Evolution chronologique de la vulgarisation laitiere dans les hautes terres

L’homme (Homo sapiens sapiens) est vieux de 100 000 ans environ, mais ce n’est que depuis 12 000 ans qu’il a appris à boire du lait. Le lait tient actuellement une place très importante dans la nutrition humaine. Aujourd’hui, la production mondiale de lait approche les 650 millions de tonnes (645 884 en 2007). (1) Sur les 239 millions de vaches laitières dans le monde, un tiers d’entre elles vit en Asie, 20% en Afrique et 10% dans l’Union Européenne. Mais en Afrique, les filières laitières ne sont pas organisées et protégées, et les coûts de production sont très élevés. Il y est constaté un manque d’organisation, de structuration et une faible productivité. (2) Madagascar dispose d’un potentiel important en matière d’élevage laitier, compte tenu de l’effectif bovin de 9 687 342 bovins totaux, dont 4 973 008 de vaches (3). Madagascar est encore un « pays en voie de développement », avec une population d’environ vingt millions d’habitants. La majorité de cette population œuvre dans le secteur primaire. Actuellement, face aux problèmes de malnutrition à Madagascar, la production laitière permettra de satisfaire en partie les besoins nutritifs. Cela ne manquera pas d’avoir un effet positif sur les performances liées à une nutrition équilibrée, tant au niveau de la population active que celle en phase scolaire. La « filière lait » est essentielle au développement en général. On assiste aujourd’hui à l’abondance sur le marché de produits importés à côté des produits locaux. Toutefois, les premiers sont supposés répondre aux normes, alors que la qualité des derniers est très variable.

Historique et évolution de la filière lait à Madagascar

Depuis l’époque coloniale, des essais de développement de la filière lait ont déjà été amorcées. L’histoire rapporte que c’est la clémence du climat des Hautes Terres et l’abondance relative des zébus par rapport à la population qui a incité les européens à reproduire leur système d’élevage laitier à Madagascar (4). Ce qui a ouvert les portes aux premières tentatives de modernisation de la production laitière par le biais de l’introduction de races importées. Face à la faible performance des races locales dans le domaine de la production laitière, des croisements ont été entrepris et ces efforts se poursuivent jusqu’à nos jours.

Evolution chronologique de la vulgarisation laitière dans les Hautes Terres

– en 1840 :
Pour améliorer la production laitière, Jean Laborde, ingénieur français s’étant pris de passion pour Madagascar, a introduit des reproducteurs appartenant aux races Garonnaises, Bordelaises et Bretonnes (4). Il a procédé à des métissages. Ces races ont été croisées avec des zébus malgaches pour donner naissance à la « race rana ».
– De 1962-1972 :
L’Etat Malgache a mis en place le Bureau central laitier (BCL) (5) ayant pour objectif :
➤ de favoriser le développement de l’économie laitière à Madagascar,
➤ de promouvoir, orienter et coordonner les activités des différents organismes s’intéressant aux questions laitières dans tous les domaines de la production, de la santé et de l’hygiène, de la transformation ainsi que de l’importation, de la commercialisation et de la distribution du lait et des produits laitiers.

Deux fermes ont constitué les activités de production du BCL (Anosimasina dans les environs d’Antananarivo et Kianjasoa, dans le Moyen-Ouest).

– De 1963 à 2007 :
Consécutive à la création de la BCL, le CNIA (Centre National d’Insémination Artificielle) fût lancé, fournissant des semences réfrigérées destinées à l’insémination artificielle. Le centre a été rattaché à la BCL à partir de 1985. Le CNIA comportait 14 sous- centres d’insémination (1985), contre 5 sous- centres en 2007 (6).
– En 1965:
Une école agricole et professionnelle « Tombontsoa » a été créée sous l’initiative du pasteur Rasolofoson David dans la région du Vakinankaratra. La mise en place du projet a été aidée par la FLM (église luthérienne de Madagascar) et la Norvegian Missionary Society (7). Cette école a pour but de former des jeunes provenant de familles modestes les initiant à l’agriculture et à l’élevage, dont la vache laitière. L’existence de cette ferme permet aux paysans d’acquérir des compétences en matière d’élevage, et va permettre la vulgarisation entre autres de l’élevage laitier.
– En 1972 :
FIFAMANOR (FIompiana, FAmbolena MAlagasy NORveziana) fût créé suite à un accord entre le NORAD (Agence Norvégienne de Développement international) et l’Etat Malgache pour intervenir sur deux volets : l’agriculture, et l’élevage laitier. Pour ce dernier volet, FIFAMANOR s’occupe principalement dans la région du Vakinankaratra de la vulgarisation, et au sein du Triangle laitier, de l’amélioration génétique et de l’alimentation animale .

FIFAMANOR dans la région du Vakinankaratra (FIompiana, FAmbolena MAlagasy NORveziana). Le projet comporte 2 volets :

– un volet agricole : culture fourragère, culture de blé, culture vivrière.
– et un volet élevage laitier : il s’occupe principalement, au sein du Triangle laitier, de la vulgarisation et de l’amélioration génétique, et secondairement, de l’alimentation et de la santé animale. Il gère une ferme de vaches laitières de race Pie Rouge Norvégienne.

FIFAMANOR a un statut d’EPIC (Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial). Il coopère étroitement avec le Ministère de l’agriculture et de l’élevage dans la vulgarisation de l’élevage laitier, et joue donc un rôle important dans le développement de la filière. Actuellement, concernant le volet élevage, il fournit aux éleveurs des semences fourragères, et tend à couvrir l’insémination artificielle de la région de Vakinankaratra.

– De 1985 à 1991 :
Création de l’organisme de vulgarisation et promotion de la production laitière (9), le ROMANOR (Ronono Malagasy Norveziana). Il a pour buts de :
➤ Promouvoir et améliorer la production laitière en quantité et en qualité
➤ Encourager et rémunérer équitablement les efforts des paysans éleveurs
➤ Proposer aux consommateurs des produits de qualité à des prix accessibles.

L’organisme œuvrait en assistant les paysans pour la couverture sanitaire, l’amélioration génétique et l’alimentation animale ; et en assurant la collecte et la transformation du lait, la distribution et la commercialisation des produits laitiers. Ces activités ont été menées dans le Vakinankaratra, Manjakandriana et Antananarivo. ROMANOR, financé par la Norvège a donné naissance à la ROMA (Ronono Malagasy) qui s’occupe de la vulgarisation paysanne dans le triangle laitier et la ROMINCO (Ronono Malagasy Industrie et Commerce), qui assure la transformation et la commercialisation. La ROMA a pour mission d’améliorer l’environnement économique de l’élevage laitier sur les Hautes Terres en incitant les producteurs laitiers à s’organiser en association. Elle agit ainsi en appuyant les associations de producteurs sur la production de fourrage, octroi de semences et des formations. La ROMINCO est chargée des opérations de collecte, de transformation et de commercialisation du lait produit sur les Hautes Terres. Ayant un statut de société privée, elle a pour but de rentabiliser la commercialisation.

– En 1987:
Création de ROVA (Ronono Vakinankaratra) (10), Société Coopérative des producteurs laitiers d’Antsirabe.

Elle a pour buts de :
➤ Améliorer le niveau de vie des éleveurs par une professionnalisation des membres.
➤ Augmenter la production en quantité et en qualité afin d’atteindre l’autosuffisance alimentaire qui vise à l’autogestion.

Elle mène son Action dans le Vakinankaratra en :
– Accompagnant les éleveurs dans l’amélioration de leur conduite d’élevage pour favoriser l’émergence d’éleveurs professionnels ;
– Renforçant et améliorant la commercialisation des produits, dans le cadre de sa propre organisation de coopérative, d’amont en aval.

Création de l’ELVAK (Elevage et Laiterie du Vakinankaratra) crée par la Société TIKO en début 1987 (10). Elle a pour objectifs de :
➤ Offrir de l’aide aux paysans par des assistances techniques dans l’élevage. (soins et traitements du cheptel).
➤ Améliorer la production de lait par motivation des producteurs
➤ Transformer le lait produit par les paysans
➤ Offrir des produits riches aux consommateurs .

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I. HISTORIQUE ET EVOLUTION DE LA FILIERE LAIT A MADAGASCAR
1. EVOLUTION CHRONOLOGIQUE DE LA VULGARISATION LAITIERE DANS LES HAUTES TERRES
2. PSE (PROJET SECTORIEL ÉLEVAGE)
3. LES AUTRES ENTITES S’OCCUPANT ENTIEREMENT DE LA FILIERE LAIT QUI SONT ENCORE EN VIGUEUR AU SEIN DU TRIANGLE ACTUELLEMENT
4. LES ORGANISMES D’APPUI POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE LAIT ET INTERPROFESSION LAITIERE
4.1. MDB (Malagasy Dairy Board)
4.2. Land’O’Lakes, leurs actions dans les Hautes Terres
II. ÉVOLUTION DE LA FILIERE
1. POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE LAIT
III. PRESENTATION DU « TRIANGLE LAITIER » ET L’EVOLUTION DE LA FILIERE LAIT SUR LES HAUTS PLATEAUX
1. LE TRIANGLE LAITIER
2. LES UNITES DE PRODUCTION ET DE TRANSFORMATION LAITIERE
3. SITUATION ACTUELLE DE LA FILIERE LAIT SUR LES HAUTES TERRES
3.1. Explosion du secteur informel
3.2. Les impacts de la crise de 2009 sur la filière lait
3.3. Situation de la filière en 2011
4. OFFRE ET DEMANDE DE PRODUITS LAITIERS, RAPPORT ENTRE PRODUCTIONS LOCALES ET IMPORTATIONS
4.1. Production nationale
4.2. Les importations
5. LA CONSOMMATION DE LAIT A MADAGASCAR
5.1. Préférence des produits laitiers locaux aux produits laitiers importés
6. CONDUITE D’ELEVAGE ET TYPE D’EXPLOITATION RENCONTRE DANS LE TRIANGLE LAITIER
Mode de reproduction
6.1. Monte naturelle (MN)
6.2. Insémination Artificielle (IA)
7. RACES DE VACHE LAITIERE RENCONTREES SUR TERRAIN
7.1. Les races pures
4.2. Les races locales et celle issues de croisement effectué à Madagascar
8. MODE DE CONDUITE ALIMENTAIRE DU CHEPTEL LAITIER DANS LA PRATIQUE « SUR TERRAIN »
8.1. Principe d’alimentation et types de ration de l’éleveur
9. NOTE D’ETAT CORPOREL
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. PRESENTATION DES ZONES D’ETUDES
1. ZONE D’ANTSIRABE
2. ZONE DE MANJAKANDRIANA
3. ZONE DE MIARINARIVO ITASY
II. METHODOLOGIE
1. PERIODE D’ETUDE
2. POPULATIONS D’ETUDE
3. MODE D’ECHANTILLONNAGE
4. LES CRITERES D’INCLUSION ET D’EXCLUSION
5. LES CONTRAINTES
6. PARAMETRES D’ETUDE
7. DUREE D’ENQUETE
8. PROCEDURE D’ENQUETE
9. EXPLOITATIONS ET ECHANTILLONNAGES
10. PRELEVEMENTS ET ANALYSES
10.1. Test à l’alcool
10.2. Contrôle de la densité
10.3. Test de l’acidité
11. ANALYSES STATISTIQUES
11.1. Outil informatique
11.2. Tests statistiques effectués
III. RESULTATS
1. DESCRIPTION DES ÉLEVAGES
1.1. L’éleveur
1.1.1. Sexe des éleveurs
1.1.2. Adhésion des éleveurs aux associations de production laitière
1.1.3. Typologie de l’éleveur
1.1.4. Niveaux d’instruction des éleveurs
1.1.5. Relation entre niveau d’instruction et productivité
2. L’ELEVAGE
2.1. Type d’élevage
3. LES RACES LAITIERES EXPLOITEES
4. LES PARAMETRES POUVANT POTENTIELLEMENT INFLUENCER LA PRODUCTION LAITIERE
4.1. Conduite de la reproduction
4.2. Paramètre alimentaire
4.2.1. Utilisation de pierre à lécher
4.2.2. Source d’eau pour abreuver le bétail laitier
4.2.3. Relation entre rations et productivité
4.2.4. Relation entre note d’état corporel et productivité
4.3. Paramètre sanitaire
4.3.1. Vaccination
4.3.2. Déparasitage interne
4.3.3. Maladies sévissant dans les 3 zones
4.3.4. Pathologies de la reproduction
4.3.5. Relation entre présence de maladies de la reproduction et productivité
4.4. Mode de conduite de l’élevage
4.4.1. Influence de la qualité de l’étable sur la production
4.4.2. Influence de l’hygiène de l’étable sur la production
4.4.3. Conduite de la traite
5. SUIVI DE LA QUALITE DU LAIT
6. TENUE D’UN CAHIER DE SUIVI
IV. DISCUSSIONS
1. PARAMETRE ALIMENTAIRE ET NOTE D’ETAT CORPOREL
2. PARAMETRE SANITAIRE
2.1. Etat sanitaire des animaux
2.2. Conduite de la vaccination et du déparasitage
2.3. Les maladies rencontrées
3. MODE DE CONDUITE DE L’ELEVAGE
3.1. Influence de la qualité de l’étable sur la production
3.2. Influence de l’hygiène de l’étable sur la production
3.3. Influence de la conduite de la traite sur la production
4. QUALITE DU LAIT EN FONCTION DE SES PROPRIETES PHYSICO-CHIMIQUES
5. TENUE D’UN CAHIER DE SUIVI
V. COMMENTAIRES
RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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