EVOLUTION DU TRAIT DE COTE ET RECOMPOSITION DES QUARTIERS

LES ENJEUX SUR LE LITTORAL

    L’espace littoral jusqu’à une certaine période, était plus ou moins considéré comme un lieu dangereux. Ainsi nous pouvons paraphraser Pélissier (1953), l’africain tournait le dos à la mer. Cette dernière était perçue par les populations comme un site hostile, inhospitalier, mais aussi exposé aux envahisseurs. A l’exception des sites portuaires pour les flux de commerce et le transit des marchandises, le littoral était peu habité. Ce n’est qu’à partir de la deuxième moitié du 20e siècle qu’il est devenu un espace de convoitise et son occupation s’accroit de plus en plus. Depuis cette date, le rush vers le littoral ne cesse de s’intensifier ainsi que les activités liées à l’exploitation de ses ressources. Les enjeux liés à la pêche, au développement socioéconomique et touristique se multiplient ce qui constitue un facteur de modifications du trait de côte. Face à ces multiples enjeux il est nécessaire de réfléchir sur une gestion intégrée du littoral pour une durabilité des zones côtières. Le phénomène d’érosion constitue un enjeu majeur pour l’aménagement du littoral, milieu naturel soumis à de nombreuses pressions d’ordre anthropique, économique, et touristique. C’est dans ce contexte de forte mutation socio-spatiale et d’enjeux multiples sur le littoral que nous voulons mener notre travail de recherche sur la recomposition des quartiers en rapport avec l’évolution du trait de côte.

Esquisse géologique et géomorphologique de la zone de Bargny

   L’étude géologique de la zone de Bargny est une partie intégrante de celle de la presqu’île du Cap-Vert, connue à travers les études géologiques relevant de divers travaux. La morphologie d’ensemble de la presqu’île du Cap-vert est constituée selon Elouard, (1980) par une succession de horsts et de grabens relayés par des gradins. Ainsi se succèdent d’Ouest en Est :
– le horst de Dakar qui constitue un plateau d’altitude variant entre 10 et 40 m, recouvert par la cuirasse ferrugineuse Secondaire et légèrement incliné vers le Nord-est où il s’ennoie sous les formations quaternaires. Son point culminant (105 m) se trouve aux Mamelles ;
– le gradin de Pikine correspond à l’isthme de la presqu’île du Cap vert. Les terrains y affleurant au Tertiaire sont les marnes de l’Eocène inférieur, peu résistantes à l’érosion ; cette forme a été fortement sur creusée, ce qui a permis l’installation des formations quaternaires (essentiellement des sables dunaires) qui sont seules en affleurement ;
– le graben de Rufisque a une allure de synclinal dont le cœur serait constitué par les formations marno-calcaires tendres du sommet du Lutétien. La bordure occidentale du graben, constituées des calcaires de Bargny datés du Lutétien, a été mis en relief, formant le plateau de Mbao légèrement incliné vers le Sud-ouest ;
– le gradin de Bargny a l’allure d’un anticlinal dont le cœur aurait été creusé mettant en affleurement les marnes de l’Yprésien. Ses bordures constituées par les calcaires lutétiens de Evolution du trait de côte et recomposition des quartiers à Bargny : Approche méthodologique par télédétection et système d’information géographique (SIG) Bargny, forment d’après Morin, (1973) le plateau de Bargny. Ce dernier semble avoir subi un mouvement de bascule avec un redressement vers le Sud où il se termine par une petite falaise et abaissement vers le Nord où il disparait sous la couverture dunaire ogolienne ;
– le gradin de Sébikhotane est constitué d’un petit synclinal et d’un anticlinal. Les argiles à attapulgite de l’Yprésien y affleurent essentiellement. La nature lithologique des formations fait que ce gradin est en dépression par rapport aux compartiments voisins ;
– le horst de Ndiass est un dôme formé par des dépôts maestrichtiens qui ont été recouverts par la cuirasse ferrugineuse. Ce horst forme un plateau incliné vers le Nord, d’une altitude moyenne de 50 m, dont la partie affaissée est occupée par le lac Tanma.

Evolution du trait de côte de 1954 à 1978

   La réalisation des courbes d’évolution du trait de côte nous a permis de voir les changements intervenus entre 1954 et 1978. En effet, les résultats de la cartographie montrent une variation importante de la position du trait de côte sur 24 ans. Ces courbes sont réalisées de façon simple (cf. encadré) avec en ordonnée les variations du trait de côte en mètres par rapport à une ligne de niveau zéro et en abscisse, les numéros de transects de 1 à 100 et espacés de 40 m chacun (fig.6). La superposition des deux traits de côte 1954 et 1978 (fig.6) montre un recul généralisé du trait de côte. En moyenne, le trait de côte évolue au rythme de – 1,04 m/an soit 72513,52 m2 de surface érodée. Cette moyenne est voisine de la valeur de 1 m/an de recul du trait de côte, estimée par Thiam, (2006). Cependant, cette évolution est irrégulière, marquée par des périodes de forte érosion pouvant atteindre -2 m/an et des périodes où l’érosion est faible avec moins de 0,5m de recul par an. Les plus forts taux d’évolution concernent la partie ouest à l’entrée de Bargny jusqu’à Ndiolmane où le taux le plus élevé est de -2,19 m. Par contre, les secteurs de Bargny Guédj et Minam où l’on note actuellement une importante érosion côtière, avaient enregistré des taux de recul moins importants pendant cette période. Mais de manière générale, l’érosion a été particulièrement dominante pendant cette période avec une quasi absence de l’accumulation.

Les causes de l’évolution du trait de côte à Bargny

    L’analyse de la dynamique du littoral à Bargny, nécessite la connaissance des facteurs physiques et anthropiques qui interviennent dans le milieu. Cette approche permettra de cibler et de comprendre le comportement des composantes dynamiques majeures qui contrôlent et modifient ce système. Nous avons déjà abordé les facteurs de l’érosion côtière à Bargny dans le cadre de notre mémoire de Maîtrise. Il s’agit ici de faire la synthèse des différents facteurs qui interagissent sur le littoral, afin de mieux comprendre l’évolution du trait de côte en rapport avec la recomposition des quartiers. Les causes ou facteurs de l’évolution du trait de côte, sont très variables et peuvent être différents d’un secteur à un autre. Ces causes sont d’origines naturelles, mais accentuées particulièrement par les actions anthropiques parfois incontrôlées. De manière générale et à l’échelle des côtes sénégalaises, plusieurs causes peuvent être mises en exergue, notamment l’élévation du niveau marin, le déficit sédimentaire, l’instabilité des pentes, la construction d’ouvrages perpendiculaires à la côte, la construction de bâtiments sur le DPM (Domaine Public Maritime) et l’extraction du matériel de plage (sable, coquillages, galets, etc.). L’activité anthropique a eu des impacts sur le fonctionnement du littoral dans un contexte de changement climatique. Depuis quelques décennies, les côtes évoluent et cette évolution s’accompagne d’une forte activité érosive sur les plages. Les phénomènes d’érosion des côtes sont signalés dans toutes les villes situées en bordure du littoral sénégalais et particulièrement celles situées au Sud de la Presqu’île du CapVert. Les zones de Mbao, Rufisque, Bargny en passant par Joal Fadiouth entre autres, sont des zones où l’érosion côtière constitue une menace pour les populations vivant au bord de la mer. Les zones les plus touchées par cette érosion côtière sont, du Nord au Sud : Saint-Louis, le secteur allant de Mbao à Bargny et ensuite les portions de la Petite Côte (PANA, 2006). Le taux de recul de la ligne de rivage se situe entre 1 et 2 mètres par an pour les plages sableuses. La zone littorale de Bargny, se situe sur la côte Sud, communément appelée « Petite Côte » qui par sa position par rapport à la dérive littorale est plus vulnérable aux phénomènes d’érosion côtière que la côte Nord ou «Grande Côte». Plusieurs facteurs se conjuguent pour expliquer cette érosion des côtes.

L’élévation du niveau marin

   Parmi les facteurs qui induisent l’érosion des côtes, l’élévation du niveau marin est la cause la plus liée au climat et à ses changements. Sur la base des enregistrements du marégraphe de Dakar, on considère que lors du dernier siècle, le niveau marin s’est élevé en moyenne de 1,44 mm par an Elouard et al. 1977 ; Emery et Aubrey, 1991 in Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal 2005. L’application de la loi de Bruun à l’évolution du trait de côte à Rufisque utilisant cette valeur d’élévation du niveau marin, a montré que cette élévation n’expliquerait, en général, pas plus de 20% du recul observé Niang Diop, (1995). Mais le réchauffement global de l’atmosphère, engendré par les gaz à effet de serre, augmenterait les taux d’élévation du niveau marin qui devrait être 2 à 3 fois plus importants que les taux actuels. Le quatrième et dernier rapport du Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), publié en février 2007, met en exergue le fait qu’une augmentation du niveau de la mer de 34cm provoquerait une perte globale d’environ 30% des zones humides côtières et des millions de personnes supplémentaires pourraient subir une inondation chaque année. Des études réalisées sur les impacts des changements climatiques sur les zones côtières sénégalaises Dennis et al. 1995 ; Niang Diop et al. ont montré que ces taux d’élévation pourraient conduire à une accélération de l’érosion côtière, à des inondations des zones basses (estuaires à mangrove en particulier) et une salinisation accrue des sols et des surfaces souterraines. Un autre facteur lié au climat est l’occurrence de fortes houles qui sont responsables de la coupure de flèches littorales. Diaw et al. (1990) attribuent la dernière rupture de la flèche de Sangomar en février 1987, à la conjonction d’une forte dépression (970 Hpa) centrée sur 30° Nord, 45° West, qui a engendré une houle de 2 à 3,5 m de hauteur coïncidant avec une période de marées de vives eaux et la disparition de la barre pré littorale. A Saint-Louis certains auteurs dénombrent l’existence de treize ruptures entre 1900 et 1984 avec une périodicité de 14 ans Kane, (1985); (Gac et al. 1981 in Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal 2005). Ces périodes sont souvent accompagnées de reculs très rapides de certaines parties du trait de côte. Les changements climatiques jouent ainsi un rôle majeur dans l’évolution des côtes. Sur les côtes sénégalaises, en particulier celles au Sud de la presqu’île du Cap-Vert, l’élévation du niveau marin est combinée à la faiblesse de la dérive littorale pour traduire la vulnérabilité des plages. Ce qui nécessite d’ors et déjà une prise de conscience tant au niveau local, national et internationale pour une meilleure gestion des zones côtières.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE DE RECHERCHE
PREMIERE PARTIE : LES TRAITS PHYSIQUES ET HUMAINS DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE 1 : LES TRAITS PHYSIQUES
CHAPITRE 2: LES ASPECTS HUMAINS
DEUXIEME PARTIE : EVOLUTION DU TRAIT DE CÔTE ET RECOMPOSITION DES QUARTIERS DE BARGNY DE 1954 A 2010
CHAPITRE 1 : L’EVOLUTION DU TRAIT DE CÔTE DE BARGNY DE 1954 A 2010
CHAPITRE 2 : LA RECOMPOSITION DES QUARTIERS ET LES PROBLEMES FONCIERS
CONCLUSION GENERALE

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *