Evolution de la motivation au cours du parcours scolaire
Pour beaucoup, la philosophie sonne soit comme un souvenir scolaire lointain, soit comme une discipline noble, rรฉservรฉe aux hauts cursus universitaires. Mais avant tout, les gens considรจrent la philosophie comme une discipline plus que complexe, ร laquelle ils nโoseraient pas sโattaquer ! Dans la plupart des pays occidentaux, pendant de nombreuses annรฉes, la philosophie nโรฉtait introduite dans le cursus scolaire quโau niveau secondaire 2, oรน il sโagissait dโรฉtudier des textes dโauteurs reconnus et de produire des dissertations interminables. Cependant, la philosophie est bel et bien accessible au commun des mortels et il est mรชme possible de la pratiquer avec les enfants. De plus, ces nouvelles pratiques sont encouragรฉes depuis quelques annรฉes par lโUNESCO, qui a fondรฉ une nouvelle chaire philosophique en 2015, dans le but de promouvoir la philosophie comme un outil permettant de dรฉvelopper la pensรฉe critique des jeunes et de dรฉvelopper le sens dรฉmocratique des futurs citoyens. Edwige Chirouter est ร la direction de cette chaire. Cette chercheuse et spรฉcialiste des pratiques philosophiques pour les enfants a dรฉveloppรฉ un dispositif qui lie littรฉrature de jeunesse et discussions ร visรฉe philosophique. Nous-mรชmes passionnรฉes de lecture depuis notre plus jeune รขge et convaincues de lโutilitรฉ de la philosophie ร lโรฉcole pour dรฉvelopper la pensรฉe critique des citoyens de demain, il nous a donc paru รฉvident dโorienter notre travail de Bachelor vers ce domaine. Cependant, dans notre travail, nous ne souhaitons pas nous limiter ร tester la mรฉthode dโEdwige Chirouter. En effet, cette derniรจre met la lecture au service de la philosophie et nous trouvions intรฉressant dโobserver si la philosophie pouvait รฉgalement se mettre au service de la lecture. Par son รฉtude, Chirouter (2015) a prouvรฉ que son dispositif fonctionnait. Nous partons donc de ce fait et nous souhaitons mesurer son impact sur la motivation et lโintรฉrรชt ร la lecture des รฉlรจves. Cโest ainsi que nous avons รฉlaborรฉ notre problรฉmatique, qui consiste ร dรฉcouvrir de quelle maniรจre les discussions ร visรฉe philosophique influencent la motivation ร la lecture des รฉlรจves.
Notre travail sโarticule de la maniรจre suivante. Aprรจs la rรฉdaction du cadre thรฉorique portant sur la philosophie et ses diffรฉrentes pratiques, lโancrage de cette pratique ร lโรฉcole primaire, lโapport de la littรฉrature de jeunesse ร cette pratique et la motivation ร la lecture, nous passons ร la description de la dรฉmarche mรฉthodologique, en dรฉcrivant la population testรฉe, les diffรฉrentes phases de test et les outils utilisรฉs. Dans la partie consacrรฉe aux rรฉsultats, nous dรฉcrivons, critiquons et interprรฉtons les rรฉsultats de notre recherche, ร la lumiรจre des concepts thรฉoriques. Finalement dans la conclusion, les รฉlรฉments essentiels de notre recherche sont exposรฉs, ainsi quโune rรฉflexion ร propos de lโinfluence de cette expรฉrience sur notre future pratique professionnelle.
Cadre thรฉorique :
Un regain dโintรฉrรชt pour la philosophie dans notre sociรฉtรฉ :
Certains chercheurs, dont l’amรฉricain Matthew Lipman, ont redonnรฉ vie vers la fin du 20e siรจcle ร ce que Michel Tozzi nomme ยซย les nouvelles pratiques philosophiquesย ยป (2012). Elles sont dรฉfinies ainsi principalement car le public visรฉ sโest incroyablement รฉlargi, le but รฉtant de philosopher avec des personnes de tous รขges et de tous niveaux sociaux. Elles prennent la forme de cafรฉs-philo, de cinรฉ-philo ou encore de leรงons de philosophie en maternelle ou ร lโรฉcole primaire. La rรฉflexion sur des questions existentielles รฉtant la base de ce mouvement, il ne sโagit plus de reprendre les thรฉories de grands auteurs, mais bien de placer la discussion au centre en adoptant une attitude rรฉflexive (Tozzi, 2012). Cette tendance a eu un succรจs croissant depuis la fin du 20รจ siรจcle, et les gens ont retrouvรฉ un certain engouement pour cette branche (Tharrault, 2016).
Plusieurs auteurs, dont Tharrault (2016) et Tozzi (2012), expliquent ce regain dโintรฉrรชt par le besoin quโont eu les gens de trouver de nouveaux repรจres aprรจs les รฉnormes changements sociรฉtaux du vingtiรจme siรจcle, notamment avec la fin de certains rรฉgimes totalitaires. De plus, aprรจs la perte de la place prรฉpondรฉrante quโoccupaient certains courants religieux autrefois si puissants et influents, beaucoup se sont tournรฉs vers cet art rรฉflexif, permettant dโune certaine faรงon de rรฉpondre aux questions existentielles que lโHomme se posera certainement toujours (Tharrault, 2016). La croissance massive de lโindustrialisation et de la mondialisation a provoquรฉ une sorte de coupure entre les liens quโentretenait lโHomme ร la Nature. Nous sommes passรฉs dans une รจre oรน le bien-รชtre et la personne passent souvent au second plan, malgrรฉ lโautonomie sociale รฉmergeante dont nous disposons. Cette perte de repรจres ainsi que cette libertรฉ nouvelle dont lโHomme jouit dans la sociรฉtรฉ actuelle entraรฎne le besoin de rรฉflรฉchir ร ses pratiques, afin de retrouver du sens ร ses actions, et cโest lร que la philosophie fait son apparition (Tozzi, 2012).
Philosophie pour enfants :
Lโรฉvolution de la philosophie pour enfant
Dans le mรชme mouvement que le dรฉveloppement des nouvelles pratiques philosophiques est apparue une autre tendance : la possibilitรฉ de philosopher avec les enfants. Il y a dรฉjร fort longtemps que la question de lโรขge propice pour philosopher se pose. Dans lโAntiquitรฉ, on parlait alors de lโรขge de la ยซ maturitรฉ ยป (Beguery, 2012, p. 256), lorsquโune personne รฉtait prรชte ร prendre part aux discussions philosophiques. Lorsque lโon รฉmet l’hypothรจse de mener des discussions philosophiques avec des enfants, on peut sโattendre ร une rรฉaction sceptique, car lโรฉtude de la philosophie a pendant longtemps รฉtรฉ rรฉservรฉe aux hauts cursus universitaires (Chirouter, 2011). De plus, de grands noms de la philosophie tels que Platon, Descartes ou Kant ont longtemps soutenu le point de vue inverse, mentionnant notamment que les enfants nโauraient pas la capacitรฉ dโabstraction et de conceptualisation, aspects essentiels pour dรฉbattre de concepts, la plupart du temps trรจs abstraits. Dโautre part, Platon affirmait รฉgalement que les enfants seraient en manque dโexpรฉrience et de connaissances, handicap de taille lorsquโil sโagit dโargumenter en se servant de son vรฉcu ou de ses expรฉriences de vie (Tharrault, 2016).
Cependant, en se reposant sur les recherches dans le domaine de la psychologie du dรฉveloppement, et notamment sur les dรฉcouvertes de Piaget ร propos des stades de dรฉveloppement (Bee & Boyd, 2011) certains chercheurs, dont lโamรฉricain Matthiew Lipman, se sont penchรฉs sur la question et en ont dรฉduit que les enfants รฉtaient aussi capables, ร leur maniรจre, de tenir une discussion philosophique (Tharrault, 2016). Ce dernier a affirmรฉ que les enfants avaient, au dรฉbut de leur dรฉveloppement, une capacitรฉ ยซ dโabstraction ยป et de ยซ rationalisation ยป naissante (Tharrault, 2016, p.23). De plus, la thรฉorie de l’esprit, dรฉcrite comme ยซย un ensemble d’idรฉes qui permet ร un individu de se reprรฉsenter l’รฉtat d’esprit d’autrui (pensรฉe, croyances, sentiments, intentions) et de prรฉdire ses comportements.ย ยป (Bee & Boyd, 2011, p. 140), aujourd’hui soutenu par Janet Wilde Astington (citรฉe dans Beguery, 2012), prouve donc la capacitรฉ de l’enfant ร sa maniรจre, de pouvoir exprimer sa pensรฉe et dialoguer avec ses proches pour communiquer son point de vue.
Evidemment, il ne sโagit pas dans une telle discussion de deviser sur les textes dโauteurs antiques, que les enfants seraient tout simplement incapables dโanalyser. Il y a des siรจcles de cela, Epicure, citรฉ par Tharrault (2016) affirmait : ยซ Mรชme jeune, on ne doit pas hรฉsiter ร philosopher. Il nโest jamais trop tรดt, qui que lโon soit. ยป (p.18). Alors, comment les enfants sont-ils capables de philosopher ? La rรฉponse est simple : Ce sont des petits philosophes dรจs leur plus jeune รขge, puisquโils ont le mรฉritent de poser, et cela sans cesse, des questions existentielles ร propos de leur entourage. Nโavons-nous jamais entendu un enfant demander ยซ Pourquoi… ? Pourquoi… ? ยป. Dโaprรจs un autre philosophe de renom, Aristote (citรฉ dans Chirouter, 2012, p.115), ceci serait appelรฉ ยซ lโรฉtonnement du monde ยป. Karl Jasper, citรฉ par Tharrault (2016), affirmait lui aussi que la preuve que lโEtre humain avait profondรฉment en soi le besoin de philosopher รฉtait les remarques et les questions dโenfant, portant sur le fonctionnement du monde. Ne pas prendre en compte les remarques des enfants et ne pas leur permettre de telles discussions serait, en quelque sorte, une maniรจre dโinfantiliser lโenfant (Beguery, 2012). Comme le soutient Vygotsky lorsquโil parle des zones proximales de dรฉveloppement, lโenfant nโest pas toujours capable dโeffectuer une tรขche seul, mais peut tout ร fait dรฉvelopper de nouvelles compรฉtences, lorsque, grรขce ร lโรฉtayage dโune personne plus expรฉrimentรฉe, il a ร disposition les outils nรฉcessaires (Bee & Boyd, 2011).
Aprรจs les dรฉcouvertes et travaux rรฉalisรฉs par Matthew Lipman et la crรฉation de la mรฉthode Lipman pour philosopher avec les enfants, le courant sโest dรฉplacรฉ vers lโEurope. En effet, la philosophie pour enfants est maintenant une pratique de plus en plus courante dans les รฉcoles, depuis environ une vingtaine dโannรฉes (Chirouter, 2012).
Un dernier point ร aborder, nous permettant de justifier la place et lโimportance de la philosophie pour enfants, est le dรฉveloppement des programmes en partenariat avec lโUNESCO. Le statut de lโenfant sโest tant modifiรฉ au cours du 20e siรจcle que sa place dans la sociรฉtรฉ a dรป trouver un autre sens. Il a acquis des droits et des devoirs, et des organisations telles que lโUNESCO ont eu lโambition, afin de former les nouveaux citoyens de demain, de se servir de la philosophie pour enfants. En effet, en 2015, lโUNESCO a inaugurรฉ sa nouvelle CHAIRE UNESCO sur ยซ la pratique de la philosophie avec les enfants : une base pour le dialogue interculturel et la transformation sociale ยป (UNESCO, 2016) en coordination avec Edwige Chirouter. Cette รฉducation ร la philosophie a pour but de dรฉvelopper lโesprit citoyen des enfants, dans lโespoir de former des futurs citoyens responsables et ouverts dโesprit, capables de rรฉflรฉchir et de prendre les bonnes positions, tout cela dans le respect des autres cultures (UNESCO, 2016).
Tout ceci paraรฎt รฉvidemment trรจs idรฉaliste, mais le premier pas de ce long chemin est donc la formation des enfants aux discussions philosophiques. Et cโest lร que le systรจme scolaire entre en jeu. Dans les prochains chapitres, nous allons donc aborder lโintroduction des pratiques philosophiques en classe et justifier pourquoi les discussions ร visรฉe philosophique ont leur place dans le systรจme scolaire, en lien avec les objectifs du PER.
La philosophie ร lโรฉcole primaire:
Justification de la cohรฉrence de la philosophie dans le cadre scolaire obligatoire
Aprรจs avoir traitรฉ de la possibilitรฉ de philosopher avec enfants et adolescents, il sโagit maintenant de justifier pourquoi les discussions ร visรฉe philosophiques ont leur place dans le systรจme scolaire obligatoire. Aprรจs une justification gรฉnรฉrale, nous nous intรฉresseront aux liens que lโon peut trouver avec les compรฉtences du plan dโรฉtudes romand (Confรฉrence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin [CIIP], 2010).
Bien que la philosophie ne soit pas inscrite comme une branche ร part entiรจre dans les programmes scolaires suisses, elle est une rรฉponse ร de nombreuses exigences que pose le systรจme scolaire, et est un moyen de construire une solide base de compรฉtences (Chirouter, 2011). Si nous nous intรฉressons par exemple ร l’article 3 de la nouvelle Loi sur la scolaritรฉ obligatoire du canton de Fribourg (2014) citant les finalitรฉs de lโรฉcole et entrรฉe en vigueur en aoรปt 2105, nous trouvons entre autres les finalitรฉs suivantes : Lโรฉcole assure lโacquisition des connaissances et des compรฉtences fondamentales dรฉfinies par les plans dโรฉtudes, ainsi que dโune identitรฉ culturelle basรฉe sur les valeurs universelles dโรฉgalitรฉ, dโรฉquitรฉ, de justice, de libertรฉ et de responsabilitรฉ. Lโรฉcole favorise chez lโรฉlรจve le dรฉveloppement dโune personnalitรฉ autonome ainsi que lโacquisition de compรฉtences sociales et du sens des responsabilitรฉs vis-ร -vis de lui-mรชme ou elle-mรชme, dโautrui, de la sociรฉtรฉ, de lโenvironnement et des gรฉnรฉrations futures (LS art. 3 al. 2-3)
Les buts et compรฉtences visรฉs ร travers les discussions philosophiques sont totalement en harmonie avec ces finalitรฉs. En effet, par la discussion ร visรฉe philosophique, lโenfant dรฉveloppe un langage spรฉcifique, apprend ร รฉcouter et ร respecter lโautre, amรฉliore ses capacitรฉs dโargumentation et sa capacitรฉ ร structurer sa pensรฉe et sa rรฉflexion (Chirouter, 2011), dans le but de construire des compรฉtences qui lui seront utiles dans une sociรฉtรฉ dรฉmocratique, oรน il sโagit de faire entendre sa voix, tout en respectant les avis et les idรฉes dโautrui.
Liens avec le PER
Pour avoir une vue dโensemble plus claire sur les diffรฉrents domaines de compรฉtences que touche la discussion ร visรฉe philosophique, nous allons faire des liens avec le plan dโรฉtudes romand (CIIP, 2010), en mettant en รฉvidence les branches et domaines concernรฉs.
Pour cette partie, nous allons nous concentrer sur les objectifs et compรฉtences du cycle 2 et plus particuliรจrement ceux des classes 7รจme et 8รจme HarmoS, puisque cโest dans ce degrรฉ-lร que nous allons mener nos recherches. Nous avons relevรฉ plusieurs branches qui sont travaillรฉes au travers des discussions ร visรฉe philosophique. Il sโagit du franรงais (L1), notamment dans le domaine de la comprรฉhension de lโoral et de la production de lโoral, de la formation gรฉnรฉrale (FG), dans le domaine du vivre ensemble et exercice de la dรฉmocratie, ainsi que les capacitรฉs transversales de collaboration et de communication.
Discussions:
Dans cette partie, nous allons briรจvement prรฉsenter les rรฉsultats des discussions ร visรฉe philosophique menรฉes avec le groupe de 9 รฉlรจves. Tous les dรฉtails ne seront pas mentionnรฉs. Il sโagit plutรดt de dรฉcrire les points abordรฉs lors de ces trois discussions.
Premiรจre discussion: la diffรฉrence:
Pour la premiรจre discussion, nous avions dรฉcidรฉ de thรฉmatiser la diffรฉrence au sens gรฉnรฉral du terme. Nous avions pour but de rendre les รฉlรจves attentifs au fait que la diffรฉrence se prรฉsente au quotidien sous diffรฉrentes formes et avons donc essayรฉ de les catรฉgoriser. La lecture dโun extrait de ยซ Une bouteille dans la mer de Gaza ยป (2005) de Valรฉrie Zenatti a eu pour but de susciter la question ยซ Lโamour et lโamitiรฉ sont-ils possibles malgrรฉ la diffรฉrence ? ยป, qui a รฉtรฉ le fil rouge de la discussion. Aprรจs une rรฉflexion individuelle, la discussion a dรฉbutรฉ par la conceptualisation de la notion (Quโentend-t-on par diffรฉrence ?). Pour cela, nous rappelions aux รฉlรจves de faire rรฉfรฉrence ร leurs lectures, puisque dans les ouvrages รฉtaient thรฉmatisรฉes de nombreuses sortes de diffรฉrences (physiques, mentales, raciales, etc.) Puis a suivi la phase de problรฉmatisation durant laquelle nous avons tentรฉ de mettre des obstacles pour pousser la rรฉflexion des รฉlรจves un peu plus loin. La phase dโargumentation a รฉtรฉ prรฉsente tout au long de la discussion, puisque nous essayions de systรฉmatiquement demander aux รฉlรจves de justifier leur propos, soit par un exemple tirรฉs dโun livre, soit par un exemple personnel. Pour garder une trace des รฉlรฉments abordรฉs, nous avons utilisรฉ le tableau blanc. Ainsi au fil de la discussion, nous notions les รฉlรฉments clรฉs proposรฉ par les รฉlรจves. A la fin de la discussion, les รฉlรจves ont ร nouveau eu du temps pour revenir sur leur rรฉflexion personnelle faite en dรฉbut de leรงon, par rapport ร la question fil rouge (cf. annexe 12). Les รฉlรจves ont principalement ressorti le fait que la tolรฉrance et le respect รฉtaient les valeurs fondamentales et que si tout le monde se tenait ร cela, la diffรฉrence nโรฉtait absolument pas problรฉmatique. Nous sommes revenues sur cette conclusion idรฉaliste lors de la deuxiรจme discussion, en poussant les รฉlรจves ร trouver des contre-exemples.
Deuxiรจme discussion: le racisme:
La deuxiรจme discussion a commencรฉ, comme conseillรฉ dans la mรฉthode de Chirouter (2011), par un rappel des points discutรฉs lors de la fois prรฉcรฉdente (cf. annexe 11), ainsi quโun rappel des termes importants (diffรฉrence, norme). Les รฉlรจves avaient apportรฉ les livres lus entre les deux discussions. Le rรฉsumรฉ de la premiรจre discussion, ainsi que les solutions trouvรฉes ont รฉgalement รฉtรฉ mentionnรฉs. Ceci a รฉtรฉ suivi par la lecture dโun album de jeunesse nommรฉ ยซ Une poule derriรจre un mur ยป (Dumont, 2011). Le thรจme visรฉ de la sรฉquence รฉtait le racisme. Aprรจs quelques questions de comprรฉhension sur lโalbum, la sรฉance sโest poursuivie par une rรฉflexion individuelle des รฉlรจves, qui avaient comme mission de trouver des exemples de situations dโexclusion, semblables ร celle proposรฉe dans lโalbum. La discussion ร proprement parlรฉ ร ensuite dรฉmarrรฉ, en rรฉcoltant dโabord les exemples des รฉlรจves. Pour ce faire, nous avons dรฉcidรฉ de ne pas interroger les รฉlรจves nousmรชmes, mais dโutiliser lโalbum comme objet de parole. Chaque fois quโun รฉlรจve souhaitait sโexprimer, il levait la main et cโรฉtait lโรฉlรจve en possession de lโalbum qui passait lโobjet de parole et choisissait ร qui il transmettait la parole. Dans le cas oรน personne ne levait la main, nous relancions la discussion avec des questions. De nombreux exemples de racismes de lโactualitรฉ ont รฉtรฉ citรฉs par les รฉlรจves, comme par exemple le souhait de construire un mur par Donald Trump ou encore les personnes de couleurs agressรฉes par des policiers aux USA. Nous nโavons pas directement guidรฉ la discussion vers le mot racisme. Lors de lโutilisation de ce mot par un des รฉlรจves, nous avons tentรฉ, avec les รฉlรจves, de dรฉfinir ce mot. Nous avons demandรฉ aux รฉlรจves de trouver des raisons dโactes de racisme et de catรฉgoriser lโimportance des diffรฉrences. Les livres ont, durant cette discussion, moins รฉtรฉ citรฉs que des exemples de lโactualitรฉ. Les รฉlรจves ont ensuite eu du temps pour รฉcrire quelques รฉlรฉments retenus lors de la discussion .
Conclusion:
Par notre recherche, nous avons voulu testรฉ lโinfluence des discussions ร visรฉe philosophique ร partir de littรฉrature de jeunesse sur la motivation ร la lecture des รฉlรจves de cycle 2. Aprรจs avoir menรฉ trois discussions ร visรฉe philosophique dans une demie classe et fait remplir ร tous les รฉlรจves de la classe un questionnaire avant et aprรจs la dรฉmarche, nous sommes parvenues aux rรฉsultats suivants. La composante sociale joue un rรดle dรฉterminant dans la motivation ร la lecture. De plus, le rรดle de lโenseignant dans une discussion ร visรฉe philosophique, devrait, ร notre avis, plus sโapparenter ร celui dโun mรฉdiateur quโร celui de dirigeant. Par ceci, nous confirmons donc notre premiรจre hypothรจse. Cependant il faudrait mener le projet sur un plus long terme afin de pouvoir affirmer avec certitude ceci. En effet, si l’on pouvait continuer cette activitรฉ avec le groupe et reproduire le creux de lecture en menant la discussion de la mรชme maniรจre que la premiรจre, durant laquelle l’enseignant jouait un rรดle trop central, nous pourrions prouver que la maniรจre de mener la discussion a un grand impact sur la motivation des รฉlรจves.
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Table des matiรจres
Introductionย
1. Cadre thรฉoriqueย
1.1 Un regain dโintรฉrรชt pour la philosophie dans notre sociรฉtรฉ
1.2 Philosophie pour enfants
1.2.1 Lโรฉvolution de la philosophie pour enfant.
1.3 La philosophie ร lโรฉcole primaire
1.3.1. Justification de la cohรฉrence de la philosophie dans le cadre scolaire obligatoire
1.3.2. Liens avec le PER
1.4 La littรฉrature de jeunesse pour entrer dans la philosophie
1.4.1. Rรฉflexion et communication ร propos d’une lecture
1.4.2. Les bienfaits de la littรฉrature dans les DVP
1.4.3. Les processus dโappropriation des textes littรฉraires
1.4.4. Une possible mise en pratique ร l’รฉcole : la mรฉthode Edwige Chirouter
1.5. La motivation ร la lecture
1.5.1. Motivation extrinsรจque et intrinsรจque
1.5.2. Motivation ร la lecture chez les jeunes adolescents
1.5.3. Evolution de la motivation au cours du parcours scolaire
1.5.4. Programmes mis en place en Suisse
1.6. Construction de la problรฉmatique
1.7. Question de recherche
1.8. Hypothรจses
2. Dรฉmarche mรฉthodologiqueย
2.1. Population
2.2 Description de la dรฉmarche
2.3. Description du prรฉ-test
2.4. Description du Test
2.4.1. Livres ร disposition
2.4.2 Tableau ร cocher
2.4.3. Discussions
Thรจme et structure
Enregistrement des sรฉances
Les rรจgles de discussion
2.5. Description du Post-test.
2.6. Comparaison Prรฉ-test / Post-test
2.7. Biais de la recherche
3. Rรฉsultats
3.1. Description des rรฉsultats
3.1.1. Description des rรฉsultats du prรฉ-test : Choix des รฉlรจves
3.1.2. Description du test
Tableau ร cocher
Discussions
3.1.3. Description des rรฉsultats du post-test.
3.2. Critique des rรฉsultats
3.2.1 Critique des rรฉsultats du prรฉ-test
3.2.2. Critique des rรฉsultats du test
3.2.3. Critique des rรฉsultats du post-test
3.3. Interprรฉtation des rรฉsultats
3.3.1. Interprรฉtation du tableau ร cocher
3.3.2. Interprรฉtation des rรฉsultats du post-test
3.3.3. Interprรฉtation globale des rรฉsultats
3.4 Signification pratique des rรฉsultats : portรฉe des rรฉsultats, prospectives
4. Conclusion
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