Evaluation d’une méthode de lutte: ATSB

Evaluation d’une méthode de lutte: ATSB

Influence de la température sur la durée moyenne de développement de Stomoxys calcitrans de l’oeuf en imago 

Une femelle peut pondre plusieurs centaines d’oeufs au cours de sa vie et dépose les oeufs par grappes, dont la taille varie en fonction de la température. Selon Gilles et al. (2005), le nombre varie de 63 à 20°C jusqu’à 19 oeufs à 30°C. Les femelles pondent préférentiellement dans la matière organique végétale, en décomposition, éventuellement
mélangée à des déjections animales (fumier, herbes ou autres végétaux en décomposition, balles de foin stockées dans les champs…) (Barré, 1981 ; Lysyk, 1993). Les déjections pures d’animaux sont moins attractives (Zumpt, 1973 ; Foil & Hogsette, 1994). Le milieu de ponte doit aussi être friable, poreux, avoir un fort taux d’humidité, et une température comprise entre 15 et 30°C (Hafez & Gamal-Eddin, 1959a).
Le choix des lieux de ponte repose sur des facteurs olfactifs et correspond aux milieux appropriés pour le développement des larves. Les stomoxes sont attirés par le dioxyde de carbone libéré lors de la dégradation microbienne des glucides, lipides, et protéines contenus dans les matières fécales (Vale, 1980; Mihok et al., 1996). Celles des chevaux sont plus attractives que celles des bovins car plus riches en dioxyde de carbone.
L’oeuf (blanchâtre, environ 1 mm de long sur 0.3 mm de large) se développe entre 10 et 40°C. Il éclot pour donner une jeune larve (stade L1) qui va se développer et se transformer (stades L2 et L3), préférentiellement quand la température est comprise entre 19,5 et 33,2°C et l’humidité comprise entre 26% et 40% (Sutherland, 1980). Les larves mesurent entre 4 et 12 mm; elles ont un appareil buccal qui permet de broyer les aliments. Les crochets buccaux (mandibules modifiées) aident à ramper, à creuser, à se cacher. Les larves sont dépourvues d’yeux mais possèdent une paire d’antennes. Le thorax des larves est apode. La présence de 2 plaques stigmatiques sur le dernier segment de l’abdomen permet les échanges gazeux.
Lors de leur croissance, les larves sont fortement attirées par l’odeur des fèces de cheval et de vache et de certains produits comme l’ammoniaque, l’éthylamine, le triméthylamine, l’acétone. A l’approche de la pupaison, elles s’immobilisent sous la matière organique en décomposition, dans le sol humide et se tassent sur elles-mêmes. La pupe est formée par l’exuvie de la L3. Elle a la forme d’un tonnelet dur et résistant qui conserve la segmentation larvaire. Elle contient la nymphe évoluant en imago, qui sort par une ouverture circulaire (espèce cyclorrhaphe). La longueur des pupes de S. calcitrans est d’environ 6 mm, leur couleur variant du blanc crème au marron foncé en fonction de l’âge (Skidmore, 1985; Meyer et al., 1991).
Les nymphes et les adultes de Stomoxys calcitrans ont une durée de vie optimale à des températures comprises entre 20°C et 30°C (Sutherland, 1979). La longévité dépend pour beaucoup des facteurs climatiques (notamment la température, optimale vers 25°C, l’humidité relative, optimale à 50%). Les causes de mortalité sont multiples: les anomalies physiologiques, les agents pathogènes, les prédateurs comme les Acariens du genreMacrocheles, les Staphilinidae ou Hydrophilidae (Coléoptères), les compétiteurs (Coléoptères, Diptères…) ou encore des parasitoïdes de pupes tel que les Hyménoptères du genre Spalangia spp. (Smith et al., 1989 ; Romero et al., 2010 ; Skovgard & Steenberg, 2002).
La diapause hivernale n’est pas réellement observée pour Stomoxys calcitrans. Le cycle se poursuit dans les étables, mais de façon ralentie, et tous les stades de développement semblent passer l’hiver. La survie de S. calcitrans à l’hiver est permise par un allongement du cycle au niveau de tous les stades. Aux températures basses, proches du gel, le développement des larves peut prendre de 90 à 120 jours au lieu de 10 à 20 jours à des températures moyennes.

Activité trophique

Les stomoxes repèrent leurs hôtes grâce à un thermotropisme et des sens visuel et olfactif développés. Le sens olfactif est précis grâce à des chémorécepteurs de contact (Leclercq, 1971). Les préférences trophiques de S. calcitrans sont, par ordre décroissant d’intérêt, les ânes, les chevaux, les buffles, les vaches, les chameaux, les moutons et les chèvres (Hafez & Gamal-Eddin, 1959). Leur choix se base sur la couleur, l’épaisseur du
pelage, la température cutanée, la taille, les mouvements et des odeurs (transpiration, O2, odeurs particulières liées à la rumination: acétone, 1-octen-3-ol, 3-méthylphénol et différents alcools) (Warnes & Finlayson, 1985; 1986; Holloway & Phelps, 1991; Schofield et al., 1997). Jeanbourquin et Guerin (2007) ont étudié en laboratoire le comportement de Stomoxys calcitrans par rapport au contenu ruminal. Les récepteurs situés au niveau des antennes ont révélé, grâce à un électro-antennogramme associé à une chromatographie gazeuse, une sensibilité à 30 constituants mais avec une très forte affinité pour le diméthyl trisulphide. De la même façon, Schofield et al. (1995) avaient trouvé une affinité pour le 1-octen-3-ol et le 3- méthylphénol. Jeanbourquin et Guerin (2007) ont également trouvés une attraction, grâce à une expérience dans un tunnel de vol, de 3 agents volatils issus de la rumination: l’acide butanoique, le 3-méthylphénol et le diméthyl trisulphide.
Chez les bovins et les chevaux, les stomoxes se nourrissent préférentiellement sur la partie inférieure des membres et en particulier sur les membres antérieurs (fig. 8). En effet, à cet endroit, le pelage est plus fin, les vaisseaux sanguins sont plus proches de la surface de la peau. Les réactions de défense des animaux (mouvements de queue, frémissements de la peau par action des muscles peauciers, mouvements de tête et des oreilles) chassent les stomoxes des autres parties du corps. Quand le nombre de mouches augmente, les sites de piqûre sont plus étendus, les mouches attaquent alors par ordre de préférence le fanon, la partie supérieure des membres, les flancs, le ventre et enfin la partie postérieure de l’animal (Kunz et al., 1976 ; Hafez et al., 1959 ; Lysyk, 1995).

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INTRODUCTION  
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE 
1. Systématique  
2. Répartition mondiale 
3. Morphologie 
4. Cycle biologique 
5. Activité trophique 
6. Dynamique des populations  
7. Nuisances  
8. Moyens de lutte 
MATERIELS & METHODES  
1. Première partie: comparaison de quatre systèmes de piégeage de Stomoxys calcitrans 
1. 1. Sites de capture
1. 2. Types de pièges utilisés (fig. 14)
1. 3. Protocole expérimental
2. Deuxième partie: évaluation d’une méthode de lutte: ATSB (Attractive Toxic Sugar Bait) sur Stomoxys calcitrans  
2. 1. Efficacité des produits en laboratoire
2. 2. Les sites du dispositif de contrôle des stomoxes sur le terrain
2. 3. Le dispositif ATSB
RESULTATS
1. Comparaison de l’efficacité et de la spécificité de 4 pièges sur Stomoxys calcitrans 
2. Etude de l’efficacité de la méthode ATSB (Attractive Toxic Sugar Bait) sur Stomoxys calcitrans 
2.1. Tests en laboratoire
2.2. Sur le terrain
DISCUSSION  
1. Comparaison des 4 systèmes de piégeage  
2. ATSB: une nouvelle méthode de lutte contre les stomoxes 
CONCLUSION  
BIBLIOGRAPHIE

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