Evolution des soins infirmiers dans la prise en soins du cancer

Dès 1971, la ligue américaine contre le cancer (1971, cité dans Mick, 2007) a soutenu les recherches infirmières afin de mieux comprendre les effets du cancer et du traitement sur le patient et son entourage. A la base, les recherches étaient également centrées sur les différents symptômes de la maladie. Au fur et à mesure, les infirmières ont développé l’« evidence based practices » pour aider les patients et leurs familles dans l’avancement de la maladie. Les résultats des recherches de la ligue américaine contre le cancer (1971, cité dans Mick, 2007) montrent une augmentation de l’accès aux soins et de l’éducation du patient. Par cette augmentation, les patients se sentent plus satisfaits et sont plus compliants au traitement. Grâce à cela, le nombre d’hospitalisations et la durée de séjour diminuent, permettant une économie des coûts de la santé. Selon la société des soins infirmiers en oncologie (ONS, 2004), dix priorités de recherche ont été identifiées. C’est-à-dire des recherches concernant la qualité de vie, la participation à la prise de décision quant au traitement et à l’avance de la maladie, l’éducation du patient et de leur famille, la prise en charge de la douleur aux soins palliatifs et la pratique fondée sur des preuves. De plus, le dépistage, la détection précoce du cancer et sa prévention sont en cours d’évaluation dans la pratique infirmière. Selon Mick et al. (2007), les prochaines décennies montreront une augmentation spectaculaire de la nécessité de ces différentes recherches pour les infirmières spécialisées en oncologie.

A l’heure actuelle, de nombreuses recherches ont été effectuées dans le service oncologique du Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV, 2004) à Lausanne en ce qui concerne l’annonce du diagnostic. En effet, une étude de ce service a été menée avec un focus groupe afin de remettre en question la pratique des professionnels. Grâce à cela, ils ont pu mettre en évidence les points positifs et négatifs de leur manière d’annoncer une mauvaise nouvelle. Cela a démontré que l’adaptation de l’organisation était primordiale et que les professionnels devaient prendre en compte les représentations et la subjectivité de chaque patient.

Contexte clinique

D’après le service d’oncologie du Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV, 2015), pour diagnostiquer un cancer, les professionnels font différents bilans qui incluent plusieurs éléments. Premièrement, les différents symptômes ressentis par la personne sont étudiés et le médecin identifie des signes cliniques lors d’une consultation. Ensuite, une analyse des liquides biologiques, ainsi que des examens d’imagerie (radiographie, CT scan, les ultrasons, IRM, scintigraphie, etc.) sont effectués. Par la suite, et suivant les symptômes ressentis par le patient et du type de cancer soupçonné, des examens plus spécifiques sont effectués. Enfin, une biopsie permet de confirmer le diagnostic de cancer et d’expliciter ses caractéristiques. Le temps que les médecins utilisent pour poser un diagnostic peut durer jusqu’à quatre mois et peut-être une source d’incertitude et d’angoisse pour le patient. En effet, malgré une recherche de diagnostic structurée, le patient peut croire que les médecins ne savent pas ce qu’ils recherchent, ou que les nombreuses analyses témoignent d’une maladie grave (CHUV, 2015). Par ce fait, le patient est dans un état d’incertitude que les professionnels doivent prendre en compte lors de l’annonce du diagnostic.

L’annonce du diagnostic 

D’après le service d’oncologie du CHUV (2015), le diagnostic de cancer peut être posé par différents médecins. Que ce soit un médecin de famille, un médecin spécialiste ou un médecin hospitalier, ils abordent généralement différents aspects lors de l’annonce du diagnostic. Pour commencer, ils expliquent les résultats des différents examens, puis présentent les traitements possibles en prenant en compte les facteurs individuels du patient. Ils échangent sur les besoins amenés par l’annonce, comme la réponse aux différentes questions et à l’accueil des émotions du patient. En ce qui concerne la proposition des différents programmes de traitement, une stratégie thérapeutique est adoptée en fonction des besoins du patient.

L’annonce du point de vue infirmier : étude d’une maladie chronique

Selon Brunner et Suddarth (2011), le diagnostic du cancer comprend plusieurs éléments. En effet, l’évaluation des changements physiologiques, fonctionnels ainsi qu’un bilan paraclinique sont à entreprendre. Par sa présence, l’infirmière peut aider la personne à soulager ses craintes et inquiétudes en lui donnant des explications quant aux examens, aux sensations qu’elle pourrait éprouver et ce qu’on lui demanderait de faire au cours des examens. Le rôle de l’infirmière consiste à encourager la personne et ses proches à exprimer leurs craintes quant aux différents résultats et à les soutenir tout au long de la période d’évaluation. De plus, le rôle de l’infirmière est de clarifier et développer les explications données par le médecin, et cela en fonction des besoins du patient. Elle aide également les patients et les membres de sa famille à communiquer, entre eux, par rapport à leurs préoccupations. Une évaluation quotidienne de l’état mental et psychologique dans lequel se trouve la personne, fait partie du rôle de l’infirmière. En effet, le patient traverse une maladie qui met sa vie en péril et qui lui demande de se soumettre à des épreuves diagnostiques et à des traitements désagréables. Pour cela, l’infirmière note l’humeur du patient ainsi que ses réactions quant aux résultats des examens et au pronostic. De plus, les indices de progression dans le processus de deuil et dans l’ouverture à la discussion sont relevés.

Selon Bouché et Ulrich (2011), l’infirmier offre une prise en charge continue et un temps d’accompagnement spécifique à la situation et à la personne qui vient d’apprendre son cancer. Ce travail se fait en collaboration étroite avec le médecin, et le patient pourra en bénéficier par le relais qu’est l’infirmier. Ce dernier a plusieurs rôles à tenir lors de l’annonce d’un diagnostic de cancer. En effet, il peut questionner le patient afin de connaître son niveau de compréhension de l’information et d’acceptation de la maladie. Il pourra également explorer les perceptions et les appréhensions du patient et le rassurer. Le traitement et les suites de la maladie sont également abordés dans un cadre d’écoute et d’empathie. Le patient vient de voir sa vie basculer, et l’infirmier l’aide à favoriser la gestion de ces émotions afin de l’aider progressivement à assimiler le diagnostic. D’après Bouché et Ulrich (2011), il est positif que la consultation infirmière ne se passe pas le même jour que l’annonce du diagnostic du médecin, car le patient ne peut pas intégrer toutes les informations et n’est souvent pas à l’écoute. Selon l’Institut national français contre le cancer (INCA, 1998), un dispositif d’annonce en quatre temps a été mis en place afin de renforcer la qualité des prises en charge pour tous les malades atteints du cancer. Premièrement, il y a un temps médical durant lequel le diagnostic et la thérapie sont expliqués et formalisés par écrit. L’infirmière est présente afin d’avoir un premier contact avec le patient, d’entendre la même chose que le patient et d’éviter la solitude après l’annonce du diagnostic. Ensuite, il y a le temps d’accompagnement soignant qui implique du personnel qualifié et disponible pour l’écoute, l’échange et le soutien.

Les patients et leurs proches peuvent demander une consultation infirmière tout de suite après l’annonce, s’ils le souhaitent, ou, généralement dans un laps de temps qui ne dépasse pas septante-deux heures. Toutefois, les soignants devraient s’adapter aux besoins des personnes concernées. L’échange peut également permettre à l’infirmière d’identifier le niveau de compréhension du patient quant à son diagnostic. Après un moment d’écoute, un complément d’information ou de compréhension peut être proposé, tout en se référant aux dires du médecin. Par la suite, l’accès à une équipe impliquée dans les soins de support permet de faire le point sur les besoins du patient et l’oriente vers les soins les plus adaptés.

La possibilité de consulter une équipe pluridisciplinaire (psychologue, assistant social, spécialiste de la douleur, associations d’entre-aide, etc.) est proposée. Finalement, il y un temps d’articulation pour organiser le retour à domicile. L’infirmière transmet les informations aux médecins de ville qui prendront en charge le patient. L’infirmière présente à l’annonce devrait être disponible pour permettre aux patients de la contacter par le moyen d’entretiens téléphoniques ou de consultations si besoin. La perspective pour les soins infirmiers en oncologie serait d’offrir un accès et une équité à chaque patient. De plus, le soutien optimal doit être reconnus en tant que valeur du travail des professionnels de la santé. La remise en question de la pratique est également un élément clé de la valorisation des soins offerts (Thorne & Truant, 2010).

Réaction face au cancer 

Selon Bacqué et Ulrich (2011), l’annonce d’une mauvaise nouvelle est un choc imprévisible et la réaction de la personne touchée dépend de son histoire de vie, de sa personnalité et de son état d’esprit par rapport à sa vie actuelle. Il y a une multitude de réponses recensées comprenant le silence, le déni, la culpabilité, la résignation, la dépression, la colère, etc. La plupart du temps, la réaction émotionnelle est tellement forte que le patient n’entend qu’une partie de ce que le médecin lui dit. C’est ce qu’on peut appeler la sidération. Le processus est long pour accepter la maladie et le changement de statut de bienportant à personne malade. Elisabeth Kübler-Ross (1984, citée dans Bacqué & Ulrich, 2011) a expliqué les différentes étapes du cheminement psychologique de l’annonce d’une mauvaise nouvelle, qui peut également s’appliquer à l’annonce de diagnostic d’un cancer. Ces différentes étapes comprennent le choc initial, le déni, la révolte, le marchandage, l’accommodation et l’acceptation. Ces étapes peuvent se confondre en fonction de la situation. Toutefois, une personne ne ressent pas forcément chaque stade de ce processus.

Le rôle des soignants, médecins et infirmières, est d’aider la personne à faire le cheminement entre les différentes étapes en prenant en compte le rythme du patient, sa personnalité et sa situation. Ces mécanismes de défense sont inconscients et permettent d’aider les malades à supporter la douloureuse réalité à laquelle ils sont confrontés et finalement, de s’adapter. Le besoin d’être entendu et compris est inhérent à la plupart des malades, dès que le diagnostic a été divulgué. Généralement, il y a trois stades remarquables lors de l’annonce du diagnostic (Vignau, 2015). Premièrement, le choc initial est très important. Les quelques minutes qui suivent l’annonce font émerger de nombreuses émotions et obligent la personne à reconsidérer sa santé. En effet, la personne se représente comme étant une personne malade et non plus comme bien-portante. Par conséquent, le fait d’apprendre le diagnostic oblige la personne à endurer des pertes multidimensionnelles (famille, santé, projet d’avenir) et une rupture biographique, accompagnées d’une redéfinition de soi. Deuxièmement, les changements amenés par le choc de la découverte de la maladie peuvent conduire au déni. Cette réaction est un mécanisme de défense qui peut être caractérisé par une perte d’émotivité. C’est un stade généralement court dans la durée et en le dépassant, la personne peut prendre conscience de la réalité du diagnostic. Troisièmement, la révolte est la manière dont la personne exprime son angoisse et son impuissance face à la situation. C’est la période durant laquelle elle méprise l’équipe soignante en pensant que tout est leur faute et, par conséquent, les soins sont difficilement acceptés. Toutefois, ce stade permet à la personne malade de se poser de nombreuses questions quant à son avenir et à son adaptation.

Influence psychologique du cancer 

Selon une étude de Kennedy, Harcourt et Rumsey (2008), le cancer n’est jamais un diagnostic facile à accepter, quel que soit le stade du développement de la maladie. Les perceptions sur le traitement, les interactions avec les professionnels de la santé, le soutien, et les informations données, ont un impact sur l’adaptation des patients. L’étude propose que les professionnels explorent davantage les perceptions des personnes touchées par la maladie, ce qui les aiderait à offrir un soutien adapté à chacune d’entre elles. L’importance du soutien et de la communication adaptée est également cruciale. D’après la revue littéraire de Kelly, Ghazi et Caldwell (2002), le changement dans la vie des patients atteints de cancer comporte deux états d’esprit différents. En effet, dans l’un, le sens de la vie devient plus important, appréciable et valorisé. Dans l’autre, la perception de la vie est plus négative. En effet, les conditions de la maladie combinées aux traitements rendent les événements ternes et génèrent une détresse émotionnelle et une incapacité à s’adapter. La détresse psychologique vécue par les personnes atteintes de cancer a des conséquences multidimensionnelles. Cette détresse dépend de l’état général du patient, du traitement et des connaissances par rapport au diagnostic et au pronostic. Certaines études démontrent la difficulté à différencier les troubles de type psychiatrique (dépression, troubles anxieux, etc.) des réactions normales face à l’adversité (incertitude, peurs, inquiétude, malheur, etc.). En ce qui concerne les différents troubles de l’humeur amenés par le cancer, la restriction des activités liés aux traitements peut entraîner des changements d’humeur. Cela peut également affecter la motivation du patient à cause de la fatigue et des malaises.

La dépression et l’anxiété sont des complications psychologiques du cancer (Kelly et al., 2002).En effet, ces réactions émotives pathologiques causent une perte de la normalité et du monde personnel du patient. Ce dernier présente de la tristesse, des pleurs ou une sensation de perte. Pour illustrer cela, une femme atteinte du cancer du sein et ayant subi une mastectomie peut avoir l’impression de perdre sa féminité. La dépression peut également être en lien avec la peur de la mort, la peur de la perte de sa propre valeur sociétale ou encore, la peur des dépendances financières.

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Table des matières

1. Introduction 
2. Problématique 
2.1. Evolution des soins infirmiers dans la prise en soins du cancer
2.2. Contexte clinique
2.3. L’annonce du diagnostic
2.3.1. L’annonce du point de vue infirmier : étude d’une maladie chronique
2.3.2. Réaction face au cancer
2.3.3. Influence psychologique du cancer
3. Question de recherche 
4. Cadre de référence 
5. Méthodologie
5.1. Notions théoriques des bases de données
5.2. Concepts, mots-clés et descripteurs
5.3. Stratégie de recherches documentaires
5.4. Critères d’inclusion et d’exclusion
6. Résultats 
6.1. Extraction des résultats
6.2 Tableau d’analyse des résultats
6.2 Synthèse des résultats
7. Discussion 
8. Conclusion

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