Formation et géologie du marais de Vrasville
La formation du marais de Vrasville, comme tous ceux du Val de Saire, est à mettre en relation avec les cycles de glaciation. En effet, il y a environ 120 000 ans, lors de la dernière période glaciaire (appelée « Wurm »), le niveau marin a progressivement et fortement diminué. La conséquence est le creusement des vallées dans lesquelles s’écoulent aujourd’hui les cours d’eau comme le Varouville. A la fin de cette période, c’est-à-dire il y a environ 11000ans, la fonte des glaces a provoqué une transgression marine (élévation du niveau marin) qui a entraîné la remontée des sédiments qui ont été transportés par le vent puis déposés sur les pointes rocheuses. L’accumulation de ces sédiments a alors formé les dunes. Ces dernières ont progressivement bloqué l’écoulement des ruisseaux issus des bassins versants dirigés vers le littoral formant ainsi des zones humides dont les eaux s’évacuaient, avant modifications anthropiques, par infiltration à travers le cordon dunaire ou par évaporation.
Protocole de réactualisation des transects de 1980
D’autre part, pour évaluer les tendances évolutives de la végétation de la Mare de Vrasville, une réactualisation des transects effectués par Michel PROVOST en 1980 a été menée. Un transect est une méthode de relevé de la végétation s’effectuant à l’aide d’un fil que l’on tend entre deux points. Les espèces sont alors recensées le long du fil. Dans un souci de précision, les transects de Michel PROVOST (réalisés « à vue » selon l’auteur) ont été digitalisés par SIG à partir de la cartographie qu’il avait réalisée, dans le but d’acquérir les coordonnées des points de départ et d’arrivée des transects. Cependant les résultats obtenus avec le GPS de terrain n’ont pas été concluants. Le tracé in situ s’est donc effectué à vue avec des angles de relèvement à la boussole. Par ailleurs les courbes de niveaux de la carte topographique au 1/25 000ème éditée par l’IGN ne permettant pas une représentation fine et fidèle des pentes du terrain, l’utilisation d’un clinomètre et d’un décamètre se sont donc révélés indispensables. La localisation et le sens de réalisation de ces transects est disponible en annexe 4. De plus, les transects traversent le plan d’eau. Ils ont donc été réalisés en deux parties, de part et d’autre des bords du plan d’eau
Inventaire des événements historiques potentiellement perturbateurs pour le biotope
C’est en 1884 que le conseil municipal de Vrasville vote l’assèchement de la zone humide pour des raisons sanitaires et économiques (Annexe 9). Il est probable que cela soit la date de création du nô qui était alors appelé : « pont à la mer ». Par la suite, il y a peu de preuves d’aménagements concernant le début du XXème siècle. Les archives de Cosqueville montrent que les réparations du nô sur le marais du Hable étaient des opérations assez courantes, témoignant ainsi du peu de robustesse de ces ouvrages face aux assauts répétés de la mer. On peut alors penser que Vrasville étant situé à une dizaine de kilomètres du marais du Hable sur cette même côte a été dans la même situation sans pour autant apporter des preuves de la véracité de ces hypothèses.
Recherche bibliographique concernant la botanique
Au total, sept études botaniques ont été rassemblées durant la phase de recherche bibliographique. Ces études intègrent des informations différentes qui ne sont pas sous la même forme et qui ne sont pas toutes exploitables de la même manière. L’étude de PROVOST réalisée en 1980 comporte la description des groupements présents sur le site avec pour chacun d’eux une liste floristique. Au sein de cette étude figurent également deux transects concernant le marais de Vrasville et une carte de végétation. Le rapport de stage rédigé par DE SOUZA en 1985 traite des marais arrières-littoraux du Val de Saire. La cartographie présente dans cette étude ne révèle pas d’informations supplémentaires. C’est pourquoi cette étude n’a pas été utilisée pour la rédaction du présent travail. Les travaux réalisés en 1999, par PROVOST et ROLLAND se résument à des relevés de végétations et des listes floristiques. Cela est intéressant pour connaître les espèces rares présentes à cette époque. Le Conservatoire du Littoral a réalisé en 2001 le document d’objectif (DocOb) pour le site NATURA 2000 « Caps et marais arrière-littoraux de la pointe de Barfleur au Cap Lévi » dont fait partie le marais de Vrasville. Ce document se base sur des habitats Natura 2000 ce qui n’est pas le cas de la présente étude. Les annexes du DocOb donnent la liste de toutes les espèces végétales recensées sur le site. En 2002, la Société Botanique du Centre-Ouest (SBCO) a organisé une excursion sur le marais de Vrasville afin d’y étudier la végétation. Cette sortie a fait l’objet d’un compte rendu qui mentionne les principaux groupements présents avec leurs espèces caractéristiques ainsi que des indications sur leur localisation. Cette étude s’est révélée intéressante concernant l’évolution de certains groupements et la présence d’espèces rares. Le Bureau d’étude CERESA a réalisé en 2004 le plan de gestion « Marais arrièrelittoraux du Val de Saire ». Cette étude décrit les ensembles homogènes de végétation présents sur le site et fournit une carte de végétation de l’ensemble des marais arrièrelittoraux du Val de Saire. Dans la base de données SIG, une sélection a été nécessaire pour ne retenir que les données concernant le marais de Vrasville. RIBEIRO a effectué en 2006, la réactualisation des habitats Natura 2000. Cette étude fournit deux cartes de végétations : une carte sur les ensembles floristiques et une carte sur les habitats Natura 2000. Toutefois cette carte se base sur certaines espèces et ne permet donc pas une analyse fine pour réaliser une étude diachronique. Mais cette étude reste intéressante pour des données ponctuelles. Enfin le plan de gestion du marais de Vrasville réalisé par HENKER en 2006 fournit une carte de végétation (Annexe 16) simplifiée qui s’est avérée utile en complément de l’étude précédente. Enfin, pour permettre une analyse quantitative, un calcul des surfaces occupées par les peuplements végétaux a été effectué dans le but de comparer les inventaires entre eux. Ce calcul a nécessité une digitalisation préalable par un SIG. Cela a pu être réalisé seulement pour deux études : PROVOST, 1980 et CERESA, 2004 car le premier a cartographié les groupements végétaux sur un fond cadastral et le second était sous format SIG. Cependant, comme les différentes études floristiques ont été menées par des auteurs différents, des différences sont apparues dans les noms attribués aux groupements végétaux. Dans un souci de comparaison, il est alors apparu nécessaire d’homogénéiser les noms figurant sur les cartographies de 1980, 2004 et la réactualisation 2010 qui est l’objet de cette étude. Cette uniformisation se justifie aussi par une simplification des groupements végétaux qui sont très nombreux sur ce site. Ainsi, l’annexe 17 indique la nouvelle dénomination attribuée aux groupements des cartes de végétations de 1980 et 2004. La standardisation de ces données s’est construite selon les espèces propres à chaque groupement issues des listes floristiques de l’étude de PROVOST et des cahiers d’habitats Natura 2000. Certaines simplifications peuvent paraître litigieuses au regard de la phytosociologie. On peut notamment citer le regroupement de l’Agropyretum jonceiforme et de l’Ammophiletum arenariae (végétation à Oyat des dunes) sous l’appellation « végétation de dunes embryonnaires ». En effet, si l’Agropyretum junceiforme est un groupement typique de la dune embryonnaire, ce n’est pas le cas l’Ammophiletum arenariae qui est implanté en dune blanche. Toutefois, il n’y a pas de dunes blanches sur le cordon dunaire du site d’étude. L’oyat occupe un recouvrement inférieur à 50m² au total et se trouve très fragmenté au sein d’une végétation de dune embryonnaire. C’est pourquoi il a été décidé de regrouper ces deux associations pour plus de simplicité et de clarté. Autre exemple : le regroupement de l’Atriplicetum glabriusculae et du Crithmo-Crambetum maritimae, sous le nom « Végétation de haut de plage et de sommet de dune » est justifié par la position préférentielle de ces groupements sur la carte de végétation et par les espèces caractéristiques de ces derniers. D’autre part, on ne peut pas vraiment parler de végétation de cordon de galet sur le site de Vrasville. En effet, les espèces caractéristiques de cette végétation se retrouvent dans les coulées de sables à forte granulométrie (diamètre pouvant aller jusqu’à 1cm) en association avec les taxons des dunes embryonnaires. Cette situation force à regrouper les végétations de dunes embryonnaires et de cordons de galets sous le terme : « Végétation de dunes embryonnaires et de coulées de sable ».
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Table des matières
SOMMAIRE
Résumé
Abstract
Introduction
1. Présentation du Syndicat Mixte des Espaces Littoraux de la Manche
2. Présentation du site d’étude : le marais de Vrasville
2.1. Contexte régional
2.1.1. Géographie
2.1.2. Climatologie
2.2. Le marais de Vrasville
2.2.1. Formation et géologie du marais de Vrasville
2.2.2. Couverture pédologique du marais de Vrasville
2.2.3. Fonctionnement hydrologique et sédimentaire
2.2.4. Zonage réglementaire et documents de gestion du site
3. Matériel et méthodes
3.1. Recherches bibliographiques
3.1.1. Inventaire historique des perturbations sur le milieu physique
3.1.2. Recensement des inventaires floristiques antérieurs à 2010
3.2. Protocoles des inventaires botaniques
3.2.1. Détermination des formations végétales
3.2.2. Protocole de réactualisation des transects de 1980
3.2.3. Protocole expérimental permettant le suivi de la végétation du site
3.3. Mesures physico-chimiques
4. Résultats
4.1. Recherches bibliographiques
4.1.1. Etat initial de la Mare de Vrasville
4.1.2. Inventaire des événements historiques potentiellement perturbateurs pour le biotope
4.1.3. Recherche bibliographique concernant la botanique
4.2. Réactualisation des données floristiques
4.2.1. Données environnementales
4.2.1.1. Salinité
4.2.1.2. Erosion de la dune
4.2.2. Végétation du marais et de la dune de Vrasville
4.2.2.1. Végétation dunaire
4.2.2.2. Végétation saumâtre
4.2.2.3. Végétations aquatiques
4.2.2.4. Végétation prairiale
4.2.3. Transects
4.2.3.1. Réactualisation des transect de 1980
4.2.3.2. Transects de suivi de la végétation et données phytoécologiques
5. Discussion
5.1. Analyse diachronique de la végétation de Vrasville suite l’uniformisation des cartographies
5.2. Analyse de la réactualisation des transects
5.3. Analyse du protocole permettant le suivi de la végétation par transect
5.4. Discussion sur les avantages et inconvénients des transformations des 30 dernières années
5.5. Limites de l’étude
6. Propositions de mesures de suivi de la végétation et du milieu physique de la Mare de Vrasville
6.1. Mesures de suivi du biotope
6.2. Mesures de suivi de la végétation
Conclusion
Bibliographie
Liste des figures
Liste des tableaux
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