Les flux
La situation géographique de la Région de Kaffrine, dans le domaine soudanosahélien, au centre du pays et surtout sa continentalité soumet le Département de Koungheul à l’influence d’un climat tropical subaride dominé par la circulation de deux principaux flux que sont l’alizé continental ou harmattan et la mousson.
– L’harmattan est le type de flux dominant, il est issu de la cellule anticyclonique saharo-libyenne et balaie la zone durant la saison sèche (d’octobre à juin). Il est caractérisé par un vent chaud et sec du fait de son long trajet continental et la nature du substratum qu’il traverse dont le désert du Sahara. Sa forte siccité est favorable à l’évaporation. Il est de direction dominante Nord-est, Est et Sud-est et souvent accompagné de fortes poussières juste au début et à la fin de l’hivernage. En plus, l’harmattan est aussi un flux ne réunissant pas certaines conditions pluviogéniques à savoir l’existence d’un potentiel précipitable et son renouvellement rapide (Leroux, 2000).
– La mousson principale pourvoyeuse des pluies en milieu tropical, elle est issue au Sénégal de l’anticyclone de sainte Hélène, dans l’atlantique sud durant l’été de l’hémisphère boréal. La mousson résulte d’un renversement de la direction dominante de l’alizé entre l’hiver et l’été, sa trajectoire est incluse entre les deux hémisphères et sa direction dominante est de Sud, Sud-est et Sud-ouest à Koungheul. Selon LEROUX M., « la mousson est un flux originaire d’un hémisphère et qui s’intègre dans la circulation de l’autre hémisphère ».La mousson est donc issue d’un prolongement d’une circulation d’alizé. Elle se caractérise par une forte humidité du fait de son long trajectoire maritime, des températures élevées favorables à l’évaporation mais une faible amplitude thermique. Cependant, une perturbation dans sa circulation par incursion d’un alizé donnerait des lignes de grains. Dans la zone de Koungheul, 80% des précipitations sont dues aux lignes de grains. Ces deux flux se distinguent par une discontinuité, l’équateur météorologique (EM), qui sépare la circulation d’alizé de l’hémisphère Nord de celle de l’hémisphère Sud. Le lieu de rencontre de ces alizés est appelé talweg. Cette ligne de discontinuité n’est pas fixe, elle est située soit à l’hémisphère Nord pendant l’été boréal, soit à l’hémisphère Sud durant l’été austral ou entre les deux hémisphères. Cette discontinuité est nommée la zone intertropicale de convergence (ZIC) qui caractérise la bande ambiante de l’équateur météorologique qui s’élève à la verticale de sa trace au sol sur les océans, à un plan incliné sur les continents (J. LE BORGNE, ORSTOM/IRD, 1988).
Les sols
Le sol est une ressource naturelle dont l’exploitation rationnelle permet d’atteindre un développement économique durable à travers l’exploitation minière, l’élevage, l’agriculture etc. Selon Diaw (2007), cité par Sow (2010), la formation des sols dépend de l’importance des pluies qui augmentent sous nos tropiques du Nord au Sud. Mais d’autres facteurs tels que la roche mère, le modelé, le couvert végétal et d’autres paramètres climatiques dont les températures, l’insolation, le vent, l’humidité, l’évaporation interviennent au niveau régional et local. Les sols résultent donc de différents facteurs combinés à savoir de l’évolution géomorphologique, paléoclimatique, biogéographique et hydrogéologique. Au Sénégal, d’après les études de CI. Charreau et R. Fauck (1965) et le rapport sur l’étude de la faisabilité des forages manuels au Sénégal, nous nous sommes parvenus à identifier plusieurs types de sols: les sols subarides dans les régions du Nord ; les sols halamorphes localisés dans les zones deltaïques (Casamance maritime, delta du fleuve Sénégal, embouchure du Sine Saloum) et au Falémé ; les sols hydromorphes dans la zone des Niayes, la haute vallée du fleuve Sénégal, de la Casamance, de la Gambie. Et enfin, les sols ferrugineux tropicaux qui couvrent l’essentiel du territoire, notamment le bassin arachidier où l’on note les sols ferrugineux sur ergs au centre et au Nord-Ouest, les sols ferrugineux sur sédiments au centre et à l’Est dont est inclus le Département de Koungheul. Tous les sols de la zone, dérivent donc des sédiments sablo-argileux d’origine continentale à l’exception près des argiles marines du Bao-bolon (INP, 1998). Ainsi, les sols ferrugineux tropicaux sont répartis dans la zone de Koungheul en sols non lessivés (Dior) et lessivés (Deck-Dior et Deck) :
– Les sols Dior : Les Dior comprennent les sols qui ont une texture grossière, leur teneur en argile est faible (entre 2 et 6%), les sables sont en majeure partie des sables fins. La richesse chimique se trouve à un niveau très bas, le complexe absorbant est assez bien assuré et la réaction est légèrement acide. Ces sols ont une grande capacité de production pour la culture de l’arachide et du mil. Sur ces sols, l’arachide répond à de faibles apports d’engrais, environ 150 kg/ha et le mil demande par contre des apports nettement plus importants. Le travail profond du sol ainsi que l’enrichissement en matière organique (fumier ou engrais vert) sont également révélés très important pour les productions céréalières. Dans le milieu, les Dior sont généralement formés sur des plaines et basses plaines et y sont inégalement répartis : ces sols couvrent 90% des terres dans la Communauté Rurale de Ribot Escale, 10% à Sali Escale, 90% à Gainthe Pathé, 15% à Ida Mouride etc.
