L’élevage en Afrique subsaharienne joue un rôle primordial dans la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté. L’importance du cheptel des ruminants d’Afrique subsaharienne ne permet pas de couvrir les besoins en viande et en lait par habitant qui est de 11 kg pour le lait (FAYE et ALARY, 2001). L’effectif du cheptel bovin du Sénégal est estimé à 3 313 055 de têtes mais malgré cet important effectif, la production locale en viande et en lait reste faible. En 2013, la consommation du lait local est estimée à 53% de la consommation totale de lait et produits laitiers. Cette consommation locale est estimée à 217 000 000 de litres de lait dont 158 410000 litres de lait fourni par le système extensif (73%) et 58 590 000 litres (27%) provenant des systèmes semi-intensifs et intensifs (SENEGAL, 2014b). Les 47% restants sont importés pour une facture laitière estimée à 43 milliards de F CFA (SENEGAL, 2014a).
C’est dans le souci de pallier ce gap et de réduire considérablement cette hémorragie financière bien connues des importations en lait et produits laitiers que le Sénégal, à l’instar de beaucoup de pays Africains, a utilisé pendant deux décennies la biotechnologie de l’Insémination Artificielle comme outil de choix pour une meilleure productivité du cheptel bovin Sénégalais. C’est ainsi que de 1995 à 2013, plus de 160 000 vaches ont été inséminées au Sénégal (DIOP et KAMGA-WALADJO, 2012 ; KOUAMO et al., 2010 et SENEGAL, 2015). Malgré ces efforts, aucune étude n’a évalué l’impact de l’utilisation de cet outil biotechnologique au Sénégal. En effet, le recensement des produits métis de l’IA n’a pas été réalisé, la production et les paramètres de reproduction ne sont pas connus. Aucune base de données des produits de l’IA bovine n’a été constituée. Par ailleurs, aucun schéma de croisement n’a été défini.
Cheptel bovin au Sénégal
Situation géographique du Sénégal
Le Sénégal s’étend en zone tropicale approximativement entre les 13ème et 16ème degrés de latitude nord, et entre les 12ème et 17ème degrés de longitude ouest. Il forme la partie occidentale la plus avancée de l’Afrique. Ça superficie est de 196 722 km2 . Il est limité à l’Est par la Falémé et le Mali, au Nord par le fleuve Sénégal (Mauritanie), à l’Ouest par l’Océan Atlantique, au Sud par la frontière arbitraire de la Guinée-Bissau et de la Guinée-Conakry. La Gambie, ancien territoire anglais, constitue à l’intérieur du Sénégal une enclave longue de 300 kilomètres et large de 60 kilomètres (http://sen-exercice.com) .
Place de l’élevage dans l’économie du Sénégal
L’élevage constitue de nos jours une importante source de revenus pour une grande partie des populations dans les pays au Sud du Sahara. L’agriculture et l’élevage contribuent de manière significative à la lutte contre la pauvreté dans les pays en voie de développement. Au Sénégal, l’élevage est l’un des principaux secteurs d’activités où évolue la population rurale. Il est d’autant plus important qu’en 2010, ce secteur focalise 350 000 familles, soit un effectif de 3 millions d’individus concernés. La valeur ajoutée de l’élevage est évaluée à 287 milliards F CFA en 2011 contre 264 milliards de F CFA en 2010, soit une augmentation de 7,9%. Son poids dans la valeur ajoutée totale du secteur primaire a connu une hausse de 28% en 2011 contre 23,8% en 2010 (SENEGAL, 2013).
L’élevage représente 28,8% du PIB du secteur primaire et revêt une importance capitale sur le plan économique et social par sa contribution aux revenus des ménages et à la création d’emplois. Il présente un potentiel important en termes de création de richesses avec une contribution au PIB national de 4,2% en 2012 (SENEGAL, 2014a).
Effectif du cheptel bovin au Sénégal
Au Sénégal, l’élevage revêt une importance économique, sociale et culturelle. Le cheptel y est très important et varié. Les statistiques de la direction de l’élevage font état de 3 313 055 de têtes de bovins sans compter les autres espèces animales (SENEGAL, 2014b).
Marché du lait et des produits laitiers au Sénégal
En matière d’alimentation, même si les nutriments indispensables à la croissance et au maintien de certaines fonctions vitales sont les mêmes pour tous les humains, les sources de ces nutriments dépendent très fortement des ressources disponibles localement. C’est ainsi qu’en Afrique, le lait des ruminants domestiques constitue l’une des sources de protéines animales les plus consommées.
Au Sénégal, l’offre en lait et produits laitiers est constituée du lait frais et fermenté produits localement mais aussi du lait et produits laitiers importés. En effet, l’insuffisance de la production locale fait que pour satisfaire la demande, le Sénégal est obligé d’importer les produits laitiers, surtout de la poudre de lait. Le secteur laitier Sénégalais est donc marqué par une forte opposition entre d’une part, une production locale majoritairement issue des systèmes extensifs et d’autre part un secteur industriel basé sur l’utilisation de la poudre de lait importée (FALL, 2014).
Production de lait locale
Au Sénégal, la production laitière est assurée essentiellement par les races bovines. La production laitière des petits ruminants, notamment des caprins, reste très marginale même si on note quelques unités fromagères artisanales qui transforment le lait de chèvre. Par rapport à l’année 2012, la production laitière en 2013 qui est estimée à 217 000 000 litres connait une hausse de plus de 15 000 000 de litres, imputable principalement au système semi-intensif qui a progressé de 25%, en rapport avec l’augmentation du nombre de vaches métisses en production (SENEGAL, 2014b). Toutefois, la demande évaluée à près de 318 000 000 de litres de lait nécessite des importations pour la satisfaire.
Lait et les produits laitiers importés
L’importation de produits laitiers est une nécessité impérieuse pour combler le déficit de la production nationale de lait. Ce phénomène est loin d’être nouveau car le Sénégal est un grand importateur de produits laitiers depuis la fin des années 1970. Cette période correspond à la maitrise de la technologie de production du lait en poudre. Le lait en poudre est le principal produit laitier importé au Sénégal. Pour l’année 2012, les importations des produits laitiers ont coûté environ 49,5 Milliards de FCFA à l’Etat Sénégalais. Et en 2013, la facture des importations laitières et produits laitiers est estimée à plus de 43 milliards de F CFA malgré le niveau de production laitière locale (SENEGAL, 2014a). Même si chaque année, les importations de lait et produits laitiers demeurent élevées, depuis 2008, on observe une tendance baissière. Ainsi, d’après le Ministère de l’économie et des finances du Sénégal, en 2012 la part des importations de produits laitiers dans le niveau global des achats extérieurs a baissé de 1,7% (SENEGAL, 2014a).
Races bovines exploitées au Sénégal
Les bovins exploités au Sénégal sont de races locales d’une part et de races exotiques d’autre part. Divers métissages se sont opérés entre ces différentes races et les produits métissés représentent une fraction non négligeable du cheptel bovin.
Races locales ou autochtones
Les principales races bovines sont le Zébu Gobra et le Zébu Maure dans la partie sahélienne (Nord et Centre du Sénégal) et le Taurin Ndama au Sud et à l’Est (Zone Soudano sahélienne) en raison de sa trypanotolérance. Aux zones de transition entre le domaine du Zébu Gobra et celui du Taurin Ndama, s’est développé un type génétique résultant du métissage entre ces deux races, le Djakoré (DIAKHOUMPA, 2003).
Zébu Gobra
Il viendrait de l’Inde et aurait été introduit au Sénégal au cours de la migration sémitique de la deuxième moitié du huitième siècle, dans le bassin inférieur du Fouta-Toro (DOUTRESSOULE, 1947). Le Gobra ou zébu peul Sénégalais est un animal de grand format (1,25 m à 1,45 m de hauteur au garrot), à robe blanche ou crème, rarement pie où froment, avec une bosse très développée chez le mâle (KEITA, 2005). La tête est longue (0,40 m à 0,50 m), le chanfrein rectiligne. Les cornes sont longues chez le bœuf et la vache (70 à 80 cm), plus courtes chez le taureau en forme de haute lyre (MEYER, 2015) (Photo 2). L’âge au premier vêlage du zébu Gobra est de 44,8 mois. L’intervalle vêlagevêlage est de 15 mois pour les vaches élevées en milieu contrôlé (DENIS et THIONGANE, 1973) et proche de deux ans pour les zébus en milieu traditionnel (DIOUF, 1991). Selon KABERA (2007), le poids est estimé à 415 kg chez le mâle et à 322 kg chez la femelle. Son rendement carcasse varie entre 48 et 56% (PAGOT, 1985). Sa production laitière varie entre 450 et 360 litres pour une durée de lactation de 150 à 180 jours et le lait possède un taux de matière grasse supérieur à 4% (RUKUNDO, 2009).
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : ELEVAGE BOVIN AU SENEGAL
1. Cheptel bovin au Sénégal
1.1. Situation géographique du Sénégal
1.2. Place de l’élevage dans l’économie du Sénégal
1.3. Effectif du cheptel bovin au Sénégal
1.4. Marché du lait et des produits laitiers au Sénégal
1.4.1. Production de lait locale
1.4.2. Lait et les produits laitiers importés
2. Races bovines exploitées au Sénégal
2.1. Races locales ou autochtones
2.1.1. Zébu Gobra
2.1.2. Zébu Maure
2.1.3. Taurin Ndama
2.1.4. Métisse Djakoré
2.2. Races exotiques
2.2.1. Holstein
2.2.2. Jersiaise
2.2.3. Guzérat
2.2.4. Montbéliarde
3. Typologie des systèmes d’élevages
3.1. Système pastoral ou extensif
3.2. Système agropastoral ou semi-intensif
3.3. Système intensif ou moderne
4. Contraintes de l’élevage au Sénégal
4.1. Contraintes climatiques
4.2. Contraintes alimentaires
4.2.1. Sous-alimentation
4.2.2. Sur-alimentation
4.3. Contraintes sanitaires
4.4. Contraintes zootechniques
4.5. Contraintes politiques
4.6. Contraintes commerciales
CHAPITRE II : PERFORMANCES ZOOTECHNIQUES DES BOVINS CROISES AU SENEGAL
1. Performances de reproduction
1.1. Âge au Premier vêlage
1.2. Intervalle entre vêlage et Première Insémination Artificielle ou Saillie
1.3. Intervalle entre vêlage et Insémination Artificielle ou Saillie fécondante
1.4. Intervalle vêlage-vêlage
2. Performances de production
3. Performances pondérales
CHAPITRE III : AMELIORATION GENETIQUE POUR LA PRODUCTION DE LAIT AU SENEGAL
1. Généralités sur l’amélioration génétique
1.1. Définition
1.2. Principales étapes de l’amélioration génétique
2. Méthodes d’amélioration génétique
2.1. Sélection
2.2. Croisement
2.2.1. Croisement à but génétique
2.2.2. Croisement à but commercial
3. Outils de diffusion du progrès génétique
3.1. Monte naturelle
3.2. Insémination artificielle
3.2.1. Définition
3.2.2. Avantages de l’insémination artificielle
3.2.3. Inconvénients de l’insémination artificielle
3.3. Transfert d’embryon
CONCLUSION