Maladie chronique, honteuse et รฉvitable, le Sida est la maladie des ยซ autres ยป. Cโest aussi une maladie de lโรฉchec : รฉchec de la science, รฉchec de la sociรฉtรฉ, รฉchec de la tolรฉrance. Maladie diffรฉrente donc, mais avant tout maladie sans frontiรจres et qui impose une solidaritรฉ sans limites. [28] ร lโรฉchelle mondiale on dรฉnombre 34 millions de personnes vivant avec le VIH ร la fin de lโannรฉe 2011, soit environ 0,8 % des adultes รขgรฉs entre 15 et 49 ans dans le monde entier. [1] LโAfrique subsaharienne reste lโune des rรฉgions les plus touchรฉes avec prรจs dโun adulte sur vingt vivant avec le VIH, soit 4,9 % de la population dans cette rรฉgion, ce qui reprรฉsente 69 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde. [1] Au Mali, les derniers rรฉsultats de lโEnquรชte Dรฉmographie et Santรฉ au Mali V (EDSM V) 2012 indiquent que 1,1% des personnes รขgรฉes de 15-49 ans sont ย sรฉropositives, avec toutes les variantes du VIH (VIH-1, VIH-2 et VIH-1&2). Cette enquรชte a exclu les rรฉgions du Nord compte tenu de la crise sociopolitique de Mars 2012. Bamako reste la rรฉgion la plus touchรฉe avec 1,7%, suivie de Sรฉgou 1,2%, Kayes avec 1,0%, Koulikoro 1,0%. Les femmes sont plus touchรฉes que les hommes selon EDSM V (1,3% contre 0,8%). La sรฉroprรฉvalence chez les adultes reste plus รฉlevรฉe en milieu urbain (1,6%) quโen milieu rural (0,9%). [2] Une solidaritรฉ internationale sโest mise en place au cours de la derniรจre dรฉcennie pour lutter contre ce flรฉau et endiguer son expansion. Il est communรฉment reconnu que la transmission du VIH se fait par plusieurs voies, ร savoir : la voie sexuelle, la voie sanguine, la transmission de la mรจre ร lโenfant. La transmission du VIH par voie sexuelle est celle qui concerne la vaste majoritรฉ des personnes nouvellement infectรฉes. Il est indispensable de pouvoir maitriser cette voie de transmission pour induire des baisses annuelles significatives des taux dโinfection, voire annuler le nombre de nouvelles infections ร VIH.
En 2012, lโOMS a publiรฉ des directives sur les partenaires sรฉrodiscordants et a prรฉconisรฉ que lโon propose une thรฉrapie antirรฉtrovirale au partenaire vivant avec le VIH et ce, indรฉpendamment de leur numรฉration de CD4. Des รฉtudes ont indiquรฉ que les mรฉdicaments antirรฉtroviraux peuvent rรฉduire la probabilitรฉ dโinfection ร VIH chez les personnes non infectรฉes. [1] Ces nouvelles directives encouragent les partenaires ร passer rรฉguliรจrement des tests de dรฉpistage afin de connaรฎtre leur statut VIH. Selon les mรชmes directives, ยซ les partenaires qui passent le test ensemble et se dรฉvoilent mutuellement leur sรฉrologie VIH sont plus susceptibles dโadopter des comportements destinรฉs ร protรฉger leur partenaire que lorsquโils le font seuls. Un autre bรฉnรฉfice potentiel du dรฉpistage et de la divulgation des rรฉsultats en couple est que les couples peuvent se soutenir mutuellement, si lโun des partenaires ou les deux sont sรฉropositifs au VIH, pour accรฉder au traitement et lโobserver, ainsi que pour empรชcher la transmission du VIH ร leurs enfants.ยป [3] La particularitรฉ au Mali est quโun grand pourcentage des personnes infectรฉes nโest pas scolarisรฉ, donc ayant une mauvaise connaissance ou pas du tout sur le VIH et de ses modes de transmission. [2] Cโest dans le but de contribuer ร la maitrise de la transmission du VIH en gรฉnรฉral et par la voie sexuelle en particulier, que nous avons entrepris la prรฉsente รฉtude.
DESCRIPTION DE LโAGENT PATHOGENEย
Les rรฉtrovirus
Le Virus de l’Immunodรฉficience Humaine ou VIH appartient ร la famille des Rรฉtrovirus. Ces virus sont trรจs frรฉquents dans diverses espรจces animales. Les 2 groupes de rรฉtrovirus associรฉs ร des pathologies chez l’homme sont le HTLV (Human Tcell Leukemia Virus) et le VIH. Deux types de VIH (VIH-1 et VIH-2) ont รฉtรฉ isolรฉs chez l’homme. De trรจs loin, c’est le VIH-1 qui prรฉdomine ร l’รฉchelle mondiale [4]. Il n’existe pas un seul mais de trรจs nombreux virus VIH gรฉnรฉtiquement trรจs proches. On a dรฉnombrรฉ, pour le VIH-1, 3 groupes distincts, les groupes M, N et 0. Le groupe M (majoritaire) regroupe 9 sous-types (A-D, F-H, J-K). En France et dans les pays occidentaux, prรฉdomine le sous-type B et dans le monde, le sous-type C. Les diffรฉrents sous-types sont รฉgalement capables de se recombiner (Circulating Recombinant Forms) [4]. Le VIH, comme tous les rรฉtrovirus, possรจde la particularitรฉ de transformer son matรฉriel gรฉnรฉtique natif, l’ARN, en ADN grรขce ร une enzyme clรฉ, la transcriptase inverse (TI) et celle de s’intรฉgrer dans le gรฉnome de la cellule qu’il infecte grรขce ร une enzyme virale, l’intรฉgrase.
La Structure des VIH
Comme tous les rรฉtrovirus, les VIH1 et VIH2 sont libรฉrรฉs par bourgeonnement ร la surface des cellules qui les produisent. Le virus possรจde une membrane, une matrice et une capside [figure1].
– La membrane est dโorigine cellulaire et est ancrรฉe les molรฉcules de glycoprotรฉines dโenveloppe externe (appelรฉes gp120) et de glycoprotรฉines transmembranaires (appelรฉes TM ou gp141).
– Lโintรฉrieur de la particule virale est tapissรฉ de molรฉcules correspondantes aux protรฉines de la matrice (appelรฉes MA ou p17).
– La capside virale est constituรฉe de protรฉine interne du virus (appelรฉe CA ou p24), des protรฉines de la nuclรฉocapside (appelรฉes NC ou p7-p9), deux des trois enzymes virales nรฉcessaires ร sa rรฉplication et le matรฉriel gรฉnรฉtique du virus constituรฉ de molรฉcules ARN identiques.
Le cycle de rรฉplication du VIHย
La rรฉplication du VIH se dรฉroule comme suit (voir figure 2).
โข Pรฉnรฉtration du VIH dans les cellules cibles :
โ le VIH pรฉnรจtre dans le lymphocyte CD4 aprรจs reconnaissance (par la glycoprotรฉine gp120 de l’enveloppe du virus) des molรฉcules (ou rรฉcepteurs) CD4 prรฉsentes ร la surface du lymphocyte ;
โ aprรจs pรฉnรฉtration, le VIH libรจre ร l’intรฉrieur du lymphocyte les 3 enzymes virales (transcriptase inverse, protรฉase et intรฉgrase) et l’ARN qu’il contient (voir structure du VIH).
โข Synthรจse d’ADN proviral : ร l’intรฉrieur du lymphocyte, l’ARN du VIH est transformรฉ en ADN (appelรฉ ADN proviral) grรขce ร la transcriptase inverse.
โข Intรฉgration de l’ADN proviral ร l’ADN du lymphocyte :
โ l’ADN proviral du VIH est intรฉgrรฉ ร l’ADN lymphocytaire grรขce ร l’intรฉgrase ;
โ ร ce stade, le virus est appelรฉ provirus.
โข Transcription de l’ADN en ARN et formation de protรฉines virales :
โ ร l’intรฉrieur du noyau, l’ADN viral est transformรฉ en ARN ;
โ l’ARN viral sort du noyau, puis des protรฉines virales sont synthรฉtisรฉes par l’intermรฉdiaire des ARN messagers.
โข Clivage des protรฉines virales : les protรฉines virales sont dรฉcoupรฉes par la protรฉase en protรฉines de plus petite taille.
โข Assemblage des protรฉines virales et formation de nouveaux virus : les protรฉines virales clivรฉes sont assemblรฉes autour de l’ARN pour former de nouveaux virus, qui sortent par bourgeonnement ร l’extรฉrieur de la cellule et sont libรฉrรฉs dans la circulation sanguine ; ils vont infecter d’autres cellules.
PHYSIOPATHOLOGIE
Dรจs lโinfection primaire, le virus se rรฉplique activement et diffuse dans l’organisme. Des rรฉservoirs viraux sont ainsi constituรฉs, avec intรฉgration du virus dans les cellules (ganglions, tissu lymphoรฏde du tube digestif) lui permettant d’รฉchapper ainsi ร la reconnaissance par le systรจme immunitaire. Les cellules cibles du virus sont :
โฆ les lymphocytes CD4 ;
โฆ les monocytes/macrophages ;
โฆ les cellules de la microglie cรฉrรฉbrale.
Le VIH dรฉtruit progressivement le systรจme immunitaire en infectant les lymphocytes CD4 (mรฉcanisme direct) et en entraรฎnant une activation immunitaire qui conduit ร de multiples phรฉnomรจnes immunitaires pathologiques dont la destruction des lymphocytes CD4 (mรฉcanisme indirect). Lorsque les lymphocytes CD4 sont infรฉrieurs ร 200/mm3, surviennent alors les infections opportunistes avec l’apparition du sida clinique.
En raison de l’รฉtablissement prรฉcoce de rรฉservoirs viraux, de la persistance d’une rรฉplication ร minima du virus, conduisant ร la sรฉlection de virus รฉchappant aux rรฉponses immunes de l’hรดte, les traitements antirรฉtroviraux, mรชme hautement efficaces (HAART), n’ont pas permis ร ce jour l’รฉradication du virus. Les lymphocytes CD4 se renouvellent rapidement jusqu’ร ce que les altรฉrations des organes lymphoรฏdes centraux (thymus) ne permettent plus leur rรฉgรฉnรฉration .
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Table des matiรจres
I. INTRODUCTION
II. GENERALITES
1. DESCRIPTION DE LโAGENT PATHOGENE
1.1. Les rรฉtrovirus
1.2. La Structure des VIH
1.3. Le cycle de rรฉplication du VIH
2. PHYSIOPATHOLOGIE
3. MODES DE TRANSMISSION
3.1. Transmission par voie sexuelle
3.2. Transmission par voie sanguine
3.3. Transmission vertical (mรจre-enfant ou TME)
3.4. Facteurs de risques de la transmission sexuelle
3.5. Impact socio-anthropologique du VIH/SIDA sur la vie de couple
3.5.1. Approche anthropologique de lโรฉtude du SIDA
3.5.2. SIDA et processus sociaux
3.5.3. SIDA chez la femme
3.5.4. Notion de couple en Afrique subsaharienne
3.5.5. Stabilitรฉ des relations sexuelles
4. ASPECTS CLINIQUES
4.1. Lโinfection primaire
4.2. La phase Sida
5. OUTILS DIAGNOSTIQUES
5.1. Le Diagnostic sรฉrologique
5.1.1. Les Tests immunoenzymatiques (ELISA)
5.1.2. Le Western-Blot
6. Prise en charge thรฉrapeutique du VIH
6.1. Principe du traitement antirรฉtroviral
6.1.1. Objectif
6.1.2. Principes
6.2. Protocoles thรฉrapeutiques antirรฉtroviraux chez lโadulte et lโadolescent
6.2.1. Indications du traitement
6.2.1.1. Si la numรฉration des lymphocytes T CD4 est disponible
6.2.1.2. Si la numรฉration des lymphocytes T CD4 nโest pas disponible
6.2.2. Schรฉmas thรฉrapeutiques
6.2.2.1. Schรฉmas de premiรจre ligne pour le VIH 1
6.2.2.2. Cas particuliers
6.2.2.2.1. Traitement antituberculeux et antirรฉtroviraux
6.2.2.2.2. Prise en charge des patients infectรฉs par le VIH 2 ou co-infection VIH 1- VIH 2 (ou patients infectรฉs par le VIH1 du groupe O)
6.2.2.2.3. Cas des patients ayant dรฉjร reรงu un traitement antirรฉtroviral
6.2.2.2.4. En cas dโhรฉpatites virales
6.2.2.3. Traitement de 2รจme ligne
6.2.2.3.1. Dรฉfinition de lโรฉchec thรฉrapeutique
6.2.2.3.2. Schรฉmas
6.2.2.4. Traitements associรฉs aux antirรฉtroviraux
6.2.2.4.1. Prophylaxie des infections opportunistes
6.2.3. Suivi des patients adultes et adolescents
7. Prรฉvention de la transmission du VIH
7.1. Dรฉpistage de lโinfection ร VIH
7.2. Communication Pour Le Changement De Comportement (CCC) avec promotion du prรฉservatif
7.3. Traitement ARV prophylactique en cas de violences sexuelles ou de rupture de prรฉservatif
7.4. Prรฉvention de la transmission sanguine du VIH par le sang
7.4.1. Prรฉvention du risque transfusionnel (sang et produits dรฉrivรฉs)
7.4.2. Prรฉvention de la transmission par les pratiques traditionnelles
7.4.3. Prรฉvention chez les usagers de drogues injectables
III. METHODOLOGIE
1. Lieu dโรฉtude
2. Type et pรฉriode dโรฉtude
3. La population dโรฉtude
4. La collecte des donnรฉes
5. Les aspects รฉthiques
IV. RESULTATS
4.1. Donnรฉes socio dรฉmographiques
Tableau I: rรฉpartition des participants selon la tranche dโรขge
4.2. Donnรฉes immuno-virologiques
4.3. Donnรฉes thรฉrapeutiques
4.4. Facteurs de risques de transmission sexuelle du VIH
V. Discussions
VI. Conclusions
VII. Recommandations
VIII. Rรฉfรฉrences bibliographiquesย
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