie du patrimoine culturel mondial. C‟est ainsi que, l‟observation des propriétés thérapeutiques de certaines plantes, fût à la base des pharmacopées (africaine, française…). La 1ière édition de la pharmacopée française « codex », fût publiée en 1818 et la 10ième en 1983 (Landry, 2010). Malheureusement, dans les pays africains, avec l‟émergence de la culture occidentale, on assiste à une acculturation progressive. Ce phénomène est à l‟origine d‟une perte rapide des connaissances traditionnelles, alors que la préservation de celles-ci est une nécessité absolue à l‟instar des pays occidentaux (Ake-Assi, 2011).
Les plantes, en plus de leur valeur écologique, revêtent aussi une importance cruciale dans la vie des êtres depuis l‟antiquité (Ake-Assi, 2011; Scorzoni et al., 2007; Schlienger, et al., 2014). Ainsi, certaines plantes, dites médicinales, ont été utilisées dans un but thérapeutique, dans la plupart des pathologies et presque dans toutes les régions du monde (Schlienger, 2014) ; Monneret, 2010). Au cours des siècles, la tradition a été à l‟origine de la découverte d‟un grand nombre de médicaments d‟origine végétale. Parmi ceux-ci, figurent : la morphine, la quinine, l‟émétine, l‟artémisinine… Ces médicaments ont été obtenus, grâce à des observations ethnobotaniques faisant preuve d‟efficacité thérapeutique en médicine traditionnelle. Selon des citations, 50% des médicaments auraient une relation avec la nature (Landry, 2010 ; Ake-Assi, 2011). L‟utilisation des plantes médicinales, constitue jusqu‟à nos jours, une base solide, du système de soins primaires dans les pays en voie de développement. Malheureusement en Afrique, la plupart des espèces utilisées traditionnellement, n‟ont fait l‟objet d‟aucune recherche, ni pour leur efficacité, ni pour leur sécurité bien qu‟elles soient pour la plupart des remèdes sûrs (Ake-Assi, 2011). En effet, 80% des molécules médicamenteuses provenant des plantes retrouvées sur le marché ont été utilisées aux mêmes fins ou à des fins similaires à celles pour lesquelles les plantes d‟origine étaient traditionnellement utilisées (Monneret, 2010).
Exemples de Médecine Traditionnelle
Médecine ayurvédique
La médecine ayurvédique est une médication traditionnelle indienne. Cette pratique, est inscrite dans un des documents les plus anciens de l‟histoire de la médecine, l‟« AyourVerda » (Landry, 2010 ; Schlienger, 2014). Ce document historique, est un ensemble de textes sacrés, contenant un très grand nombre d‟informations, sur les pratiques de soins de cette époque des Indous. On y trouvait, la description de nombreux médicaments à base d‟animaux, de minéraux et surtout d‟organes de plantes utilisés en infusion, macération etc. (Landry, 2010 ; Barrett, 2003). En Inde, le premier geste de reconnaissance de la médecine traditionnelle a été, l‟adoption de la loi sur le conseil central de la médecine indienne en 1970. Cette loi a permis d‟instaurer une réglementation de la formation, l‟établissement d‟institutions de recherche accréditées par les autorités sanitaires et le contrôle des normes (formation, pratique) dans ce type de soin (OMS, 2002 ; CIB/OMS, 2013).
Médecine traditionnelle chinoise
La pharmacopée chinoise est connue sous le nom de Pen Tsao (Landry, 2010). Parue en 1556 après le décès de son auteur, le médecin naturaliste Li Shin-Chen, c‟est la toute première pharmacopée chinoise. Elle est considérée comme un traité de botanique, de zoologie et de minéralogie. Ce traité, fournit les premiers éléments de l‟acte pharmaceutique chinois (le choix et la récolte des drogues). En plus, elle décrit les méthodes d‟utilisation des drogues végétales (Landry, 2010).
En Chine, ce système a été valorisé pendant les années 1950, pour qu‟enfin soit mobilisé un ensemble de ressources pour assurer le besoin de soins primaires à l‟échelle nationale. Cette intégration au système national de santé chinois, a été accompagnée par l‟instauration d‟une formation académique adéquate mettant l‟accent sur la recherche (CIB/OMS, 2013).
Médecine traditionnelle africaine
Au Mali comme presque un peu partout en Afrique, l‟exercice de la MT cadre bien avec le milieu urbain malgré les nombreuses influences de la civilisation occidentale. En effet, les valeurs socio-culturelles demeurent plus immuables en milieu urbain. La résistance persistante de ces valeurs, accorde à la MT une place privilégiée dans les pays africains (Sanogo et al., 2002 ; Sanogo, 2011). Les guérisseurs exercent leur profession en dehors de la clandestinité car, on les voit un peu partout dans les villes et villages. Le recours combinant la MT à la médecine moderne demeure une réalité en Afrique. Face à l‟inquiétude occasionnée par la maladie, la quête d‟une guérison incite les patients à l‟association de ces deux systèmes de soins. La MT africaine a des fondements socio-culturels qui sont en accord parfait avec ceux de ses populations (Sanogo et al., 2002 ; Dahaba et al., 2015).
Stratégie de l’OMS
Dans de nombreuses régions du monde, les autorités, les professionnels de santé et la population débattent toujours sur la MT. La plupart de ces débats, portent sur les problèmes relatifs à la sécurité, l‟efficacité, la préservation et la réglementation de celle-ci (OMS, 2013). Certains commentateurs soulignent uniquement les méfaits des produits de la MT en argumentant, que ce qui est naturel, n‟est pas forcément inoffensif (Delorme et Coudert, 2017). Ces produits sont parfois qualifiés comme étant toxiques. Selon certains auteurs, les plantes sont considérées comme des remèdes de grand-mère exerçant leurs propriétés, plus généralement par des effets non spécifiques, voire placebo, que par de réelles voies pharmacologiques (Matillon, 2014 ; Lisandre et al., 2005). Malgré tout cela, cette pratique, reste largement utilisée dans la plupart des États Membres de l‟OMS. Son adoption et son intégration au système de soins publics, s‟accélèrent fortement dans certaines régions du monde (Chine, Inde). À cet effet, l‟intérêt porté à la MT est grandissant, il est donc temps qu‟on s‟intéresse à ces pratiques et praticiens. Cette raison, a alors poussé l‟OMS, à procéder à une analyse complète de la situation à travers le monde. Ainsi, une deuxième stratégie a été élaborée pour la MT de 2014 à 2023. L‟intention étant de mettre fin à toutes controverses du point de vue scientifique sur cette pratique, qui s‟est installée progressivement dès l‟aube de l‟humanité (OMS, 2013).
Ainsi, les objectifs de l‟OMS sont :
❖ Intégrer la MT aux systèmes des soins de santé nationaux de manière appropriée en développant et en mettant en œuvre des politiques et programmes nationaux de la MT;
❖ Promouvoir la sécurité, l’efficacité et la qualité en diffusant des connaissances sur la MT, tout en fournissant les conseils sur la réglementation et les normes d’assurance qualité ;
❖ Accroître la disponibilité et l’abordabilité de la MT de manière appropriée, tout en mettant l’accent sur le cas des populations pauvres ;
❖ Promouvoir un usage thérapeutique correct et approprié de la MT par les praticiens et pour les consommateurs (OMS, 2013).
|
Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : MÉDECINE TRADITIONNELLE
I. Définition
II. Exemples de Médecine Traditionnelle
II.1 Médecine ayurvédique
II.2 Médecine traditionnelle chinoise
II.3 Médecine traditionnelle africaine
III. Stratégie de l‟OMS
IV. Phytothérapie
IV.1 Définition
IV.2 Utilisations
IV.2.1 Médicaments traditionnels améliorés (MTA)
IV.2.2 Homéopathie
IV.2.3 Préparation de compléments alimentaires
IV.2.4 Dermatologie
IV.2.5 Cancérologie
IV. 2.5.1 Considérations générales
IV. 2.5.2 Molécules anticancéreuses d‟origine végétale
CHAPITRE II : STRESS OXYDATIF ET COMPOSÉS PHYTOCHIMIQUES
I. STRESS OXYDATIF
I.1 Considérations générales
I.2 Définition du stress oxydatif
I.3 Radicaux libres
I.3.1 Différents types
I.3.2 Sources des radicaux libres
I.3.2.1 Sources endogènes
I.3.2.2 Sources exogènes
I.3.3 Actions des radicaux libres
I.3.3.1 Actions physiologiques
I.3.3.2 Actions physiopathologiques
I.4 Antioxydants
Noun wal kalami wama yastourouna, mâ anta rabika bimadjnoûni
Noun wal kalami wama yastourouna, mâ anta binihimati rabika bimadjnoûni VII
I.4.1 Définition
I.4.2 Systèmes enzymatiques
I.4.3 Systèmes non enzymatiques
I.4.3.1 Description générale
I.4.3.2 Oligoéléments
II.4.4 Mise en évidence d‟un état de stress oxydant
II. COMPOSÉS PHYTOCHIMIQUES
II.1 Considérations générales
II.2 Polyphénols
II.2.1 Description générale
II.2.2 Classification
II.2.3 Cas spécifique des flavonoïdes
II.2.3.1 Classification des flavonoïdes
II.2.3.2 Effets bénéfiques sur la santé
II.2.3.3 Mécanismes antioxydants des flavonoïdes
II.3 Alcaloïdes
II.3.1 Classification des alcaloïdes
II.3.2 Intérêt thérapeutique des alcaloïdes
II.4. Dosage des composés phytochimiques
II.4.1 Polyphénols totaux
II.4.2 Flavonoïdes totaux
II.4.3 Alcaloïdes totaux
II.4.4 Détermination de l‟activité antioxydante des composés phytochimiques
CHAPITRE III : POTENTIEL ANTIBACTÉRIEN DES PLANTES MÉDICINALES
I. INFECTIONS BACTÉRIENNES
I.1 Définition
I.2 Les bactéries
I.2.1 Bactéries à Gram négatif
I.2.1.1 Escherichia coli
I.2.1.2 Pseudomonas aeruginosa
I.2.1.3 Shigella dysenteriae
I.2.2 Bactéries à Gram positif : Staphylococcus aureus
I.3 Les antibiotiques
Noun wal kalami wama yastourouna, mâ anta rabika bimadjnoûni
Noun wal kalami wama yastourouna, mâ anta binihimati rabika bimadjnoûni VIII
I.3.1 Définition
I.3.2 Mécanismes d‟action
I.3.2.1 Antibiotiques agissant sur la paroi bactérienne
I.3.2.2 Antibiotiques agissant sur la synthèse protéique
I.3.2.3 Antibiotiques agissant sur l‟ADN-gyrase
I.3.2.4 Autres antibiotiques
I.4 Méthodes d‟étude de la sensibilité bactérienne aux antibiotiques
II. RÉSISTANCE BACTERIENNE
II.1 Considération générale
II.2 Définition
II.2.1 Résistance naturelle
1I.2.2 Résistance acquise
II.3 Mécanismes de la résistance
II.4 Épidémiologie
II.5 Composés phytochimiques à activité antibactérienne
CONCLUSION