Evolution de la place du père au sein de la famille
La place du père a beaucoup évolué au fil de l’Histoire et a toujours été dépendante de l’histoire de la famille selon les différentes civilisations.
De la préhistoire au modèle Romain
A l’époque de la préhistoire, la famille fonctionnait sur le mode d’une société matrilinéaire : l’homme chassait pour subvenir aux besoins de la famille ; la femme choisissait le lieu d’habitation et y était maîtresse. C’est vers 2000 ans avant Jésus Christ que l’homme prend conscience de son rôle de procréateur [1]. Naît alors un désir de possession des enfants et des femmes. Dans la Rome Antique, le père devient figure de pouvoir ; il est le pater familias. Il est père de tout enfant de la maison, y compris ceux des esclaves. Le père est donneur de vie et dispensateur de loi en ayant le droit de vie, de mort et de vente sur chacun des enfants du foyer.
L’influence de la chrétienté
Au IIème siècle, la paternité n’existe que dans le cadre du mariage : le père ne peut exercer son autorité que sur ses enfants légitimes. En 321, le droit de tuer son enfant est aboli. [1] Au Moyen-âge et aux siècles suivants, le père de famille géniteur devient nourricier, garant des traditions et demeure maître de son foyer.
Du XVIIIème siècle à nos jours
Le siècle des lumières signe l’apogée de la paternité avec la prise en compte du rôle d’éducateur que possède le père. Ce système patriarcal va perdurer jusqu’au milieu du XXème siècle.
La seconde moitié du XXème siècle voit décroître le poids du modèle patriarcal. Ce qu’il reste du « tout pouvoir » paternel doit être partagé avec les mères. Les grandes guerres ont accéléré la perte de l’image de la « toute puissance paternelle ». Les femmes ont dû assurer la place de la mère et celle du père parti au combat. La scolarité obligatoire, substituant l’instituteur au père éducateur, a elle aussi contribué au changement de l’image du père traditionnel. [2] Le développement des méthodes contraceptives vient renforcer la mutation des rôles de chacun au sein de la famille. Les femmes ont désormais la possibilité de maîtriser quand et avec qui elles peuvent concevoir un enfant. En 1970, la notion juridique d’autorité paternelle est remplacée par la notion d’autorité parentale. [3] Le 22 janvier 2014, dans le cadre du projet de loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes, l’assemblée nationale supprime l’expression « soins d’un bon père de famille » en la remplaçant par la notion de « soins raisonnables ».
Une nouvelle fonction paternelle
Actuellement, le père ne fait plus figure de « puissance » mais a acquis une nouvelle fonction au sein de la famille. Les pères sont de plus en plus investis dans leur rôle et cela avant même que l’enfant naisse. Ainsi, depuis les années 70, ils sont de plus en plus nombreux à assister aux séances de préparations à la naissance, aux consultations, aux échographies et à soutenir leur femme au cours de l’accouchement. Dans l’objectif d’une meilleure répartition des responsabilités au sein du couple, le congé parental rémunéré d’une durée de 6 mois voit le jour en 1974, en Suède. Il répond à un besoin d’émancipation des femmes de plus en plus actives dans le monde du travail et a pour but une participation accrue des hommes à l’éducation des enfants. [5] En France, le congé paternité, d’une durée de 11 jours entre en application le 1er janvier 2002. Le nombre de pères qui optent pour ce congé est passé de 61% en 2003 à 69% en 2007 (chiffre français).
Néanmoins, l’investissement des mères dans l’éducation des enfants reste prédominant à celui des pères et le congé parental reste majoritairement pris par les femmes (80% contre 1,2% pour les hommes). [7] Toutefois, pour certains hommes, le congé paternité se poursuit tout naturellement par une mise en disponibilité ; ils optent alors pour le statut de « père au foyer » (statistiques inexistantes en France).
Psychologie de la grossesse chez les « hommes primipares »
Le passage de l’état d’homme à l’état de père nécessite un temps de « gestation mentale » [8]. Cette transition réclame un travail psychique complexe qui est étroitement lié aux événements réels qui jalonnent la grossesse (les échographies, la révélation du sexe de l’enfant, l’accouchement et enfin la rencontre avec l’enfant).
Le choc de l’annonce
Peu de pères réalisent dès l’annonce qu’ils vont bientôt devoir veiller sur un nouvel être et que leur vie familiale va s’en trouver bouleversée. Le contexte entourant l’annonce d’une grossesse n’est pas sans conséquence sur le vécu psychologique du futur père. Pour preuve, ce témoignage: « je n’étais pas prêt à avoir ce bébé. Quand ma femme a été enceinte, j’ai craint le pire. J’ai été malheureux pendant tout le temps de sa grossesse. » [9] L’annonce d’une grossesse peut engendrer des conséquences comme la joie partagée du couple ou, à l’opposé, l’éloignement de celui-ci (d’autant plus si ce dernier est déjà fragilisé avant la nouvelle). Il n’est pas rare qu’un conjointait une aventure extra conjugale pendant la grossesse et au cours des premiers mois de l’enfant (4 à 23% des jeunes pères selon les études.) .
La grossesse, une période fragile
La période entourant l’accouchement est une période sensible pour le couple. Elle est fréquemment l’occasion de manifestations somatiques exacerbées et de décompensations psychopathologiques.
Un temps de maturation
Tandis que le fœtus se développe, la femme se sent progressivement devenir mère et l’homme attend de devenir père. C’est ce que l’on pourrait appeler le temps de « gestation mentale ».
Un deuil développemental
L’accès à la paternité est constitué de plusieurs étapes de deuils successifs :
– deuil de ne pas être une femme avec le pouvoir d’enfanter
– deuil des parents idéalisés (après la naissance du bébé)
– deuil du bébé imaginé.
Un bouleversement psychique et une période maturative
L’accès à la paternité est l’occasion d’une réorganisation de la vie psychique à partir de nouveaux repères plus constants. Or, lors de la grossesse, les hommes sont souvent laissés pour compte par rapport à leur femme qui est entourée, choyée par l’entourage et le personnel soignant. Les futures mères ont tendance à « s’appuyer » sur eux sans prendre en compte ou réellement se rendre compte de leur vécu psychologique et de leurs émotions. Car si la grossesse représente un chamboulement hormonal pour la femme, pour l’homme il est avant tout question de bouleversement psychique.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
1.0 Evolution de la place du père au sein de la famille
1.1 De la préhistoire au modèle Romain
1.2 L’influence de la chrétienté
1.3 Du XVIIIème siècle à nos jours
1.4 Une nouvelle fonction paternelle
2.0 Psychologie de la grossesse chez les « hommes primipares »
2.1 Le choc de l’annonce
2.2 La grossesse, une période fragile
2.2.1 Un temps de maturation
2.2.2 Un deuil développemental
2.2.3 Un bouleversement psychique et une période maturative
2.2.4 L’accès à la paternité
2.3 La sexualité pendant la grossesse
2.3.1 Une baisse de désir
2.3.2 Des croyances populaires
3.0 Les rapports de couple après la naissance d’un premier enfant
3.1 La sexualité dans le post partum
3.1.1 Côté femme
3.1.1.1 Un intérêt moindre pour la sexualité
3.1.1.2 Le travail et l’accouchement
3.1.1.3 Un changement de statut
3.1.1.4 Facteurs hormonaux
3.1.1.5 L’allaitement maternel
3.1.1.6 Autres facteurs
3.1.2 Coté homme
3.1.2.1 Le choc de l’accouchement
3.2 La fragilité de la première année du post partum
3.2.1 Le mythe de la naissance synonyme de bonheur
3.2.2 Passage d’un duo à un trio
3.2.3 Bébé devient le centre d’intérêt
3.2.4 Un temps d’adaptation
3.2.5 Rôle du partenaire
3.2.6 Le manque d’informations
4.0 Des mesures préventives
DEUXIEME PARTIE : Méthode et résultats
1.0 OBJECTIF
2.0 HYPOTHESE
3.0 POPULATION
3.1 Critères d’inclusion
3.2 Critères d’exclusion
4.0 MATERIEL ET METHODE
5.0 RESULTATS
5.1 Recrutement de la population
5.2 Profil de la population
5.3 Durée de la relation
5.4 Planification de la grossesse
5.5 Participation des pères aux séances de préparation à la naissance
5.6 Libido des hommes lors de la grossesse
5.7 Déroulement et vécu de l’accouchement et du post partum
5.7.1 Déroulement du travail
5.7.2 Place du père lors de l’accouchement
5.7.3 Complications du post partum
5.8 Qualification des rapports de couple depuis l’accouchement
5.9 Perception de la conjointe depuis l’accouchement
5.10 Reprise des rapports sexuels
5.11 Organisation de la vie à 3
5.12 Le désir d’un deuxième enfant
5.13 Le besoin d’être accompagné
TROISIEME PARTIE : Analyse et Discussion
1.0 CRITIQUE DE L’ETUDE
2.0 ANALYSE ET DISCUSSION
2.1 Couples séparés depuis la naissance de leur enfant
HYPOTHESES
2.2 Facteurs préexistants à la grossesse
2.3 Facteurs liés à la grossesse
2.3.1 Grossesse non planifiée
2.3.2 Participation aux séances de préparation à la naissance et à la parentalité (PNP)
2.4 Facteurs liés au travail et à l’accouchement
2.4.1 Déroulement du travail
2.4.2 Hémorragie du post partum
2.4.3 Place du père au moment de l’accouchement
3.0 PROPOSITIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE