EVALUATION DES ATELIERS THERAPEUTIQUES D’ESCRIME

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ETAT DES LIEUX DES CONNAISSANCES

Le Trouble de Stress Post-Traumatique

Epidémiologie

Bien que l’exposition à des évènements traumatiques au cours de la vie d’un adulte soit fréquente (Benjet et al., 2016), la proportion de personnes développant un TSPT varie de 25 à 30% selon les recommandations anglaise (NICE, 2018). La prévalence mondiale pour le TSPT serait de 1% à 9% de la population totale (Atwoli et al., 2015). On observe des variations importantes de cette prévalence selon les populations étudiées. Dans certaines populations plus à risque de développer un TSPT, la prévalence vie entière peut dépasser 50% (APA, 2015).
Plusieurs études montrent que le TSPT est associé à une invalidité importante dans les populations touchées (Schlenger et al., 2015) ainsi qu’à une mortalité prématurée. Bien que ce syndrome soit associé à des comportements suicidaires, les principales causes de décès seraient d’après plusieurs recherches, les cancers des voies respiratoires et les maladies cardiaques ischémiques (Nazarian et al., 2012 ; Schlenger et al., 2015).

Facteurs de risque

Comme suggéré précédemment, le risque de développer un TSPT serait variable suivant les populations mais aussi selon certains facteurs individuels et le type de traumatisme auquel les personnes ont été exposés (Akbarian et al., 2015). Le TSPT semble être ubiquitaire dans toutes les tranches d’âge (NICE, 2018) avec un risque augmenté chez les plus jeunes. Plusieurs études suggèrent qu’un niveau socio-économique faible, un apprentissage scolaire ou une intelligence modeste seraient également des facteurs de risque (Casey et al., 2018 ; Shalev et al., 2017). Certaines professions semblent être associées à un risque plus grand de développer un TSPT, tel que les militaires, les policiers et les pompiers. Une prévalence augmentée de TSPT a été retrouvée chez les premiers intervenants lors de désastres ou auprès de traumatisés de masse (Casey et al., 2018).
Plusieurs caractéristiques individuelles constituent des facteurs de risque de développer un TSPT. Il s’agit des antécédents personnels ou familiaux de traitement psychiatrique, de problèmes émotionnels, ou de troubles psychiatriques notamment anxieux ou de l’humeur. De plus, les antécédents de TSPT sont un facteur de risque d’en développer à nouveau un (Casey et al., 2018).
La menace ressentie lors de l’exposition au traumatisme est un meilleur prédicteur de l’apparition d’un TSPT que la menace objective. Certains auteurs suggèrent que la perception subjective de l’événement traumatisant pourrait expliquer les réponses différentes selon les individus (Lopez, 2020). Cependant certains types de traumatismes sont plus à risques d’entrainer un TSPT chez les personnes qui y sont exposées. Une étude menée en France en 2015 rapporte que les traumatismes les plus à risque sont les viols, la violence domestique et la survenue d’une maladie grave pendant l’enfance (Husky et al., 2015).
La sévérité, la chronicité et la durée du traumatisme sont aussi des éléments péri-traumatiques représentant autant de facteurs de risque de développer un TSPT (Shalev et al., 2017). La survenue d’une détresse péri-traumatique ou d’une dissociation pendant le traumatisme semblent prédictives de l’apparition d’un TSPT (Bui et al., 2010 ; Casey et al., 2018 ; Vance et al., 2018). Des conditions post-traumatiques sont également pointées comme favorisant le développement du trouble. On retrouve l’absence de soutien social, la présence continue de stress, des adversités persistantes, la survenue de nouvelles adversités ou l’échec de stratégies mises en place pour faire face au traumatisme (abus de substances, mauvaise hygiène du sommeil, affections somatiques comorbides) (Casey et al., 2018).

Comorbidités

Plusieurs études montrent que les patients présentant un TSPT ont plus de risque de développer d’autres troubles psychiatriques (APA, 2015 ; Kessler et al., 2005). Le taux de comorbidités psychiatriques se situe entre 50% et 80% (Ravindran et Stein, 2009). Les troubles psychiatriques concomitants les plus fréquents sont l’épisode dépressif caractérisé, le trouble panique et le trouble de l’usage de substances (Casey et al., 2018). Certaines recherches suggèrent que le TSPT est associé à des troubles du comportement alimentaire notamment chez des adultes victimes de violences sexuelles (Dubosc et al., 2012). De plus, les patients souffrant de TSPT présentent des taux élevés de comorbidités somatiques (Pacella et al., 2013). Ces patients ont des taux plus élevés de passages à l’acte auto ou hétéro-agressifs (Felitti et Anda, 2010) et le risque suicidaire est majoré chez ceux présentant des cauchemars traumatiques (Tanskanen et al., 2001).

Critères diagnostiques selon le DSM-5

L’évènement traumatique

Le trouble de stress post-traumatique a été défini pour la première fois dans le DSM-III en 1980 (APA, 1980). Le diagnostic était et reste toujours dépendant d’un prérequis d’exposition. Dans la première version de la description du trouble, il était nécessaire de caractériser une exposition à un événement traumatisant catastrophique générant un stress en dehors de la gamme habituelle des expériences humaines classiques. La caractérisation d’événement traumatique était nécessairement associée à la crainte d’avoir pu mourir. On peut remarquer que le prérequis d’exposition est étroitement lié à une réaction subjective. Cette caractérisation évolue avec le DSM-IV qui opère un élargissement sémantique de la caractérisation de l’événement traumatique qui doit alors être associé à des réactions individuelles de peur intense, d’horreur ou de désespoir (APA, 1994) et plus uniquement la crainte d’avoir pu mourir. Malgré ce premier élargissement, les critiques restèrent vives vis-à-vis de cette définition car de nombreuses personnes présentant des symptômes de stress post-traumatique ne présentaient pas ces critères indispensables au diagnostic. Le DSM-5 vient répondre à ces critiques et retire une grande part de subjectivité à la caractérisation de l’événement traumatique : le prérequis devient indépendant de la réaction subjective, il est plus factuel. Les événements traumatiques identifiés dans le DSM-5 comme prérequis nécessaire à la caractérisation du trouble sont : une exposition à la mort effective ou une menace de mort, des blessures graves ou des violences sexuelles (APA, 2013). L’individu doit être personnellement ou indirectement exposé ou menacé à l’événement traumatique. Le DSM-5 précise que s’il s’agit de l’annonce de décès, le diagnostic peut être posé si le décès est une mort violente ou accidentelle. Bien que la définition de l’événement traumatique soit plus concrète, une place est toujours laissée à une certaine interprétation. En effet, le critère A4 précise que l’exposition répétée ou extrême aux détails horribles d’un événement traumatisant peut constituer un événement traumatique causal de TSPT (APA, 2013). Il n’en demeure pas moins que la clinique conserve une part de subjectivité et dans ce sens que le diagnostic d’événement traumatique ne peut être complétement objectif (Auxéméry, 2019).
Avec le DSM-5, le TSPT ne fait plus partie de la catégorie des troubles anxieux. Il s’inscrit dans les troubles liés à des traumatismes ou à des facteurs de stress (APA, 2015).

Les symptômes de TSPT

On retrouve quatre groupes de symptômes de TSPT dans le DSM-5. Les symptômes intrusifs (critère B) comprennent les souvenirs répétitifs, involontaires et envahissants, les rêves provoquant un sentiment de détresse, les réactions dissociatives qui comprennent les flashbacks, le sentiment intense de détresse provoqué par les stimuli rappelant le traumatisme et les réactions physiologiques marquées lors de l’exposition à des stimuli évoquant le traumatisme. Au moins un symptôme intrusif est nécessaire pour le diagnostic de TSPT selon le DSM-5.
Les symptômes d’évitement et les altérations de l’humeur qui étaient regroupés dans le DSM-IV ont été séparés dans le DSM-5. Ces symptômes d’évitement (critère C) correspondent à des efforts répétés pour éviter des pensées et des sentiments associés au traumatisme. Ils peuvent aussi être en rapport avec des stimuli externes ayant un lien avec l’événement traumatique comme des personnes, des lieux ou encore des activités. Au moins un symptôme d’évitement est nécessaire pour le diagnostic de TSPT.
Les altérations négatives des cognitions et de l’humeur (critère D) correspondent à des émotions et des pensées désagréables et inadaptées qui surviennent après le traumatisme. Parmi ces symptômes du critère D, on retrouve : l’amnésie d’aspects importants du traumatisme, les croyances négatives persistantes concernant soi-même, les autres ou le monde, une culpabilité inadaptée ou excessive de soi-même ou des autres pour les causes ou les conséquences du traumatisme, les émotions négatives liées au traumatisme comme la colère ou la peur, une diminution importante de l’intérêt du patient pour des activités majeures, le sentiment d’être étranger par rapport aux autres personnes de son entourage et une limitation des affects. Deux symptômes du critère D sont nécessaires pour le diagnostic de TSPT selon le DSM-5.
Le critère E correspond aux altérations de l’éveil et de la réactivité qui surviennent ou se dégradent après le traumatisme. Ces symptômes comprennent : l’irritabilité ou les comportements agressifs, les conduites autodestructrices, l’hypervigilance, les réactions de sursaut exagérées, les difficultés pour se concentrer et les troubles du sommeil. Deux symptômes du critère E sont requis pour le diagnostic de TSPT. (APA, 2013 ; Casey et al., 2018)
La durée des symptômes décrits aux critères B, C, D et E doit être de plus d’un mois (Critère F). Ceux-ci doivent entrainer une souffrance cliniquement significative (Critère G) et ne sont pas attribuables aux effets physiologiques d’une substance (par exemple médicament ou alcool) ou à une autre affection (Critère H). La validation des critères F, G et H est indispensable pour le diagnostic de TSPT.

Diagnostics différentiels

Le trouble de stress aigu correspond à l’apparition de symptômes de TSPT suite à l’exposition à un événement traumatique. Les symptômes débutent au cours des 4 semaines suivant le traumatisme et durent au minimum 3 jours, mais, contrairement au TSPT ne durent pas plus de 1 mois.
Si le prérequis de l’exposition à un événement traumatique tel qu’il est énoncé dans le DSM-5 n’est pas validé, le diagnostic de TSPT ne pourra pas être choisi en raison de l’absence du critère A. Cependant, des événements non définis comme des événements traumatiques selon le DSM-5 peuvent entrainer une détresse ou un stress intense. D’autres diagnostics que le TSPT peuvent alors être envisagés tels que le trouble de l’adaptation, l’épisode dépressif caractérisé, le trouble de personnalité borderline ou un trouble appartement aux “autres troubles liés à des traumatismes ou à des facteurs de stress spécifiques” (Casey, 2018).

Traitements recommandés dans le TSPT

Les deux axes principaux de prise en charge du TSPT sont les psychothérapies et la pharmacothérapie. Certaines sociétés savantes recommandent l’utilisation des psychothérapies en première intention (The Department of Veterans Affairs and the Department of Defense guidelines, 2017 ; Nice, 2018).
Sur le plan pharmacologique, plusieurs essais cliniques pharmaceutiques randomisés et contrôlés ont été publiés et les Inhibiteurs Sélectifs de la Recapture de la Sérotonine (ISRS) tels que la paroxétine ou la sertraline sont les médicaments les plus largement étudiés. Ils se sont avérés efficaces pour réduire les symptômes de TSPT avec un taux de réponse approximatif de 60 % (Bisson et Andrew, 2009).
Les psychothérapies recommandées sont les psychothérapies centrées sur le trauma (trauma-focused therapy) (Charney et al., 2018). Parmi elles, les psychothérapies ayant montrées la plus grande efficacité sont les psychothérapies d’exposition, les psychothérapies cognitives et comportementales spécifiques pour le TSPT, la Thérapie des Processus Cognitifs (TPC) et l’Eye Movement Desensitization and Reprocessin (EMDR) (Lewis et al., 2020). Nous allons évoquer plus en détail ces psychothérapies.

Les thérapies cognitives et comportementales spécifiques pour le TSPT et les thérapies d’exposition

L’objectif de ces thérapies est d’identifier précisément les distorsions cognitives ainsi que les schémas cognitifs inadaptés dans le cadre du TSPT dans le but de les atténuer voir les modifier ensuite (Casey et al., 2018). Plusieurs techniques telles que l’exposition, la relaxation et les techniques cognitives sont utilisées (Grebot & Berjot, 2010). Le thérapeute aide alors le patient à améliorer ses réponses adaptatives.
Les thérapies d’exposition ont pour but d’aider à réduire la peur et l’anxiété d’une personne en modifiant les comportements appris suite au traumatisme tels que l’évitement. Ceci est fait en confrontant activement le patient à un stimulus extérieur qu’il perçoit comme dangereux. Plusieurs thérapies d’exposition existent comme l’Exposure Psychotherapy (EP), la Brief Eclectic Psychotherapy (BEP) et la Narrative Exposure Therapy (NET) (Casey et al., 2018).

La thérapie des processus cognitifs

La TPC est fondée sur la théorie sociale cognitive et la théorie du traitement de l’information émotionnelle (Chauvel, 2020). L’objectif est d’aider le patient à développer des évaluations plus saines et équilibrées de l’évènement traumatique, de lui-même et de son environnement. Pour cela, plusieurs techniques de restructuration cognitives sont utilisées telles que les questions socratiques afin de modifier des interprétations inexactes ou des pensées négatives liées au traumatisme.

L’EMDR

L’EMDR peut être considérée comme une thérapie cognitive basée sur l’exposition en imagination au souvenir douloureux. Cette exposition est associée à des mouvements oculaires (suivi oculaire du doigt du clinicien qui se déplace dans le champ visuel) (Casey et al., 2018). Il s’agit d’une thérapie cognitive puisque l’objectif est que le patient puisse remplacer les pensées négatives associées au traumatisme par des pensées plus positives

Les psychothérapies psychocorporelles

Bien que les psychothérapies conventionnelles aient démontré une certaine efficacité dans le traitement du TSPT, les symptômes résiduels, l’efficacité thérapeutique et un taux d’abandon encore trop important (Goetter, et al., 2015 ; Wynn et al., 2015) encouragent à développer et étudier d’autres approches dans la prise en charge du TSPT. C’est le cas des psychothérapies psychocorporelles que nous allons développer à présent.

Définition

L’objectif des psychothérapies psychocorporelles est la réintégration du corps comme lieu d’expérience et d’existence et la réhabilitation du ressenti (Motchane, 2005).
Elles correspondent à un ensemble de pratiques psychothérapeutiques vaste. On peut distinguer deux grands types de psychothérapies psychocorporelles qui sont d’une part les psychothérapies dites d’approche corporelle et d’autre part les psychothérapies qualifiées de psychothérapies organismiques (Heller, 2008).
Le courant organismique considère la psyché et le corps comme constituants d’un ensemble plus grand qui est l’organisme. Les psychothérapies organismiques ont pour but d’explorer cet organisme par tous les modes de communication possibles (verbal, gestuel, postural, vocal, végétatif) (Heller, 2008). Ici, les méthodes corporelles ne sont qu’un élément parmi d’autres pour explorer l’organisme. La végétothérapie et la psychologie biodynamique sont des exemples de psychothérapies organismiques.
Les psychothérapies d’approche corporelle distinguent nettement les interventions verbales et les interventions corporelles et qui utilisent les méthodes corporelles pour soutenir dans un second temps une exploration de la psyché centrée sur la communication verbale (Heller, 2008). C’est le cas par exemple de la gestalt thérapie, l’analyse transactionnelle, la relaxation, le yoga ou la méditation. Les anglophones utilisent le terme de Mind Body Therapy. Les ateliers thérapeutiques d’escrime détaillés plus loin font partie de cet ensemble.

Concept thérapeutique

Le concept thérapeutique des psychothérapies psychocorporelles repose sur la notion de « bio-phénomène » ou « éprouvé » qui correspond à tout ce qui est vécu par un individu lors d’un travail introspectif « avec son corps ». Lors des séances, la dynamique corporelle induit un état de vigilance accrue dit « vigilance paradoxale ». Les perceptions corporelles, émotionnelles, voire réflexives, échappent en partie à la censure du surmoi et révèlent ainsi des vécus « plus profonds » que ceux que le conscient laisse émerger dans l’état de veille habituelle (Motchane, 2005)
Les psychothérapies psychocorporelles cherchent toujours à faire prendre conscience au sujet des trois dimensions des vécus existentiels (cognition, sensation corporelle et émotion) et à les équilibrer (Gamba, 2004). L’émotion est le produit du vécu corporel et cognitif réunis, elle est activement « produite » par l’individu, avec un rôle d’indicateur de la qualité des vécus. Elle constitue le principal levier effectif des interventions psychocorporelles.
Plusieurs études de neuro imagerie cérébrale chez des patients atteint de TSPT montrent une hyper activation de l’amygdale et une hypo activation du cortex préfrontal (Dégeilh et al., 2013 ; Postel et al., 2021). Cela soutient l’hypothèse d’une hypermnésie des aspects émotionnels du traumatisme dans le TSPT et de difficultés d’élaboration du vécu traumatique grâce aux capacités symboliques du cortex supérieur, pour devenir un « récit » assimilable par le psychisme. Les psychothérapies psychocorporelles permettent alors d’accéder au traumatisme danssa dimension émotionnelle et corporelle par l’exploration du “bio-phénomène”. Elles permettent ainsi une harmonisation progressive des dimensions corporelle, émotionnelle et cognitive, notamment en favorisant une bonne régulation des émotions par la pratique corporelle. (Kolk et al., 2012).

Rappels historiques

Les premières interventions psychocorporelles datent d’il y a plus de deux mille ans dans la région de l’Indus en Asie avec le développement du yoga. Cette pratique peut être considérée comme la démarche psychocorporelle la plus ancienne et dont le premier ouvrage connu, le recueil des Sûtras de Patanjali est daté d’il y a environ vingt-trois siècles. Pour les yogis, un individu ne peut pas se développer sainement sans mobiliser les ressources contenues dans toutes les dimensions du vécu humain que sont la posture, les gestes, la respiration, la physiologie, la relaxation, la concentration mentale et les connaissances intellectuelles (Heller, 2008)
Par la suite, notamment en Asie, cette approche psychocorporelle sera centrale dans le développement de la médecine chinoise dont découleront par exemple l’acuponcture mais également les arts martiaux tels que le tai chi-chuan.
C’est au 19éme siècle que l’on peut situer les premières réflexions sur les interventions psychocorporelles en Occident à travers les travaux de Freud (1856-1939) et la psychanalyse. Bien que Freud ait centré son attention sur l’analyse de ce qui est dit, la dimension corporelle demeure pour lui essentielle, comme partie de l’organisme, avec la psyché (Brun, 2007). Ce sont d’autres psychanalystes qui approfondiront au début du 20ème siècle la question de la dimension corporelle. Alfred Adler (1870-1937) prônait une intégration du corps dans la pratique et la théorie de la psychothérapie. Selon lui, il existe alors une relation directe entre corps et psyché. Walter Groddeck (1866-1934) propose quant à lui une psychothérapie “psychosomatique”. Il développe les notions de défenses corporelles en considérant que les tensions musculaires peuvent être des moyens de répression de contenus psychiques (Hauswirth, 2002, p. 180). Sándor Ferenczi (1873-1933) qui est un proche de Freud, développe la technique psychanalytique active (Ferenczi, 1921) qui intègre l’analyse des comportements non verbaux lors des séances de psychanalyse.
Bien que de nombreux psychanalystes se soient intéressés à la dimension corporelle, c’est Wilhelm Reich (1897-1957) qui eut un rôle véritablement central dans le développement des idées sur le corps en psychothérapie. Psychiatre et sexologue à Vienne, Reich est connu pour ses travaux en sexologie et son développement de l’analyse caractérielle, c’est à dire une façon d’aborder les résistances d’un individu dans un ordre précis, des résistances les plus superficielles vers les plus profondes. C’est au contact de plusieurs personnalités du domaine psychocorporel telles que Rudolph Laban (1920-1950) connu pour son étude de la communication non verbale ou Elsa Gindler, spécialiste des techniques de coordination entre mouvements et respirations, qu’il développe, à l’aube de la seconde guerre mondiale, la notion de « cuirasse » ou « d’armure » (Reich, 1949). La « cuirasse » correspondrait au résultat d’un ensemble de tensions musculaires associées chacune à un affect distinct et qui conduirait graduellement à une forme pathologique d’organisation de la musculature. Elle entraverait la coordination des segments corporels, réduisant le répertoire postural, inhibant la respiration et diminuant les perceptions corporelles. Les défenses psychiques et musculaires rempliraient alors une fonction identique. En 1933, Reich est contraint de quitter l’Allemagne nazie et s’exile au Danemark puis à Oslo en Norvège. A la même époque il est exclu de l’Association Psychanalytique pour des raisons essentiellement politiques.
A Oslo, Reich définit sept niveaux de blocages au niveau de la « cuirasse musculo-caractérielle » et développe la végétothérapie. Par des exercices corporels aussi nommés « acting », le thérapeute peut explorer les résistances du patient. Plus tard, Reich développera d’autres théories notamment la théorie de « l’Orgone », Energie qui animerait l’univers. Durant les années qui suivront, Reich sera de plus en plus critiqué par la communauté médicale, notamment pour certaines expérimentations portant sur « l’Orgone » et les radiations. Il est finalement emprisonné et meurt en prison en 1957 (Heller, 2008).
Les décennies qui suivirent la mort de Reich furent une traversée du désert pour le domaine des psychothérapies psychocorporelles, celles-ci se trouvant fortement réprimées par les milieux académiques en raison des dernières théories et expériences de Reich. C’est dans les années 80 que les recherches cliniques sérieuses purent reprendre et que la communauté scientifique s’est à nouveau intéressée à la pertinence des psychothérapies corporelles.
Aujourd’hui de nombreuses psychothérapies d’approche psychocorporelle se sont développées et leur popularité croit au fil des années. Plusieurs de ces techniques psychothérapeutiques ont fait l’objet d’évaluations dans le TSPT au sein de publications scientifiques.

Psychothérapies d’approche psychocorporelle ayant été évaluées et ayant montré un intérêt dans la prise en charge du TSPT

Bien que de nombreuses psychothérapies d’approche psychocorporelle existent, nous allons présenter dans ce chapitre, les psychothérapies ayant fait l’objet du plus grand nombre de publications récentes concernant leur intérêt dans la prise en charge du TSPT. Les données présentées proviennent de revues systématiques de la littérature réalisées en 2013 et 2018 (Sang Hwan Kim et al., 2013, Cushing et al., 2018, Niles et al., 2018) et d’une méta analyse réalisée en 2020 (Vancampfort et al., 2020). Les techniques évaluées sont la médiation pleine conscience et le yoga.

La méditation pleine conscience

La méditation pleine conscience est définie comme une attention focalisée sur les expériences vécues dans l’instant présent, sans jugement (Kabat-Zinn, 1994) Plusieurs études suggèrent que la médiation pleine conscience peut apporter un bénéfice dans la prise en charge de certains troubles anxieux notamment le trouble anxieux généralisé (Hoge et al., 2013). Trois revues systématiques de la littérature réalisées entre 2013 et 2018 et une méta analyse réalisée en 2020 sur 17 études randomisées retrouvent un effet positif significatif de la méditation pleine conscience sur la réduction des symptômes de TSPT.
Une revue systématique de la littérature réalisée en 2013 retrouve un effet positif de la pratique de la méditation pleine conscience avec une réduction des symptômes de TSPT (Sang Hwan Kim et al., 2013). En 2018, une autre revue systématique de la littérature concernant les psychothérapies psychocorporelles chez des vétérans militaires présentant des symptômes de TSPT retrouve également un effet positif de la méditation pleine conscience sur la réduction des symptômes de TSPT. Elle retrouve également un effet positif de la méditation pleine conscience sur le sommeil et les symptômes de dépression et d’anxiété associés (Cushing et al., 2018). La même année, une deuxième revue systématique de la littérature retrouve un effet positif sur la réduction des symptômes de TSPT. Cette revue de la littérature concerne majoritairement une population de vétérans militaires mais deux études sur les neuf qui ont été inclues concernent une population de femmes victimes de violences interpersonnelles (Niles et al., 2018). En 2020, une méta analyse de 17 études cliniques randomisées évalue l’efficacité des thérapies psychocorporelles dont la méditation pleine conscience dans les troubles psychiatriques. Cette méta analyse montre un effet modéré de la méditation pleine conscience sur la réduction des symptômes de TSPT, comparé à un groupe sur liste d’attente (Vancampfort et al., 2020).

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Table des matières

I. INTRODUCTION
II. ETAT DES LIEUX DES CONNAISSANCES
a. Le Trouble de Stress Post-Traumatique
i. Epidémiologie
ii. Facteurs de risque
iii. Comorbidités
iv. Critères diagnostiques selon le DSM-5
v. Diagnostics différentiels
vi. Traitements recommandés dans le TSPT
b. Les psychothérapies psychocorporelles
i. Définition
ii. Concept thérapeutique
iii. Rappels historiques
iv. Psychothérapies d’approche psychocorporelle ayant été évaluées et ayant montré un intérêt dans la prise en charge du TSPT
III. LES ATELIERS THERAPEUTIQUES D’ESCRIME
a. Présentation
b. Concept thérapeutique
c. Les 10 thèmes de réparation
i. Les limites
ii. Les bases
iii. Protection
iv. Confiance
v. Equilibre
vi. Contrôle
vii. Construction
viii. Contrat et engagement
ix. Gagner
x. Liberté
d. Déroulement d’une séance type et suivi
e. Inclusion des participantes
IV. EVALUATION DES ATELIERS THERAPEUTIQUES D’ESCRIME
a. Matériels et Méthode
i. Participants et procédure
ii. Mesures
iii. Analyse statistique
b. Résultats
i. Résultats à T0
ii. Résultats à T1 et T2
iii. ANOVA à mesures répétées
c. Discussion
V. CONCLUSION
VI. BIBLIOGRAPHIE

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