L’urgence médicale
Etymologiquement, le terme d’urgence vient du latin «urgens» ; il désigne ce qui ne souffre pas de retard (urger = presser, pousser). L’urgence médicale se définit essentiellement par la nécessité d’agir vite et efficacement pour prévenir une menace fonctionnelle ou vitale, imminente liée à la maladie ou à un accident [27]. Vedrinne (1991) citant Dupré souligne les trois critères de l’urgence [31]:
• Le début rapide de troubles aigus et graves
• L’obligation pour le médecin d’un diagnostic et d’un traitement immédiats
• L’implication d’une décision médico-légale rapide
La garde médicale ou chirurgicale
« La garde médicale ou chirurgicale a pour objet d’assurer 24H/24H la permanence des soins et des investigations, la sécurité des malades hospitalisés admis d’urgence. Elle est organisée soit par discipline dans un même établissement ou autre structure de santé soit par garde commune à une ou plusieurs spécialités dans un même établissement ou autre structure de santé. […]. La garde étant une obligation pour le personnel de santé, elle est effective sur le lieu de travail. […]. Le responsable médical des soins administrés aux malades reçus en urgence ou hospitalisés assure la coordination de l’équipe de garde. Les chefs de services dont les équipes et les services assurent la prise en charge des urgences médico-chirurgicales, de soins intensifs, de réanimation, de transport médicalisé sont tenus de répondre impérativement et immédiatement à toute sollicitation du service. » [12]. Le service de garde commence quotidiennement après le service normal de jour ; l’équipe de garde se doit d’être ponctuelle afin d’assurer la relève de l’équipe précédente. En principe, un médecin ne peut, sans manquer à ses obligations professionnelles, refuser d’effectuer la permanence des soins ; en cas d’indisponibilité, le remplacement doit rester personnel ce qui implique pour le médecin de garde de rester responsable de son exécution en s’assurant que cette garde est bien effectuée par son remplaçant qui devra pouvoir le joindre à tout moment en cas de difficulté. À la fin de la garde, le médecin responsable rédige un rapport dans lequel il mentionne toutes les activités de l’équipe de même que les difficultés rencontrées. Les gardes sont rémunérées ; l’indemnité de garde est destinée à rémunérer les sujétions et les contraintes inhérentes à l’activité de la garde dans les structures de santé assurant les urgences.
Un service des urgences sans psychiatre
Les urgences psychiatriques sont prises en charge par des médecins généralistes ou par des chirurgiens. Qu’il soit médecin de famille ou de proximité, le médecin généraliste peut être le premier interlocuteur médical interpellé ou intervenant dans le déroulement de l’urgence psychiatrique. Les symptômes psychiques et les troubles psychiatriques représentent une part importante de la consultation de médecine générale. Une étude réalisée par Boiteux et al. (2009) a relevé que 11 % des patients consultant en médecine générale ont une plainte portant sur un problème psychologique. Toujours dans cette étude, parmi les patients consultant en médecine générale et ayant pu faire l’objet d’un entretien psychiatrique à visée diagnostique, 30 % présentaient des troubles psychiatriques. Le médecin généraliste est un relais qui permet d’adresser le patient aux médecins spécialistes dans le cadre de l’urgence psychiatrique, que ce soit vers l’hôpital général ou vers le dispositif spécifique psychiatrique [3]. En médecine générale, l’urgence psychiatrique présente le plus souvent les caractéristiques de la situation de crise qui ne renvoie pas toujours à une nécessité d’hospitalisation en unité psychiatrique. Le danger dans ces cas réside dans le fait de poser de mauvais diagnostics psychiatriques conférant au patient un statut de « malade mental à vie » ou à l’inverse de minimiser les plaintes lorsque les symptômes n’apparaissent pas de façon paroxystique. Pour répondre à cet enjeu, il est nécessaire de réfléchir en terme de réseau de soins et de rendre celui-ci lisible par tous et facile d’accès. L’enjeu est donc d’inscrire les médecins généralistes dans le dispositif spécialisé spécifique de cette urgence particulière, afin de rompre leur isolement et de permettre une évaluation précise et psychiatrique.
Répartition selon les horaires d’intervention
La répartition horaire met en évidence un pic d’affluence entre 18 heures et 23 heures. Cette tranche horaire est la plus fréquentée avec 53% des consultations (cf. tableau VI). Les valeurs recueillies entre 8 heures et 17 heures ne concernent que les weekend et jours fériés.
La décision du suivi ultérieur
Les médecins ont décidé de l’hospitalisation de 39,93% des patients, du suivi en ambulatoire de 57,82%. Les jeunes entre 20 et 30ans représentaient 47,3% des patients hospitalisés. L’attitude la plus fréquemment observée chez les sujets âgés a été le suivi en ambulatoire ; ils représentent 1,6% des hospitalisations. Concernant le reste des patients, 5 ont été orientés vers le service de neurologie jouxtant le service de psychiatrie et 11 vers les autres structures sanitaires de Dakar.
Quelle appréciation faites-vous de la garde ?
Toutes les personnes interrogées s’accordent sur le fait que la garde en psychiatrie a permis d’assurer une continuité dans la prise en charge médicale complète des patients y compris les hospitalisations en dehors des jours ouvrables. Durant la garde, le médecin peut poser plusieurs hypothèses diagnostiques. Ces hypothèses serviront ultérieurement à orienter le diagnostic du collègue à qui le patient est adressé et à améliorer la qualité du suivi. Par ailleurs, les médecins soulignent que la garde renforce la formation de l’étudiant en psychiatrie. De l’avis des infirmiers, la garde a permis également de réduire le flux de patients au SAU et à la consultation externe de psychiatrie. Par ailleurs pour le personnel de soutien, le médecin est plus accessible durant la garde et la prise en charge des urgences, plus rapide.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. GENERALITES
1.1. Définitions
1.1.1. L’urgence médicale
1.1.2. L’urgence psychiatrique
1.1.3. La notion de crise
1.1.4. La garde médicale
1.1.5. La garde en psychiatrie
1.2. Modalités de gestion des urgences psychiatriques
1.2.1. Un service des urgences avec un système de garde psychiatrique dans les hôpitaux généraux
1.2.2. Un service des urgences sans psychiatre
1.2.3. Les équipes mobiles
1.2.4. Les centres d’accueil et de crise
1.2.5. Le SAMU
1.3. Dispositifs de soins psychiatriques au Sénégal
2. METHODOLOGIE
2.1. Type d’étude
2.2. Moyens
2.3. Cadre d’étude
2.4. Qualité des données
2.5. Critères d’inclusion
2.6. Critères de non inclusion
2.7. Limites
2.8. Contraintes
2.9. Considérations éthiques
RESULTATS
2.10. Aspects sociodémographiques
2.10.1. Genre
2.10.2. Age
2.10.3. Situation matrimoniale
2.10.4. Appartenance culturelle
2.10.5. Niveau d’instruction
2.10.6. Catégories socio professionnelles
2.10.7. Répartition selon le lieu de résidence
2.10.8. Répartition selon les mois
2.10.9. Répartition selon les horaires d’intervention
2.10.10. Répartition selon le lieu de provenance et le mode d’arrivée aux urgences psychiatriques
2.11. Aspects cliniques et thérapeutiques
2.11.1. Motifs de consultation aux urgences psychiatriques
2.11.2. Diagnostics évoqués
2.11.3. Médicaments utilisés
2.11.4. La décision du suivi ultérieur
2.11.5. Antécédents psychiatriques
2.11.6. Types de prise en charge
2.12. Entretiens individuels
3. DISCUSSION
3.1. Aspects sociodémographiques
3.2. Aspects cliniques
3.3. Entretiens individuels
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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