EVALUATION DU RETENTISSEMENT PSYCHOLOGIQUE

EVALUATION DU RETENTISSEMENT PSYCHOLOGIQUE

Recueil des données

Nous avons analysé pour chaque dossier : les données fournies par l’accueil et l’entretien semi-directif avec l’IDE, le certificat médical du médecin légiste, la consultation avec la psychologue (si elle avait eu lieu) ainsi que les données fournies par l’entretien téléphonique de synthèse réalisé à distance par l’IDE.

 Accueil IDE

Nous avons recueilli, à partir des entretiens IDE, les éléments suivants (la trame du questionnaire est présentée en annexe 8) :
 données administratives : âge, sexe, coordonnées, profession, logement, mesure de protection juridique (tutelle ou curatelle) ;
 données familiales : statut marital, enfants (en commun ou issus d’une autre union) ;
 antécédents traumatiques (maltraitance, agression sexuelle, antécédent de violences conjugales) ;
 circonstances de l’agression motivant le dépôt de plainte : date, auteur, mode d’agression (ponctuel ou chronique), type(s) de violence(s) conjugale(s) (verbal/psychologique, physique, sexuel, économique), existence ou non d’une plainte antérieure.

Examen médico-légal

L’examen médico-légal était réalisé par un médecin légiste de l’UMJ sur réquisition judiciaire. Ont été analysés dans le certificat médico-légal :
 l’examen tégumentaire et l’examen clinique permettant d’évaluer le retentissement fonctionnel d’éventuelles lésions ;
 l’évaluation du retentissement psychologique ;
 la conclusion fixant la durée d’ITT, et la mention par le médecin légiste de la nécessité éventuelle d’une expertise psychiatrique ultérieure, permettant notamment l’évaluation d’un état de stress post-traumatique.

Evaluation du retentissement psychologique

Suite à leur examen, et dans les cas où les symptômes cliniques le justifiaient, les victimes étaient orientées par le médecin légiste vers la psychologue de l’UMJ. Pour celles qui avaient accepté cette consultation, nous avons recueilli les données suivantes :
 évaluation du retentissement psychologique,
 présence ou non de symptômes appartenant à l’état de stress aigu.
L’évaluation d’un état de stress post-traumatique n’était pas réalisable, étant donné que la consultation psychologique avait eu lieu moins de 30 jours suivant les faits de violence concernés par la plainte.

Entretien semi-directif réalisé par l’IDE

L’IDE réalisait un entretien semi-directif avec la victime permettant d’analyser les données suivantes :
 capacité de la femme à s’identifier comme victime de violences conjugales, évaluée de façon subjective et binaire (« vous reconnaissez-vous dans le cycle des violences conjugales que je viens de vous décrire ? ») ;
 préciser si les enfants étaient témoins ou victimes collatérales (la violence conjugale pouvant être le point de départ d’une maltraitance infantile quand l’adulte s’en prend directement au mineur d’âge, que ce soit par l’agression physique et/ou psychologique [34] ) des violences conjugales (informations rapportées par la victime) ;
 autonomie financière de la victime (définie par le versement d’allocations ou d’un salaire et de l’accès aux ressources financières) ;
 isolement familial et/ou social (défini de façon subjective par la victime) ;
 présence de professionnels à qui la victime avait déjà fait appel dans le cadre des violences conjugales ;
 orientations proposées par l’IDE:
 professionnels directement accessibles à l’UMJ : assistante sociale, ADAVEM.
 professionnels accessibles en dehors de l’UMJ :
o associations : SOS Femmes, CIDFF…
o professionnels de la santé : médecin généraliste, CMP/psychiatre, psychologue…
o professionnels de la justice : avocat, juriste…
Afin de comprendre les démarches entreprises par ces femmes, il nous paraît important de présenter les différentes offres associatives locales et les missions des principaux acteurs qui seront évoquées par la suite. Pour ne pas surcharger la présentation ces informations se trouvent dans les annexes suivantes :
 annexe 4 : CIDFF ;
 annexe 5 : SOS Femmes Angers ;
 annexe 6 : ADAVEM 49 ;
 annexe 7 : aides au logement et rôle de l’assistante sociale.

Entretien téléphonique de synthèse

Lorsque les victimes répondaient à l’appel, l’IDE retranscrivait dans chaque dossier les données recueillies. L’entretien téléphonique était semi-directif.
Pour chaque entretien téléphonique de synthèse, nous avons étudié :
 le temps écoulé depuis la prise en charge initiale et le nombre d’appel(s) nécessaire(s) avant d’obtenir une réponse ;
 l’existence ou non de récidive(s) de violences conjugales ;
 l’existence ou non d’une séparation depuis le dépôt de plainte. Si une séparation avait eu lieu, les démarches entreprises étaient décrites (divorce, déménagement…) ;
 les professionnels (sanitaires, sociaux, judiciaires, associatifs) à qui la victime avait fait appel depuis sa prise en charge à l’UMJ ;
 la situation professionnelle actuelle de la victime.

Analyse statistique

Les données étaient exprimées en nombres, pourcentages et moyennes avec écarts-types.
Les réponses ont été étudiées selon une analyse de contenu, transversale, afin de permettre une meilleure lisibilité des résultats. Les pourcentages ont été calculés par rapport aux femmes répondantes à chaque question et non aux répondantes à l’étude, certains axes d’investigation ne concernant pas la totalité des participantes.

RESULTATS

L’analyse a porté sur 84 femmes qui ont bénéficié d’une prise en charge complète à l’UMJ du service de médecine légale du CHU d’Angers, à savoir :
 l’accueil et l’entretien semi-directif avec l’IDE,
 l’examen médico-légal,
 l’évaluation du retentissement psychologique par la psychologue (si elle avait eu lieu),
 l’entretien téléphonique de synthèse.

Accueil IDE

L’âge moyen des victimes était de 36 ans (±10).
Deux tiers des femmes de notre population (66 %) avaient entre 30 et 49 ans. La répartition exacte des femmes en fonction de leurs âges est détaillée dans la figure 2.
Il s’agissait dans tous les cas de violences récidivantes, dont l’ancienneté était variable, allant de 1 à 300 mois pour une moyenne de 68 mois (±73).
Ces violences étaient uniquement de type physique dans 3,5 % des cas (3, n=84), uniquement de type psychologique/verbale dans 9,5 % des cas (8, n=84), et associées dans 87 % des cas (73, n=84). Les violences conjugales d’ordre sexuel ne concernaient que 8 % des femmes (7, n=84) et étaient toujours associées aux autres types de violences conjugales (violences physiques et/ou psychologiques/verbales).
Dans 86 % des cas (72, n=84) l’auteur des violences conjugales était le conjoint actuel, et dans 14 % des cas (12, n=84) un ex-conjoint.
Il s’agissait pour 71 % d’entre elles (56, n=79) d’un premier dépôt de plainte. Dans 29 % des cas (23, n=79) les victimes avaient déjà porté plainte au moins une fois pour des faits de violences concernant le même partenaire ou ex-partenaire intime.
Soixante-quinze pour cent des femmes (63, n=84) déclaraient une vie commune avec l’auteur au moment des faits. Dans 37 % des cas (29, n=79), le bail du logement était au nom de la victime, dans 52 % des cas (41, n=79) il était aux deux noms et dans 11 % des cas (9, n=79) la victime vivait chez l’agresseur.
Au moment de la plainte, le statut matrimonial des victimes se répartissait de la façon suivante :
 39 % (33, n=84) vivaient en concubinage,
 37 % (31, n=84) étaient mariées,
 13 % (11, n=84) étaient séparées ou divorcées,
 7 % (6, n=84) vivaient en union libre,
 4 % (3, n=84) étaient pacsées.
Dans 65,5 % des cas (55, n=84) les femmes déclaraient avoir un ou des enfants en commun avec l’auteur, dans 20,25 % des cas (17, n=84) ils étaient issus d’une autre union. Il n’y avait pas d’enfant dans le foyer dans 14,25 % des cas (12, n=84).
Dans 88 % des cas (60, n=68) les enfants étaient témoins de ces violences, et victimes collatérales (victimes d’agressions physiques et/ou psychologiques) dans 19 % des cas (13, n=68). A noter que ces notions ont évolué et que l’on tend désormais à considérer les enfants témoins de violences conjugales comme des victimes à part entière, ne serait-ce que pour la violence psychologique engendrée par de tels actes. Parmi ces femmes, cinq pour cent (4, n=84) étaient enceintes au moment des faits.
Soixante-trois pour cent des femmes (53, n=84) avaient un emploi, dont 9 % (5, n=53) avaient une activité commune avec l’auteur, 14 % (12, n=84) étaient au chômage et 23 % (19, n=84) étaient inactives (retraitées, femmes au foyer, étudiantes).
Parmi ces femmes, 12 % (10, n=84) déclaraient avoir été victimes de maltraitance pendant leur enfance, et 11 % (9, n=84) de viol ou d’agression sexuelle au cours de leur vie. Dix-huit pour cent (15, n=84) déclaraient avoir déjà été victimes de violences conjugales de la part d’un autre conjoint, parmi elles, 27 % (4, n=15) déclaraient également avoir été victimes de maltaitance infantile et/ou d’agression sexuelle. Au total, tous types de violences confondues (maltraitance, agression sexuelle/viol et violences conjugales) les victimes étaient 29 % (24, n=84) à avoir évoqué des antécédents de violences subies par elles-mêmes.
A noter que 4 % (3, n=84) des victimes étaient des majeures protégées (tutelle ou curatelle) et 4 % (3, n=84) étaient en situation irrégulière (« sans-papiers »).

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Table des matières

LISTE DES ABRÉVIATIONS
INTRODUCTION
MATERIEL ET METHODE
1. MATERIEL-POPULATION
2. METHODE
RESULTATS
1. ACCUEIL IDE
2. EXAMEN MEDICO-LEGAL
3. EVALUATION DU RETENTISSEMENT PSYCHOLOGIQUE
4. ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF REALISE PAR L’IDE
5. ENTRETIEN TELEPHONIQUE DE SYNTHESE
DISCUSSION
1. DONNEES DE LA LITTERATURE
2. LIMITES DE NOTRE ETUDE
3. DEMARCHES ENTREPRISES PAR LES VICTIMES AVANT LA PRISE EN CHARGE A L’UMJ
4. ORIENTATIONS PROPOSEES PAR LES IDE LORS DE LA PRISE EN CHARGE A L’UMJ
5. DEMARCHES EFFECTUEES PAR LES VICTIMES A L’ISSUE DE LA PRISE EN CHARGE A L’UMJ
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
TABLE DES MATIERES
ANNEXES

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