– Les sols Deck-Dior : Les Deck-Dior sont des sols ferrugineux tropicaux lessivés de texture sabloargileuse et limoneuse. Les pH sont en surface de 6,0 à 6,5 et en profondeur de 5,5 à 6,0. Les réserves minérales étant faibles, la fertilité des sols est conditionnée essentiellement par les teneurs en matière organique. Ces sols sont moyennement durs et possèdent une capacité de rétention d’eau plus élevée que celle des sols Dior. Les sols Deck-Dior sont adaptés à plusieurs cultures, d’autant plus qu’ils sont favorables à la culture de l’arachide, du maïs, du mil, du sorgho etc. Dans le milieu, ces sols se sont développés sur des plaines et de bas plateaux en occupant dans certaines communautés rurales les superficies suivantes en valeur relative: Ribot Escale 8%, Sali Escale 75%, Gainthe Pathé 10%, Ida Mouride 85%.
– Les sols Deck : Ils sont plus riches en argile, donc plus lourds, de texture plus fine, beaucoup plus imperméables et mieux structurés que les sols Dior. Les teneurs en azote et en bases échangeables sont dans l’ensemble supérieures à celles des sols Dior. Ils peuvent évoluer vers des sols plus compacts et fortement hydromorphes appelés Ban, en subissant un engorgement temporaire par les eaux pluviales (LOYER ET LE BRUSQ, 1998). Dans ce milieu, les sols Deck sont localisés essentiellement au niveau des surfaces dépressionnaires, notamment les vallées mortes et couvrent une faible superficie: Ribot Escale 2%, Sali Escale 15% (PLD, 2011) Ces différents types de sols sont en état d’une évolution de dégradation progressive liée d’une part à l’érosion éolienne et hydrique, à une surexploitation des ressources naturelles et d’autre part à une variabilité pluviométrique.
Faune
La faune est constituée essentiellement dans sa globalité d’herbivores, de carnivores et d’omnivores répartis entre différentes espèces. Dans la zone de Koungheul, elle est composée d’une population de rongeurs (rats palmistes, écureuils, rats, ….) de reptiles (couleuvres, vipères, lézards, caméléons, crapauds, ….), de mammifères (phacochères, hyènes, singes, chacals, renards, chats sauvages, lièvres…), d’oiseaux (pintades, outardes, cailles, francolins, pigeons…). L’avifaune est composée d’espèces saisonnières qui migrent selon les saisons pour trouver des lieux plus favorables à leurs exigences écologiques. Il faut noter aussi que la destruction des habitats liée à la surexploitation des ressources naturelles (défrichement, feux de brousse, déforestation, exploitation du bois…) et à la sècheresse a entrainé aujourd’hui, le déplacement de beaucoup d’espèces : les antilopes, les lièvres, les hyènes etc. En résumé, le milieu physique regroupant l’ensemble des facteurs qui agissent sur le milieu humain, renferme d’énormes potentialités (ressources minières, sols, ressources en eau, ressources végétales etc.) dont l’exploitation rationnelle conduirait au bien être des populations et au développement économique et social durable. La zone est caractérisée par un relief très plat avec un climat et une végétation de type soudano-sahélien. Les sols sont de types ferrugineux tropicaux lessivés et non lessivés. Cependant, avec les péjorations climatiques qui se manifestent par une irrégularité des pluies, les populations sont confrontées à une altération du milieu physique (dégradation de l’environnement) qui modifie les conditions d’existence du milieu humain à travers l’exploitation des ressources naturelles (ressources en eau, sols, végétation).
L’exploitation forestière
La production forestière (les produits issus de l’exploitation forestière) est composée de bois de chauffe, bois de service, bois d’œuvre, produits de cueillette et de produits de la faune (chasse…). Dans la région, l’exploitation forestière porte généralement sur les espèces comme le Cordyla pinnata (dimb), le Borassus aethropium (ronier), le Vène pour la production du bois de service et du bois d’œuvre. Les espèces comme Combretum glutinosum (ratte), Faidherbia albida (kadd), et Cordyla pinnata (dimb), sont exploitées pour la production du charbon de bois. D’autres espèces sont aussi mises en exploitation pour y tirer des produits. L’Inspection Régionale des Eaux et Forets (IREF) de Kaffrine a établi en 2009, un rapport sur l’exploitation forestière permettant de ressortir quelques produits forestiers : gousses, pain de singe, gomme mbep, jujube, nététou, feuilles de baobabs, fibres rôniers, cure dents, raphia, écorces etc. Ces produits apportent des revenus considérables et certains sont utilisés dans la médecine traditionnelle et moderne. En 2009/2010, l’exploitation forestière était estimée à travers les recettes à une valeur de 9 208 795 FCFA. Dans l’exploitation de la faune, la chasse se passe régulièrement dans les zones d’intérêt cynégétique (ZIC) et dans les zones amodiées. Les espèces abattues se comptent parmi les francolins, pigeons de Guinée, pigeons verts épaulette, cailles, gangas, pintades, lièvres, phacochères etc. Les recettes sont estimées à 12 205 000 FCFA pour l’exploitation cynégétique et 3 175 750 FCFA pour les cas de contentieux (IREF, 2009). Cependant, avec la dégradation du couvert végétal liée aux contraintes climatiques et aux pressions anthropiques, certaines espèces sont menacées et d’autres ont disparu ou sont en voie de disparition : vossvossor (Heeria insignis, Newbouldia laevis), rebreb (Terminalia macroptera), kundel (Eriosema glomeratum), garabi laoké (Bombax costatum) etc.
Evolution interannuelle des pluies
Elle permet d’appréhender la répartition des pluies dans le temps entre les différentes années. Elle s’effectue en faisant la différence entre le total pluviométrique annuel et la moyenne de la série : Total pluviométrique/an – moyenne de la série. La moyenne pluviométrique de notre série qui va de 1963 à 2012 est de 715,6 mm et l’écart-type est de 190 mm. Le coefficient de variation (CV) qui est de 26,5% montre l’homogénéité de la série. La tendance de la série est de 669,8 mm, toujours inférieur à la moyenne de la série. Il s’agit d’une tendance à la baisse. Par rapport à la moyenne, la série compte 23 années (46%) avec des pluies excédentaires et 27 années (54%) avec des pluies déficitaires. L’écart entre le cumul pluviométrique total des années excédentaires et celui des années déficitaires est de -520,5 mm. Elles sont réparties irrégulièrement dans l’espace et le temps. En effet, le début de la série est marqué par 5 années excédentaires (années humides) que sont 1963, 1964, 1965,1966 et 1967 avec un excédent de 618,7 mm. Elles sont suivies de 8 années déficitaires de 1968 à 1977 avec un déficit de -1156,6 mm, à l’exception de deux années excédentaires 1969 et 1975 (372,6 mm). Cette série d’années sèches a connu une petite rupture avec une hausse pluviométrique de 444,1 mm en 1978 et 1979. Elle est suivie d’un déficit pluviométrique de -619 mm de 1980 à 1984. Ce déficit est succédé d’un regain pluviométrique de 114,7 mm entre 1985 et 1987. Ce faible regain pluviométrique de courte durée est succédé d’une longue série d’années sèches qui va de 1988 à 1997 avec un déficit de -1280,1 mm, excepté l’année 1994 qui a connu une hausse de 39 mm. Le reste de la série, de 1998 à 2012 se caractérise par une alternance d’années humides et celles sèches : 1998, 1999 et 2000 (440,1 mm) ; 2001 et 2002 (-365,5 mm) ; 2003, 2004 et 2005 (791,7 mm) ; 2006 et 2007 (-288,7 mm) ; 2009 et 2010 (425,9 mm) ; 2011 (-22,8 mm) et 2012 (340,8 mm). Cela s’explique par un retour pluviométrique qui n’est encor confirmé, et où nous notons l’année la plus pluvieuse de la série en 2010 avec un cumul total de 1141,5 mm. L’année la plus déficitaire est notée en 1977 avec une hauteur pluviométrie de 399,2 mm. Ce