Evaluation écologique de l’approche communautaire pour la conservation de la forêt littorale

Interdits ou « Fady »

ƒ Pêche au filet : L’utilisation de filet est pratiquement interdite pour la communauté issue de Mahabo Mananivo. Le fady venait de l’ordre d’un Roi à l’époque où la croyance était forte. Il considérait que l’apparition des grêles est causée par la pêche au filet, alors il ordonna les populations de ne plus la pratiquer. Cette discipline n’a pas été transgressée avant la mort du roi ; et les successeurs ne devraient pas l’enfreindre. Les récidivistes pourront subir une grande sanction jusqu’à l’abattage d’un zébu et/ou exclusion dans la société en cas de refus.
ƒ Récolte de « Via » : La récolte du fruit de Typhonodorum lindleyanum ou « via » n’est pas du tout interdite mais elle est gérée par un « dina ». L’objectif de ce dina est :
‐ d’une part, en prévision de nourriture pendant la période de soudure ;
‐ d’autre part, les gens de la commune de Mahabo croient que la récolte du via explique le coup de tonnerre et les grêles.
La collecte des graines de « via » a lieu entre Janvier et Avril. La raison est qu’au mois de janvier, le riz de décrû est déjà récolté et c’est à partir du mois d’avril que celle du riz pluvial commence. Le non-respect de ce « dina » fait l’objet d’une sanction d’abattage d’un zébu.
ƒ « Ody havandra » : Le « Ody havandra » est très respecté par toute la population du clan, car ce sont les grêles qui sont le premier ennemi des cultures. Ce rite est fait une fois l’an, souvent au début de la saison de pluie. Le respect dure un mois pour les souverains et les tenants du rite alors qu’il dure seulement une semaine pour la masse populaire. Pendant la période de « fanompoana », il est strictement interdit de picoter toutes feuilles vertes sinon des mauvais sorts s’abattent sur les transgresseurs.

Enquêtes ethnobotaniques

   Cette méthode permet de mettre en évidence la relation entre l’utilisation des plantes par les paysans et leur importance dans la vie quotidienne et économique des villageois. Elles ont pour but de chercher les informations sur la perception paysanne de la forêt, l’utilisation de ressources naturelles de la foret littorale et les principales menaces et pressions sur la forêt pour pouvoir donner de recommandations dans le site à la fin de cette étude. Chaque population avoisinant la forêt littorale a sa manière d’utiliser les espèces forestières. Elles sont classées comme suit : espèces pour la construction de maisons et cases, espèces pour les fabrications de matériels et meubles, espèces pour la clôture de culture : « vala », espèces pour les bois de chauffage, espèces pour le traitement tradi- thérapeutique ou médicinale. Il est important aussi de connaître la fréquence du prélèvement de ces plantes utiles. Ces informations nous permettent d’avoir des idées sur les espèces les plus connues et les plus prisées. Les enquêtes ont été menées de différentes manières. La méthode MARP et les enquêtes semi-ouvertes ont été adoptées. Les enquêtes ont été menées auprès des guides locaux, des populations locales, des responsables locaux. La population locale enquêtée a été choisie de manière à être représentative de tous les rangs sociaux. Les fiches d’enquêtes ont été préalablement établies pour l’orientation et le cadrage des interviews.

Entretien et échange direct

   Il s’agit de dialogue et d’échange d’idées avec les responsables de MBG et le COGE (Comité de Gestion) pour la gestion du projet de conservation sur site, les guides, les responsables sociaux (Mpanjaka, Maire de la commune Mahabo) ; de l’écoute des discussions des gens dans les villages périphériques. Le but est de recueillir des informations concernant leur perception de la biodiversité, de l’approche pour la conservation et des relations ou des conflits entre ces deux aspects et leur propre vie quotidienne. L’objectif est, en effet, de ne pas imposer ou de proposer quoi que ce soit, mais d’écouter et de faire parler les gens afin de creuser un peu plus des pistes de reflexion.

Scolarisation

   Le taux de scolarisation est faible (25 %) avec une déperdition progressive à l’age de 15 ans. L’ensemble des élèves fréquente l’école publique car aucune école privée n’existe dans la commune. L’insuffisance de salles de classe, ainsi que l’insuffisance des instituteurs entraînent la réduction des horaires de cours par classe car un enseignant prend en charge deux classes. En effet, le résultat est mauvais et décourage les parents à envoyer leurs enfants à l’école. Pour y remédier les parents d’élève ont recours au recrutement des suppléants mais le paiement de leurs salaires (par bidon de riz) pose aussi un autre problème. Le taux d’analphabétisation est estimé à 80 %. C’est un taux très élévé. En outre, un organisme non gouvernemental appelé INTER-AID est opérationnel dans la commune dans le domaine de :
ƒ La réparation des écoles en état lamentable
ƒ L’appui aux communautés pour la construction de nouvelles écoles (dotation des matériaux nécessaires pour la nouvelle construction)
ƒ La fourniture d’équipement scolaire (table-banc, tableau noir, …)
Quant aux enseignants, les Ecoles Primaires Publiques de Mahabo ont 22 instituteurs dont 10 fonctionnaires et 12 FRAM (suppléants) contre 5 enseignants pour la Collège d’Enseignement Général.

Table des matières

INTRODUCTION
Première partie : MILIEU D’ETUDE
I – MILIEU D’ETUDE
I.1 Localisation
I.2 Environnement physique
I.2.1 Climat
I.2.2 Hydrographie
I.2.3 Pédologie
I.3 Environnement biologique
I.3.1 Types de végétation
I.3.2 Flore
I.3.3 Faune
I.4 Environnement humain
I.4.1 Population
I.4.2 Principales pratiques traditionnelles
I.4.3 Interdits ou « Fady »
Deuxième partie: MATERIELS ET METHODES
II- MATERIELS ET METHODES
II.1 Recueil bibliographique et webographique
II.2 Collecte et traitement des données
II.2.1 Méthodes d’enquête
II.2.1.1 Enquêtes ethnobotaniques
II.2.1.2 Enquêtes socio- économiques
II.2.1.3 Entretien et échange direct
II.2.2 Etude écologique
II.2.2.1 Placeau de Braun Blanquet
II.2.2.2 Etude de la régénération
II.2.2.3 Description des formations végétales
II.2.2.4 Evaluation de l’abondance numérique des espèces étudiées
II.2.3 Observation directe sur terrain
II.3 Analyses spatio- temporelles
Troisième partie: RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1 Résultats des enquêtes ethnobotaniques
III.1.1 Bois de construction
III.1.2 Bois de chauffe
III.1.3 Plantes medicinales
III.1.4 Vala ou clôture
III.2 Structure socio- économique
III.2.1 Situation administrative et population
III.2.2 Scolarisation
III.2.3 Santé
III.3 Activités socio- économiques
III.3.1 Agriculture
III.3.2 Elevage
III.3.3 Pêche
III.3.4 Artisanats
III.4 Principales infrastructures
III.5 Potentialités écotouristiques
III.5.1 Sites culturels
III.5.2 Ecosystèmes particuliers
III.6 Caractéristiques des habitats et de la flore associée
III.6.1 Formation à Intsia bijuga
III.6.2 Formation à Diospyros ferrea
III.6.3 Formation à Calophyllum verticillatum
III.6.4 Formation à Dalbergia chapelieri
III.7 Régénération naturelle
III.7.1 Régénération forestière naturelle
III.7.2 Régénération spécifique
III.8 Perception paysanne de la conservation de la biodiversité
III.8.1 Dégradation et conservation de la forêt
III.8.2 Appropriation de l’approche pour la gestion de la forêt
III.8.3 Appropriation de Dina
III.9 Pressions et menaces pesant sur la forêt
III.9.1 Coupe et collecte des produits forestiers
III.9.1.1 Collecte de produits forestiers
III.9.1.2 Bois de chauffe et charbon
III.9.2 Tavy
III.9.3 Feu
III.9.4 Chasse
III.9.5 Espèces envahissantes
III.9.6 Réseau des pistes dans la forêt
III.9.7 Pâturage de bovidés
III.10 Mesures d’accompagnement pour la conservation de la forêt de Mahabo
III.10. 1 Reboisement et restauration forestière
III.10. 1.1 Collecte des graines
III.10. 1.2 Pépinière
III.10. 1.3 Plantation
III.10.2 Activités génératrices de revenu
III.10.2.1 Jardin potager (tableau 18)
III.10.2.2 Culture de rente
III.10.2.3 Vannerie
III.10.2.4 Elevage de volaille et porcin
III.10.2.5 Partenariat
III.11 Etats des indicateurs de succès pour la conservation de la forêt d’Agnalazaha
III.11.1 Niveau d’exploitation de la forêt
III.11.1.1 Tavy
III.11.1.2 Vente illicite de bois de construction
III.11.2 Pénétration du feu dans la forêt
III.11.3 Surface forestière
III.11.4 Eulemur albocollaris
III.11.4.1 Son importance
III.11.4.2 Son abondance
III.12 Stratégies pour l’accomplissement des activités visant la conservation de la forêt
III.12.1 Mode de gestion
III.12.1.1 Gouvernance
III.12.1.2 Structure de gestion
III.12.2 Sensibilisation et éducation
III.12.2.1 Information par voie de presse
III.12.2.2 Communication de masse
III.12.2.3 Education des enfants
III.12.3 Pratiques techniques
III.12.3.1 Elimination des plantes envahissantes
III.12.3.2 Pare- feu
III.12.3.3 Reboisement et restauration forestière
III.12.4 Réglementation
III.12.4.1 Application de DINA
III.12.4.2 Application de la législation forestière en vigueur
III.12.5 Suivi et patrouille
III.12.5.1 Contrôle des usages quotidiens de la forêt par la communauté locale
III.12.5.2 Contrôle de vente illicite des produits forestiers
III.12.5.3 Suivi et contrôle des demandes de construction
III.12.6 Assistance de recherche
Quatrième partie: DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
IV.1 DISCUSSIONS
IV.1.1 Problèmes rencontrés
IV.1.1.1 Recherche bibliographique
IV.1.1.2 Sur terrain : problème de gestion de temps
IV.1.2. Discussion méthodologique
IV.1.2.1 Enquêtes socio- économiques et ethnobotaniques
IV.1.2.2 Etude écologique (régénération naturelle et Quadrat Centré en un Point)
IV.1.3 Statut actuel des espèces étudiées selon les critères de l’ IUCN
IV.1.4 Bilan de l’état de la forêt
IV.1.5 Valeur d’usage des espèces étudiées et utilisation pour la communauté locale
IV.1.6 Transfert de gestion
IV.2 RECOMMANDATIONS
IV.2.1. Proposition de plan d’action et cadre logique de gestion et de conservation
IV.2.2. Mesures d’accompagnement pour réduire les pressions
IV.2.2.1 Au niveau social
IV.2.2.2 Au niveau économique
IV.2.2.3 Au niveau de la conservation de la forêt
IV.2.3 Gestion des droits d’usage
IV.2.3.1 Analyse de l’utilisation forestière de la commune de Mahabo Mananivo
IV.2.3.2 Estimation des produits ligneux consommés dans la population locale dans 6 mois (tableau 29)
IV.2.3.3 Consommation de bois de chauffe dans la commune
IV.2.4 Alerte aux feux
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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