Problรฉmatique
ย ย Les zones humides sont importantes, et parfois vitales pour la santรฉ, le bien-รชtre et la sรฉcuritรฉ des populations qui vivent dans leurs limites ou ร proximitรฉ parce quโelles sont parmi les milieux les plus productifs du monde, sources de biens et services multiples et variรฉs (Ramsar, 2013). Inscrit dans la convention en 2003, le site Ramsar lac Alaotra est le plus grand site Ramsar en Afrique et la troisiรจme zone humide dโimportance internationale (MRFDAT, 2008). Les interactions entre les รฉlรฉments physiques, biologiques et chimiques tels que les sols, lโeau, les plantes et les animaux, permettent ร une zone humide de remplir de nombreuses fonctions fondamentales. Elles concernent le stockage de lโeau; la maรฎtrise des crues et de lโรฉrosion, le renouvellement de la nappe phrรฉatique et la restitution des eaux souterraines, lโรฉpuration de lโeau, la rรฉtention des รฉlรฉments nutritifs, des sรฉdiments et des polluants et la stabilisation des conditions climatiques locales, en particulier du rรฉgime des prรฉcipitations et des tempรฉratures (Ramsar, 2013). A la deuxiรจme annรฉe de son inscription dans la convention Ramsar, les fonctions du site lac Alaotra estimรฉes sont respectivement de 7,2%, 23,5%, 69,3% pour les fonctions รฉcologie, production et rรฉgulation (MINEVEF, WWF, CI, DURELL WILDLIFE, 2005) (Annexe 1). Les zones adjacentes aux zones humides participent ร leur fonctionnement et par la suite influencent la procuration des services รฉcosystรฉmiques y affรฉrents. Pour le cas de lโAlaotra, les caractรจres รฉcologiques sont affectรฉs par deux principaux facteurs dรฉfavorables (Pidgeon, 1996). Il sโagit de la sรฉdimentation et/ou lโeutrophisation du lac due ร lโรฉrosion et ร la pollution organique ou inorganique (chimique), et la part de lโapport continuel de fer (sol latรฉritique provenant du ruissellement). Cependant, ce dernier assure lโapprovisionnement en eau du premier grenier ร riz de lโรฎle et contribue ร une รฉnorme production de poissons dโeau douce (CREAM, 2013). Par consรฉquent, la protection ร lโamont du bassin versant est primordiale, notamment au niveau des espaces ouverts, pour assurer en mรชme temps la protection des grands pรฉrimรจtres rizicoles et celle du lac lui-mรชme (Ferry et al., 2009). Par ailleurs, avec ou sans les changements climatiques, le plus grand dรฉfi pour les 25 ร 40 ans ร venir reste lโaugmentation de la capacitรฉ agricole mondiale pour rรฉpondre aux demandes croissantes en nourriture, suite ร une importante croissance dรฉmographique (Easterling et Apps, 2005). Le secteur de lโusage des terres, ses changements, lโagriculture et la foresterie (UTCAF) joue un rรดle central pour la sรฉcuritรฉ alimentaire et le dรฉveloppement durable (IPCC, 2014). La loi dโorientation de lโamรฉnagement du territoire (LOAT) promulguรฉe en 2015 prรฉcise que lโamรฉnagement rural contribue de maniรจre concrรจte au dรฉveloppement des territoires ruraux. Lโamรฉnagement du territoire et la promotion du dรฉveloppement local font partie des compรฉtences attribuรฉes aux communes ร Madagascar. Ils considรจrent notamment la mise en valeur des terrains ruraux toutes vocations confondues. Le sol est une des principales richesses de la commune permettant ร la population locale de sโinvestir dans lโagriculture, lโรฉlevage ou encore le reboisement (PGM-E/GIZ, 2014). Par consรฉquent, les informations sur le sol et le terrain sont indispensables pour dรฉfinir les politiques de gestion de la terre et pour surveiller les impacts environnementaux du dรฉveloppement. Pourtant, le manque des connaissances complรจtes sur les ressources en terre au niveau local, rรฉgional et national augmente les risques de dรฉcisions politiques mal-informรฉes, de dรฉgradation inรฉvitable des ressources en terre et en eau, ainsi que dโรฉmission excessive de carbone dans lโatmosphรจre (Mulder et. al. 2011). En effet, la sรฉquestration du carbone dans les sols peut amรฉliorer sa qualitรฉ et sa productivitรฉ pour soutenir la production alimentaire et simultanรฉment attรฉnuer les รฉmissions de gaz ร effet de serre. Ainsi, les sols ont un รฉnorme potentiel pour ร la fois piรฉger ou dรฉgager du carbone dans lโatmosphรจre (Kutsch et al., 2009). La mise ร jour rรฉcente de la carte de carbone du sol au niveau national oriente de nouvelles perspectives de recherches en ce qui concerne le gestion soutenable des sols ร Madagascar (Ramifehiarivo et. al., 2017). De plus, un plan de dรฉveloppement รฉconomique ne peut pas faire abstraction du principe de l’utilisation rationnelle des terres suivant leur vocation. Les utilisations inappropriรฉes des terres conduisent ร des exploitations inefficientes des ressources naturelles, la dรฉgradation de cette derniรจre, la pauvretรฉ ainsi que dโautres problรจmes sociaux (Rossiter, 1996). La terre est la base de nos modes de vie, de nos รฉconomies et de nos structures sociales (UNCCD, 2014). Alors, la nรฉcessitรฉ dโune carte qui prรฉsente des informations complรจtes, prรฉcises et ร jour sur le milieu sโimpose afin que les dรฉcideurs puissent reconnaitre ses potentialitรฉs et ses vulnรฉrabilitรฉs (Grunwald, 2009). Lโรฉvaluation de la terre par les techniques dโanalyse cartographique peut se rรฉaliser avec tout systรจme dโinformation gรฉographique (Burrough, 1986). Lโusage de la tรฉlรฉdรฉtection est devenu incontournable en raison des rapports coรปts/efficiences et rรฉsultats engendrรฉs par les inventaires pรฉdologiques sur terrain (Behrens et Scholten, 2006a). Avec lโavรจnement du Systรจme dโInformation Gรฉographique (SIG), il est dorรฉnavant possible de cartographier dans un dรฉlai concis le paysage et les composants qui lui sont associรฉs (Edwards et al., 1996).
Sols
ย ย La partie occidentale du lac est occupรฉe par des sols marรฉcageux et tourbeux dont lโรฉpaisseur de lโhorizon peut atteindre 2 ร 3 mรจtres. Au contraire, ร lโEst, les dรฉpรดts, qui sont actuels, ennoient la cuvette et fossilisent les tourbes ; on observe la formation de zones exondรฉes recouvertes de sols peu รฉvoluรฉ. Les bordures Sud et Nord du lac correspondent ร des zones oรน les sols profonds ont รฉtรฉ peu รฉrodรฉs. Selon la terminologie de Bourgeat (1972), ce sont des sols ferralitiques acides lessivรฉs ยซ rouges ยป plus ou moins anciens sur gabbro, des sols ยซ jaunes-rouges ยป sur roches acides et ยซ jaunes ยป sur alluvions anciennes (Moreau, 1986). Les bassins versants du lac Alaotra prรฉsentent des sols de type ferralitique, caractรฉrisรฉs par une couche superficielle latรฉritique dโรฉpaisseurs variant de 10 ร 50 m. Cette couche repose sur une roche mรจre en dรฉcomposition et sans cohรฉsion. Ce type de sol est particuliรจrement favorable ร lโรฉrosion et ร la formation de lavaka. Ces derniers forment en effet un paysage caractรฉristique des reliefs de la Rรฉgion Alaotra Mangoro. Ainsi, six types de sol se distinguent : lโassociation sols ferralitiques rouge+jaune/rouge, les sols ferralitiques jaune/rouge, les sols ferralitiques jaune/rouge – roches volcaniques, les sols ferralitiques rouges, les sols hydromorphes (organiques et minรฉraux) et les sols peu รฉvoluรฉs et rankers, qui correspondent respectivement ร trois types dominants selon la classification de la FAO dont les ferralsols, les histisols et les cambisols (ONE, 2008 ; CREAM, 2013 ; Carte 2).
