Evolution de la prévalence et de l’intensité de Schistosoma haematobium

La schistosomose est l’une des plus importantes helminthiases humaines en termes de morbidité et de mortalité [1]. La maladie est endémique dans de nombreux pays en développement touchant surtout les enfants, les agriculteurs et les femmes qui sont fréquemment en contact avec les eaux susceptibles d’héberger les mollusques hôtes intermédiaires. Des millions de personnes sont infectées à travers le monde par différentes espèces de schistosomes conduisant à la perte de 75% de l’espérance de vie corrigée de l’incapacité (DALY- Disability Adjusted Life Years) imputables dont la majorité des cas morbides (85%) et de mortalité (200 000 par an) apparaissent en Afrique Sub-saharienne [2].

Si la maladie est en net recul dans certaines parties du monde (Maghreb) [3], elle serait plutôt en pleine expansion dans d’autres régions, notamment en Afrique subsaharienne, à cause de l’augmentation des surfaces irriguées [4, 5]. Elle est cependant classiquement décrite comme une affection du milieu rural qui sévit dans les zones où les conditions d’hygiène sont défectueuses. Mais l’exode rural massif et l’installation anarchique des populations migrantes autour des points d’eaux situés en milieu urbain et périurbain d’Afrique et d’Amérique du sud contribuent à créer de nouveaux foyers de transmission bilharzienne. C’est ainsi qu’en Afrique subsaharienne, les récentes études révèlent une extension des foyers bilharziens vers les centres urbains [6, 7, 8].

Selon l’OMS, toute mesure de contrôle de la schistosomose et des géohelminthiases devrait impliquer trois composantes majeures: le traitement chimiothérapique, l’amélioration de la situation sanitaire et l’éducation pour la santé. La prise en compte de ces composantes contribuerait à réduire la transmission et la réinfection en encourageant chacun à observer des comportements de protection pour la santé [9].

Pour parvenir aux résultats encourageants obtenus, la stratégie actuelle de lutte contre la schistosomose a connu toute une série d’évolution. Recommandée par l’OMS dès 1970-1980 [10, 11, 12], c’est en 2001 que la Cinquante Quatrième Assemblée Mondiale de la Santé (WHA 54.19) a officiellement considéré la chimiothérapie à grande échelle comme une stratégie de santé publique essentielle pour combattre la schistosomose [13]. En 2002, après l’adoption de la résolution, il fallait traduire en actes concrets les recommandations figurant dans la résolution. La stratégie visée était notamment de maîtriser la morbidité par la distribution à grande échelle de praziquantel aux populations exposées au risque, en fixant le seuil de prévalence à partir duquel on déterminerait l’intervalle convenable entre les traitements successifs.

En 2006, les détails opérationnels de la stratégie de lutte antischistosomienne ont été revus et la portée en a été étendue [14]. Il a été en effet montré que les infections faibles et moyennes pouvaient aussi entrainer une morbidité importante au même titre que les infections fortes [15]. Dans ces conditions, la population cible a été étendue à tous les adultes des zones à haut risque (>=50 % chez les enfants d’âge scolaire) et aussi, dans les zones à risque modéré (10≥P<50 % chez les enfants d’âge scolaire), à certains groupes à risque, comme les personnes exposées par leur activité professionnelle. Au nombre des autres groupes à risque de schistosomose figurent les femmes en âge de procréer, y compris les femmes enceintes ou allaitantes.

Même si la stratégie de lutte contre la schistosomose élaborée par l’OMS en 2001 (WHA54.19), puis actualisée dans les directives de 2006, a effectivement pour but de maîtriser la morbidité, un certain nombre de pays ont intensifié leurs efforts de lutte pour tenter d’obtenir une réduction sensible de la transmission (Burkina Faso, Cambodge, la Chine, Égypte, Maroc et Maurice)[16, 17, 18]. De là, l’OMS lors de sa Soixante Cinquième Session (WHA65.21) [19] a considéré que l’élimination de la schistosomose envisagée dans la résolution WHA54.19, était désormais faisable dans certaines zones épidémiologiques grâce à un engagement politique fort d’atteindre l’objectif ; un approvisionnement correct en médicaments antihelminthiques pour la chimioprévention; et par l’appui des Etats membres et de la communauté internationale à l’hygiène, à l’assainissement et à l’eau.

Schistosomoses 

Historique
Affection parasitaire provoquée par des vers plats (plathelminthes non segmentés), les schistosomes ou bilharzies sont des trématodes à sexe séparé, hématophages vivant dans le système circulatoire veineux de l’hôte définitif (Mammifères et Oiseaux). Leur transmission se fait par voie transcutanée active des furcocercaires issues de la polyembryonie des miracidia à l’intérieur des mollusques hôtes intermédiaires. C’est en 1852 que Théodore Bilharz découvre au Caire (Egypte) dans les veines mésentériques d’une momie, un trématode original à sexe séparé appelé Distomum haematobium ou Schistosoma haematobium. Manson découvre en 1903 dans les selles d’un malade, un schistosome à éperon latéral et c’est Sambon en 1907 qui donna le nom de Schistosoma mansoni à cet helminthe [22].

Le parasite
Les schistosomoses sont des maladies à transmission hydrique focalisée. Elles sont dues à des Digènes de la famille des Schistosomatidae (POCHE, 1907) dont les stades larvaires se développent chez un mollusque aquatique [22]. Cinq espèces anthropophiles de schistosome sont inféodées à l’homme:
• Schistosoma haematobium (1852): agent de la schistosomose uro-génitale ;
• S. japonicum (1904): agent de la schistosomose artério-veineuse.
• Schistosoma mansoni (1907): agent de la schistosomose intestinale et hépatosplénique ;
• Schistosoma intercalatum (1934): agent de la schistosomose rectale et intestinale ;
• S. mekongi(1978): agent de la schistosomose intestinale avec des complications hépatiques ; A ces espèces s’ajoutent d’autres beaucoup moins importantes (S. malayensis (1988) et récemment S. guineensis (2003) décrite au Cameroun et au Bénin) [23].

Il existe en outre des espèces zoophiles (S. curassoni, S. bovis, S. hippopotamus) qui peuvent accidentellement infester l’homme, mais qui en constituent des impasses parasitaires.

Epidémiologie

La zone de prévalence de la schistosomose se situe dans les régions tropicales et subtropicales, notamment dans les communautés démunies qui n’ont pas accès à une eau de boisson salubre et à un assainissement satisfaisant. On estime qu’au moins 90% des personnes qui ont besoin d’un traitement contre la schistosomiase habitent en Afrique. Il existe deux formes principales de schistosomose: la forme intestinale et urogénitale, provoquées par cinq espèces principalement (cf. le parasite). La schistosomose touche plus particulièrement les populations d’agriculteurs et de pêcheurs qui sont en contact permanent avec les eaux contaminés à cause de leurs activités quotidiennes. Toutefois, les autres couches (femmes et enfants) de la population n’en sont pas moins exposées si elles s’adonnent à des activités comme la lessive, les baignades, les jeux etc. Le manque d’hygiène et les jeux rendent les enfants particulièrement vulnérables. L’exode rural et les déplacements de réfugiés introduisent la maladie dans de nouvelles régions. La croissance démographique, allant de pair avec une augmentation des besoins en énergie et en eau, est souvent à l’origine de programmes de développement et de modifications de l’environnement qui renforcent la transmission. On considère aussi que la schistosomose urogénitale est un facteur de risque pour le VIH, en particulier chez la femme. Au Mali, les schistosomes sévissent de façon endémique sur l’ensemble du territoire avec des prévalences très variables en fonction de la présence des ressources en eau. La mise en œuvre des projets d’irrigation par la construction de grands ouvrages hydroélectriques et de petites retenues d’eau a créé les conditions écologiques et environnementales favorables au développement et à l’extension de la schistosomose [24, 25, 26]. La schistosomose frappe surtout les enfants de 7-14 ans mais aussi les adolescents de 15-24 ans [27]. Au cours des vingt dernières années, le phénomène de l’exode rural a modifié l’épidémiologie de la maladie par son «urbanisation» progressive, notamment dans le district de Bamako où les prévalences de Schistosoma hæmatobium et celles de Schistosoma mansoni atteignaient respectivement 69,8% et 8,7% en 2003 [28].

