Evolution dans la collaboration d’institutions culturelles

Evolution dans la collaboration d’institutions culturelles

Mandat

Les bibliothèques ont montré à travers le temps leur capacité à se renouveler, à changer de point de vue, lorsque cela s’avère nécessaire, et à être force de proposition. C’est la Bibliothèque de Bagnes qui est à l’origine de ce mandat. Se sentant à l’étroit dans ses locaux et réalisant que d’autres institutions vivaient une situation comparable, elle a suggéré la possibilité d’un regroupement de plusieurs acteurs locaux et le développement de synergies. Le Service culturel de la commune de Bagnes a donc élaboré un mandat portant sur la possibilité de création d’un centre culturel dans le Val de Bagnes. Ce mandat visait à définir les ressources nécessaires à la réalisation d’un centre culturel et les plus-values que celui-ci pouvait apporter à l’offre culturelle et touristique de la commune. Il devait faire état d’expériences déjà vécues et de réflexions menées antérieurement sur le sujet. De plus, un sondage des institutions et services susceptibles d’être intéressés devait être effectué, un état des lieux dressé, les attentes et les besoins listés. Trois modèles de collaboration devaient être présentés avec, pour chacun, les institutions partenaires, le mode de fonctionnement, les ressources nécessaires. Enfin, des suggestions devaient être faites pour l’implantation du centre, des animations et des sources de revenus potentielles.

Retours d’expérience

De très nombreux exemples, de nature et de taille très diverses, ont été relevés dans la littérature. Dans le cadre du travail, il a été jugé opportun de bénéficier de retours d’expérience en Suisse. C’est pourquoi des structures regroupant plusieurs institutions ont été sélectionnées et analysées. Les structures communales ont été préférées aux structures cantonales, quand c’était possible, pour se rapprocher du cas de Bagnes. Ainsi, le Palais de Rumine, où cohabitent trois musées cantonaux et la BCU Lausanne, n’a pas été retenu. Malheureusement, il n’a pas toujours été possible de trouver des communes présentant un profil analogue à celui de la commune de Bagnes (même population, plutôt de type rural ou touristique). Pour chaque structure, une visite des lieux a été effectuée et un entretien a été mené sur place avec un ou plusieurs responsables d’institution, sur la base d’un questionnaire envoyé préalablement. L’ensemble des questionnaires est fourni en annexe (annexes 1 à 9). Si un entretien en présentiel n’était pas possible pour des questions d’éloignement ou d’agenda, les échanges se sont faits par courrier électronique. À l’issue de chaque entretien, une notice de présentation de la structure a été rédigée et soumise aux personnes rencontrées pour validation.

Contact avec les institutions de la commune de Bagnes Les premières institutions contactées ont été celles du Service de la culture : archives, bibliothèque et musée. Puis d’autres services qui manifestaient de l’intérêt pour le projet ont été joints. Le partenariat éventuel avec une entreprise commerciale privée n’a pas été pris en considération, la mixité entre lucratif et non-lucratif pouvant constituer une source de confusion auprès du public. Comme pour les retours d’expérience, des entretiens sur place, assortis d’une visite des locaux, ont été réalisés avec les responsables et les collaborateurs des institutions et des services, sur la base d’un questionnaire envoyé préalablement. Si l’entretien ne pouvait pas se dérouler en présentiel, les informations ont été transmises par courrier électronique. À la suite de chaque entretien, un état des lieux a été rédigé et soumis aux personnes rencontrées pour validation.

Dans la description des lieux (retours d’expérience et institutions du Val de Bagnes), la localisation et le temps de déplacement à pied ont été notés à partir du site Google Maps. Parallèlement aux rencontres avec les responsables et les collaborateurs, des recherches documentaires ont été effectuées pour réunir les normes et règlements en vigueur pouvant servir à déterminer les aménagements nécessaires pour chaque institution. Comme ils sont parfois inexistants, des renseignements ont été pris auprès d’experts dans le domaine, en particulier pour les archives. Ces échanges se sont faits par courrier électronique. Enfin, dans le cadre de la présentation des options possibles pour la création du centre culturel, une analyse SWOT a été effectuée pour chaque option. La méthode SWOT, en français FFOM, consiste à établir pour un projet ses forces (strengths) et faiblesses (weaknesses) d’origine interne, ainsi que les opportunités (opportunities) et les menaces (threats) d’origine externe.

Evolution dans la collaboration d’institutions culturelles

La réunion en un même lieu de plusieurs institutions au sein desquelles figure une bibliothèque n’est pas un concept récent, c’est même la règle qui a prévalu pendant des siècles. Comment ne pas évoquer le Mouseion d’Alexandrie voulu par le premier souverain de la dynastie des Lagides, Ptolémée Ier Sôter, qui y convia les plus prestigieux érudits de son temps ? Ce temple des Muses était un lieu d’étude où les savants bénéficiaient de tout le confort pour mener à bien leurs recherches et avaient à leur disposition une impressionnante bibliothèque qu’ils étaient appelés à enrichir encore de leurs travaux. C’est le premier exemple de « projet de centre intellectuel global […] mené à son terme » (Dubosson 2017). À la Renaissance apparaissent les premiers cabinets de curiosité, qui vont se développer au XVIe puis au XVIIe siècle avec la fascination qu’exercent les trouvailles ramenées par les explorateurs du Nouveau Monde (Laroche 2010). Ces bibliothèques privées rassemblaient tout autant des livres que des objets très divers tels que tableaux, médailles, animaux et plantes naturalisés.

À la mort du propriétaire, l’ensemble était très souvent légué par celui-ci à la collectivité avec charge à celle-ci de le mettre à disposition de ses membres. On voit naître alors les musées-bibliothèques. C’est souvent par souci d’économie que les autorités réunissent les deux institutions, mais pas seulement : « Encore [i.e au XIXe siècle] considérée souvent comme un musée du livre, la bibliothèque a une place toute trouvée aux côtés de l’institution muséale, dont elle partage la mission de conservation du patrimoine. En outre, les programmes groupés conduisent à des édifices plus importants qui contribuent au prestige des municipalités. » (Laroche 2010, p. 24) La place venant à manquer avec le temps pour les collections de l’une comme de l’autre, le divorce est parfois prononcé.

Toutefois, la bibliothèque ne se retrouve pas associée qu’au seul musée. Ann-Sarah Laroche, dans le mémoire d’études qu’elle consacre à l’histoire de la mutualisation des équipements culturels (2010), dresse un panorama très éclairant de ce qui s’est réalisé en France tout au long du XXe siècle. Ainsi, dans les programmes de reconstruction de l’immédiat après-guerre, bibliothèque, musée, Ecole des Beaux-Arts, conservatoire de musique (Brest) ou bibliothèque, musée et archives (Saint-Denis) sont contraints de cohabiter pour des raisons financières. Les années 60-70, dans une volonté de démocratiser l’accès à la culture, voient se créer les maisons de la culture, puis les centres éducatifs et culturels. Les premières rassemblent autour d’un théâtre des salles d’exposition, de réunion, une bibliothèque, un restaurant, une garderie, mais feront long feu, jugées malgré tout trop élitistes. Les seconds regroupent autour d’un établissement scolaire, sous la direction d’une personne chargée de coordonner ces structures, une bibliothèque, un centre sportif, une école de musique, un centre social ou de formation. Le projet vise à favoriser l’intégration, mais doit aussi s’assurer, fait intéressant, la rentabilité des locaux par leur plein emploi. Dans les années 80 et 90, la bibliothèque devient médiathèque et rejoint d’autres services au public : office du tourisme, poste, guichets administratifs, etc. Des exemples évoqués par Ann-Sarah Laroche, on pourra retenir que lorsque la réunion se fait sous la contrainte financière, elle n’offre aucune plus-value et se résume à une simple cohabitation. Parfois, faute de financements suffisants, certaines des structures prévues ne voient pas le jour et c’est la bibliothèque qui finit par jouer le rôle de centre culturel, voire social.

Evolution des services d’archives

Parallèlement à l’évolution des bibliothèques, les services d’archives connaissent aussi une profonde mutation, toujours avec la même idée : « identifier ses publics et comprendre leurs attentes » (James-Sarazin 2009, p.87). Selon Patrice Marcilloux (2009), certains des publics des archives ont modifié leur rapport aux documents d’archives, les motifs d’intérêt ne sont plus les mêmes. On assiste à une « évolution non seulement quantitative, mais encore qualitative, des publics des archives » (Marcilloux 2009, p. 110). Le goût pour l’histoire demeure, mais c’est davantage l’émotion qu’on recherche. La consultation de documents d’archives se vit moins comme une démarche scientifique dans le cadre d’une recherche formelle visant à une publication que comme une pratique culturelle entrant dans le cadre des loisirs. C’est l’occasion de raccrocher l’histoire étudiée dans les manuels scolaires à quelque chose de plus intime : « en quelque sorte des travaux pratiques » (Historien amateur, cité dans Marcilloux 2009, p. 111).

Le recours aux archives se fait par souci d’épanouissement personnel. Ce phénomène incite les services d’archives à dynamiser leur politique de valorisation des archives. Les professionnels se penchent de plus en plus sur la question1 et cette thématique est intégrée aux cursus d’études2. Les réflexions portent sur les questions de terminologie et les objectifs qui en résultent, les publics concernés, les enjeux politiques, communautaires et économiques et les bonnes pratiques (Hiraux, Mirguet 2012). La valorisation passe aujourd’hui par la mise en ligne de documents numérisés et l’organisation d’expositions physiques. Elle suscite l’intérêt des publics, offre de la visibilité aux services d’archives et permet ainsi de mieux faire comprendre et de défendre, s’il en est besoin, leur activité auprès des autorités de tutelle. De fait, les services d’archives sont à la fois service administratif et institution culturelle.

Dans le cadre de cette mise en valeur, il ne faut toutefois pas négliger la difficulté qu’il peut y avoir pour le public à entrer en relation avec des documents « qu’il juge souvent rébarbatifs et difficiles à saisir » (James-Sarazin 2009, p. 87). C’est une pratique exigeante sur le plan intellectuel (Marcilloux 2009) et des actions de médiation sont indispensables pour l’accompagner. Par exemple, dans l’organisation d’une exposition physique, des pistes sont évoquées pour encourager cette prise de contact. Parmi elles, l’idée de faire dialoguer les documents d’archives avec d’autres objets patrimoniaux, d’oser le mariage du document d’archives avec de l’art contemporain, de risquer une scénographie décalée, originale, drôle (James-Sarazin 2009). Par ailleurs, de plus en plus de formations sont proposées aux archivistes pour les sensibiliser à la question de la médiation.

L’Association des archivistes français programme une série de formations continues et de stages-ateliers autour de l’action culturelle, de l’accueil du public, de la diffusion et de la médiation, parmi lesquels Inclure le jeu dans les actions de médiation du service d’archives, Mener des stratégies d’animation culturelle au sein d’un service d’archives, Concevoir une exposition et les différentes manifestations liées à ce projet (AAF 2019). Ces cours affichent souvent complet. On le voit, l’évolution parallèle que connaissent les prestations des bibliothèques et des services d’archives, avec la prise en compte toujours plus grande de leurs publics, incite à penser que ces institutions peuvent trouver des points de convergence et faire naître des projets de collaboration. Ce d’autant plus que la nature de leurs fonds vient parfois à se confondre : on trouve des fonds d’archives dans les bibliothèques, des bibliothèques dans les fonds d’archives, d’où la nécessité d’un partage de compétences, tant pour le traitement de ces fonds que pour les questions de conservation, préservation et valorisation (Vatican 2011). Et qu’en est-il des musées ?

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Déclaration
Remerciements
Résumé
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des acronymes et abréviations
1. Introduction
1.1 Mandat
1.2 Méthodologie
1.2.1 Recherches documentaires
1.2.2 Retours d’expérience
1.2.3 Contact avec les institutions de la commune de Bagnes
1.2.4 Vocabulaire
1.2.5 Liens utiles
2. Evolution dans la collaboration d’institutions culturelles
2.1 Evolution des bibliothèques
2.2 Evolution des services d’archives
2.3 Relation musée-bibliothèque
2.4 Ce qui justifie une collaboration
2.5 Enjeux de l’intégration
2.5.1 Intégration minimale
2.5.2 Intégration sélective
2.5.2.1 Les Champs Libres
2.5.2.2 Pierresvives
2.5.2.3 Le Rize
2.5.3 Intégration complète
2.6 Bilan
3. Retours d’expérience
3.1 Les Arsenaux, Sion (Valais)
3.1.1 Contexte
3.1.2 Fonctionnement
3.1.3 Espaces
3.1.4 Bilan
3.2 Bibliothèque cantonale jurassienne et Archives cantonales jurassiennes, Porrentruy (Jura)
3.2.1 Contexte
3.2.2 Espaces
3.2.3 Fonctionnement
3.3 Centre socioculturel, Ecublens (Vaud)
3.3.1 Contexte
3.3.2 La Bibliothèque communale
3.3.3 La ludothèque Le Dé blanc
3.3.4 Les Archives communales
3.3.5 Remarques sur le fonctionnement du centre socioculturel
3.4 Forum Meyrin, Meyrin (Genève)
3.4.1 Contexte
3.4.2 Espaces
3.4.3 Fonctionnement
3.4.4 Bilan
3.5 Hôtel-Dieu, Porrentruy (Jura)
3.5.1 Contexte
3.5.2 Espaces
3.5.3 Fonctionnement
3.6 Médiathèque, Etoy (Vaud)
3.6.1 Contexte
3.6.2 Fonctionnement et espaces
3.7 Musée gruérien, Bulle (Fribourg)
3.7.1 Contexte
3.7.2 Fonctionnement
3.7.3 Archives communales
3.8 Stadtbibliothek, Coire (Grisons)
3.8.1 Contexte
3.8.2 Fonctionnement
3.9 Bilan
4. Recommandations pour la création d’un centre culturel
5. Contexte et état des lieux
5.1 Contexte : la commune de Bagnes
5.1.1 Territoire
5.1.2 Population
5.1.3 Economie et finances
5.2 Etat des lieux
5.2.1 Archives communales
5.2.1.1 Espaces
5.2.1.2 Ressources humaines
5.2.1.3 Communication et valorisation
5.2.2 Bibliothèque mixte scolaire et communale
5.2.2.1 Espaces
5.2.2.2 Ressources humaines
5.2.2.3 Communication et valorisation
5.2.2.3.1 Horaire
5.2.2.3.2 Prêt
5.2.2.3.3 Communication
5.2.2.3.4 Valorisation
5.2.3 Conservatoire cantonal de musique, danse, théâtre, site de Bagnes
5.2.3.1 Espaces
5.2.3.2 Ressources humaines
5.2.3.3 Communication et valorisation
5.2.4 Ludothèque
5.2.4.1 Espaces
5.2.4.2 Ressources humaines
5.2.4.3 Communication et valorisation
5.2.4.3.1 Prêt
5.2.4.3.2 Horaire
5.2.4.3.3 Communication
5.2.4.3.4 Valorisation
5.2.5 Musée de Bagnes
5.2.5.1 Espaces
5.2.5.2 Ressources humaines
5.2.5.3 Communication et valorisation
5.2.6 Office du tourisme, bureau du Châble
5.2.6.1 Espaces
5.2.6.2 Ressources humaines
5.2.6.3 Communication et valorisation
5.2.7 Service des affaires sociales, des paroisses, de l’accueil de la petite enfance. Office de la population et de l’intégration
5.2.8 Bilan
6. Aménagements pour les institutions
6.1 Aménagements pour les Archives communales
6.1.1 Dépôt
6.1.2 Salle de consultation
6.1.3 Dépôt de liaison
6.1.4 Salle de tri et de traitement des archives
6.1.5 Espace d’exposition
6.1.6 Bureau de l’archiviste
6.1.7 Ressources humaines
6.2 Aménagements pour la Bibliothèque de Bagnes
6.2.1 Localisation
6.2.2 Espaces
6.2.3 Horaires
6.2.4 Ressources humaines
6.3 Aménagements pour le Conservatoire, site de Bagnes
6.3.1 Localisation
6.3.2 Espaces
6.3.3 Horaires
6.3.4 Ressources humaines
6.4 Aménagements pour la Ludothèque de Bagnes
6.4.1 Localisation
6.4.2 Espaces
6.4.3 Horaires
6.4.4 Ressources humaines
6.5 Aménagements pour le Musée de Bagnes
6.6 Aménagements pour l’Office du tourisme
6.6.1 Localisation
6.6.2 Espaces
6.6.3 Horaires
6.6.4 Ressources humaines
6.7 Aménagements pour le Service des affaires sociales. Office de la population et de l’intégration
6.7.1 Localisation
6.7.2 Espaces
6.7.3 Horaires
6.7.4 Ressources humaines
6.8 Aménagements communs
6.9 Fonctions transversales
6.9.1 Poste de direction du centre
6.9.2 Poste de médiation culturelle
7. Conception d’un centre culturel
7.1 Option 1 : Une Maison du patrimoine bagnard et des régions alpines
7.1.1 Concept
7.1.2 Public-cible
7.1.3 Animations
7.1.4 Avantages
7.1.5 Inconvénients
7.2 Option 2 : Un Centre socioculturel
7.2.1 Concept
7.2.2 Animations
7.2.3 Public-cible
7.2.4 Avantages
7.2.5 Inconvénients
7.3 Option 3 : Une Maison de la culture et des générations
7.3.1 Concept
7.3.2 Public-cible
7.3.3 Animations
7.3.4 Avantages
7.3.5 Inconvénients
7.4 Localisation du centre
7.4.1 Des granges à restaurer dans la partie ancienne du village
7.4.1.1 Avantages
7.4.1.2 Inconvénients
7.4.2 Le site de Curala
7.4.2.1 Avantages
7.4.2.2 Inconvénients
7.4.3 L’actuelle école primaire de Villette
7.4.3.1 Avantages
7.4.3.2 Inconvénients
7.5 Pistes de financement
8. Conclusion
Bibliographie

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *