Evaluation technico-economique de luttes biologiques contre les ennemis de la riziculture

L‟utilisation des pesticides de synthèse présente des risques pour la santé de l‟utilisateur. Par rapport aux conditions climatiques et à la pauvreté des pays en développement, ces risques sont bien plus élevés que dans les pays industrialisés (Dümmler, 1993). Selon les dernières approximations de l‟Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 20 000 morts dues à l‟intoxication par des pesticides sont à déplorer annuellement (Bödecker, 1987). Deux-tiers des tumeurs chez les agriculteurs en France sont associées à une exposition professionnelle aux pesticides (Le Monde, 2011). D‟autres êtres vivants subissent des intoxications parfois mortelles, directement ou indirectement, par les pesticides. Les abeilles sauvages sont particulièrement touchées, ce qui entraîne une réduction de la production de miel et de la pollinisation de la végétation (Bereswill, 1987). Par ailleurs, les pesticides peuvent entraîner une modification de la composition des sucs végétaux. Ainsi, le 2,4-D accroît la teneur en azote du maïs, ce qui favorise les infestations de pucerons (Conacher, 1980). Cet herbicide favorise également le développement d‟autres insectes ravageurs, tels que la pyrale du maïs et celle du riz (Apple, 1939). Sur le plan environnemental, il a été connu depuis le milieu des années 60 que l‟atmosphère et l‟eau de pluie contiennent des pesticides. Les études sur ce phénomène ont d‟abord porté sur les organochlorés persistants. Ce n‟est qu‟à la fin des années 80 que d‟autres matières actives ont été mises en évidence dans l‟eau de pluie (Dümmler, 1993).

A partir de ces constatations, préoccupations et méconnaissance des actions à long terme des produits chimiques, certaines personnes ont commencé à retourner à la source. L‟homme soucieux de sa santé commence à consommer des produits biologiques. De plus, l‟agriculture biologique apporte d‟importantes opportunités pour les pays en développement car les pays développés importent beaucoup de produits biologiques pour satisfaire les besoins toujours croissants de leur population (CTA/FAO/CNUCED-OMC, 2001). A Madagascar, l‟exportation de produits biologiques certifiés a commencé en 1989. A la demande d‟entreprises européennes importatrices (RAPUNZEL, MANTIMEX), des opérateurs malagasy se sont lancés dans la production bio (Rajaonarison, 2004). Madagascar dispose de beaucoup de potentialités pouvant influer positivement sur ce marché. Le livre « The World of Organic Agriculture 2011 », édité tous les ans, contient les statistiques produites par le Forschunginstitut für biologishen Landbau et l’International Federation of Organic Agriculture Movements. En 2009, il donne un excellent aperçu des informations sur la filière biologique dans le monde entier. Toujours en 2009, la valeur globale des ventes du marché biologique certifié s’élevait à 54,9 milliards USD. Si l’on compare les ventes mondiales de produits biologiques de 33,2 milliards USD en 2005 au chiffre de 15,2 milliards USD en 1999, on observe une forte tendance constante à la hausse.

Contexte et Problématique 

En ce qui concerne la production biologique, Madagascar dispose de nombreux atouts (Rajaonarison, 2004). En effet, elle a à sa disposition une grande superficie arable, car d‟après les statistiques officielles, sur les 587.041 km² de l‟île, 368.561 km² sont cultivables mais 28.561 km² de ceux-ci seulement, soient 7,75 %, sont cultivés en permanence (INSTAT, 2008). La pratique de la polyculture conseillée en agriculture biologique est déjà une tradition de l‟agriculture malagasy car seulement 4,4 % des exploitations pratiquent la monoculture (Statistique MAEP, 2003). De même, seuls 5 à 6% des terrains reçoivent des engrais minéraux à Madagascar. La dose utilisée sur les parcelles recevant des engrais chimiques est de l’ordre de 75-85 kg par hectare (INSTAT – FOFIFA, 2003), démontrant la faible utilisation de l‟engrais chimique. De plus, en 1998, un symposium national sur l‟utilisation des produits naturels pour la protection des végétaux à Madagascar organisé par la Département de Protection des Végétaux et le Gessellschaft für Technishe Zusammenarbeit a démontré la richesse du pays en plantes pesticides. L‟agriculture malagasy exploitait déjà la biodiversité en utilisant les plantes pesticides. Ces pratiques paysannes sont connues sous le concept général de «ady gasy ». En 1997, un manuel de recueil de ces pratiques a été publié en deux tomes. En 1998, un manuel d‟inventaire des pesticides naturels d‟origine végétale à Madagascar répertoriant 450 plantes a également été publié. Puis, du point de vue certification, la présence de l‟antenne locale d‟ECOCERT permet de réduire les coûts de certification par l‟annulation des frais de déplacements des inspecteurs venant de l‟extérieur. Malheureusement, ce coût reste encore exorbitant pour les petits paysans, donc hors de portée. Enfin, le pays peut offrir divers types de produits et possède différents climats régionaux favorables à leur culture.

Malgré ces atouts, l‟Agriculture biologique ne se développe pas assez à Madagascar. Les produits biologiques exportés ne représentent qu‟une infime partie des produits agricoles cultivés à Madagascar (Rajaonarison, 2004). Les observations sur terrain ont montré que les principaux problèmes rencontrés en conduite biologique résident dans la non maîtrise des ennemis des cultures par l‟utilisation des produits naturels. Les producteurs sont souvent désarmés devant les attaques d‟insectes car ils ont oublié les recettes de leurs pères et ils sont très peu informés des recherches et des résultats scientifiques en cours. Les pertes peuvent être importantes et beaucoup de producteurs se découragent (CTA, 2002). Seule une minorité des paysans (13 % dans le Sud-Ouest de Madagascar) pratique la méthode de lutte biologique par utilisation des produits d‟origines minérale et végétale à cause de la méconnaissance de ces produits ou des recettes d‟emploi. En général, ceux qui la pratiquent utilisent des doses qui ne suivent pas les normes conduisant à l‟inefficacité du produit (Ramadison, 2005). A tout cela, s‟ajoute l‟attrait des producteurs vers l‟utilisation des intrants chimiques. Les pesticides sont introduits dans la plupart des pays en développement et leur popularité s‟accroit. Ils convainquent l‟utilisateur par leur efficacité, leur puissance d‟action, et par leur maniement relativement facile et simple. (Dümmler, 1993). Ces composés chimiques représentent une solution de facilité correspondant au besoin absolu de l‟homme désirant un résultat rapide et total. Cependant, ils présentent plusieurs risques sur l‟environnement et sur l‟homme (Corbaz, 1990).

Produits phytosanitaires biologiques et chimiques

Insecticide biologique : extrait aqueux de feuille de faux Neem (EAFN) 

L‟extrait aqueux de feuille de faux Neem (EAFN) a été préparé à partir de l‟arbre du faux Neem (Melia azedarach L.) connu à Madagascar sous le nom vernaculaire de « voandelaka vazaha». Cette espèce de la famille des MELIACEAE originaire d‟Inde, du sud de la Chine et d’Australie a été introduite à Madagascar. Le faux Neem est un arbre de 8 à 10 m de haut, de port arrondi, large et touffu. L‟écorce est de couleur brun-rougeâtre, fissurée. Les feuilles sont caduques, alternées, bipennées de 20 à 25 cm de long ; elles exhalent une forte odeur et ont un goût amer. Les folioles sont de forme ovale ou elliptique, largement dentées, longues de 3 à 5 cm ; pubescentes sur les nervures en dessous. Les fleurs de couleur violette et au parfum de lilas pendent en grappe ou en panicule de 20 à 25 cm. Les fruits sont de couleur verte devenant jaune ou crémée, drupacés, de forme ovoïde ou sphérique à mince enveloppe et charnus. Chaque fruit contient 4 à 5 graines non ailées, albuminées et oléagineuses. A Madagascar, on trouve le « Voandelaka » dans les régions des Hauts-Plateaux, dans la région de la Sofia et le long de la Côte-Est (Zafirobinson, 2008).

Préparation de l’Extrait Aqueux de Feuille de faux Neem

Les propriétés médicinales et insecticides de cette plante sont bien connues. M. azedarach est utilisé dans la protection de la riziculture. L‟extrait aqueux des feuilles, épandu aux bordures des pépinières et à l‟intérieur des rizières, éloigne les poux du riz. Face aux attaques des nématodes et des insectes terricoles (Heteronychus sp.) en riziculture, les paysans enfouissent des découpes de feuilles de « Voandelaka » dans les rizières (Hajaniaina, 1996).

Il est intéressant d‟utiliser les feuilles de faux Neem car elles sont disponibles toute l‟année et le stockage n‟est pas nécessaire. Un arbre adulte de 8 à 10 m de haut produit environ 360 kg de feuilles fraîches par an (Gabriel, 2002).

L‟Extrait Aqueux de Feuille de Faux Neem (EAFN) est obtenu par broyage au mortier d‟une soubique moyenne (à peu près 5 Kg) de feuilles fraîches de Faux Neem. Le broyat obtenu est mélangé avec 10 litres d‟eau à l‟intérieur d‟un seau. Le mélange est macéré durant 24 heures dans un endroit sombre protégé de la lumière du soleil. Le produit macéré est filtré à travers un tissu  pour obtenir l‟EAFN (Photo 1 d). La dose recommandée est de 10 litres/are (SPV, 1998).

Le traitement a été déclenché quand le nombre de chenilles au niveau des parcelles élémentaires est supérieur ou égal à 10. Chacune des interventions est faite en même temps pour les deux conduites de culture (biologique et chimique). Les cultures ont été traitées vers la fin de l‟après-midi car le Neem se décompose sous les rayons solaires (IFOAM et FIBL, 2002).

Insecticide chimique : ATOUT 500 EC

L‟insecticide de référence a été l‟ATOUT 500 EC. C‟est un insecticide en concentré émulsionnable ayant comme matière active le malathion (à concentration 500g/l) de la famille des organophosphorés. Il agit par contact, ingestion et inhalation sur les ravageurs à savoir les chenilles phytophages (ACTA, 2008). C‟est un produit déjà homologué et commercialisé. La Société d‟Engrais et de Produits Chimiques de Madagascar (SEPCM) propose la dose de 2l/Ha.

Pour le traitement, un produit doit être terminé avant de passer à un autre. Entre l’application de deux traitements différents, le pulvérisateur a été soigneusement nettoyé par rinçage avec de l‟eau et du savon en poudre.

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Table des matières

INTRODUCTION
PROBLEMATIQUE, HYPOTHESES ET OBJECTIFS
1. Contexte et Problématique
2. Hypothèses
3. Objectifs Méthodologiques
MATERIELS
1. Localisation de la zone d‟étude
2. Conditions du milieu d‟étude
3. Climat
4. Pédologie
5. Variété de riz utilisée
6. Engrais biologique utilisé
7. Produits phytosanitaires biologiques et chimiques
METHODES
1. Principes
2. Recherches appliquées
3. Analyse des données
4. Cadre opératoire de l‟étude
5. Limites de la méthodologie
RESULTATS
1. Comparaison de l‟efficacité des insecticides
2. Comparaison de l‟efficacité des techniques de contrôles des adventices
3. Résultat de la productivité à l‟hectare des différents traitements de contrôle des chenilles et des adventices
4. Résultats des analyses économiques
DISCUSSIONS
1. Méthode de lutte biologique contre les chenilles
2. Méthode de contrôle biologique des adventices
3. Rentabilité économique des pratiques biologiques
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBIOGRAPHIE
ANNEXES

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