Nouvel arrivé dans l’Education Nationale en tant qu’enseignant stagiaire en mathématiques (en charge de deux classes de 6e au collège Vauban à Belfort); j’ai choisi de suivre la formation du master 2 MEEF enseignement des mathématiques dans le but de m’éveiller aux différentes approches et pratiques de la pédagogie en mathématiques. Ma formation initiale d’ingénieur généraliste est en effet très pauvre dans ce domaine. A travers les cours proposés et les échanges avec les autres stagiaires, j’espère ainsi explorer ce territoire et progresser dans ma pratique d’enseignant. J’ai également pour espoir que mon expérience du monde de l’entreprise puisse influencer ma pratique d’enseignant de manière à préparer au mieux les élèves à leur future insertion et à leur épanouissement dans le monde professionnel.
Suivant ces intentions j’ai donc recherché une thématique qui puisse me permettre de découvrir des pratiques pédagogiques innovantes tout en permettant une réflexion et une mise en perspective vis-à-vis de mon expérience professionnelle.
L’apprentissage du travail collaboratif m’est alors apparu comme une thématique répondant tout à fait à ces critères. Comme nous le verrons par la suite dans le rapport bibliographique cette thématique n’est pas nouvelle dans le domaine de l’enseignement. Cependant j’ai pu constater et je constate encore le décalage existant entre le monde professionnel et les pratiques d’enseignement sur ce thème. Dans les entreprises – en particulier moyennes et grandes – le travail collaboratif entre employés est quasi-permanent. Chacun a un rôle à jouer pour parvenir à des objectifs communs. Il s’agit de s’entendre avec les autres et d’ajuster son travail communément pour progresser vers l’objectif commun le plus efficacement possible. Pourtant à l’école la majorité des activités proposées aux élèves sont basées sur des objectifs et des situations de travail individuels. Chacun progresse parallèlement vers l’objectif en fournissant un travail qui généralement se veut être similaire à celui des autres.
J’étais donc curieux d’approfondir ce sujet en me renseignant dans un premier temps sur l’état des recherches et des publications en la matière. Je pourrais ainsi m’instruire sur les avantages et les limites de pratiques d’enseignement mettant en œuvre l’apprentissage du travail collaboratif. Les formes d’activités, les outils et variables didactiques employées pourront également être des sources d’inspiration pour la création des activités que je proposerai à mes élèves au long de cette année de stage.
Rapport bibliographique
Au préalable à la définition d’un sujet de mémoire précis, passant par la problématisation de la thématique ; je me suis donc lancé à la recherche d’informations et publications pertinentes sur la thématique de l’apprentissage du travail collaboratif. L’objectif de cette recherche était de m’instruire, d’alimenter ma réflexion sur cette thématique ; de remettre en cause certains a priori que je pourrais avoir construit par mon expérience particulière ou encore de piquer ma curiosité et m’inciter à développer et approfondir des aspects que je pouvais considérer jusque-là comme secondaire .
Travail coopératif ou collaboratif ?
La membrane qui sépare les termes « coopération » et « collaboration » est fine. Les deux termes évoquent l’idée d’un travail ou d’une réflexion commune, ainsi que d’une répartition des tâches dans le but d’atteindre un objectif commun. Dans le domaine de l’apprentissage, les auteurs ne considèrent pas tous nécessaire de distinguer les deux termes. Citons néanmoins des exemples d’auteurs défendant l’utilité de cette distinction :
• Selon Eliane Cousquer , se basant sur les travaux de Pierre Dillenbourg : « Il ne suffit pas qu’il ait travail en commun pour réaliser une tâche pour parler de collaboration. Il peut y avoir une simple division des tâches entre les participants, chacun en faisant une partie. Dillenbourg parle de coopération dans ce cas. La situation de collaboration est celle où les participants échangent et résolvent ensemble le problème, en interaction. Dans ce cas, il y a débat et confrontation des points de vue à toutes les étapes, ce qui est plus intéressant au niveau des processus cognitifs. »
• Selon Robert Lewis , Il suffit de vouloir atteindre un objectif commun en acceptant que les intentions des autres apprenants soient différentes, pour coopérer. Les apprenants doivent établir ensemble des intentions communes de manière à pouvoir collaborer.
Bien que ces deux distinctions diffèrent légèrement, on perçoit l’idée commune consistant à ce que la collaboration nécessite des élèves des échanges, des interactions supplémentaires afin de s’adapter aux autres élèves et définir ensemble des intentions, voir une démarche commune. Ces attitudes pourront par ailleurs être utiles à de nombreux élèves dans une perspective professionnelle à plus long terme. Du point de vue de l’enseignant, la problématique consiste à laisser suffisamment d’espace aux élèves pour qu’ils puissent participer à établir l’objectif commun. Selon Boomer , « il ne s’agit donc pas pour la personne qui enseigne de prendre seule ces décisions et d’inciter ensuite les élèves à participer ». Compte-tenu de l’âge et de la maturité de mes élèves de sixième, il m’a néanmoins semblé risqué de les confronter trop rapidement et directement à de telles situations de travail collaboratif. La perception et la tolérance des avis différents ou même contraires est une compétence certes critique et faisant partie des objectifs prioritaires de l’école de la République ; mais qui doit probablement être installée progressivement pour ne pas être mal vécue par des élèves de 6e . Ces réflexions m’ont amené à mieux cerner mon approche et à m’interroger : quelles activités pourraient permettre d’éveiller les élèves de 6e au travail collaboratif, tout en considérant que le travail coopératif puisse constituer une étape intermédiaire pour y parvenir ? Il sera en effet probablement plus aisé pour un élève de s’adapter à des intentions différentes ; à des avis contraires dans la classe ; s’il est au préalable convaincu qu’une coopération avec les autres élèves puisse donner des résultats satisfaisant et supérieurs à un travail individuel. J’ai donc choisi de poursuivre mes recherches en tentant de comprendre quels sont les principaux apports des apprentissages coopératifs et collaboratifs ; en cherchant à cerner les conditions dans lesquelles ils produisent les effets les plus remarquables ; et en essayant d’identifier les limites de cette approche dans le contexte de mes classes de sixième.
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Table des matières
I. Introduction
II. Rapport Bibliographique
1. Travail coopératif ou collaboratif ?
2. Apports et limites de l’apprentissage collaboratif
3. Tâches adaptées aux apprentissages coopératifs et collaboratifs
III. Synthèse et Problématisation
IV. Expérimentations
1. Approche du travail collaboratif par la résolution de tâches additives
2. Approfondissement de la coopération entre élèves par la résolution d’un
problème nécessitant la collaboration au sein du groupe.
3. Activité collaborative : Construction collective d’une ville sous Géogebra.
V. Conclusion
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