Connaissance sur la biosécurité et de la biosûreté
Les différents secteurs avaient une idée différente sur la connaissance de la biosécurité, ainsi : La quasi-totalité des enquêtés dans les différents secteurs : humain 95,65%, animal 85,71%, et agricole 83,33% avait au moins une fois entendu parlé de la biosécurité et de la biosûreté. En effet la biosécurité et surtout la biosûreté sont devenues des sujets d’actualités depuis les attaques biologiques dirigées contre la population américaine en septembre et en octobre 2001 [17]. La majeur partie des enquêtés dans le secteur humain (56,52%) et le secteur animal (64,28%) avait une connaissance sur l’existence de texte et de loi sur la biosécurité et biosûreté ; alors que pour le secteur agricole il s’agissait de 16,67 %. En effet le Sénégal n’a pas de système global, intégré de gestion de la biosûreté et de la biosécurité. La législation existe que pour la sûreté biologique à travers l’Autorité Nationale de Biosécurité par la Loi 2009-27 [4]. Cet absence de texte et de loi bien défini pourrait expliquer la méconnaissance sur les textes et loi de certains enquêtés. En fonction du secteur d’activité, les réponses sur le domaine d’application de la biosécurité et de la biosûreté étaient diverses dans tous les domaines (52,17%) suivi dans les laboratoires (26,08%), dans l’agro-alimentaire (50%).Cette diversité de réponse pourrait s’expliquer par le secteur d’activités des enquêtés pensant que la biosécurité et la biosûreté ne s’applique qu’à leur niveau. Il y avait un lien statistiquement significatif entre le niveau de connaissance et l’existence d’un contrôle interne des normes de biosécurité dans la structure (p=0,0004 OR=2,79[0,79-9,76]). En effet la plupart des enquêtés du secteur humain (69,56%) connaissait l’existence d’un contrôle interne des normes de biosécurité, au contraire des deux autres secteurs qui ne connaissaient pas : animal (78,57%), agricole (83,33%). Cependant il n’y avait pas de différence statistiquement significative (p>0,05) entre les connaissances et :
le fait d’avoir entendu parler de la biosécurité et de la biosûreté
l’existence de texte et de loi sur la biosécurité et biosûreté
la formation sur la biosécurité et la biosûreté
l’existence d’un comité de veille et d’alerte pour la biosécurité et la biosûreté
Dans notre étude la durée de formation moyenne des enquêtés était de 16,67 ± 22,20 jours [1-90 jours] sur la biosécurité et la biosûreté. Une formation continue en cours d’emploi est indispensable pour maintenir la sensibilisation aux questions de sécurité parmi le personnel de laboratoire et le personnel de maintenance ou d’entretien. L’efficacité de cette formation, comme d’ailleurs de toute formation en santé et sécurité au travail, dépend d’un certain nombre de facteurs : engagement de la Direction, motivations des uns et des autres, bonne formation professionnelle initiale, bonne communication interpersonnelle et en fin de compte, buts et objectifs de l’établissement [18].
Pratique : Analyse de risque structurelle et fonctionnelle de biosécurité et de biosûreté
D’importants progrès ont été réalisés depuis un demi-siècle en matière de prévention de la Santé et la Sécurité au Travail (SST), mais ce n’est que depuis une dizaine d’années que l’attention des pouvoirs publics, des partenaires sociaux et des organismes de prévention et de santé au travail s’est particulièrement attachée à la notion de prévention des risques professionnels dans les entreprises privées et les établissements publics [20] . Au Sénégal, la situation est préoccupante du fait des conditions de travail très précaires, du non-respect ou de l’ignorance des règles élémentaires d’hygiène, de la manipulation et de l’utilisation de substances et de produits dangereux par des travailleurs méconnaissant souvent leur caractère nocif [20]. Dans notre étude plus de la moitié des locaux étaient conformes à la réglementation nationale et locale en matière de travaux publics (65,11%). Les locaux étaient généralement en bon ordre et non encombrés (86,95%), propres (93,02%), les sols et les marches d’escaliers réguliers (55,81%), l’espace suffisant pour pouvoir travailler sans danger (88,37%), les couloirs assez larges pour le passage du personnel et des gros appareils (95,34%). Dans tous les secteurs il y avait un programme convenable d’inspection et de maintenance pour les fusibles, les lampes, les canalisations. Le délai de réparation était convenable dans 88,37 % des secteurs. La présence d’un service interne de maintenance pourrait expliquer ces résultats. En effet il y avait un lien statistiquement significatif entre présence d’un service technique interne chargé de la maintenance avec des ingénieurs et des ouvriers compétents ayant une certaine connaissance des travaux qui sont effectués était statiquement liés aux risques structurels et fonctionnels (p=0,002 OR et son IC non défini) au niveau de secteur humain. La biosûreté des locaux dans le secteur humain était statistiquement liés : à la présence d’un système d’alarme incendie (p=0,006 OR=33[1,44-19,67), à la présence de détecteurs d’incendie (p=0,001 OR= 8,81[1,99-38,95]), à la présence de panneaux lumineux adéquats indiquant les sorties. En effet ,il a été noté que plus de la moitié (65,11%) des structures ont procédé à une analyse qualitative des risques pouvant peser sur le local afin de déterminer contre quels risques le local doit être protégé ; et la définition des risques acceptables et des paramètres pour la planification de la réponse aux incidents a été faite par tous les secteurs (69,76%). La majeure partie des structures disposait de conteneurs spéciaux pour les objets tranchants ou pointus et le verre cassé (74,41%). Cependant, les aires d’entreposage étaient encombrées de débris, d’objets inutiles et inutilisables (72,09%). Les causes notées étaient : « il n’existe pas d’endroit dédié », « pas assez d’espace ». En plus la quasi-totalité des secteurs, les congélateurs et les aires d’entreposage pouvaient être fermés à clef (81,39%). Ce qui explique que les normes de biosûreté au niveau de l’entreposage et de la maintenance étaient statiquement liées :
-à la présence de conteneurs spéciaux pour les objets tranchants ou pointus (p=0,0003 OR=22[2,46-196])
-à la présence de conteneurs de sécurité pour le verre cassé (p=0,0003 OR= 12,38[2,70-56 ,73])
En effet en s’appuyant sur les informations recueillies lors de l’évaluation du risque, il est possible de déterminer quel est le niveau de sécurité requis pour les travaux envisagés, de choisir les équipements de protection individuelle et d’établir des modes opératoires normalisés (MON) comportant d’autres mesures de sécurité élaborées en vue d’assurer un maximum de sécurité pendant les travaux [18] Les mesures de sécurité doivent toujours faire partie intégrante de l’initiation des nouveaux membres du personnel au fonctionnement du laboratoire. Il faut familiariser les nouveaux employés avec les dispositions du code de bonnes pratiques et leur indiquer les directives locales et notamment leur présenter le manuel de laboratoire ou le guide d’hygiène et sécurité [18].
RECOMMANDATIONS
♣ Au niveau des autorités gouvernementales : Un certain nombre de recommandations pourraient être faites au niveau des autorités gouvernementales afin de mieux gérer la biosécurité et la biosûreté au niveau des établissements
Les mesures prioritaires recommandées :
♣ Elaborer des textes réglementaires pour harmoniser le cadre institutionnel de bio sûreté et biosécurité ;
♣ Elaborer des normes et directives pour renforcer les capacités nationales dans la sécurité et la biosûreté ;
♣ Actualiser et renforcer le cadre juridique et institutionnel
♣ Mettre en place des cursus de formation commun en biosécurité et biosûreté ;
♣ Renforcer les capacités en logistique et en formation continue du personnel des laboratoires
♣ Procéder à l’évaluation multisectorielle des différents laboratoires du territoire.
♣ Élaborer des procédures opérationnelles standards multisectorielles permettant le partage d’informations entre les différents secteurs.
♣ Mettre en place un système de notification et interconnecté entre la santé humaine et la santé animale concernant les maladies prioritaires communes (zoonoses).
Au niveau des laboratoires : Pour maitriser les risques au laboratoire, il faut d’abord identifier les situations dangereuses ensuite les estimer et enfin les classer par priorité pour mieux les gérer Les mesures prioritaires recommandées :
♣ Elaborer une politique adaptée de formation continue, de motivation et de suivi permettant le développement du personnel qualifié en biosécurité et biosûreté
♣ Etablir un plan de formation continue et de mise à niveau des équipes, et des différents intervenants des capacités en communications sur les risques en biosécurité et biosûreté
♣ Procéder à une analyse continue qualitative des risques pouvant pesés sur le laboratoire afin de déterminer contre quels risques le laboratoire doit être protégé.
♣ Définir les risques acceptables et les paramètres pour la planification de la réponse aux incidents.
♣ Etablir un système de fermeture des bâtiments à clef lorsqu’il n’y a personne.
♣ Utiliser les portes et les fenêtres construites pour résister à une effraction.
♣ Sécuriser à clef les pièces contenant des matériels dangereux lorsqu’il n’y a personne.
♣ Réglementer et enregistrer l’accès à ces pièces, appareils et matériels est-il.
♣ Etablir un système d’inspection interne (audit) en santé et sécurité régulier
♣ Elaborer et mettre en œuvre un programme de surveillance régulière qui permet d’assurer le fonctionnement adéquat des instruments, du matériel, des réactifs et des systèmes analytiques du laboratoire
CONCLUSION
Cette étude a permis de mettre en exergue les insuffisances sur la connaissance, les aptitudes et la pratique sur la biosécurité et la biosûreté. Trois secteurs ont été enquêtés : le secteur humain (53%), le secteur animal (33%) et le secteur agricole (14%). Plusieurs profils ont été enregistrés allant des techniciens supérieurs de biologie (11,62 %) aux étudiants-internes (11,62 %), des vétérinaires (4,65 %), des ingénieurs agronomes (2,32%). Quand bien même, la quasi-totalité des enquêtés dans les différents secteurs avait au moins une fois entendu parlés de la biosécurité et de la biosûreté : secteur humain (95,65%), animal (85,71%), et agricole (83,33%), la connaissance sur l’existence des textes de lois sur la biosécurité est faible (53,48%). En effet, au Sénégal la législation existe que pour la sûreté biologique à travers l’Autorité Nationale de Biosécurité par la Loi 2009-27. Dans notre étude, l’absence de « formation continue et la sensibilisation du personnel» (83,72%) était le principal frein à l’application des normes de biosécurité et de biosûreté. Plus de la moitié des locaux étaient conformes à la réglementation nationale et locale en matière de travaux publics (65,11%) dans notre étude. Cependant il existait beaucoup de manquements comme : les sols et les marches d’escaliers étaient irréguliers dans certains endroits (55,81%), l’absence de service informatique de surveillance d’accès des locaux (41,86%), pas de portes coupe-feu (27,90%) , pas de de détecteurs d’incendie (39,53%) , l’accès des sorties de secours peu visible (55,81%) , aires d’entreposage sont-elles encombrées de débris, d’objets inutiles et inutilisables (27,90%), mise en place insuffisantes d’affiches judicieusement placées qui indiquent où se trouvent les postes de premiers secours (46,51%). Cette étude offre une opportunité de faire un audit interne des manquements au niveau des structures de 3 secteurs (humain, agricole et animal) interconnectés par une potentielle menace commune, mais surtout de l’urgence de la mise à niveau de ces structures et de leurs personnels d’après le programme régional de biosécurité de l’UEMOA.
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Table des matières
I. PROBLEMATIQUE, CONTEXTE et JUSTIFICATIFS
A. Problématique
B. Contexte et justification
II. MODELE THEORIQUE ET CADRE CONCEPTUEL
III. OBJECTIFS
A. Objectif général
B. Objectifs spécifiques
IV. CADRE D’ETUDE
V. METHODOLOGIE
A. Type et période d’étude
B. Population d’étude
C. Echantillonnage
D. Méthode
E. Analyse
VI. RESULTATS
VII. LIMITES DE L’ETUDE
VIII. DISCUSSION
IX. RECOMMANDATIONS
X. CONCLUSION
XI. REFERENCES
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