Evaluation du prix de l’eau utilisée en riziculture irriguée

Le bien-être de la société humaine dépendait, dépend et dépendra toujours des biens et services fournis par la nature. Ces biens et services dites environnementaux sont fournis gratuitement à l’homme pour qu’il en fasse usage. Il s’agit en fait des biens publics qui ne sont pas tous présents sur le marché et qui n’ont pas tous de prix ce qui rend difficile leur inclusion dans le système économique et qui engendre le déclin de la biodiversité, la dégradation constante des écosystèmes et par conséquent, les hommes en souffrent (TEEB, 2010). Cette négation en termes économiques de la rareté de certaines ressources naturelles, de leur importance pour les systèmes naturels et humains et de leur participation indéniable à la création de richesse et de bien-être entraîne un déséquilibre fondamental dans leur utilisation (Dupras et al., 2013).Car bien que la survie de l’homme dépende en grande mesure de la biodiversité et de la santé des écosystèmes, le monde a connu une perte de la biodiversité et une dégradation de l’écosystème sans précèdent, et qui sapent les bases mêmes de la vie sur terre (PNUD, 2012). Du fait de cette réalité sur la dégradation de la biodiversité, il devient évident que l’approche économique de l’environnement est « la » solution novatrice pouvant mettre un terme à cette dégradation des ressources.

L’eau, en tant que ressource éminemment précieuse, remplit de nombreuses fonctions qui se croisent et se contrarient, et pour lesquelles elle est essentielle (Martin, 2013). Cette ressource est actuellement sujette à de nombreuses pressions tant sur l’approvisionnement que sur la qualité (TEEB, 2010). Lorsque qu’elle était encore considérée essentiellement comme un bien public gratuit ou, tout du moins, abordable, sa valeur économique relevait du domaine de la théorie. Mais aujourd’hui, plusieurs facteurs entrent en jeu, ne serait-ce que la disponibilité en eau qui est déjà insuffisante dans certains territoires et à certaines périodes de l’année, mais elle est appelée à se faire plus rare encore sous les effets des modifications climatiques (Martin, 2013). L’augmentation incessante de la population et qui avec elle engendre une augmentation des besoins, l’intensification de la concurrence pour l’utilisation de l’eau, et la dégradation des écosystèmes font parties des autres contraintes liées à l’eau. Face à ces nombreuses contraintes, la remise en question de cette valeur, considérée comme théorique, de l’eau est de rigueur.

Matériels et méthodes

Problématique

L’utilisation des biens et services environnementaux comme langage commun dans une perspective mondiale de mitigation des impacts néfastes sur l’environnement est devenue pertinente (Dupras et al, 2013). De ce fait, dans un contexte où le développement économique semble être le leitmotiv des politiciens, il est impératif de trouver un moyen de faire entrer la conservation des écosystèmes naturels dans leurs discours afin que des décisions éclairées soient prises (Boyer, 2013). D’où la nécessité d’une telle valorisation dans le bassin versant du Manigory.

Le concept de valeur économique dans ce présent mémoire se présente comme l’attribution d’un prix en Ariary à l’eau, ce prix de l’eau peut refléter le montant assigné à l’eau par les exploitants agricoles mais peut également être le montant d’argent perdu suite à la dégradation et aux problèmes d’approvisionnement en eau. Pourtant, il est difficile d’identifier précisément la « valeur » de l’eau (Aylward et al, 2010) et en plus l’eau utilisée en riziculture irriguée n’a pas encore son propre marché. De ce fait, il s’avère difficile de mettre un prix sur celle-ci. Le concept de valeur est plus complexe qu’il n’y parait et il n’y a pas encore de consensus sur l’approche à utiliser pour accorder une valeur à la nature (Boyer, 2013). C’est d’autant plus compliqué de déterminer la meilleure méthode compte tenu du fait qu’à Madagascar, trouver et acquérir des données à jour et complètes s’avère être difficile. Il est important de souligner que la méthode choisie dépend du contexte, du milieu d’étude et des données disponibles. Actuellement, il existe plusieurs méthodes d’évaluation économique d’un bien et service environnemental. Toutefois, ces méthodes sont généralement complexes, longues et coûteuses à réaliser, ce qui pose un frein à l’évaluation économique des biens et services environnementaux (Boyer, 2013).

Méthodes

Méthodes d’acquisition des données 

Descente auprès des institutions concernées
Une descente auprès du centre météorologique de Madagascar a été effectuée pour avoir les données sur les conditions météorologiques de la région, en l’occurrence les précipitations. En effet, dans le cadre de cette étude, des hypothèses sur la baisse des précipitations ont été émises. Dans le but de prouver cette baisse qui font partis des causes de la variation de l’approvisionnement en eau dans le bassin versant du Maningory, une acquisition des données sur les précipitations au cours des cinq dernières années ont été nécessaire.

Descente sur terrain
Cette phase est la mise en application de la ou des méthodes conclues comme étant adéquates à la zone et au contexte de l’étude. Cette descente a duré un mois et demi (début Août à mi-Septembre) et a eu lieu dans la zone d’étude qui est le bassin versant du Maningory. Les données relatives à la culture du riz et à l’eau utilisée dans ce secteur ont été obtenues par le biais de l’utilisation de questionnaire , préalablement établi avant la descente. Ce questionnaire concerne les spécificités de la culture du riz par ménage, allant des périodes de culture à la production et à la superficie assignée à cette culture en passant par les problèmes potentiels liées à l’approvisionnement en eau, les périodes où ces problèmes ont été les plus conséquents et les dégâts engendrés par ces problèmes liés à l’eau. Cet entretien par questionnaire a été suivi de la descente auprès des directions régionales de l’Agriculture et de l’Elevage ainsi que des centres de services agricoles pour avoir des données sur les superficies régionales attribuées à la culture du riz irrigué et aussi sur les informations nécessaires pour compléter les données obtenues par questionnaire.

Les enquêtes ont été menées auprès des quatre principaux districts dont le district d’Andilamena, Amparafaravola, Ambatondrazaka et Vavatenina. Les communes et fokontany ont ensuite été choisis de façon aléatoire. La culture de riz irrigué est encore très dominante dans ces régions. Ainsi, les enquêtes ont été effectuées dans quatre Fokontany dans la commune d’Andilamena, dans cinq Fokontany dans la commune d’Amparafaravola, dans trois communes dans le district d’Ambatondrazaka et dans quatre communes dans le district de Vavatenina. De ce fait, l’enquête a concerné 208 ménages  avec un échantillonnage aléatoire et une stratification par district.

Méthode de traitement des données

Comparaison méthodologique par la méthode de l’analyse multicritère

Les méthodes d’analyse multicritère sont des méthodes déjà développées depuis les années 1960. De nombreuses méthodes ont été proposées afin de permettre de faire le « bon choix » (Caillet,2003). Cette analyse multicritère est un outil d’aide à la décision développé pour résoudre des problèmes multicritères complexes qui incluent des aspects qualitatifs et/ou quantitatifs dans un processus décisionnel. Une situation qui implique de nombreux critères peut être source de confusion en l’absence d’un processus de décision logique et bien structuré (Mendoza et al, 2000). L’utilisation de cette méthode s’avère utile dans cette présente étude du fait que le choix de la méthodologie à appliquer sur terrain ne se fait pas à l’issu d’un seul paramètre ou critère seulement mais à l’issu de plusieurs.

Dans le contexte de cette étude, la méthode de l’Analyse Multicritère Hiérarchique ou Analytic Hierarchy Process (AHP) proposée par SAATY sera la méthode utilisée. Cette méthode a été choisie parce que chaque critère établi n’a pas la même importance, il faut alors choisir et comparer les critères entre eux. Ensuite, une fois les critères comparés les uns par rapport aux autres, il s’en suivra la classification des méthodes existantes par rapport à chaque critère et de ces deux processus découlera le choix de la méthode à adopter. L’analyse multicritère hiérarchique est une méthode, créée par SAATY en 1980. C’est une méthode d’analyse multicritères qui peut être utilisée dans la quantification des caractéristiques qualitatives, par le biais de sa pondération. La méthode est basée sur la comparaison des différentes caractéristiques, deux par deux. À partir de la construction d’une matrice carrée, l’évaluation de l’importance relative d’une caractéristique par rapport à une autre est effectuée, en utilisant pour cela, une échelle adéquate (SAATY,1990).

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Table des matières

1-Introduction
2-Matériels et méthodes
2-1 Problématique
2-2 Hypothèses
2-3 Présentation du milieu d’étude
2-3-1 Délimitation
2-3-2 Climatologie
2-3-3 Hydrologie
2-3-4 Formation végétale
2-3-5 Milieu humain
2-4 Méthodes
2-4-1 Méthodes d’acquisition des données
2-4-1-1 Descente auprès des institutions concernées
2-4-1-2 Descente sur terrain
2-4-2 Méthode de traitement des données
2-4-2-1 Comparaison méthodologique par la méthode de l’analyse multicritère
2-4-2-2 Traitement des données de terrain
2-4-3 Etat des connaissances
2-4-3-1 Concept de biens et services environnementaux (BSE)
2-4-3-2 Historique du concept
2-4-3-3 Catégories de BSE
2-4-3-4 Notion de valeur économique
2-4-3-5 Les méthodes d’évaluation économique des BSE
3-Résultats
3-1 Chapitre I : Comparaison méthodologique par la méthode de l’analyse multicritère hiérarchique de SAATY
3-1-1 Définition et classification des critères
3-1-1-1 Objectif de l’analyse
3-1-1-2 Structure hiérarchique de l’étude
3-1-1-3 Méthode d’analyse multicritère hiérarchique proprement dite
3-1-2 Classification des méthodes par critère
3-1-2-1 Méthodes des préférences révélées
3-1-2-2 Méthodes de préférences déclarées
3-1-3 Comparaison des différentes méthodes en fonction des critères par la méthode AHP de SAATY
3-1-3-1 Critère « pertinence »
3-1-3-2 Critère « fiabilité des données »
3-1-3-3 Critère « disponibilité des données sur terrain »
3-1-3-4 Critère « facilité d’obtention »
3-1-4 Justification de(s) méthode(s)
3-2 Chapitre II : Application de la méthode sur terrain
3-2-1 La culture du riz dans la zone d’étude
3-2-2 Ressources en eau
3-2-3 Le cycle du riz
3-2-4 Evaluation proprement dite du prix de l’usage de l’eau
3-2-4-1 Test de comparaison des moyennes
3-2-4-2 Prix proprement dit
4-Discussions
5-Conclusion

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