qui donne un écart de 742,3 mm entre ces deux extrêmes. L’analyse de la figure 7 révèle dans l’évolution interannuelle des pluies deux phases distinctes caractérisées par une tendance à la baisse située en dessous de la moyenne et une tendance à la hausse observée au dessus de la moyenne. La première phase qui débute de 1963 à 1993 compte plus d’années avec des pluies déficitaires. Cela s’explique par la longue série de sècheresse qui a secoué la zone soudano-sahélienne depuis les années 1970. Cette longue phase renferme cependant des disparités, car le début (1963-1968) constitue une séquence humide et la fin (1985-1993) renferme des pluies modérées qui sont proches de la moyenne. La deuxième phase plutôt humide (1993-2012), est marquée par la prédominance des pluies excédentaires. En effet, elle correspond comme le considèrent les climatologues à un retour « apparent » de la pluviométrie plus favorable avec des pluies annuelles dépassant les 1000 mm (2003, 2010, 2012). Elle constitue en partie, les facteurs expliquant les récentes inondations.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CADRE GENERALE ET METHODOLOGIE
I.CADRE GENERAL
I.1. Problématique
I.1.1. Contexte et justification du sujet
I.1.2. Choix du milieu d’étude
I.1.3. Questions
I.1.4. Objectifs
I.1.5. Hypothèses
I.2. Analyse conceptuelle
II. METHODOLOGIE
II.1. La recherche documentaire
II.2. Collecte des données et enquêtes de terrain
II.2.1. Collecte des données
II.2.2. Les enquêtes de terrain
II.3. Traitement et analyse des données
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU DEPATEMENT DE KOUNGHEUL
Historique et situation géographique
CHAPITRE I : MILIEU PHYSIQUE
I.GEOLOGIE
II.GEOMORPHOLOGIE
III.CLIMAT
III.1. Les flux
III.2. L’insolation
III.3. Les températures
III.4. L’humidité
III.5. L’évaporation
IV.LES RESSOURCES NATURELLES
IV.1.Les sols
IV.2. Les ressources en eau
IV.3. Végétation et faune
IV.3.1. Végétation
IV.3.2. Faune
CHAPITRE II : MILIEU HUMAIN
I.CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES
I.1. Evolution de la population
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I.2. Répartition de la population dans l’espace
I.3. La structure de la population par sexe et par âge
II.ACTIVITES SOCIOECONOMIQUES
II.1. L’agriculture
II.2. L’élevage
II.3. L’exploitation forestière
II.4. Le commerce
II.5. Le transport
II.6. L’artisanat
III.LES INFRASTRUCTURES
III.1. Les infrastructures hydrauliques
III.2.1. L’hydraulique urbaine
III.2.2.L’hydraulique rurale
III.2. Les infrastructures sanitaires
III.3. Les infrastructures éducatives
Conclusion partielle
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE DE 1963 A 2012 DANS LE DEPARTEMENT DE KOUGHEUL
CHAPITRE III : EVOLUTION DE LA PLUVIOMETRIE
I.EVOLUTION ANNUELLE DES PLUIES
I.1. Evolution interannuelle des pluies
I.2. Evolution des pluies par rapport à la normale 1961-1990
I.3. Evolution décennale des pluies
II.EVOLUTION MENSUELLE DES PLUIES
II.1. La saison sèche
II.2. La saison humide
II.3. Evolution des moyennes décadaires des pluies d’hivernage
II.4. Evolution moyenne mensuelle du nombre de jours de pluies
III.EVOLUTION JOURNALIERE DES PLUIES
III.1. Etude du nombre de jours de pluies
III.2. Analyse des hauteurs de pluies
III.3. Etude des séquences sèches à l’intérieur de l’hivernage
CHAPITRE IV : CARACTERISTIQUES DES SAISONS PLUVIEUSES
I.DEBUT ET FIN DE L’HIVERNAGE
II.LA LONGUEUR DE LA SAISON CULTURALE
Conclusion partielle
TROISIEME PARTIE : IMPACTS ET STRATEGIES D’ADAPTATION
CHAPITRE V : IMPACTS DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE SUR LES RESSOURCES NATURELLES
I. LES IMPACTS DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE SUR LES RESSOURCES EN EAU
I.1. Les eaux de surface
I.2. Les eaux souterraines
II. LES IMPACTS DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE SUR LES SOLS
III. LES IMPACTS DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE SUR LA VEGETATION
CHAPITRE VI : LES STRATEGIES D’ADAPTATION
I. LES STRATEGIES D’ADAPTATION DES POPULATIONS ET DES ONG
II. LES POLITIQUES DE GESTION ET DE CONSERVATION DES RESSOURCES NATURELLES
Conclusion Partielle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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