Gestion intégrée des ressources naturelles
La gestion intégrée fait référence à la gestion locale des ressources naturelles cadrée sur le plan juridique par la loi n°96-025 du 30 Septembre 1996 dite loi GELOSE. Elle cherche à réduire la vulnérabilité des ressources naturelles en responsabilisant les populations locales vivant dans des zones à écosystème fragile et dégradé. Cette approche recommande l’implication effective de la population locale dans toutes les décisions relatives à la gestion des ressources naturelles ; et le respect de l’indépendance des VOI de façon durable. De plus, si la gestion locale des ressources est effective, il est plus facile de traduire les orientations politiques environnementales d’un niveau macro en des actions plus localisées. Les principes de base de cette loi GELOSE peut être résumée en trois axes (HERIMANDIMBY, 2004) :
La reconnaissance par l’Etat des pratiques, des capacités d’arbitrage et des autorités et les populations locales : ce qui renvoie à l’application effective des principes de la Décentralisation (loi 93-005) ;
Un consensus possible sur les modalités de gestion des ressources naturelles notamment entre la gestion traditionnelle et la gestion par GELOSE ; et Méthodologie
Une nouvelle répartition des droits et devoirs des différents acteurs et leur organisation sous forme contractuelle. Associé au TGRN, la gestion locale des ressources naturelles se doit de pouvoir coviabiliser les mesures conservatoires de la biodiversité et les impératifs de valorisation économique compte tenu de la nécessité de produire des biens indispensables à la société. Les analyses sur le concept TGRN notamment celles de MALDIDIER (2001) ont montré que ses objectifs peuvent être classés en trois grandes catégories : la gestion du droit d’usage, l’exploitation des produits de la ressource et la conservation (in RAVONONARIMANGA, 2004).
Typologie des activités agricoles
L’analyse des activités des exploitations agricoles permet de déterminer les proportions des activités les plus pratiquées dans la zone d’étude (cf. Annexe V).Le graphe ci-dessous représente le degré d’importance de chaque activité pratiquée par l’échantillon de population étudié. Ce graphe montre que les ménages pratiquent des activités très diverses en agriculture (les cultures vivrières, les légumes, les fruits) et en élevage (les bovins, les porcins, les ovins et les volailles). Les activités les plus pratiquées sont par ordre d’importance la riziculture irriguée, l’exploitation des produits forestiers, l’élevage avicole, la culture de banane et de manioc. Néanmoins, la riziculture sur bas-fonds se démarque avec 97% de la population enquêtée pratiquant cette activité à l’inverse du riz kapakapa qui n’est pratiqué que par 3% de la population. Pour les cultures fruitières, les exploitations agricoles choisissent la culture de banane à 71%, suivie de la culture d’ananas à 24% et seulement 11% pour la culture d’oranges. En termes d’élevage avicole, les exploitations optent en majorité pour l’élevage de poulets à 74% au détriment de l’élevage d’oie (26%) et de canard (20%). Il est aussi important de constater que plus de la moitié de la population étudiée ont un cheptel bovin. Par contre l’élevage porcin et ovin est délaissé avec un taux faible de moins de 5%. Quant aux ressources forestières, elles sont largement exploitées par la population étant donné que 80% de la population s’adonne à cette pratique. Cependant, les priorités des ménages sur les ressources forestières exploitées sont différentes par VOI et par type de ressources.
Freins au succès du TGRN
a. Institutions locales de gestion : Au niveau local, les institutions de gestion des ressources naturelles sont les autorités administratives représentées par la Commune rurale et le Fokontany ainsi que les VOI. Cependant, malgré la volonté de la Commune à œuvrer pour la préservation de leurs ressources, le faible nombre d’agent de terrain n’arrivant pas à couvrir toute la superficie forestière de Didy permet toujours un accès libre de fait à la forêt. Ceci entraîne souvent un simple constat des activités illicites telles que l’exploitation minière. Les VOI, quant à elles, sont très dynamiques depuis la mise en place du CSP étant donné qu’ils considèrent le projet comme une autre source de revenu. Ils effectuent régulièrement les patrouilles forestières dont la rémunération est un revenu direct pour les membres. Néanmoins, quelques déficiences ont été relevées au niveau des associations. En premier lieu, nombreux sont les membres des VOI encore analphabètes. De ce fait, la structure de gestion des VOI reste figée avec des possibilités de rotation des membres de bureau réduites alors que la capacité de gestion actuelle des VOI est déjà faible. Or les formations octroyées par la DREF n’ont pas été systématiques à la mise en place du TGRN. Ceci met en exergue les lacunes de la décentralisation effective étant donné que l’administration centrale est supposée fournir un appui soutenu dans le sens de l’octroi de capacité normative d’un réel transfert de compétences autonomes (RAZAFIARIJAONA, 2007). Par conséquent, les VOI restent dépendants des services déconcentrés de l’Etat notamment sur les compétences acquises. Et certes la gestion des ressources naturelles exige les institutions locales (en particulier les VOI) à se charger de veiller au respect et à l’application des droits d’accès à l’espace forestier. Cependant la vigueur et la fermeté des VOI ne peuvent être valables que s’il existe une forte cohésion sociale ainsi qu’une bonne représentativité des VOI. Or les VOI sont minoritaires dans la Commune de Didy ; alors en cas d’infraction constatée par les VOI, les sanctions (dina) sont rejetées par les populations locales ce qui entraîne des tensions sociales vives entre VOI et population. De plus, comme les VOI ne sont pas habilités à appliquer les sanctions en cas de faute grave (exploitation de bois d’œuvre à grande échelle) mais à rendre compte à la DREF, la considération de la population locale est d’autant plus faible que souvent ces affaires n’ont aucune poursuite judiciaire. Cette connexion défaillante des VOI et de la DREF est un des goulots d’étranglement fragilisant la gestion locale des ressources naturelles.
b. Migration à raison économique : Dans la commune de Didy, il existe deux types de migrations : Une migration permanente et une migration temporaire. Les migrants permanents sont bien intégrés dans la société et participent à tous les évènements sociaux. Certains hameaux de Didy comme Ambodimanga par exemple sont essentiellement constitués de migrants originaires de plusieurs régions (Itasy, Amoron’I Mania, Vakinankaratra). La principale raison de leur installation est la potentialité agricole de Didy. Et en dépit de leur statut de migrant, ils peuvent acquérir des terres agricoles sans contraintes majeures. Les migrants temporaires par contre constituent une véritable menace pour l’organisation sociale locale et pour la préservation de la forêt d’Ambohilero. Ils défient l’autorité locale et les chefs de kijana par l’exploitation forestière illicite. De plus selon la population locale, l’exploitation minière inconnue des autochtones a été introduite par les migrants. Et comme les ressources minières sont à fort potentiel économique, leurs exploitations ont été généralisées ce qui a attirée d’autres migrants accentuant ainsi la pression anthropique sur les ressources forestières.
Conclusion
Le corridor Ankeniheny-Zahamena revêt une importance particulière. D’une part, cette ceinture forestière abrite les derniers lambeaux de forêts tropicales du pays, mais d’autre part elle renferme 50% de la biodiversité de la grande île. Du fait de la proximité de la commune rurale de Didy avec le CAZ, les efforts de conservation de ressources naturelles se sont donc multipliés dans cette zone. La première étape entreprise a été la mise en œuvre du transfert de gestion des ressources naturelles au profit de la population rurale pour réacquérir la légitimité d’occupation des kijana. La mise en place du TGRN a ainsi renforcé la réglementation d’accès au droit d’usage en favorisant la gestion de proximité des ressources naturelles. Néanmoins, les résultats de l’étude ont démontré que la population locale est peu motivée à adhérer aux structures de gestion des ressources naturelles mises en place : hypothèse 1 confirmée. La population considère ces structures comme peu efficaces et comme une perte de temps au détriment des travaux agricoles. Par contre, ceux qui sont membres des VOI sont dynamiques et motivées par la gestion des ressources naturelles depuis la mise en œuvre du CSP à Didy. Afin de consolider l’engagement des VOI dans la conservation des ressources naturelles, le contrat de conservation propose des mesures compensatoires destinées à compenser les pertes de revenus des ménages dues à l’interdiction de l’exploitation forestière. Mais malgré cet appui, l’efficacité de la gestion locale des ressources naturelles est conditionnée par l’agencement de plusieurs facteurs qui ont une incidence directe sur l’état de l’environnement. Les règles d’accès, les modes de gestion et l’importance du marché des produits provenant des ressources naturelles influent sur la façon dont les populations locales utilisent ou exploitent leurs ressources. De plus, la typologie des activités agricoles montrent que les ressources forestières sont utilisées par la majorité de la population. Et avec l’enclavement et la situation économique de la zone, la population s’oriente de plus en plus vers une logique d’autosubsistance et a recours de manière abusive aux ressources naturelles. La valorisation marchande des ressources naturelles par les populations locales peut donc déterminer le degré de conservation de la biodiversité. Ainsi, les ménages à revenu annuel faible optent pour une valorisation économique des ressources naturelles en exploitant les produits forestiers à haute valeur ajoutée tels que les produits miniers. Et les ménages à revenu plus élevée utilisent surtout les ressources naturelles pour l’autoconsommation. Le degré de dépendance aux produits forestiers est par conséquent étroitement lié aux types de ménages : hypothèse 2 confirmée. Et avec l’interdiction d’exploitation minière, le CSP a bouleversé les systèmes de production des ménages.
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Table des matières
Introduction
1. Objectif global
2. Objectifs spécifiques
3. Hypothèses
4. Résultats attendus
Partie I : Matériels et Méthodes
1. Délimitation de l’étude
1.1. Localisation de la zone d’étude
1.2. Choix du site
1.3. Choix du thème
2. Cadre théorique et conceptuel
2.1. Gestion intégrée des ressources naturelles
2.1.1. Gestion du droit d’usage
2.1.2. Valorisation économique des ressources
2.1.3. Conservation des ressources
2.2. Concept de développement durable
2.2.1. Origine
2.2.2. Définition et portée du concept
3. Méthodologie de recherche
3.1. Phase préparatoire
3.1.1. Revue bibliographique
3.1.2. Elaboration des questionnaires
3.1.3. Entretiens avec les personnes ressources
3.1.4. Observations
3.2. Phase de recueil de données
3.2.1. Enquêtes formelles
3.2.2. Focus group
3.3. Outils de traitement et d’analyse de données
3.3.1. Saisie des données
3.3.2. Traitement des données
3.3.2.1. Outils de traitements utilisés
3.3.2.2. Démarche de vérification de chaque hypothèse
3.3.2.2.1. Démarche 1 : Faire un bilan du transfert de gestion des ressources naturelles aux VOI
a) Le diagnostic interne
b) Diagnostic externe
c) Schéma récapitulatif
3.3.2.2.2. Démarche 2 : Déterminer la place des ressources forestières par rapport aux autres activités rémunératrices des ménages
a) Typologie des activités agricoles
Matrice absence-présence
Représentation graphique
b) Priorité des ménages en termes de ressources forestières
c) Typologie des ménages
Analyse sous Nuées Dynamiques
Analyse Factorielle Discriminante
d) Caractérisation des classes
e) Caractérisation économique des exploitations
3.3.2.2.3. Démarche 3 : Déterminer les effets du contrat de conservation sur les ménages
3.3.2.2.4. Démarche 4 : Proposer un système de suivi des actions de conservation entreprises
4. Chronogramme de l’étude
5. Limites de l’étude
6. Synthèse de la méthodologie
Partie II : Résultats
2.1. Bilan du transfert de gestion des ressources naturelles
2.1.1. Diagnostic interne
2.1.1.1. Organisation structurée
2.1.1.2. Représentativité des VOI
2.1.1.3. Moyens des VOI
2.1.1.4. Dynamique de la vie associative
2.1.2. Diagnostic externe
2.1.2.1. Projets avec le TGRN
2.1.2.2. Perception locale de la forêt
2.1.2.3. Immigration
2.1.3. Synthèse du TGRN
2.2. Caractérisation des activités des ménages
2.2.1. Analyse des activités des exploitations
2.2.1.1. Typologie des activités agricoles
2.2.1.2. Priorité des ménages en termes de ressources forestières
2.2.2. Analyse des exploitations au sein des groupes types
2.2.2.1. Typologie des ménages
2.2.2.2. Caractéristiques des classes
a. Par rapport aux moyens de production
b. Par rapport aux exploitations forestières
2.2.2.3. Synthèse du profil des ménages enquêtés
a. Profil des VOI
b. Tableau synthétique de la typologie
2.2.3. Caractérisation économique des exploitations
2.2.3.1. Composition des revenus des ménages
2.2.3.2. Revenus des exploitations
a. Revenu forestier
b. Revenu agricole
c. Autres revenus
2.3. Effets du Contrat de conservation
2.3.1. Effets économiques
2.3.1.1. Apports du projet
a. Patrouilles forestières
b. Investissement agricole
2.3.1.2. Comparaison de la performance économique : Simulation de calcul
2.3.2. Effets sociaux
2.3.2.1. Motivation des VOI
2.3.2.2. Tensions familiales
2.3.2.3. Insécurité rurale
2.3.3. Mise en relation des effets du projet
2.4. Evaluation du système d’information
2.4.1. Identification des acteurs.
2.4.2. Evaluation des points forts et points faibles
Partie III : Discussions et Recommandations
3.1. DISCUSSIONS
3.1.1. Eléments influençant le TGRN
3.1.1.1. Moteurs de développement du TGRN
a. Contexte socioculturel et démographique
b. Politique de l’Etat
3.1.1.2. Freins au succès du TGRN
a. Institutions locales de gestion
b. Migration à raison économique
3.1.2. Spécificités des activités des ménages
3.1.2.1. Utilisation rationnelle des ressources
3.1.2.2. Dépendance aux ressources forestières
3.1.3. Effets du Contrat de conservation
3.1.3.1. Effets positifs
3.1.3.2. Effets négatifs
3.1.4. Flux d’information gérée par deux pôles de décision
3.2. RECOMMANDATIONS
3.2.1. Au niveau du TGRN
3.2.2. Au niveau de la Commune et des ménages
3.2.3. Au niveau du suivi
Bibliographie
Webographie
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