L’hyperthyroïdie est la deuxième affection thyroïdienne la plus rencontrée après le goitre (1). Rappelons que l’hyperthyroïdie désigne l’hyperfonctionnement thyroïdien, elle accroît la production des hormones thyroïdiennes dont la conséquence est la thyréotoxicose . Elle était rare à Madagascar avant 1993, année pendant laquelle l’OMS avait promulgué la supplémentation iodée pour la prévention du goitre endémique dans le monde entier, spécialement en Afrique. Actuellement le diagnostic est de plus en plus performant avec les dosages hormonaux (TSH ultrasensible et T4), l’iodurie et les méthodes isotopiques. Le Laboratoire des Radio Isotopes (LRI) d’Ampandrianomby possède actuellement deux scintigraphes : le vieux scintigraphe Mecaserto avec l’iode 131 fonctionne depuis 1965 avec une courbe de captation iodée très fiable. La gamma- caméra appareil ultra moderne utilisée depuis 2002, améliore notre rendement annuel en matière de thyroïdologie surtout l’hyperthyroïdie en plus des autres indications : pathologies myocardiques, osseuses, rénales…
LA GLANDE THYROIDE
Historique :
La glande thyroïde fut découverte par Thomas Wharton à Londres en 1656. Ce nom vient d’un mot grec signifiant bouclier, évoquant le solide cartilage protégeant le larynx. Cet organe fut ignoré incroyablement pendant longtemps. Ce n’est ainsi qu’à la fin du XIXème siècle qu’une étude justifiait qu’il était vital, et au milieu du XXè siècle qu’on comprit sa fonction, tant son activité au niveau des cellules du corps était subtile .
Embryologie
La glande thyroïde dérive de la région médiane du plancher pharyngien. La première ébauche est identifiée chez l’homme vers la fin du premier mois de la grossesse (8). Elle se développe à partir de l’endoderme, en formant un bourgeon médio-ventral. L’ébauche devient progressivement plus compacte et forme des rangées de cellules en forme de cordons entourés d’un réseau capillaire sinusoïdal. Les follicules primaires se différencient à l’intérieur des cordons puis fusionnent et sont envahis de mésenchyme. Les follicules définitifs apparaissent par constriction des cordons pour former les structures caractéristiques de l’adulte .
Anatomie :
La glande thyroïde est une masse glandulaire de consistance molle à surface lisse en forme de « H » qui se situe à la partie antéro-inférieure du cou, en avant de la trachée et les parties latérales du larynx. Elle est formée par 2 lobes réunis par une mince bande de tissu thyroïdien, l’isthme au bord supérieur duquel s’implante la pyramide de Lalouette.
Le volume et le poids de la glande subissent des variations notables en fonction des saisons et surtout chez la femme en fonction des différentes étapes de l’activité génitale : puberté, cycles menstruels, gestation, allaitement, ménopause. Elle a une très riche vascularisation sanguine (100 ml/mn) par les artères thyroïdiennes inférieures, branches des artères sous-clavières et les artères thyroïdiennes supérieures, branches des carotides externes. L’innervation est double:
o sympathique provenant des ganglions sympathiques cervicaux
o parasympathique provenant des nerfs laryngés supérieurs et inférieurs, branche du nerf vague .
Structure histologique
La thyroïde est constituée de 3 millions de follicules de 50-500 microns de diamètre. Elle est constituée de lobules eux-mêmes formés de coalescence de plusieurs follicules. Le follicule est la structure thyroïdienne de base. Sphérique, il est formé d’une assise de cellules folliculaires limitant une cavité centrale remplie de colloïde, gel visqueux avec l’espace folliculaire. Les cellules folliculaires reposent sur une membrane basale.
L’épithélium comporte deux types de cellules :
o Les cellules vésiculaires, cellules thyroïdiennes ou thyréocytes qui secrètent les hormones thyroïdiennes.
o Les cellules paravésiculaires ou cellules C ou cellules claires qui secrètent la calcitonine .
Hormones thyroïdiennes (HT)
La glande thyroïde étant une glande endocrine. Elle tire du sang circulant tous les éléments dont elle a besoin pour élaborer, mettre au point et fabriquer les hormones thyroïdiennes. Ces hormones fabriquées sont déversées dans le torrent circulatoire pour être véhiculées vers tous les organes et appareils dont elles vont régulariser la fonction. Les hormones thyroïdiennes exercent dans l’organisme de très nombreuses fonctions thyroïdiennes et sont appelées : « hormone de niveau de vie».
Structure :
La glande thyroïde produit 2 hormones thyroïdiennes :
o la T4 ou thyroxine ou tetraiodothyronine ( L3-5-3’-5’ tétraiodothyronine)
o la T3 ou triiodothyronine (L3-5-3’ triiodothyronine)
Elles ont en commun une même structure organique la thyronine, elles ne diffèrent que par leurs atomes d’iode. La thyronine dérive d’un acide aminé la tyrosine et comprend 2 cycles phénols réunis par un pont diphényl éther, et une chaîne latérale alanine .
Synthèse et sécrétions
L’élaboration des HT met en jeu une série de processus cellulaires et biochimiques complexes. La fabrication de thyroxine (T4) et thriiodothyronine (T3) requiert la combinaison de plusieurs fonctions :
o Elaboration de la thyroglobuline au sein de laquelle sont formés par des mécanismes enzymatiques des iodotyrosines et iodothyronines.
o Captation d’iode dans le but d’accumuler suffisamment cet oligoélément dans la thyroïde pour rendre possible l’iodation de la thyroglobuline.
o Transfert bidirectionnel de thyroglobuline dans la cellule thyroïdienne dans la lumière colloïde et inversement du colloïde vers la cellule thyroïdienne .
Actions physiologiques des hormones thyroïdiennes (HT)
Les HT jouent un rôle important sur la croissance et le développement de tous les tissus :
Croissance, différenciation et développement :
Développement squelettique : pendant la période fœtale et postnatale, la différenciation et la maturation osseuse dépend étroitement de la présence des HT. En l’absence d’HT l’apparition des centres d’ossification épiphysaire est retardée avec un aspect dysgénétique. Elles contrôlent aussi la vitesse d’éruption des dents. Développement du système nerveux : les HT favorisent la myélinisation des fibres nerveuses. Elles stimulent la croissance des axones et des dendrites ainsi que celui des corps cellulaires. Cela favorise ainsi le développement et la maturation du système nerveux dès la naissance. Chez l’adulte, les HT ont une influence profonde sur le système nerveux central.
Système musculaire squelettique : les HT contrôlent la contraction musculaire et le métabolisme de la créatine
Système cardiovasculaire : les HT augmentent le débit cardiaque, induisent un état d’érétisme cardiovasculaire quand elles sont en excès. Elles augmentent l’activité hémodynamiques du cœur, la fréquence et le volume de l’ondée systolique.
Système nerveux sympathique : les HT stimulent les récepteurs beta adrénergiques au niveau du cœur, des muscles et du système nerveux.
Système hématopoïétique : les HT affectent de diverses façons l’hématopoïèse, le nombre de globules rouges et le métabolisme du fer. On observe une anémie lors de la diminution des HT correspondant en fait à une diminution de l’activité hématopoïétique de la moelle osseuse.
Reproduction : les HT interviennent sur le développement pubertaire, elles sont nécessaires à la lactation normale.
Métabolisme de l’eau et fonction rénale : les HT augmentent la filtration glomérulaire et le débit sanguin rénal.
Les différents métabolismes :
– régulation de la température : les HT accélèrent la synthèse de la plupart des protéines enzymatiques. Ces actions expliquent l’augmentation de la consommation d’O2 et de la calorigenèse.
– métabolisme des lipides : les HT stimulent la lipogenèse mais également la lipolyse, elles diminuent les stocks lipidiques de l’organisme.
– métabolisme des glucides : les HT ont un rôle diabétogène avec glycosurie et hyperglycémie post prandiale excessive en augmentant l’absorption intestinale du glucose, diminuant le taux de sécrétion d’insuline, accélérant la dégradation de l’insuline lors d’hypersécrétion hormonale.
– métabolisme des protides : les HT sont anabolisantes à concentration physiologique, mais catabolisantes à concentration excessive. Elles ont une action directe mais également indirecte en stimulant l’action anabolisante protéique d’autres hormones en particulier les glucocorticoïdes et la somathormone ou Growthhormone (GH) .
Régulation des fonctions thyroïdiennes
La fonction de la glande thyroïde est sous le contrôle de la « Thyroïde Stimulating Hormone » (TSH) qui est une glycoprotéine à action rapide, synthétisée par les cellules thyrotropes de l’antéhypophyse. La sécrétion de TSH est fonction du taux de l’hormone circulante. Toute élévation des HT ralentit la sécrétion de TSH et inversement si ce taux est diminué, il y aurait augmentation de la TSH et stimulation de l’activité thyroïdienne. C’est une rétrorégulation appelé : « feed back » négatif. La TSH à son tour subit l’action d’une substance activatrice appelée : « ThyroRealising Factor-Thyroliberine » (TRF ou TRH) synthétisée par l’hypothalamus responsable de la synthèse et de la libération de TSH. Mais d’autres facteurs peuvent être mise en jeu dans ce mécanisme régulateur à savoir : l’iode, certains médicaments (thiouracil, amiodarone…), certains aliments (crustacés, poissons de mer, choux, manioc….).
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I- La glande thyroïde
II- L’hyperthyroïdie
II.1. Définition
II.2. Diagnostic positif
II.3. Diagnostic étiologique
II.4. Diagnostic différentiel
II.5. Complications
II.6. Traitement
DEUXIEME PARTIE : ETUDE PROPREMENT DITE
I. Objectifs
II. Matériels et méthodes
II.1. Cadre d’étude
II.2. Matériels
II.3. Méthodes
III. Nos résultats
III.1. Données épidémiologiques
III.2. Données cliniques
III.3. Données paracliniques
III.4. Données étiologiques
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES ET SUGGESTIONS
A- COMMENTAIRES
I- Du point de vue épidémiologique
II- Du point de vue clinique
III- Du point de vue paraclinique
IV- Selon les aspects étiologiques
V- Selon l’évolution
B- SUGGESTIONS
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE