Les maladies systémiques se définissent comme des maladies ou des syndromes inflammatoires et/ou auto-immuns diffus, c’est-à-dire intéressant habituellement plusieurs appareils[1]. Aussi le cadre nosologique des maladies systémiques au cours de notre étude se définit tel que suit:
– les maladies auto-immunes non spécifiques d’organes
-les connectivites indifférenciées
-les vascularites systémiques
-les granulomatoses systémiques avec comme chef de file la sarcoïdose
– les maladies auto-inflammatoires (Fievre Méditerranéenne Familiale, TRAPS, syndrome hyper- Ig D, cryopyrinopathies, déficit en antagoniste IL-1,la fièvre liée aux mutations de NLRP12) .
-certaines affections quand elles sont responsables de manifestations systémiques dépassant leur organe ou système princeps comme les spondyloarthrites, les thyroïdites auto-immunes, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.
Deux sous-groupes sont principalement distingués, d’une part les MAIS parmi lesquelles la polyarthrite rhumatoïde (PR) et le lupus systémique (LES) sont les plus fréquentes, et d’autre part les vascularites systémiques. Les maladies systémiques ont une prévalence très variable d’une pathologie à l’autre, mais prises ensemble, elles concerneraient environ 10 % de la population des pays industrialisés [1]. Il est classiquement admis que les maladies autoimmunes prédominent chez la femme jeune.
Les maladies systémiques et/ou leurs traitements sont associés à une hausse de la prévalence ou à une diminution de la prise en charge de certaines comorbidités. Notre étude revêt son intérêt face à l’impact considérable de la comorbidité sur l’état de santé des patients atteints de maladies rhumatismales. La morbi-mortalité des patients atteints de maladies systémiques reste supérieure à celle de la population générale à cause de multiples comorbidités [3]. Les comorbidités sont définies comme des associations non aléatoires entre plusieurs entités morbides présentes chez un individu en référence avec une maladie index. Habituellement, on privilégie une catégorie, considérée comme primaire et on lui associe un ou plusieurs troubles [4]. Une comorbidité implique que deux entités morbides soient absolument indépendantes l’une de l’autre et puissent exister en tant que telles [4]. Les mécanismes de ces associations peuvent être liés à ces maladies systémiques elles mêmes, aux effets des traitements utilisés pour les améliorer, ou bien l’apanage d’une coïncidence. Les principales comorbidités relevées chez les patients atteints de maladies systémiques sont les facteurs de risque cardio-vasculaire, le syndrome métabolique, l’ostéoporose, la sarcopénie, le risque infectieux, la dépression, les néoplasies, la dysfonction sexuelle et sans oublier le retentissement socio économique [3,4]. Le traitement de première intention des maladies auto-immunes et auto-inflammatoires repose sur différents médicaments (corticothérapie, immunomodulateurs ou immunosuppresseurs notamment les biothérapies) utilisés seuls ou en association (validés par consensus d’experts et selon différents niveaux de preuve) [3]. L’utilisation prolongée de ces médicaments est associée à :
– une morbidité élevée et une mortalité non négligeables en raison de l’évolutivité à court terme de la MAI
– des complications à moyen et long terme (infectieuses, vasculaires, métaboliques, néoplasiques…) induites par l’utilisation prolongée de la corticothérapie et des autres médicaments immunodulateurs et immunosuppresseurs [3]. Le pronostic des vascularites systémiques s’est amélioré avec l’introduction des traitements par glucocorticoïdes puis avec leur association aux immunosuppresseurs. Il tient autant aujourd’hui à la vascularite en elle-même qu’aux traitements utilisés, au premier rang desquels les glucocorticoïdes à l’origine d’effets indésirables et de comorbidités associées. Dans le cas de la sarcoïdose, les causes infectieuses constituent la principale comorbidité associée [4]. Depuis plusieurs années, il a bien été montré que le risque de maladies cardiovasculaires était augmenté chez les patients atteints de spondyloartrite [5]. L’infection quant à elle est l’une des causes principales de morbidité et de mortalité au cours du lupus érythémateux systémique [6]. Une prévalence importante de la dépression au cours de la polyarthrite rhumatoïde (45 %) a été rapportée dans une étude africaine de KAMISSOKO ainsi que des études faites ailleurs qui avaient retrouvé une forte corrélation du score DAS 28 avec la dépression [7]. Les comorbidités ont des conséquences non seulement sur le patient, mais aussi sur la société à travers l’augmentation du taux de mortalité et des coûts du traitement [8]. En fait, peu d’études ont montré cette forte corrélation entre le taux de comorbidités et l’impact socio-économique à la fois sur le patient et sur la société [9,10]. Le problème du diagnostic différentiel entre les manifestations spécifiques de la maladie initiale et les comorbidités associées se pose bien souvent surtout dans nos contextes africains où ces comorbidités, fréquentes, peuvent modifier le cours habituel de la maladie systémique tel que rapporté dans une étude de SOW.
Définition des variables opérationnelles
➤ L’état civil du patient
L’état civil impliquait l’âge, réparti selon les différentes tranches d’âge définies par l’OMS [enfants (00 à 14 ans) ; adolescents (15 à 24 ans) ; adultes (25 à 64 ans) ; aînés (65 ans et plus)], le genre, la profession, le statut matrimonial, l’adresse, l’origine géographique et l’ethnie.
➤ Les motifs de consultation
Il s’agissait des signes fonctionnels et physiques qui avaient déterminé les patients à venir en consultation. Pour certains, c’était le prolongement de leur suivi par leur médecin habituel suite à l’ouverture du service .
➤ Le délai diagnostique
Il définit la période qui s’étend du début des signes cliniques au diagnostic de la pathologie systémique.
➤ Les antécédents personnels et comorbidités
Il était question de préciser l’existence d’un antécédent personnel ou d’une tare sous-jacente spécifique. Les comorbidités étaient organisées en sous-groupes : cardio-vasculaires, métaboliques et endocriniennes, néoplasiques, infectieuses, rhumatologiques, hématologiques, chirurgicales, digestives, gynéco-obstétricales psychiatriques, autres.
Les comorbidités sont définies comme des associations non aléatoires entre plusieurs entités morbides présentes chez un individu en référence avec une maladie index. Une comorbidité implique que deux entités morbides soient absolument indépendantes l’une de l’autre et puissent exister en tant que telles. Les comorbidités sont des affections associées à ces maladies systémiques. On n’exclura les habitudes de vie telles que le tabagisme, l’abus d’alcool et la sédentarité qui feront partie du mode de vie. Par opposition aux multi morbidités on ne prendra pas en compte non plus le volet socio-économique parmi les comorbidités. De plus, nous calculerons l’’indice de comorbidité de Charlson (CCI) ajusté à l’âge permettant de quantifier le risque de mortalité à 1 et 10 ans sur la base des comorbidités (Annexe 1). Il est clinique et s’appuie sur une excellente fiabilité inter juge et sera donc utilisé pour quantifier le poids des comorbidités.
● Les antécédents familiaux de maladie systémique
Il s’agissait d’établir un contexte familial de maladie systémique.
● Le mode de vie
La précision portait sur les habitus alimentaires, sportives, le tabac, la consommation d’alcool.
● L’itinéraire thérapeutique
Il s’agissait de retracer le parcours de soins et de préciser si possible les traitements dont les patients avaient bénéficié.
● Diagnostics
Ce paragraphe rapporte en détails le spectre des maladies systémiques au sein de notre étude.
● Le traitement reçu
Ceci rapporte les médicaments actuellement en cours pour le traitement de l’affection initiale et des comorbidités sans précision des posologies. Les traitements de fond ainsi que les thérapeutiques symptomatiques étaient pris en compte
● Evolution
Etaient rapportés les cas de décès et les patients dits « perdus de vue ».
Analyses statistiques et considérations éthiques
L’étude descriptive permettait de calculer les moyennes, médianes, modes et les écarts-types. Les données sont extraites de la base de données à partir d’un logiciel Excel et sont analysées avec le logiciel Stata 14 ; la vérification des hypothèses de notre étude passera par deux méthodes analytiques qui sont : le tri à plat des variables et l’analyse descriptive puis multivariée L’analyse statistique se fera à l’aide du Khi2. Ces tests nous donnent une idée de la force de l’association entre deux variables. Si Khi2 est supérieur ou égale au Khi2 théorique, en l’occurrence p value inférieure ou égale à 0, 05, on conclura à une association significative entre les deux variables étudiées .
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Table des matières
INTRODUCTION
1. METHODOLOGIE
1.1. Cadre d’étude
1.2. Patients et méthodes
1.2.1. Type d’étude
1.2.2. Population d’étude
1.2.2.1. Critères d’inclusion
1.2.2.2. Critères de non inclusion
1.2.3. Recueil de données
1.2.4. Définition des variables opérationnelles
1.2.5. Analyses statistiques et considérations éthiques
2. RESULTATS
2.1. Etude descriptive
2.1.1. Données socio- démographiques
2.1.2. Diagnostic des maladies systémiques
2.1.3. Comorbidités et mode de vie
2.1.4. Traitement
2 .1.5. Evolution
2.2. Etude analytique
2.2.1. Comorbidités et maladies systémiques
2.2.2. Comorbidités et traitement
2.2.3. Analyse multivariée des facteurs associés aux comorbidités au cours des maladies systémiques
3. DISCUSSION
3.1. Données socio-démographiques
3.2. Diagnostic des maladies systémiques
3. 3.Comorbidités
3.3.1. Comorbidités gynéco-obstétricales
3.3.2. Comorbidités métaboliques et endocriniennes
3.3.3. Comorbidités rhumatologiques
3.3.4. Comorbidités tumorales
3.3.5. Comorbidités infectieuses
3.3.6. Comorbidités cardio-vasculaires
3.3.7. Les comorbidités psychiatriques
3.3.8. Comorbidités digestives
3 .3.9. Comorbidités respiratoires
3. 3.10. Comorbidités hématologiques
3.3.11. Autres
3.4. Traitement
3.5. Evolution
3.6. Limites de l’étude
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXE