Enquête par questionnaires des ménages et personnes ressources
L’enquête par questionnaires est un moyen de recueillir des informations au sujet d’une population ou d’un groupe de personnes par le biais d’un système de questions-réponses (HAP, 1990). Dans la présente étude, les informations tirées de l’enquête nous a permis d’évaluer la qualité de vie (besoins quotidiens en matériels, santé, sécurité, relation sociale, liberté de choix, niveau d’éducation) des villageois afin de refléter leur bien-être. L’enquête s’est faite en 2 étapes.
– 1ère étape : l’enquête ménage qui a pour but de définir le niveau de vie des populations et leur dépendance aux ressources naturelles. Elle permet ainsi évaluer l’évolution de ce niveau de vie en tenant compte des informations aux temps T0 : 2006 (avant- projet) et T1 : 2016 (avec projet)
– 2 ème étape : l’enquête auprès des personnes ressources (autorité locale : Chef de fokontany, chef de village, …) et Tangalamena qui a pour but d’évaluer le type/la fréquence d’insécurité existante dans chaque village afin de cerner l’évolution de l’insécurité entre T0 : 2006 (avantprojet) et T1 : 2016 (avec projet). Les questions ont été posées de façon semi-ouverte ou cafeteria dont les principales réponses possibles sont prévues, comme dans une question fermée, mais on laisse la possibilité d’ajouter des réponses libres en dehors de l’éventail proposé. (Projet APV-FLEGT, 2014). Une enquête exhaustive des 11 fokontany aurait dû être menée mais par faute de temps et de moyen financier, les 11 fokontany n’ont pas été tous inventoriés. Pour avoir des données représentatives de ces fokontany en un minimum de temps et de coût, un échantillonnage a été adopté. La méthode d’échantillonnage la plus simple consiste à sélectionner un certain nombre d’unités d’échantillonnage considérées comme « représentatives » de l’ensemble de la population. L’échantillonnage se fait par stratification à partir de la délimitation des Lands-unit. Le choix des villages sélectionnés a été fait à partir des 5 fokontany en contact direct avec l’aire de la mine (Voir Carte 1). Cette dernière est subdivisée en 9 Lands-unit (Voir Carte 2) suivant l’ethnie (Betsimisaraka, Bezanozano, mixte) et les systèmes de gestion forestière de la mine (transfert de gestion, hors transfert de gestion, zone de bail) (Voir Annexe V). 108 ménages se répartissant dans 32 villages ont été choisis de façon aléatoire dans l’ensemble des land-units pour effectuer les enquêtes (Voir Annexe VI). L’enquête auprès de chaque ménage s’effectue après avoir accompli les focus group. En effet, les données issues de ces focus group ont permis d’abord l’établissement des normes qu’on a vérifié dans une partie des enquêtes ménages. Ainsi, ces fiches d’enquêtes (Voir Annexe VII) ont été établies à partir du traitement des données issues des focus group et les indicateurs établis à partir de la bibliographie. Pour les enquêtes ménages, deux types de données ont été collectées. D’une part, il y a celles qui sont relatives au bien-être, d’autre part celles relatives aux ressources naturelles utilisées par la population. (Voir Annexe VIII). Pour les enquêtes auprès des personnes ressources/Tangalamena, les informations collectées sont relatives à la sécurité, à savoir : la fréquence des vols/feux de forêts, inondation, cyclone par an depuis 2005 jusqu’en 2015, Type de vol et l’accessibilité aux alimentations sauvages, bois de construction, chauffage, charbon, fibres, plantes médicinales.
Importance des ressources naturelles
Afin d’avoir une idée sur l’importance du prélèvement des ressources en fonction du mode d’usage des ménages concernés pour évaluer les services d’approvisionnement qu’ils exploitent, l’analyse s’est faite suivant l’étude du niveau de prélevement et suivant les types de services :
Service d’approvissionement « biomasses » : Pour les biomasses, les données utilisées sont la fréquence d’utilisation de chaque catégorie de ressource (bois de chauffe, bois de construction, fibres, flores sauvages, plante médicinale). Le pourcentage global par catégorie de cette utilisation a été calculé. Puis, pour évaluer l’évolution de la fréquence d’usage par chaque ménage entre 2006 et 2016, un test de Mcnemar sur chaque espèce utilisée a été effectué.
Service d’approvissionement « crops » : L’agriculture est l’activité principale des villageois. En effet elle assure à la fois leur alimentation et leurs sources de revenus en cas de surplus. La possession de terre s’avère être nécessaire pour la pratique de cette activité. On a donc calculé le pourcentage total des ménages par catégorie de surface de culture totale et de riziculture et le pourcentage total des ménages par catégorie de lieu de culture (versants et basfonds)
Relations entre les services en « biomass/wildfood » et le bien-être en « sécurité »
La catégorie sécurité est composée trois sous-catégories mais celle utilisée pour cette analyse est la sécurité liée à l’accès aux ressources. Le choix de cette variable est justifié par le fait que les vols et le désastre naturel n’ont pas de liens évidents avec l’usage des plantes et animaux sauvages. L’utilisation massive et intensive de ces ressources peut avoir des effets négatifs au niveau de leur disponibilité et provoque ainsi des insécurités par rapport à leur accès. Ceci est vérifié par l’éloignement du lieu de prélèvement entre 2006 et 2016 (Voir Annexe XXI). Ainsi, l’insécurité de l’accès aux ressources que ce soit aux alentours ou dans la forêt dépend de l’usage de chaque type de ressource. La figure 18 confirme cette relation en disant que
– L’insécurité de l’accès aux ressources dans la forêt dépend du prélèvement de bois de chauffe, de bois de construction et de la pratique du charbonnage.
– L’insécurité de l’accès aux ressources aux alentours dépend de la cueillette, de la chasse et de l’usage de fibres pour la vannerie.
La mise en place des zones de conservation engendrent des changements d’utilisation de ces ressources entre T0(2006) et T1 (2016) par l’imposition des mesures restrictives à l’accès aux ressources notamment sur le choix, la qualité et la quantité de biomasse à prélever. En plus de ces limites, il y a également la taille démographique qui ne cesse de grimper. Alors les usagers des biomasses augmentent, les ressources diminuent et ainsi l’insécurité à l’accès aux ressources augmente. Les résultats montrent que ces insécurités sont catégorisées en deux suivant le lieu de prélèvement. L’insécurité à l’accès aux ressources dans la forêt est causée par le prélèvement massif des bois pour le chauffage, la construction et le charbonnage qui va induire une déforestation. Par contre l’insécurité à l’accès aux ressources qui se trouvent aux alentours est causée par le prélèvement excessif des fibres, des animaux sauvages, des fruits et des miels.
Dépendance du bien-être aux services d’approvisionnement
L’approvisionnement en biens et services environnementaux conditionne la satisfaction en bien être humain (Proenca et al., 2011). Les résultats issus de ces travaux d’étude ont mentionné que l’utilisation de charbon, de bois de chauffe, de produits de cueillette ainsi que les fibres végétales sont vitales pour les communautés locales d’une part. D’autre part l’étude d’Ehemba en 2006 confirme que le bois de chauffe et du charbon polluent l’air et causent des infections respiratoires, ce qui est similaire aux résultats de notre étude. Le prélèvement non soutenu des ressources renouvelables entrainerait l’épuisement total de ces ressources cibles. Les résultats obtenus ont confirmé la cohérence des enjeux écologiques avec les informations mentionnées dans le PGEDS (ONE, 2006) qui souligne la nécéssite de mettre en place un système d’aire protégée (Offset) aux environs d’un projet minier pour mitiger les éventuels effets négatifs. Ce qui confirme le principe de développement de la compagnie minière Ambatovy englobant à la fois les aspects socio-économiques et écologiques ainsi que les valeurs culturelles associées à la biodiversité (BBOP, 2012). Tenant compte de ce principe, la planification de la société s’est orientée dans la mise en place d’un plan de gestion forestière (Entreprise Hanitriniala, 2010) Faisant suite aux observations sur terrain et à l’analyse des données recueillies, les gens ou les villageois sont conscients de la valeur inhérente de la biodiversité (ressources d’approvisionnement) et des actions définies par l’équipe d’Ambatovy pour renforcer la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité ainsi que les sources de revenu y afférentes.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : MILIEU D’ETUDE
I.1.Milieu physique
I.1.1. Localisation géographique et administrative
I.1.2. Climatologie
I.1.3. Topographie, géologie et géomorphologie
I.1.4. Hydrographie
I.2. Milieu biologique
I.2.1. Flore et végétation
I.2.2. Faune
PARTIE II : MATERIELS ET METHODES
II.1. Matériels
II.1.1 Communauté étudiée : Démographie et infrastructure de base
II.1.2. Activités économiques : source de revenu et dépendance aux ressources naturelles
II.2. Méthode d’étude
II.2.1. Etude bibliographique
II.2.2. Méthodes de collecte de données
II.2.2.1. Focus group
II.2.2.2. Enquête par questionnaires des ménages et personnes ressources
II.2.2.3. Entretien avec les Chefs de CSB
II.2.2.4. Observation par ménage
II.2.3. Méthode d’analyse des données
II.2.3.1. Approche adoptée pour la définition des normes locales
II.2.3.2 Approche par scoring pour l’estimation du niveau bien-être suivant les normes locales
II.2.3.3. Approche d’évaluation des changements du bien-être des populations entre 2006 et 2016
II.2.3.4. Approche d’évaluation des causes des changements sur le bien-être des villageois
II.2.3.5. Importance de l’adhésion dans le groupe VOI dans le changement de bien-être
PARTIE III : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Definition des normes locales suivant la perception de la communauté
III.2. Evaluation du changement du niveau de bien-être
III.2.1. Evaluation du niveau de bien-être suivant la catégorie « Matériel basique »
III.2.1.1. Analyse de la différence de bien-être entre 2006 et 2016 suivant la sous-catégorie « alimentation »
III.2.1.2. Analyse de la différence de bien-être entre 2006 et 2016 suivant la sous-catégorie « Habitat »
III.2.1.3. Analyse de la différence de bien-être entre 2006 et 2016 suivant la sous-catégorie «Possession en materiels »
III.2.1.4. Analyse de la différence de bien-être entre 2006 et 2016 suivant la sous-catégorie «Activités de subsistance»
III.2.2. Evaluation du changement du niveau de bien-être suivant la catégorie « Santé »
III.2.3. Evaluation du changement du niveau de bien-être suivant la catégorie « Sécurité »
III.2.3.1. Analyse de la différence de bien-être entre 2006 et 2016 suivant la sous-catégorie «Sécurité liée aux désastres naturels»
III.2.3.2. Analyse de la différence de bien-être entre 2006 et 2016 suivant la sous-catégorie «Sécurité personnelle»
III.2.3.3. Analyse de la différence de bien-être entre 2006 et 2016 suivant la sous-catégorie «Sécurité liée à l’accès aux ressources»
III.2.4. Evaluation du changement du niveau de bien-être suivant la catégorie « Relation sociale »
III.2.5. Evaluation du changement du niveau de bien-être suivant la catégorie « liberté de choix et d’action»
III.2.6. Classification des Land-units en fonction de leur similarité de bien-être (CAH)
III.2.7. Présentation sur carte des Land-units en fonction de leur similarité de bien-être
III.3. Dépendance du bien-être aux services d’approvisionnements
III.3.1. Relations entre les services en « biomass/wildfood » et le bien être en « activité de susbistance, alimentation et habitat »
III.3.2. Relations entre les services en « biomass/wildfood » et le bien être en « santé »
III.3.3. Relations entre les services en « biomass/wildfood » et le bien être en « sécurité »
III.3.4. Relations entre les services en « crops » et le bien-être en « AGR, alimentation et habitat »
III.3.5. Relations entre les services en « crops » et le bien-être en « santé »
III.3.6. Relations entre les services en « crops » et le bien-être en « sécurité »
III.3.7. Importance et mise en valeur des ressources naturelles
III.3.7.1. Mode d’usage des espèces végétales
III.3.7.2. Importance des surfaces et les lieux de culture
III.3.8. Classification des land-units en fonction de l’utilisation des ressources naturelles (biomass-wildfood-crops)
III.4. Relation entre l’adhésion VOI et matériel basique pour une vie décente
PARTIE IV : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
IV.1. DISCUSSION
IV.1.1. Appréciation du niveau de bien-être des populations entre T0(2006) et T1(2016)
IV.1.2. Dépendance du bien-être aux services d’approvisionnement
IV.1.3. Importance du groupe VOI
IV.1.4. Limites de l’étude
IV.2. RECOMMANDATIONS
IV.2.1. Amélioration du niveau d’alimentation
IV.2.2. Amélioration du niveau de santé
IV.2.3. Amélioration du niveau de sécurité
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
REFERENCES WEBOGRAPHIQUES
ANNEXES
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