EVALUATION EX-ANTE DES EFFETS DE L’AGRICULTURE DE CONSERVATION

EVALUATION EX-ANTE DES EFFETS DE L’AGRICULTURE DE CONSERVATION

Discussion

Situation des types d’exploitations par rapport l’Agriculture de Conservation

Des pratiques en lien avec les principes de l’AC ont été observées au sein des exploitations caractérisées. Il s’agit du semis direct, de la préparation du sol par scarifiage, de la rotation et l’association des céréales avec le niébé. La couverture du sol avec des résidus par contre n’a pas été observée. Comme l’ont soulignés Ashburner et al. (2002) et Giller et al. (2011), il est difficile de conserver des résidus sur les parcelles dans le contexte de la zone subsaharienne sèche où la vaine pâture constitue le principal moyen d’alimenter les animaux en saison sèche. Sansan (2011) en caractérisant les pratiques de producteurs de la région Nord et Est du Burkina Faso note que la modalité de gestion dominante des résidus de cultures est le stockage pour l’alimentation du bétail cela à cause du manque de fourrage pendant la saison sèche chaude.Parmi les types d’exploitations identifiés, les exploitations de type 3 qui se caractérisent par la pratique régulière du semis direct, l’association des céréales avec le niébé sur la majeure partie de leur superficie cultivée et la rotation des cultures avec des légumineuses constituent celles ayant les pratiques les plus convergentes à celles de l’AC. Les exploitations de type 1, 2 et 4, avec le billonnage comme principale modalité de préparation du sol, pratiquant principalement une rotation coton//céréales (type 1 et 2) ou une culture continue de céréales (type 4), et réalisant le plus souvent des cultures pures sont celles qui s’écartent des principes de l’AC.
Il faut cependant noter qu’une convergence des pratiques aux principes de l’AC ne signifie pas une plus grande prédisposition à l’adoption de l’AC. En effet, les pratiques observées dans les exploitations de type 3 résultent plus de contraintes d’équipements et de main d’œuvre que de choix techniques. Ce sont des exploitations ne possédant ni de bœufs de trait ni d’équipements attelés ; caractérisées par un faible nombre d’actifs (2 ± 1 actifs) et cultivant de petites superficies (2,39 ± 0,94 ha).
Nos résultats vont dans le sens de ceux de Essecofy (2011). En réalisant une typologie des exploitations à l’Est du Burkina Faso (Gori et Kombienbiga) par une méthode utilisant des indices de proximité des pratiques par rapport aux principes l’agriculture de conservation, il trouve que les exploitations les plus proches de l’AC sont celles qui cultivent de petites superficies et possédant un faible niveau d’équipement et une faible activité d’élevage. Pour cet auteur, les exploitations les mieux équipées, possédant les grandes superficies cultivées se caractérisent par la pratique du labour sur la quasi-totalité de leurs champs, la mise en œuvre de systèmes de monocultures avec application de FO et d’engrais minéraux ; ce qui est en accord avec nos observations.

Effets du scénario d’AC sur les performances des exploitations

Le scénario d’AC entraine une diminution du bilan céréalier des exploitations. Cette diminution observée est due au choix de modélisation de considérer qu’une céréale associée à une légumineuse a un rendement moindre qu’une céréale en culture pure. En effet, plusieurs auteurs (Traoré et al., 1999 ; Segda et al., 2000 ; Nchoutnji et al., 2010) ont indiqué une tendance de diminution des rendements de la céréale (maïs ou sorgho) associée avec une légumineuse (le mucuna). La diminution du bilan céréalier plus marquée chez l’exploitation de type 3 s’explique par le fait que ces exploitations ayant initialement un faible niveau de production, toute baisse des rendements y est beaucoup plus perceptible. Les exploitations de type 1, 2 et dans une moindre mesure le type 4 disposant généralement d’une production excédentaire de céréales, la baisse des rendements liée à l’association n’affectera leur bilan céréalier que pour les années de mauvaises pluviométries pour lesquelles on observe une chute des rendements de maïs (principale céréale au sein de ces exploitations).Si la baisse des excédents céréaliers entraîne une réduction des quantités de céréales vendues, le supplément de niébé produit permet de compenser la perte de produit brut, du fait d’un prix de vente plus élevé que celui des céréales et d’obtenir un solde économique légèrement plus élevé. Le solde économique de l’exploitation de type 4 étant essentiellement fourni par les activités d’élevage, on constate que la contribution au solde économique du supplément de niébé produit est faible (2% pour l’année favorable et moyenne, 0% en année défavorable).Pour les exploitations de type 1 et 2, l’augmentation du solde économique, faible en année favorable et moyenne (2% et 7%), devient plus perceptible en années de pluviométrie défavorable (26% et 19%) avec la baisse des excédents céréaliers. Concernant l’exploitation de type 3, on observe que l’augmentation du solde économique est relativement faible (plus 4 à 11%) en année favorable et moyenne. En année défavorable, le solde économique du scénario d’AC pour cette exploitation reste identique à celui du scénario initial, car la production de niébé est inférieure à la quantité mise en réserve par le producteur. Nos résultats vont dans le même sens que ceux de Fabre (2010) qui par simulation avec le modèle Olympe trouve que l’adoption de semis direct sous couverture végétale (SCV) augmente le revenu des exploitations du lac Alaotra à Madagascar. Cela en raison d’une augmentation des productions. Il remarquait que l’effet sur le revenu était plus important pour les exploitations de petite taille.
En ce qui concerne le bilan fourrager, nos résultats indiquent que dans les exploitations de type 1 et 2 où les animaux alimentés avec le stock de fourrage en saison sèche chaude sont constitués uniquement de bœufs de trait, le scénario d’AC permet de satisfaire les besoins fourragers (UF et MAD) du fait de l’augmentation du stock et de la part de fourrage de qualité. Chez l’exploitation de type 4 qui se caractérise par un nombre relativement important de bovins complémentés (bœufs de trait, bœufs d’élevage, vache laitière, bœufs d’embouche), le bilan UF demeure négatif pour les années de pluviométrie moyenne et défavorable. Chez l’exploitation de type 3, où il n’y a pas de bovins à complémenter, le fourrage produit pourrait servir à l’alimentation des petits ruminants. Des auteurs (Ehui et al., 1990 ; Lahmar et al., 2006 ; Chevrier et Barbier, 2006), dans des contextes différents ont montré que l’AC réduit les temps de travaux des exploitations : réduction liée essentiellement à une diminution des charges de travaux pour la préparation du sol. De notre étude, il ressort une augmentation des charges des travaux des exploitations.
Cela s’explique par le fait que dans notre contexte où l’usage d’herbicides de post-levée sélectifs est très peu observé, pour prendre en compte dans le modèle les pratiques d’AC, il à été considéré que deux désherbages manuels sont réalisés à la place du sarclage mécanique et du buttage habituellement réalisé en système conventionnel. A cela s’ajoute la récolte de gousses et de fanes de niébé associées aux céréales. On observe donc que pour l’exploitation de type 3, où le désherbage est déjà manuel, l’augmentation du temps de travail est très faible en hivernage (1%). Pour les exploitations de type 1, 2 et 4 chez qui l’on observe habituellement des cultures pures et la pratique du sarclage mécanique et du buttage, l’augmentation des temps de travaux en hivernage est de l’ordre de 9% à 14 %. Le problème de l’augmentation des charges de travaux relative au contrôle des adventices des systèmes d’AC a été évoqué par Affholder et al., (2010) pour les petites exploitations du Vietnam. Ils concluent de la nécessité d’utiliser des herbicides pour substituer le besoin de main œuvre ; tout en soulignant que cela est économiquement préjudiciable pour les exploitations du fait de l’augmentation des coûts de production.
Pour ce qui est de la gestion de la fertilité des sols, on constate que le scénario d’AC tend à améliorer le bilan minéral apparent des parcelles. Ce résultat s’explique par le fait qu’en conservant les résidus de cultures sur les parcelles, les exportations en éléments minéraux des cultures diminuent. A cela s’ajoute l’apport de la légumineuse pour le cas de l’azote.

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Table des matières

DEDICACE
TABLES DES MATIERES 
REMERCIEMENTS
SIGLES ET ABREVIATIONS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
RESUME
ABSTRACT
INTRODUCTION
CHAPITRE I : EVALUATION EX-ANTE DES EFFETS DE L’AGRICULTURE DE
CONSERVATION
1.1. Les principes de l’agriculture de conservation
1.1.1. Le travail minimum du sol
1.1.2. La couverture permanente du sol
1.1.3. La rotation et l’association des cultures
1.2. Les contraintes à l’adoption de l’agriculture de conservation, un défi pour la recherche
1. 3. L’évaluation ex-ante des systèmes de culture innovants
1.4. La modélisation, outil d’évaluation ex-ante des systèmes de culture innovants
1.4.1. La modélisation et les systèmes d’agriculture de conservation
CHAPITRE 2 : MATERIELS ET METHODES
2.1. Zone de l’étude
2.1.1. Situation géographique
2.1.2. Climat
2.1.3. Relief, sol, végétation et hydrographie
2.1.4. Population et activités
2.2. Méthodologie
2.2.1. Réalisation de la typologie des exploitations
2.2.1.1. Choix de l’échantillon
2.2.1.2. Enquêtes de fonctionnement des exploitations
2.2.1.3. Analyse des données et élaboration de la typologie
2.2.2. Adaptation d’un modèle : le modèle Cikeda
2.2.2.1. Présentation du modèle à adapter
2.2.2.2. Démarche d’adaptation du modèle
2.2.2.3. Validation du modèle
2.2.3. Elaboration du scénario d’AC et analyse des données de simulation
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. Résultats
3.1.1. Typologie des exploitations
3.1.1.1. Interprétation des axes factoriels
3.1.1.2. Classification ascendante hiérarchique (CAH)
3.1.1.3. Projection des classes sur le plan factoriel et description des types d’exploitations
3.1.1.3.1. Type 1 : Exploitations équipées à stratégie cotonnière
3.1.1.3.2. Type 2 : Exploitations équipées à stratégie céréalière
3.1.1.3.3. Type 3 : Exploitations non équipées à stratégie céréalière
3.1.1.3.4. Type 4 : Exploitations équipées à stratégie d’élevage
3.1.2. Adaptation du modèle
3.1.2.1. Adaptations apportées aux modules existants
3.1.2.2. Nouveau module « charge de travail »
3.1.3. Effets de l’intégration de systèmes d’AC sur les performances des exploitations
3.1.3.1. Effet sur le bilan céréalier et le solde économique des exploitations
3.1.3.2. Effet sur le bilan fourrager et la charge de travail des exploitations
3.1.3.3. Effet sur le bilan minéral apparent des parcelles
3.2. Discussion
3.2.1. Situation des types d’exploitations par rapport l’Agriculture de Conservation
3.2.2. Effets du scénario d’AC sur les performances des exploitations
3.2.3. Le modèle adapté : un outil à améliorer
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE

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