L’agriculture est en particulier l’activité vivrière dont dépend la survie de l’espèce, a permis à l’homme d’améliorer progressivement sa condition de vie. L’agriculture joue un rôle prépondérant dans l’économie mais pour que l’agriculture soit productive, elle suppose non seulement la maîtrise des techniques mais surtout l’amélioration de la productivité. Cela nécessite par conséquent une étude approfondie des diverses caractéristiques de l’agriculture et demande une analyse de l’agriculture moderne face à l’industrialisation.
Les aspects théoriques de l’agriculture
Les physiocrates (1756-1777)
Les physiocrates ont forgés leur nom à partir de « physis » qui signifie nature et « kratos » pour puissance « Seule la terre qui crée de la valeur » . La terre est l’unique source des richesses et que c’est l’agriculture que les multiplie. Mirabeau dans un commentaire du tableau économique des physiocrates met en évidence l’origine de la valeur crée par la classe des cultivateurs, puis sa circulation : « D’entre ces biens tout ce qui consomme celui qui cultive (la terre) est subsistance : il n’y a que ce qu’il peut vendre qu’il soit richesse ». Si l’homme cultive la terre avec ses bras, il n’en retirera que sa subsistance et celle de sa famille, en vivant même pauvrement. Il faut donc qu’il se procure de l’aide telle que la machine qui lui fournit plus de produit, et qui lui demande moins d’entretien.
Jean Baptiste Say connaisseur de la révolution industrielle
Pour J B Say l’utilité est la source de la valeur et de la richesse. J B Say prend le contre pied des physiocrates qui lui limitaient la valeur nouvelle à la sphère agricole. Ce système est à l’opposé des économistes du XVIIIè siècles, qui prétendaient au contraire que le travail ne produit aucune valeur sans consommer une valeur équivalente ; que par conséquent, il ne laissent aucun excédent, aucun produit net, et que la terre seule, fournissant gratuitement une valeur, est donc l’unique source de produit net. Ayant vécu à l’ère de la révolution industrielle, Jean Baptiste Say considère l’industrie comme un secteur productif au même titre que l’agriculture. L’industrie augmente l’utilité des biens. Certes, le drap transformé en chemise n’a pas accru sa dimension, mais il est plus utile en habit qu’en coupon de tissu. « Or, les faits nous montrent que les valeurs produites sont dues à l’actions et au concours de l’industrie, des capitaux et des agents naturels, dont le principale, mais non pas le seul à beaucoup près, est la terre cultivable… » .
Selon E. Préobrajensky et N. Boukharine
Dans le courant des années 1920, une polémique très forte marqua la récente Union Soviétique sur la place et le rôle à donner à l’agriculture dans le processus de développement. Cette polémique se cristallisa autour de deux personnes : E. Préobrajensky et N. Boukharine . E. Préobrajensky mettait l’industrialisation comme objectif primordial du développement soviétique. Il jugeait que le facteur le plus limitant était alors le manque de capital, et préconisait à la fois la baisse des prix agricoles et des ponctions fiscales sur l’agriculture afin de dégager un surplus utilisable par les autres secteurs. E. Préobrajensky pensait que les agriculteurs n’étaient pas incités à intensifier leur production, dans la mesure où n’existaient pas suffisamment de biens industriels à échanger.
N. Boukharine voyait au contraire la croissance agricole comme préalable au développement soviétique. Il pensait que les agriculteurs devaient être associés à la révolution, non sous la contrainte, mais par l’amélioration de leurs conditions de vie. N. Boukharine a proposé de centrer l’allocation du surplus agricole sur le secteur agricole, afin de rendre l’agriculture exportatrice et, par conséquent, lui permettre de dégager les finances à l’importation d’équipements industriels.
Selon Walt Withman Rostow
Walt Withman Rostow avait proposé un schéma montrant les étapes de la croissance économique.
1- La société traditionnelle : c’est une société sans croissance, la productivité par individu ‘est faible et l’agriculture est le principal secteur de production.
2- Les conditions préalables au démarrage. Il arrive un moment où se conjuguent un certain nombre d’effets qui rendent les sociétés disposés au changement. Des entrepreneurs apparaissent.
L’instruction s’étend, le progrès technique s’accélère (notamment dans le secteur dans le secteur agricole), le fonctionnement du monde se démystifie progressivement c’est une étape de transition pendant laquelle le pouvoir passe doucement des propriétaires fonciers à une nouvelle élite animé par la volonté de moderniser la société. Mais le progrès ne pénètre que lentement, une grande partie de la population continue de subsister dans des structures traditionnelles.
3- Le démarrage (Take off) : Période courte pendant laquelle la société renverse les derniers barrages susceptibles de la figer. La croissance économique devient une norme. W W Rostow pense que trois (3) conditions au moins doivent être réunies pour que se fasse le démarrage une forte hausse de taux d’investissement, la création d’importantes industries de transformation, l’existence d’un appareil politique et institution qui accompagne le mouvement de croissance.
4- La marche vers la maturité pendant laquelle la société se modernise de manière continue, le progrès est soutenu. De nouveaux secteurs de production apparaissent, la structure de la population active se modifie rapidement (de moins en moins d’agriculteurs). Les entrepreneurs changent également : «Le directeur d’une administration hautement organisée et rationnelle ». Enfin, la société dans son ensemble commence à se fatiguer de l’industrialisation vue comme une fin, et réclame qu’elle soit utilisée comme un moyen d’améliorer le bien être de tous.
5- L’ère de la consommation de masse. La production de biens et services destinés à la consommation finale prend le pas sur l’industrie de bien de production.
Selon les « agrocentristes », le développement agricole constitue la condition préalable et le stimulant nécessaire au développement économique en général et l’essor de l’industrialisation en particulier. Vu sous cet angle, le développement agricole permet de dégager un surplus qui peut stimuler un courant d’exportation constituant une source de pouvoir d’achat en devises permettant ainsi l’acquisition des biens d’équipement. Cela permet également d’augmenter les revenus des producteurs dont l’épargne doit contribuer au financement des investissements industriels et d’affecter à des emplois industriels un nombre croissant de travailleurs. L’industrialisation est l’élément catalyseur du développement de la technologie. En réalité, agriculture et industrie ne constituent pas les deux (02) termes d’une alternative, ils soulèvent seulement un problème d’aménagement entre les deux pôles, afin que l’un et l’autre soient en mesure d’exercer leurs effets catalyseurs de développement. C’est ce qu’on appelle « Marcher sur les deux jambes ». Ainsi, la maîtrise de la relation agriculture-Industrie paraît un vecteur important dans le processus de développement. Ce qui signifie que le développement du secteur agricole permet de dégager un surplus et d’un autre côté, les activités industrielles de transformations doivent atteindre un niveau des produits agricoles afin d’éviter les ressources à l’exportation en l’état brut. Selon une savante tradition, le processus du développement en agriculture comporte une première phase où le niveau d’emploi des facteurs augmente, suivi d’une seconde phase par deux mouvements composés, l’un, d’accroissements inégaux de productivité avec un facteur dominant, l’autre, d’accroissements équilibrés, tous les facteurs contribuant par leur productivité accrue à la croissance. Cette description en deux étapes a été formulée par Hayami et Ruttan qui, dans un travail qui fait autorité, tracent un parallèle entre le développement agricole en Europe occidentale et au Japon, et présentent, parmi de nombreuses variantes, cette succession d’accroissements du niveau d’emploi des facteurs et de la productivité des facteurs comme aux deux historiques de développement.
La principale illustration empirique de cette hypothèse à deux étapes est donnée par les ratios production-superficies et production-main d’œuvre. Dans de nombreux pays, ces ratios bruts semblent varier d’abord du fait de la rareté d’un facteur particulier, puis ensemble, ce qui montre qu’une fois amorcé, le processus de modernisation s’étend sur la base de technologies économisant à la fois le temps et la main d’œuvre. Une des lignes de force des travaux de Hayami et Ruttan relie les innovations aux différences de productivité des facteurs qu’elles engendrent et soulignent plus particulièrement ce rôle du progrès dans les techniques biologiques, telles que la substitution des engrais à la terre ou le capital au travail. Par ailleurs, l’analyse des écarts de productivité des facteurs interpays sur la base des données d’observation sur les différences de niveaux technologiques a conduit à la notion de « pseudo-fonction » de production des différents pays. La pseudo-fonction de production, considérée comme une limite technologique que tous les pays devraient pouvoir atteindre, ouvre une nouvelle voie d’explication des différences de ratios de facteurs entre les différents pays, à partir de la déplacement sur la courbe isoquante d’une innovation, facilitant la substitution de productions industrielles à des productions agricoles. Dans ce modèle, la croissance est accélérée par la réduction partielle des contraintes résultant de l’inélasticité de l’offre de terre. Les innovations relatives à la main d’œuvre, à la biologie, à la mécanique, ont pour rôle de faciliter la transition vers de nouvelles technologies.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I: EVOLUTION DANS LE TEMPS DU SECTEUR AGRICOLE
CHAPITRE I: La place accordée à l’agriculture
Section 1 :Les aspects théoriques de l’agriculture
1.1. Les physiocrates (1756-1777)
1.2. Jean Baptiste Say connaisseur de la révolution industrielle
1.3. Selon E. Préobrajensky et N. Boukharine
1.4. Selon Walt Withman Rostow
Section II :Agriculture et son évolution
1-1 Evolution dans le temps
1-2 Evolution dans l’espace
CHAPITRE II : L’agriculture moderne face à l’industrialisation
Section 1 :Les relations entre l’agriculture et l’industrie
Section 2 :Les changements agricoles dus à l’évolution des politiques appliquées
Section 3 :Les impacts des progrès techniques et des technologies nouvelles
PARTIE II : LA PRODUCTION AGRICOLE DANS UNE OPTIQUE INDUSTRIELLE A MADAGASCAR
CHAPITRE I : La situation économique de l’industrie agricole malgache
Section 1 :La place économique de l’agriculture
Section 2 :L’industrie agricole malgache
1-1 Définition de l’industrie agricole
1-2 L’industrie agricole malgache
CHAPITRE II : LES PROBLEMES RENCONTRES PAR L’INDUSTRIE AGRICOLE MALGACHE
Section 1 :Contraintes au développement de l’agriculture
1-1Aspect spatial
1-2 Aspects techniques et technologiques
1-3 Aspect foncier et humain
Section 2 :contraintes au développement de l’industrie agricole
CHAPITRE III : ANALYSE ET SOLUTIONS DE LA SITUATION DE L’INDUSTRIE AGRICOLE MALGACHE
Section 1: Analyse de la situation de l’industrie agricole
Section 2 :Solutions proposées pour améliorer l’industrie agricole
1-1 Sur le plan technologique
1.2. Sécurisation foncière
1.3. Financement rural
1.4. Amélioration de la sécurité
1.5. Le désenclavement
1.6. La promotion de l’industrie agricole
1-7 Amélioration de services publics offerts au milieu rural
1-8 Concept de la politique agricole
1.9. Elaboration de politique agricole
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES