Épidémiologie du parvovirus canin CPV-2
Survie dans le milieu extérieur et sensibilité
Le parvovirus canin est un virus nu, donc particulièrement résistant. Il peut survivre près d’un an dans le milieu extérieur à température ambiante. Il est résistant au froid et à la congélation, et présente une très grande stabilité à la chaleur. Ainsi il résiste pendant une heure à 56°C, trente minutes à 63°C et quinze minutes à 80°C et plusieurs mois à -20°C.
Le parvovirus canin est stable pour des pH compris entre 3 et 9 et résiste aussi à des pH inférieurs à 3, ce qui implique une résistance au pH gastrique.
Il est résistant aux traitements hygiéniques considérés pourtant comme agressifs, comme l’utilisation de solvants à 60°C pendant soixante minutes et il est insensible à l’action des solvants organiques et des ammoniums quaternaires.
En revanche, le parvovirus canin est sensible à une température de 100°C si elle est maintenue plus d’une minute, au formol dilué à 1/100, à la soude, au glutaraldéhyde et à l’hypochlorite de sodium (eau de Javel) s’il est au maximum diluée au trentième (Monnet 2001 d’après Cordon et Angrick, 1986 ; Moraillon, 1982 et 1994 ; Lacheretz et Jurin, 1997). Cette résistance extrême renforce l’intérêt une mise en quarantaine des nouveaux arrivants, une surveillance étroite des animaux et des traitements hygiéniques particuliers en élevage canin afin de conserver une charge virale la plus faible possible dans l’élevage. Dans l’idéal, les éleveurs devraient séparer les locaux en un « secteur sain » et un « secteur souillé » i.e pour les animaux contaminés par le CPV-2 et devraient appliquer un principe de « marche en avant », c’est-à-dire de toujours s’occuper des animaux les plus jeunes en premier, puis de continuer les manipulations en prenant toujours des animaux de plus en plus âgés.Les locaux doivent quotidiennement être débarrassés des souillures (fèces, vomissures) puis nettoyés avec un détergent ou de la vapeur d’eau chaude sous haute pression (70 à 90 bars) avant d’être désinfectés. Le désinfectant utilisé doit être un désinfectant efficace sur les virus nus. On peut soit utiliser de l’hypochlorite de sodium dilué à 6% préparé quotidiennement dans de l’eau froide et stocké à l’abri de la lumière, soit un agent tel que le peroxymonosulfate de potassium. Un temps de contact d’au moins 10 minutes doit être respecté avant de rincer les locaux (Crawford, 2000). Du fait de la grande résistance du virus dans le milieu extérieur, la contamination par le CPV- 2 est souvent indirecte, via les objets souillés en contact avec les animaux (gamelles…) ou sur le sol. La contamination se fait surtout par voie oro-fécale (Ikayeda et al, 2002). Les humains et certains rongeurs, en contact avec les animaux, peuvent porter le virus et jouer le rôle de vecteurs. Les manipulations et la circulation des chiots en élevage doivent donc être réfléchies.
Excrétion du parvovirus canin CPV2 et sources de contamination
Les principaux excréteurs (qui représentent donc la principale source de contamination des autres animaux et de l’environnement) sont les animaux malades qui excrètent le parvovirus canin dans leurs fèces et contaminent aussi leur fourrure par le biais du léchage. Des particules virales peuvent aussi être retrouvées dans les urines ou dans la salive mais les quantités sont anecdotiques comparées à celles retrouvées dans les fèces.
Le parvovirus canin est caractérisé par une incubation très courte, de 3 à 5 jours, et une excrétion longue, jusqu’à 25 jours post-infection chez certains chiots pour les souches 2b et 2c. Le CPV-2 se multiplie dans les cellules à fort index mitotique, et les cellules des villosités intestinales des jeunes animaux se divisent beaucoup. Les animaux les plus infectés sont ceux âgés de 6 semaines à 6 mois mais tous les animaux non vaccinés peuvent être infectés par le CPV-2. Une étude menée entre 1982 et 1991 montre qu’un chien non vacciné a 12,7 fois plus de chances d’être infecté par le CPV-2 (Houston et al, 1996). Et, selon un rapport nord-américain, 1,25% des chiots de moins d’un an sont infectés par le parvovirus canin de type 2 et un chien entier de moins d’un an a 23 fois plus de chances d’être malade de la parvovirose qu’un chien castré du même âge (Banfield pet Hospital, 2014). L’excrétion virale chez les animaux peut suivre différents profils. Certains animaux n’excrèteront jamais de virus, certains en excrèteront de façon constante et d’autres de façon intermittente. La courbe d’excrétion des excréteurs intermittents est souvent plus pulsatile que celle des excréteurs constants, avec des pics d’excrétion plus fréquents, mais moindres. Les pics d’excrétion virale des excréteurs constants sont généralement d’une charge virale bien plus importante que celle des excréteurs intermittents (Kutzler, 2011).Des animaux asymptomatiques peuvent excréter une quantité non négligeable de virus.Les animaux récemment infectés encore asymptomatiques sont d’importantes sources de contamination car un animal infecté excrète de 108 à 1011 particules virales par jour dès 3 jours après infection. L’excrétion est maximale 6 jours après infection et atteint de 106 à 109 DCIT50 par gramme de fèces (DCIT= Dose Infectieuse sur Culture de Tissu, ceci correspond à la dose minimale de virus qui, injectée dans une culture de tissu peut détruire 50% des cellules). Ces animaux infectés asymptomatiques excrètent moins qu’un animal infecté symptomatique mais la dose de virus excrétée dans les fèces est de 103 et 105 DCIT50 par gramme de fèces. Cette dose est largement suffisante pour infecter d’autres animaux (Meunier, 1985) puisque la dose minimale infectante étant estimée à 100 DCIT50 de CPV-2 (Monnier 2001, d’après Pollock et Coyne, 1993 ; Moraillon, 1994).Outre les chiens, les chats peuvent également représenter des réservoirs viraux. Le parvovirus canin et le virus de la panleucopénie féline sont deux virus extrêmement proches, capables d’infection interspécifique. Une étude menée dans des refuges hébergeant des chiens et des chats a montré que le CPV-2 a acquis la capacité d’infecter les chats. Ceux-ci sont cliniquement sains et excrètent le parvovirus canin en grande quantité dans leurs fèces, les rendant ainsi réservoirs du virus pour l’espèce canine. Il semblerait aussi que le parvovirus canin puisse induire des signes cliniques chez les chats (Clegg et al, 2011). Les animaux asymptomatiques pouvant excréter, les situations d’immunosuppression ou de challenge métabolique comme la gestation et la lactation sont potentiellement à risque.
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1. ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. Epidémiologie du parvovirus canin CPV-2
1.1.1. Réplication
1.1.2. Survie dans le milieu extérieur et sensibilité
1.1.3. Excrétion du parvovirus canin CPV-2 et sources de contamination
1.2. Immunité, gestation, lactation
1.2.1. Modifications de l’immunité pendant la gestation et la lactation
1.2.2. Stockage des immunoglobulines dans la mamelle et formation du colostrum
1.2.3. Transfert de l’immunité aux chiots
1.2.3.1 Transfert de l’immunité maternelle anti CPV-2
1.2.3.2 Décroissance de l’immunité
1.2.3.3 Interférence vaccinale
1.2.3.4 Rôle protecteur de la vaccination
2. ETUDE EXPÉRIMENTALE
2.1. Animaux, matériel et methodes
2.1.1. Les chiennes
2.1.1.1. Population étudiée
2.1.1.2. Protocole vaccinal utilisé
2.1.1.3. Circulation des chiennes au sein de l’élevage
2.1.2. Les chiots
2.1.3. Prélèvements
2.1.3.1. Chiennes
2.1.3.2. Chiots
2.1.4. Protocole de mise en évidence du parvovirus canin CPV2
2.1.5 Statistiques
2.2. Résultats
2.2.1. Populations finalement incluses dans l’étude
2.2.1.1. Etude de l’excrétion du parvovirus canin CPV-2 pendant la gestation
2.2.1.2. Etude de l’excrétion du parvovirus canin CPV-2 pendant la lactation
2.2.2. Excrétion du parvovirus canin CPV2 pendant la gestation
2.2.2.1. Description des résultats et cinétique de l’excrétion
2.2.2.2. Influence de la gestation
2.2.2.3. Influence du stade de gestation
2.2.2.4. Influence du format racial
2.2.2.5. Influence de l’âge des chiennes
2.2.3.6 Influence de la taille de la portée
2.2.3. Évolution de l’excrétion du parvovirus canin CPV2 pendant la lactation
2.2.3.1. Description des résultats et cinétique d’excrétion
2.2.3.2. Influence du stade de lactation
2.2.3.3. Influence du format racial
2.2.3.4. Influence de l’âge des chiennes
2.2.3.5. Influence de la taille de la portée
2.2.4. Association entre l’excrétion des chiots et celle de la mère
2.2.4.1. Etude du premier excréteur
2.2.4.2. Relation entre la proportion de chiots excréteurs et évolution de la proportion de mères excrétant le CPV-2
2.2.4.3. Influence de la séparation des chiots et des mères sur l’excrétion de CPV-2
3. DISCUSSION
3.1. Limites de l’étude
3.1.1. Population étudiée et collecte d’informations
3.1.2. Races et effectifs représentés
3.2. Analyse des résultats
3.2.1. Comparaison aux données de la littérature
3.2.2. Conséquences pratiques
3.2.3. Perspectives
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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