La forêt du bassin du Congo est le 2éme bloc forestier tropical le plus grand du monde. D’après Bawa et al. (2004),65% des 10000 espèces classées en danger de disparition au niveau. mondial se trouvent dans les écosystèmes tropicaux. La progression de l’exploitation forestière industrielle des zones côtières vers l’intérieur des terres, a entrainé une augmentation des menaces sur la forêt et sa faune (CARPE, 2005; FAO, 2011). Pour cette raison, et dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques. ainsi que la destruction de la couche d’ozone, la conservation de ce bloc forestier est primordiale. C’est seulement dans les années 1980, que la conservation et la protection de la forêt ont sérieusement débuté (CARPE, 2005; FAO, 2011). De larges parties de forêt tropicale ont déjà été vidées de toutes leurs faunes (Redford, 1992 ; Peres, 2001 ; Maisels, 2007; Abernethy et Ndong Obiang, 2009). Les principales causes de cette déplétion dans le bassin du Congo sont: la chasse commerciale (Oates, 1999; Ammann, 2001; Wilkie & Carpenter, 1999; Wilkie, 2001), la chasse villageoise de subsistance (Muchaal et Ngandjui, 1999) et la dégradation du couvert végétal à travers l’exploitation du bois, des minerais et les activités villageoises (Abernethy et Ndong Obiang, 2009). L’importance relative de ces causes varie d’un pays à l’autre, en fonction notamment de la densité de populations et des pratiques des activités extractives de ressources naturelles. Toutefois, la chasse commerciale tend à être considérée de manière générale comme la principale cause de disparition de la faune sauvage. La chasse commerciale et le braconnage sont facilités par l’ouverture des routes qui accompagne l’exploitation forestière et minière (Mathot, 2003 ; Latour, 2004, Asseng Zé, 2008). Par contre, la dégradation des écosystèmes est due aux activités extractives de ces exploitations (Robinson et al., 2000; Wilkie et Auzel, 2000; Auzel, 2001; Thibault & Blaney, 2003). Toutes ces activités sont des causes de réduction des ressources forestières nécessaires à la survie des populations animales et humaines (CARPE, 2005). Plusieurs programmes de protection et de préservation de la faune ont alors été mis en place sur tous les continents, en particulier dans les pays d’Afrique Centrale, et surtout les zones où généralement le mal a déjà été fait (Redford, 1992 ; Laurance et al., 2000 ; Owen-Smith, 2000; Peres, 2001 ; Maisels, 2007 ; Abernethy et Ndong Obiang, 2009 ). Il faut ajouter aussi les décisions qui ont été prises par les politiques afin de préserver une partie de la biodiversité (WHC, 1986 ; ACCNNR, 1988 ; CITES, 1989 ; CBD, 1997 ; Traité COMIFAC, 2005 ; CMS, 2008) les Sites Patrimoines Mondiaux, les Parcs Nationaux, et les Sites MAB UNESCO. Au Gabon, en 2002, le défunt président de la République du Gabon avait créé 13 parcs nationaux (Manfoumbi Kombila, 2010), permettant ainsi la préservation de 11 % du territoire gabonais. La plupart des actes posés et des études réalisées ont été menés dans le cadre des concessions forestières, des parcs nationaux, des réserves et autres aires protégées (Johns, 1986, 1988 ; Johns et Skorupa, 1987 ; White, 1992 ; Plumptre et Reynolds, 1994 ; Rao et Van Schaik, 1997; Brugière, 1998 ; Laidlaw, 2000 ; Wilkie et aL, 2000, Forest Monitor, 2001 ; Robertson et Van Schaik, 2001 ; Knop et aL, 2004). Or la biodiversité ne se trouve pas seulement dans ces sites. Il existe des sites non protégés sur lesquels nous avons peu ou pas d’informations, mais dont la préservation et la protection pourraient s’avérer nécessaire pour les raisons suivantes: la position géographique, climatique et physique du lieu qui peut être stratégique pour l’écologie d’une ou de plusieurs espèces (exemple; des corridors), la richesse faunique ou f10ristique du site avec des espèces endémiques, ou encore pour les deux raisons à la fois. Dans ce dernier cas de figure, nous pouvons citer le bloc forestier Belinga-Djoua-Zadié (BDZ), il est situé dans le Massif forestier Djoua-Zadié-Mwagna (DZM) dans le nord-est du Gabon (figure 1, Page18). En 1983, Tutin et Fernandez ont effectué le seul recensement des grands singes [chimpanzés (Pan troglodytes troglodytes) et gorilles (Gorilla gorilla gorilla)] (Photo 2) dans ce bloc. Et durant l’atelier de Brazzaville, en 2005, ce site a été reconnu et classé comme «aire prioritaire importante» dans le cadre de la conservation des grands singes (Tutin et aL, 2005). Les données de l’inventaire réalisé en 1983 par Tutin et Fernandez, appuyées par les résultats des missions de prospection de WWF ont montré que (a priori) les populations ont survécu à l’épidémie du virus d’Ebola. La zone est donc intéressante pour la conservation des grands singes. Les résultats des travaux de l’atelier ont défini une liste d’activités nécessaires et urgentes à entreprendre dans ce site. Cela représente une stratégie de conservation pour l’avenir immédiat et le suivi des populations des grands singes de cette région. D’un autre côté, c’est durant les années 80-90 que se sont faites à travers le projet MIKE (Monitoring the Illegal Killing of Elephants), les études sur la présence et l’abondance des éléphants (Loxodonta africana cyclotis) (Photo 3) dans ce même site (Wilks, 1990, Barnes et Jensen 1987, Barnes et aL, 1991).
Géographie physique
Le Gabon est un des six (06) pays d’Afrique Centrale. Situé à cheval sur l’équateur (Latitude 3° N – 3° S, Longitude 8° E – 15° E), frontalier au nord à la Guinée Equatoriale et au Cameroun, à l’Est à la République du Congo. Il possède 885 km de côtes bordant l’Océan Atlantique à l’Ouest. Le Gabon possède une superficie de 266667 km2. Sur le plan physique, il est subdivisé en trois sous ensembles géographiques: les basses terres côtières à l’ouest, les montagnes culminantes entre 800 et .1600 m d’altitude, et les plateaux à l’intérieur. La forêt occupe près de 75% du territoire gabonais. Au nord-est du pays, des marais et marécages longent, le long des rivières (Ayina et Djoua par exemple) et des fleuves (Ivindo et Ntem) qui drainent le plateau cristallin. Cette région correspond à une vaste pénéplaine marécageuse d’environ 10 000 km2 , située entre 500 et 600 m d’altitude. Le massif forestier de la Djoua-zadié-Mwagna (DZM) (figure 1, Page18) est situé au nord-est du Gabon dans la province de l’Ogooué Ivindo, frontalier au Congo dans sa partie est et nord. Il est compris entre le 1°05′- 1°22′ N et le 130 18′- 14°00 E (Wilks, 1990).
Climat
Le climat est de type équatorial pur avec deux saisons sèches qui vont de décembre à février et de fin juin à début septembre intercalées par deux saisons des pluies. La température moyenne est comprise entre 23° et 24°C avec une pluviométrie moyenne comprise entre 1600 et 1800 mm/an (Okouyi, 2006).
Géologie et pédologie
Les formations géologiques du milieu présentent une surface précambrienne avec des intrusions de quartzites. Les sols sont surtout ferralitiques sur les plateaux et hydromorphes dans les vallées (Owono Philbert, 1999).
Relief et hydrographie
Le bloc forestier BOZ est composé de trois types de reliefs que sont une zone de forêt montagneuse, une forêt de terre ferme et une forêt marécageuse. La forêt montagneuse qui est sur la chaTne montagneuse du mont Belinga est située le long de la rivière lvindo, entre le bloc forestier de Minkébé et celui de BDZ. La forêt de terre ferme est située autour de la rivière Zadié et la forêt marécageuse est le long de la rivière Djoua. Sur le plan hydrographique, le site BOZ est baigné par de nombreux cours d’eau (rivières) dont les plus importants sont (sans ordre de grandeur): Zadié, Nouna, Djoua, Sine, Mimbou-Mimbou et Nabibil qui se jettent dans la rivière Ivindo.
Phytocénose
La forêt dense humide guinéo-congolaise décrite par Letouzey (1968) ; Forni (1997) et Sonké (1998) est décrite par White (1983) ; De Namur (1990) et Doucet (200:3) comme une forêt semi-sempervirente. Le bloc forestier BOZ est recouvert selon De Namur (1990) de deux types de forêts que sont la forêt dense humide semisempervirente et la forêt sempervirente de transition vers un type semisempervirente. Dans ce bloc, il existe plusieurs zones de forêts secondaires. Ces forêts sont la conséquence de la présence dans cet espace d’anciens villages .
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Table des matières
INTRODUCTION
1. Contexte et justification
2. Objectifs de l’étude
CHAPITRE 1 PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
1.1. Géographie physique
1.1.1. Climat
1.1.2. Géologie et pédologie
1.1.3. Relief et hydrographie
1. 1.4. Phytocénose
1.1.5. Zoocénose
1.1.5.1. Diversité
1.1.5.2. Menaces rencontrées par la faune
1.2. Situation démographique
1.3. Cadre politique et économique
1.4. Présentation des différentes études d’inventaires et prospections réalisées dans le bloc forestier Belinga-Djoua- Zadié
CHAPITRE Il METHODOLOGIE
Il.1. Méthode d’inventaire
11.2. Les méthodes d’estimation des densités
Il.2.1 Méthode par Indice Kilométrique d’Abondance (lKA)
Il.3. Collecte des données
Il.3.1. Protocole de collecte de donnée
1.3.2. Stratification du bloc forestier BOZ
liA. Analyses statistiques des résultats
CHAPITRE III RESULTATS
111.1. Prospection réalisée dans le nord-est du bloc BOZ
111.1.1. Efforts de terrain
111.1.2. Indices trouvés
111.2. Distribution générale des trois espèces dans le bloc forestier 80Z
111.3. Présentation des résultats selon une stratification du bloc forestier 80Z
IliA. Présentation des résultats en fonctions de l’influence de la proximité des villages
111.5. Comparaison des résultats avec d’autres études
111.5. 1. Pour les grand singes
111.5.2. Pour les éléphants
111.6. Proposition du plan d’échantillonnage pour l’inventaire pédestre
CHAPITRE IV DISCUSSION & RECOMMANDATIONS
IV.1. Indices trouvés durant la prospection dans le nord-est du bloc 80Z
IV.2. Distribution des trois espèces dans le bloc forestier de la 8elinga-Ojoua-Zadié
IV.3. Influence de la proximité des villages
IVA. Comparaison des IKA trouvés avec d’autres études
IV.4.1. Grands singes
IV.4.2. Eléphants
IV.5. Stratification du bloc forestier 80Z
IV.6. Proposition du plan d’échantillonnage pour l’inventaire pédestre
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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