Fertilitรฉ organique du sol : cartographie de la teneur en carbone du sol
ย ย La capacitรฉ ร retenir les fertilisants est une qualitรฉ de la terre indispensable pour toute forme dโagriculture, en influenรงant ร la fois les apports et le rendement (FAO, 1976). De plus, beaucoup de services dโapprovisionnement dรฉpendent de la fertilitรฉ du sol (MEA, 2005). La fertilitรฉ du sol concerne lโaspect physique, chimique et organique pour lesquels la matiรจre organique joue un rรดle primordial. La teneur en matiรจre organique est lโun des รฉlรฉments de classification de ces sols en vue de leurs possibilitรฉs de mise en culture (Goujon et al. 1968). En effet, le stockage en รฉlรฉments nutritifs dans la matiรจre organique du sol contribue ร sa fonction de support et de soutien de la croissance des plantes, cโest-ร -dire ร sa fertilitรฉ (FAO, 2015). Le carbone organique du sol (COS) maintient sa santรฉ et sa productivitรฉ pour les plantes. Il procure une source primaire de nutriments pour les plantes, aide ร lโagrรฉgation des particules et la porositรฉ garantissant la structure du sol. Il augmente รฉgalement la capacitรฉ de stockage de lโeau et sa disponibilitรฉ pour les plantes, protรจge le sol contre lโรฉrosion et procure un habitat pour les รชtresvivants du sol (Rossel et al., 2016).
Teneur en carbone organique par type de sol
ย ย Les sols les plus dรฉfavorables ร lโagriculture sont les sols ferralitiques bien que cette catรฉgorie ne reprรฉsente que les 0,8 % de ce type de sol tandis quโune trรจs petite partie des sols hydromorphes et des sols peu รฉvoluรฉs prรฉsentent cette contrainte. Nรฉanmoins, la majoritรฉ des sols les plus favorables correspondent aux types ferralitiques (73,2 %). Viennent ensuite, par ordre de grandeur les sols hydromorphes (19,7 %) et les sols peu รฉvoluรฉs et rankers (7,1 %). En effet, le type ferralitique est dominant dans la rรฉgion et par consรฉquent il prรฉsente une plus grande proportion de lโensemble de la zone dโรฉtude par rapport aux deux autres types, malgrรฉ une valeur trรจs รฉlevรฉe de ce paramรจtre dans le cas particulier des sols hydromorphes des bas-fonds. Lโanalyse croisรฉe de la teneur en carbone organique du sol et du type de sol montre que lโensemble de la zone dโรฉtude est constituรฉe, par ordre de grandeur, de zones ร fertilitรฉ organique acceptable se situant sur sols ferralitiques (628 439 ha), sous sols hydromorphes (169 210 ha) et sous sols peu รฉvoluรฉs et rankers (61 331 ha) (Tableau 7). Cette situation va de pair avec la distribution des types de sol รฉtant donnรฉ que le facteur teneur en carbone est presque satisfait dans tout le site et quโelle est inhรฉrente aux types de sol.
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Table des matiรจres
Introduction
I. Matรฉriels et mรฉthodes
1. Problรฉmatique
2. Hypothรจses
3. Milieu dโรฉtude
3.1. Situation gรฉographique
3.2. Gรฉologie
3.3. Sols
4. Matรฉriels utilisรฉs
4.1. Donnรฉes utilisรฉes pour lโรฉvaluation
4.2. Logiciels de traitement
5. Mรฉthodes
5.1. Cartographie des critรจres dโรฉvaluation
5.2. Classification des aptitudes potentielles
5.3. Validation de la carte dโaptitude
5.4. Cartographie de lโoccupation et de lโutilisation du sol et analyse spatiale
5.5. Analyse spatiale des critรจres dโรฉvaluation et de la carte dโaptitudes potentielles
5.6. Limites mรฉthodologiques
5.7. Synthรจse de la dรฉmarche mรฉthodologique
5.8. Rรฉsumรฉ mรฉthodologique
II. Rรฉsultats
1. Occupation du sol
1.1. Sรฉparabilitรฉ des classes
1.2. Analyse de la prรฉcision thรