Evaluation et contribution à l’amelioration du systeme de cogestion locale du site de ngaparou

Avant les indépendances, une gestion traditionnelle des ressources halieutiques par les riverains était pratiquée au Sénégal jusqu’en 1966, date à laquelle la loi portant sur le « domaine national » conféra le statut de propriétaire, de gestionnaire et d’allocataire des ressources halieutiques à l’Etat. Ce dernier adopta la gestion centralisée (de type top down) basée sur l’impulsion de la production nationale, pour faire du secteur de la pêche un secteur clé de création de richesses et d’emplois qui a joué pendant longtemps un rôle majeur dans l’économie nationale.

Cependant, les nombreux privilèges (surinvestissement, subvention de carburant, détaxation du matériel de pêche, etc.) dont ont bénéficié les communautés de pêcheurs dans le cadre de la politique volontariste de l’Etat, ajoutés aux conséquences de la sécheresse des années 1970, ont été les moteurs de l’exode rural de la main d’œuvre issue du secteur agricole vers la côte. Cette situation a contribué à l’augmentation de l’effort de pêche et à l’exploitation effrénée des ressources halieutiques (particulièrement les démersales côtières à haute valeur marchande), avec comme résultat à moyen terme, la surpêche. La crise résultante (baisse de rentabilité du secteur de la pêche, recrudescence des conflits entre les acteurs eux-mêmes et entre les acteurs et l’Etat, etc.) et l’insuffisance de ses moyens humains, financiers et matériels pour faire respecter la réglementation ont incité l’Etat à changer de vision dans la politique des pêches.

A cet effet, de nouveaux axes stratégiques de réforme du secteur, clairement affichés dans la lettre de politique sectorielle des pêches et visant prioritairement la gestion durable des ressources halieutiques par une approche de cogestion centrée sur les professionnels de la pêche, sont actuellement en expérimentation avec l’appui des partenaires au développement à travers plusieurs projets et programmes. Ces derniers ont développé diverses approches en matière de cogestion locale des pêcheries pour se départir de l’ancienne approche de gestion directive (de type “top down“ ou descendante) au profit d’une approche nouvelle de gestion participative (de type “bottom up“ ou ascendante) qui privilégie la concertation à la base. C’est dans ce cadre que, prenant conscience de la nécessité et de l’urgence de participer à l’amélioration de la gouvernance locale des pêches, les acteurs locaux ont, depuis Avril 2005, accepté d’être accompagnés par le programme de Gestion intégrée des Ressources Marines et Côtières (GIRMaC) pour mettre en œuvre une expérience pilote de cogestion locale de la pêcherie côtière de Ngaparou à l’instar des autres sites pilotes du programme (Ouakam, Foundiougne et Bétenty).

LOCALISATION ET CARACTERISATION DU MILIEU D’ETUDE

localisation du milieu d’étude 

Le milieu d’étude est constitué d’une part, d’une partie terrestre (cf. figure 1) qu’est la
nouvelle Commune de Ngaparou  , et d’autre part d’une frange maritime (cf. figure 2) comprenant :
– une aire de cogestion d’une superficie de 21 km2 (6 km de plage et 3,5 km en mer) compartimentée en trois (03) zones contigües, qui font face à la commune de Ngaparou et couvrent les lieux traditionnels de pêche des acteurs du site et ceux des villages voisins;
– les zones adjacentes à l’aire de cogestion et qui sont interdites à la pêche industrielle.

Caractérisation du milieu d’étude

Le milieu d’étude est caractérisé par les parties prenantes et l’aire de cogestion.

les parties prenantes ou acteurs de la cogestion 

Les parties prenantes sont composées par :
– les acteurs locaux : ils regroupent :
• principalement, les professionnels de la pêche, regroupés au sein du CLP et du CLPA, dont les activités ont un impact direct sur la ressource et qui en retour sont affectés en premier par les mesures de gestion de la ressource et ;
• secondairement, les autres membres de la communauté ou de la localité dont les intérêts économiques, sociaux, culturels, religieux et intellectuels sont liés aux activités de cogestion.
– les institutions étatiques nationales et locales : elles concernent toutes les structures juridiquement compétentes dans l’évaluation, la gestion et le suivi des pêcheries artisanales côtières, notamment l’Administration locale des pêches (DPM, DPSP et DAC) à travers ses services déconcentrés et la Recherche (CRODT, IUPA, IRD ; etc.).
– les autres structures partenaires : elles concernent les bailleurs à travers la COMO-pêche (logée au sein de la DPM) qui représente la Banque Mondiale mais aussi les autres projets et structures (ONG, Association, etc.) qui interviennent localement dans le secteur de la pêche.

L’aire de cogestion

L’aire de cogestion, très fournie en rochers naturels, en herbiers et particulièrement adaptée à la reproduction, à l’alimentation et à la croissance pour bon nombre d’espèces halieutiques à haute valeur commerciale, abrite les principaux sites d’importance ichtyofaunique ; ce qui lui confère une grande richesse marquée jadis par son abondance en langoustes, seiches, poulpes, cymbium et divers poissons démersaux (cf. figure 2). Cependant, les rendements de ces espèces étaient en nette baisse avant le démarrage des activités de cogestion locale.

PRESENTATION DES INITIATIVES LOCALES DE COGESTION

Justification des initiatives locales de cogestion 

Les objectifs des initiatives locales de cogestion (Accord de cogestion CLP-MEM, 2007) sont :
– Global : contribuer à la réhabilitation des ressources démersales et des habitats critiques de la zone côtière de Ngaparou ;
– Spécifiques :
1. protéger les juvéniles et les géniteurs de langouste verte pour la réhabilitation du stock ;
2. diminuer la pression de pêche dans l’aire de cogestion et y limiter les prélèvements de juvéniles pour la réhabilitation de la pêcherie côtière;
3. renforcer les conditions de reproduction et de croissance des espèces de passage ou vivant dans la zone côtière et ;
4. Soustraire de la pression élevée de pêche les espèces exploitées dans les zones adjacentes à l’aire de cogestion pour la réduction des prélèvements de ressources halieutiques.

Orientations stratégiques du système de cogestion locale

Au regard de l’intérêt de la zone côtière de Ngaparou sur les plans culturel, social, économique, biologique et écologique, l’objectif des initiatives de restaurer les stocks de langouste et de ses espèces associées tout en les exploitant de manière responsable s’appuie sur deux (02) axes stratégiques hérités du GIRMaC et qui sont:

la sélectivité 

Considérant que les ressources financières allouées sont limitées, les communautés ont jugé nécessaire de freiner leurs ambitions et de :
– focaliser géographiquement leurs interventions sur une aire de cogestion à intérêt pour la conservation et dont l’étendue correspond à leurs capacités de gestion et ;
– se concentrer techniquement sur l’atteinte d’un nombre restreint d’objectifs malgré le fait que plusieurs problèmes cruciaux soient identifiés sur le site.

l’approche écosystème 

Au vue des interactions entre les ressources halieutiques, les habitats et les hommes au sein de l’aire de cogestion, le CLP, par son adoption de l’approche multispécifique (qui cible plusieurs espèces à la fois) de type écosystémique (au sens de la Convention sur la Diversité Biologique  ) attache beaucoup d’intérêt à la synergie entre les mesures de gestion, les activités sociales et les Activités Génératrices de Revenus (AGR). Ces dernières financent les mesures de gestion dont les effets pervers sur la communauté sont adoucis par les activités sociales suivant le principe “du bâton et de la carotte“ (cf. figure 3).

Montage institutionnel 

La mise en œuvre des activités de cogestion s’appuie du point de vue institutionnel sur différentes structures parties prenantes :

le Comité local des Pêcheurs (CLP) 

Le Comité Local des Pêcheurs de Ngaparou est définit par le GIRMaC comme étant «une organisation communautaire privée, formée essentiellement d’acteurs de la pêche, actifs ou à la retraite, conscients de l’état de dégradation des ressources halieutiques et engagés à participer activement à la reconstitution des stocks et au développement communautaire du site ». A ce titre, le CLP est un instrument de gouvernance locale des pêcheries artisanales créé par le renforcement du Comité Local Villageois (mis en place par la DPM dans le cadre des CLPAs) afin d’éviter des doublons au niveau du site et d’hériter du statut juridique et des missions du CLV auprès du CLPA de Sindia. L’articulation CLP-CLPA ainsi créée permet au CLP de jouir d’un fort ancrage institutionnel.

Du point de vue organisationnel, le CLP dispose d’un Comité Directeur (21 membres) et d’un Bureau (10 membres) assisté par 05 Commissions techniques:
– Commission Financière : chargée de réunir des fonds pour le CLP ;
– Commission Scientifique et Technique : chargée d’identifier des mesures de gestion et de mener des activités de Recherche Participative en partenariat avec l’Etat ;
– Commission de Suivi, Contrôle et Surveillance : chargée de la surveillance du respect du code de conduite ;
– Commission Sage et Règlement des Conflits: chargée de prévenir et de gérer les conflits, et de mettre en œuvre les activités sociales ;
– Commission IEC : chargée de la sensibilisation et de la formation.

Le Conseil local de Pêche Artisanale de Sindia (CLPA-Sindia) 

Le CLPA de Sindia est une structure de «gouvernance locale» mise en place par la DPM et qui a pour rôle de valider les initiatives locales de cogestion prises à l’échelle du site avant leur application et de les consolider par la suite dans des plans locaux de gestion afin de les étendre et de les pérenniser au niveau des huit (08) autres villages du CLPA (Pointe-Sarène, Nianing, Saly, Ngaparou, Somone, Guéréo, Popenguine, Ndayane). Il est administré par une entité composée par :
– le Sous-Préfet de Sindia qui assure la présidence ;
– le Chef de Poste de Contrôle et de la Surveillance des Pêches de Ngaparou qui assure le secrétariat ;
– les représentants des collèges de pêcheurs, mareyeurs, femmes transformatrices et charpentiers de chaque site du CLPA ;
– les représentants des collèges des sages et notables de chaque site du CLPA et;
– les représentants des élus locaux de chaque site.

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Table des matières

INTRODUCTION
Première partie : CONTEXTE DE L’ETUDE
Chapitre I : LOCALISATION ET CARACTERISATION DU MILIEU D’ETUDE
I.1 localisation du milieu d’étude
I-2 Caractérisation du milieu d’étude
Chapitre II: PRESENTATION DES INITIATIVES LOCALES DE COGESTION
II-1 Justification des initiatives locales de cogestion
II-2 Orientations stratégiques du système de cogestion locale
II-3 Montage institutionnel
II-4 Activités financées par la COMO-pêche
II-5 les activités financées par le CLP sur fonds propres
II-6 Montage financier et plan de pérennisation
Chapitre III: PROBLEMATIQUE, JUSTIFICATION ET OBJECTIFS DE L’ETUDE
III-1 Problématique et justification de l’étude
III-2 Objectifs de l’étude
Deuxième partie : METHODOLOGIE DE L’ETUDE
Chapitre I : TERMINOLOGIES ET GENERALITES
I-1 Terminologies
I-2 Indicateurs caractéristiques des résultats attendus du système de cogestion locale
Chapitre II : METHODOLOGIE D’ETUDE
II-1 Matériel d’étude
II-2 : Méthodes d’étude
Troisième partie : PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS
Chapitre I : PRESENTATION DES RESULTATS
I-1 Les résultats d’analyse des parties prenantes et des axes stratégiques
I-2 Le bilan d’exécution des activités de cogestion
I-3 Bilan d’impact des activités de cogestion locale
I-4 Niveau d’affectation et de satisfaction des bénéficiaires du site
I-5 Projection du système de cogestion locale vers la gestion de l’aire de cogestion par un régime de droits d’accès
Chapitre II : DISCUSSION DES RESULTATS
II-1 Les axes stratégiques et les parties prenantes
II-2 Les Résultats d’exécution des activités de cogestion
II-3 Les impacts des activités de cogestion
I-4 Le niveau d’affectation et de satisfaction des bénéficiaires
II-5 Projection du système de cogestion locale vers un régime de droits d’accès
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
CONCLUSIONS
RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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