Les maladies parodontales sont des infections bactériennes mixtes qui entrainent la destruction des tissus de soutien de la dent, à savoir la gencive, le desmodonte, l’os alvéolaire et le cément. L’ensemble de ces tissus constitue, le parodonte. Le diabète est une maladie chronique qui touche aujourd’hui plus de 371 millions de personnes dans le monde et est responsable d’un décès toutes les 7 secondes. Le diabète n’est plus, aujourd’hui, une maladie des pays riches. Le nombre de personnes souffrant de diabète en Afrique augmentera de 98,1% au cours des 20 prochaines années, passant de 14,7 millions en 2011 à 28 millions en 2030 [1]. L’amélioration du niveau de vie, facilite une alimentation plus riche en sucres et graisses [2]. Aux niveaux de nos population africaine le changement des habitudes alimentaires s’est opéré avec le passage d’une alimentation traditionnelle à une alimentation mixte/occidentale, or une suralimentation et le manque d’activité physique favorise une prise de poids. L’obésité, la sédentarité, la modification des comportements alimentaires avec déstructuration du rythme des prises alimentaires, l’urbanisation, l’augmentation de l’espérance de vie ont favorisé l’avènement de la maladie [3]. Mal traité, le diabète engendre à long terme de multiples complications touchant les yeux, les reins, le cœur, les vaisseaux sanguins, la bouche, les nerfs etc.
Les complications infectieuses sont plus fréquentes et plus graves chez les patients diabétiques que dans la population générale. Il existe chez les diabétiques hyperglycémiques de nombreuses perturbations des fonctions leucocytaires (altération du chimiotactisme, de la bactéricidie et de la phagocytose des polynucléaires). Le patient diabétique est considéré comme un patient immunodéprimé, prédisposé aux infections. Le retentissement du diabète sur la cavité buccale est très influencé par l’équilibre glycémique .
C’est pourquoi les patients atteints de diabète mal contrôlé de type 1(insulinodépendant) ou de type 2 (non insulinodépendant) peuvent être susceptibles aux maladies parodontales [6] [7]. Des preuves fiables et concordantes démontrent qu’une parodontite grave affecte négativement le contrôle de la glycémie chez les patients diabétiques et non diabétiques. Il existe une relation directe et entre la gravité de la parodontite et les complications liées au diabète. Des données récentes indiquent que les patients souffrant d’une parodontite grave risquent de développer du diabète [8]. Le diabète, types 1 et 2 confondus, est clairement reconnu comme facteur de risque de maladies parodontales sévères [9]. Les différentes études menées sur les diabètes de type 1 et 2 ont conduit à définir la maladie parodontale (parodontite) comme la sixième complication du diabète [10]. Une autre étude [11] a conclu que les patients diabétiques de type 2 atteints de parodontites contrôlent difficilement leur diabète. D’autres études [12] [13] constatent que le traitement des parodontites chez des patients diabétiques améliore considérablement le contrôle de leur glycémie, qui se traduit par une réduction significative du taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) .
Le Mali est l’un de ces pays affectés par le diabète, la première étude de prévalence a été effectuée par l’équipe d’Alain Fish, avec le projet KBK (projet Kita Bafoulabé Kéniéba) en 1985, et donnait une prévalence de 0,93% en zone rural [20]. En 2008, Pr Niantao et coll. ont trouvé un taux de prévalence de 9 ,3 % sur toute l’étendue du Mali [20]. La prévalence de diabète de type 2 au Mali est de 3,3 % soit plus de 150000 patients diabétiques dans le pays. En ce qui concerne le diabète de type 1, l’incidence serait de l’ordre de 7/100 000, soit 1 000 nouveaux cas par an [1].
L’insuffisance d’études au Mali, la prise en charge pluridisciplinaire des patients diabétiques et l’intégration des différentes branches de la médecine ont motivé le choix de l’étude. L’évaluation des besoins de traitements parodontaux contribuera fortement à l’amélioration de la santé bucco- dentaire de la population diabétique du Mali. Il serait intéressant d’établir des partenariats entre les professionnels du diabète, les chirurgiens dentistes et d’autres professionnels de la santé. L’Organisation Mondiale de la Santé préconise d’intégrer la santé buccodentaire au programme global de santé. Une fois de plus, médecin et dentiste doivent faire équipe pour le bien être du patient. [21] Notre objectif dans cette étude est d’évaluer les besoins de traitement parodontaux des patients diabétiques du centre national de lutte contre le diabète de Bamako.
Rappel sur le parodonte et la maladie parodontale
Définition du parodonte
Le mot Parodonte vient du mot grec, para (autour de) et odontos (dent). Le parodonte constitue l’ensemble des tissus de soutien de la dent et comprend la gencive, le desmodonte, le cément et l’os alvéolaire (Figure1). Sa principale fonction est de fixer la dent au tissu osseux des maxillaires. Le parodonte peut subir certaines modifications avec l’âge et être l’objet d’altérations morphologiques et fonctionnelles. Le parodonte est ainsi impliqué dans un processus d’adaptation continuel répondant aux modifications dues au vieillissement, à la mastication et à l’environnement buccal.
Anatomie du parodonte
Il est constitué de deux tissus mous et de deux durs
La gencive
La gencive est un tissu mou qui sertit le collet des dents et recouvre l’os alvéolaire. Elle est limitée dans sa partie coronaire par le bord gingival libre(ou rebord marginal). Dont le contour est festonné et parallèle à la jonction alvéolo-cementaire. Elle est limitée dans sa partie apicale par la ligne muco-gingivale qui sépare la gencive de la muqueuse alvéolaire. Lorsqu’elle est saine, la gencive a une consistance ferme, un contour harmonieux, une coloration rose pâle parfois pigmentée et sa texture présente un aspect granité en peau d’orange. La gencive se divise en trois parties :
• La gencive libre ou marginale,
• La gencive attaché,
• La gencive papillaire ou inter dentaire
Le desmodonte
C’est le ligament alvéolo-dentaire ou ligament parodontal, il est constitué dans sa grande majorité, de fibres de collagène enchevêtrées. Il comble l’espace existant entre la racine et l’os alvéolaire. Son rôle majeur est de fixer les dents dans leur alvéole et de supporter les forces auxquelles elles sont soumises pendant la fonction de mastication et les parafonctions.
Le cément
C’est un tissu conjonctif minéralisé avasculaire non innervé qui recouvre toute la surface externe de la dentine radiculaire. Son rôle principal est de servir d’ancrage au ligament alvéolo-dentaire. Il assure l’attache et la fixation de la dent et joue également un rôle important dans la protection dentinaire et la réparation. Au niveau du parodonte sain, le cément n’est pas en contact direct avec le milieu buccal. Par contre, au décours des processus pathologiques, le cément se trouve exposé au contour de la poche parodontale, en particulier aux endotoxines de la plaque dentaire.
L’os alvéolaire
L’os alvéolaire est un tissu osseux qui entoure la ou les racines des dents et détermine ainsi autant d’alvéoles que de racines. Il est classiquement admis que « l’alvéole naît, vit et meurt avec la dent ». Il constitue la charpente osseuse qui fait suite à l’os basal des maxillaires bien qu’aucune limite ne soit clairement définie. Il comprend deux parois osseuses denses : les corticales alvéolaires (interne et externe) formées d’os compact. Entre ces deux corticales se trouve un os spongieux à grands espaces médullaires assurant une vascularisation très importante. La paroi alvéolaire interne établit un rapport avec l’attache desmodontale. C’est une lame criblée de pertuis qui permet le passage des structures vasculaires. Elle est encore appelée lame cribriforme.
Rôle du parodonte
Le parodonte joue les rôles suivants :
– solidariser la dent à l’os sous jacent,
– remodeler les structures soumises aux modifications dues à la fonction et à l’âge,
– assurer des barrières de défenses efficaces.
Le parodonte peut faire l’objet d’une pathologie suite à l’action d’un processus infectieux.
Maladies parodontales
Définition
Les parodontopathies regroupent l’ensemble des pathologies aigues ou chroniques des tissus parodontaux et d’origine microbienne. Ces lésions constituent le point de départ de la perte des différentes fonctions de l’odonte. Les maladies parodontales peuvent être accentuées ou entretenues par certaines pathologies systémiques, métaboliques, ou infectieuses.
Classification des parodontopathies
On distingue deux grands groupes de maladies parodontales :
• les atteintes du parodonte superficiel ou gingivites,
• les lésions du parodonte profond ou parodontites.
La classification actuellement en cours est celle issue d’un consensus en 1999 et publiée par Armitage. C’est une classification nosologique qui pallie certaines insuffisances liées aux classifications précédentes.
Classification des maladies parodontales
• Gingivite associée à la plaque dentaire :
o Sans facteurs favorisants locaux,
o Avec facteurs favorisants locaux.
• Maladies gingivales modifiées par des facteurs systémiques :
o associés au système endocrinien (puberté, menstruation, grossesse, diabète),
o associé aux maladies hématologiques (leucémie et autres).
• Maladies gingivales modifiées par la prise de médicaments,
• Maladies gingivales modifiées par la malnutrition carence en Vitamine C et autres,
• Maladies gingivales non dues à la plaque, virale, génétique, muco-cutanée, allergique,
• Maladies gingivales d’origine virale primo-infection herpétique, herpès buccal, zona,
• Parodontite chronique (dite parodontite de l’adulte) :
o Sévérité : légère (niveau d’attache clinique<3mm), Modérée (niveau d’attache clinique situé à 3-4mm), Sévère (niveau d’attache clinique ≥5mm),
o Destruction en rapport avec les facteurs locaux, associée à des schémas microbiens variables, progression de la maladie lente à modérée, mais avec de possibles périodes de progression rapide, peut intervenir à tout âge, sous une forme localisée ou généralisée.
• Parodontite agressive, localisée et généralisée (dite parodontite précoce, qui comprend les parodontites juvéniles, de la puberté, et à évolution rapide) :
o perte d’attache clinique et d’os importance des dépôts microbiens sans relation avec la sévérité de la destruction tissulaire, et familiale, souvent associée aux infections à Actinobacillus actinomycetem comitans,
o La forme localisée touche les molaires et les incisives.
• Parodontites manifestations de maladies systémiques, hématologiques ou génétiques,
• Maladies parodontales nécrosantes :
o Gingivite ulcéro-nécrotique
o Parodontite ulcéro-nécrotique.
• Abcès parodontaux
• Parodontites associées à des lésions endodontiques
• Anomalies de développement ou acquises, défauts mucogingivaux, traumatismes occlusaux.
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Table des matières
I.INTRODUCTION
1. Préambule
2. Intérêt
3. Généralités
II. OBJECTIFS
1. Objectif général
2. Objectifs spécifiques
III. METHODOLOGIE
1. Cadre et lieu d’étude
2. Type et Période d’étude
3. Population d’étude
4. Type de recrutement
5. Critères de sélection
6. Collecte et analyse des données
7. Méthode
8. Retombées scientifiques
9. Considérations éthiques
10. Limite de l’étude
11. Analyse statistique et saisie des données
IV. RESULTATS
V. DISCUSSION ET COMMENTAIRES
VI. CONCLUSION
VII. RECOMMANDATIONS
VIII. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
IX. RESUME
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