Cycle biologique des schistosomes 

Le cycle évolutif réalisé en eau douce fait intervenir à la fois un hôte intermédiaire et un hôte définitif vertébré . Chez l’hôte définitif, les vers forment des couples permanents capables de se reproduire sexuellement et ils sont localisés dans les veines mésentériques ou péri-vésicales selon l’espèce.

Les femelles pondent des œufs dont certains parviennent à franchir la paroi intestinale ou vésicale, selon l’espèce et sont éliminés avec les excrétas (selle ou urine). Dans l’eau, l’œuf libère une larve ciliée nageante, le miracidium, qui nage activement et pénètre dans le mollusque hôte intermédiaire. A l’intérieur du mollusque spécifique, le miracidium se transforme en sporocyste primaire. Dans le sporocyste primaire, les cellules germinales se multiplient et se différencient pour former des sporocystes secondaires, puis en cercaires. Au cours de leur pénétration dans le derme, les cercaires perdent leur queue et se transforment en schistosomules. Ceux-ci atteignent la circulation sanguine qui les entraîne jusqu’au cœur droit puis aux poumons par les artères pulmonaires. Ils regagnent ensuite le cœur gauche et sont entraînés vers les vaisseaux porte-hépatiques. Là, ils acquièrent la morphologie, l’anatomie et la maturité des vers adultes. La phase migratoire dure au total de 7 à 21 jours. Les vers adultes accouplés s’engagent dans les veines proches d’un organe en relation avec l’extérieur : vessie pour S. haematobium ; mésentère pour les autres espèces. Les œufs qui tombent dans l’eau entretiennent le cycle du parasite. Les œufs non éliminés (70-80%) sont responsables de la pathogénie liée au parasite chez l’hôte vertébré. Les différentes étapes du cycle évolutif des schistosomes sont comparables d’une espèce à l’autre.

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Table des matières

1-INTRODUCTION
QUESTION DE RECHERCHE
HYPOTHESE DE RECHERCHE
2-OBJECTIFS
2-1-OBJECTIFS GENERAUX
2-2-OBJECTIFS SPECIFIQUES
3-GENERALITES
3-1 Schistosomoses
3-1-1 Historique
3-1-2 Le parasite
3-1-3-Epidémiologie
3-1-4 Cycle biologique des schistosomes
3-2-Clinique
3-3-Diagnostic biologique
3-4-Traitement
3-4-1-Chimioprophylaxie
3-4-2-Stratégie de contrôle de la schistosomose
3-4-2-1-Evolution de l’approche stratégique de la lutte contre la schistosomose
3-4-2-2-De la maitrise à l’élimination de l’endémie bilharzienne
3-5-Prophylaxie
3-6-Mise au point des Vaccins anti-schistosomes
3-7-Mortalité
4-MATERIELS ET METHODES
4-1-Lieu d’étude
4-2-Type d’étude
4-3-Période d’étude
4-4-Population d’étude
4-5-Echantillonnage et technique d’échantillonnage
4-6-Techniques parasitologiques utilisées
4-6-1-Examen des urines
4-7-Déroulement des enquêtes parasitologiques
4-7-1-Identification
4-7-2 Poste de remise des sachets en plastique
4-7-3 Poste d’examen des échantillons d’urines et lecture des filtres
4-8-CONTROLES DE QUALITE
4-9-SAISIE ET ANALYSE STATISTIQUE DES DONNEES
4-10-ASPECTS ETHIQUES ET DEONTOLOGIQUES
5. RESULTATS
5-1 Résultats démographiques
6-EVOLUTION DE LA PREVALENCE DE L’INFECTION DUE A SCHISTOSOMA HAEMATOBIUM DE 2011 à 2014 EN MILIEU SCOLAIRE DU DISTRICT DE BAMAKO
7-EVOLUTION DE LA CHARGE D’EXCRETION OVULAIRE DE SCHISTOSOMA HAEMATOBIUM DE 2011 à 2014 EN MILIEU SCOLAIRE DU DISTRICT DE BAMAKO
VI DISCUSSION
VII CONCLUISION
VIII RECOMMADATIONS
IX FICHE SIGNALITIQUE
X REFERENCES
ANNEXES

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