Evolution du travail social
Développement des concepts théoriques
Afin d’appuyer le développement des concepts théoriques sur des écrits scientifiques, j’ai prospecté sur les moteurs de recherche et le site de la médiathèque. Il existe beaucoup de littérature sur le coaching, un peu moins sur la PNL. Cependant, la PNL est citée dans beaucoup d’écrits, souvent de manière négative. Deux articles se sont imposés car ils parlent de la controverse autour de la PNL. En 1999, date du premier article, cela fait 9 ans que l’association francophone des certifiés PNL (NLPNL) est fondée par un groupe d’enseignants, afin de contrecarrer l’usage abusif du titre de « coach en PNL ». Or, presque 10 ans plus tard, le deuxième article reprend à peu près les mêmes critiques à l’encontre de la PNL. Cette controverse n’est donc pas un effet de mode. Elle est au contraire bien ancrée, comme chevillée au corps de la PNL. Pour avoir l’avis des PNListes sur la réputation de la PNL, j’ai choisi de me servir d’une lettre ouverte d’un collectif de PNListes.
Elle répond à toutes les critiques, dans un langage simple et compréhensible. Au cours de mes recherches, je me suis rendue compte que la PNL est non seulement critiquée dans son utilisation mais aussi dans ses fondements. La PNL est-elle scientifique ? J’ai donc aussi recherché des écrits sur la méthode elle-même. J’ai jugé utile, avant d’entrer dans les points de critique de la PNL, d’offrir au lecteur ou à la lectrice un aperçu de l’histoire de la PNL et une explication technique brève de la méthode, car ces deux éléments permettent de mieux comprendre les critiques adressées à la PNL. Ils constituent le terreau dans lequel elles ont pris naissance Le deuxième concept que je souhaite aborder dans mon travail de bachelor : le développement actuel du travail social a été plus facile à documenter car les articles sont nombreux. L’évolution des professions sociales est au centre de beaucoup de recherches. C’est en lisant quelques travaux que j’ai choisi d’aborder les thèmes de l‘individuation et de la marchandisation. J’ai également choisi d’évoquer dans mon travail la désinstitutionalisation et le développement du pouvoir d’agir. Ce sont en effet des concepts qui ont été abordés durant ma formation en travail social et présentés comme les nouvelles tendances dans notre profession. Ils représentent des réponses possibles aux maux de notre société actuelle. Les aborder me permet de faire le lien entre les outils qu’offrent la PNL et ces tendances.
Le développement et la propagation de la PNL : histoire d’une dérive Après son invention en 1973, une équipe de chercheurs entoure les inventeurs et poursuit les travaux. Leslie Cameron, épouse de Bandler, applique la PNL à des thérapies de couple et dès 1979 organise des formations, qu’elle vend en s’aidant de méthodes marketing. Elle connaît un grand succès. Cette même année, le groupe de recherche connaît des dissensions graves, dues entre autres au succès des formations. L’appât du gain et l’ego de Richard Bandler, qui veut s’attribuer à lui seul la paternité de la PNL, entraîne l’équipe de chercheurs dans un procès qui ne prendra fin qu’en 2000. Les inventeurs de la PNL ont labellisé leurs découvertes. Ils ouvrent les formations au grand public et deviennent commerçants plutôt que chercheurs, sans pour autant avoir fait un travail de synthèse de leurs travaux. La PNL fait alors une percée commerciale, d’abord aux Etats-Unis puis en France. Le développement personnel est à la mode dans une société qui promeut la réussite, le bien-être, le bonheur mais aussi la rentabilité, la performance, l’excellence. Bien vite, les possibilités de la PNL sont exploitées dans d’autres domaines : sport, vente, marketing, leadership, entreprise, pédagogie. Tout le monde peut devenir coach en PNL, après un ou deux séminaires, insuffisants pour maîtriser l’art de coacher avec la PNL. Les formations se multiplient mais n’obéissent pas à un cadre. Leur qualité s’amenuise.
C’est pourquoi l’association francophone des certifiés PNL (NLPNL) est fondée par un groupe d’enseignants en 1990. Elle définit des standards de qualité pour les formations. De là naît le parcours de formation en PNL utilisé à ce jour : technicien – praticien – maître-praticien puis enseignant. (Esser, 2003) Cependant, le mal est fait et dans les années 90, la PNL est « accusée au mieux d’être une supercherie, bien qu’assez sophistiquée, au pire d’être une puissante technique de manipulation entraînant de possibles dérives sectaires » (Potier, 2008, p. 22). Le rapide essor de la PNL et son éloignement de la recherche est une des causes, peut-être la principale, des critiques virulentes adressées à la PNL.
La controverse autour de la PNL « La PNL existe depuis quarante ans. Certaines personnes la trouvent pertinente et riche, d’autres la désapprouvent. Aucune technique de psychologie ne s’est répandue aussi rapidement, mais aucune n’a suscité autant de critiques. » (Thiry, 2016, p. 104) En 2002, une organisation gouvernementale française, la mission interministérielle de lutte contre les sectes, accuse la PNL d’être une secte. Ce fait démontre à quel point la controverse autour de la PNL est passionnée. Elle accuse également la PNL d’être « un ensemble disparate de méthodes de communication (…) basé sur un ensemble tout aussi disparate de références théoriques » (Institut Repère, 2003). La PNL n’a jamais été validée par le monde scientifique, n’a pas de cadre déontologique, est orientée vers le profit et la manipulation. Stéphane Olivesi est professeur en sciences de l’information et de la communication. Ses cours portent sur les théories de la communication, entre autres sur la communication en entreprises. Le coaching étant très présent en entreprises, il s’est intéressé à la raison du succès de la PNL et sa rapide propagation. Le résultat de son enquête a été publié dans l’article « Savoirs ignorants savoirs ignorés. Une critique des usages divers et variés de l’analyse transactionnelle et de la PNL » (Olivesi, 1999). Voici les raisons qu’il donne à la large diffusion de la PNL, laissant transparaître une critique de la méthode.
La PNL est un assemblage de différentes sciences et revendique une certaine scientificité. Cependant, les théories utilisées sont très simplifiées, restent très générales et de fait peuvent être facilement interprétables à la faveur de ce que le client veut entendre. Pour les cabinets de conseil qui vendent la PNL « il importe qu’elles [les personnes] quittent le stage, persuadées de mieux comprendre les rapports humains et de pouvoir appliquer ultérieurement quelques recettes. » (Olivesi, 1999, p 235). Dans cette optique, chaque formateur doit faire alliance avec son public en énonçant des sens communs, tel le présupposé « On ne peut pas ne pas communiquer » ou encore « La carte n’est pas le territoire ». Le langage utilisé par les PNListes tient du même principe. Il est adapté à la clientèle. On parlera de professionnalisme, efficacité, compétence dans une entreprise. On utilisera les mots excellence, compétence, volonté, liberté dans un séminaire sur le développement personnel. Pour un sportif, on parlera de performance. Même les moyens utilisés sont faits pour plaire à la clientèle (tests, questionnaires, dessins). L’alliance avec le client favorise son implication et son adhésion aux principes de la PNL. La transmission de la PNL se fait au travers de formations, de séminaires ou encore de stages, selon les dénominations choisies de manière aléatoire par les enseignants. Cette terminologie démontre déjà une disparité des formations. Beaucoup de cabinets de conseil, dont le but est lucratif, proposent la PNL. La concurrence entre eux est vive. Pour limiter les coûts, le temps consacré à la préparation des formations est restreint. Les formations elles-mêmes doivent être « passe-partout » pour être facilement adaptables à la clientèle mais aussi aux formateurs. En effet, il existe un grand turn-over dans ces instituts et les nouveaux employés doivent être rapidement efficaces.
Même s’il existe des formations certifiantes, dispensées par des cabinets agréés par les associations officielles de PNL, le métier de coach en PNL n’est pas protégé. La formation n’est pas longue et les gains sont immédiats. Les chômeurs, les jeunes diplômés dans le domaine des ressources humaines, les personnes qui veulent une activité d’appoint s’y engouffrent. Certains enseignants ont tout juste suivi quelques ateliers ou séminaires de PNL. John Grinder lui-même écrivait : « étant donné que 55 000 personnes ont été formées, à des degrés divers, je ne peux pas toutes les contrôler. » (Grinder, cité par Olivesi, 1999, p. 245) Les PNListes ont utilisé des « tactiques de légitimation » (Olivesi, 1999, p. 240) pour asseoir le sérieux de leur méthode. Ils se réfèrent à bon nombre de théories scientifiques de courants différents (constructivisme, empirisme, behaviorisme, existentialisme, etc.). Le terme même de PNL fait référence à des sciences dures (cybernétique, mathématique). Le lexique utilisé, (métaprogramme, index de computation, techniques dissociatives, etc.) créé une novlangue donnant une apparence scientifique. Ils réussissent le tour de force de se distancer des sciences molles, telles la psychanalyse, qu’ils déclarent moins efficace qu’une thérapie brève. Ils évoquent le risque de manipulation et c’est le meilleur moyen de faire croire en l’efficacité de la PNL. Et pour inspirer encore plus de confiance, les PNListes se sont fédérés en associations et ont proposé des formations certifiantes : technicien en PNL – praticien en PNL – maître praticien en PNL – enseignant.
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Table des matières
1. Introduction
1.1. Choix de la thématique
1.2. La problématique
1.3. Les concepts théoriques et la question de recherche
2.Développement des concepts théoriques
3.La PNL
3.1. Les cadres de la PNL
3.2. Le développement et la propagation de la PNL : histoire d’une dérive
3.3 Synthèse sur la PNL
4. La controverse autour de la PNL
4.1. Synthèse des éléments de controverse
4.2. La PNL par les PNListes
4.3. Synthèse des éléments pour la PNL
5. La PNL humaniste
5.1. PNL et éthique
5.2. Synthèse sur la PNL humaniste ou PNLt
6. Conclusion sur le chapitre de la PNL
7. Evolution du travail social
7.1. La marchandisation du travail social
7.2. L’individuation
7.2.1. L’individuation dans le travail social.
7.3. La désinstitutionalisation
7.4. Le développement du pouvoir d’agir
7.5. Synthèse sur l’évolution du travail social
8. La place de la PNLt dans le travail social du 21ème siècle
8.1. PNLt et professionnalité
8.2. Synthèse sur la place de la PNL humaniste dans le travail social
9. Conclusion sur le chapitre de l’évolution du travail social et de la place de la PNLt
10. Méthodologie
10.1. L’échantillonage
10.2. Synthèse des données sur l’échantillonnage
11. Analyse des données sur les représentations de la PNL
11.1. Synthèses sur les représentations de la PNL
12. Analyse des données relatives à l’éthique en PNL
12.1. Synthèse par rapport à l’éthique de la PNL
13. Analyse des réponses portant sur la PNL dans la professionnalité des travailleurs et travailleuses sociales.
13.1. Synthèse des réponses portant sur la PNL dans la professionnalité
14. Résultats
14.1. Réponse à ma question de recherche et à mes hypothèses – pistes d’action56
15. Mes apprentissages
16. Les annexes
Annexe 1 : Le code de déontologie de la Fédération du coaching de vie
Annexe 2 : le questionnaire
Annexe 3 : la lettre d’accompagnement
17. La liste des tableaux
18. la bibliographie
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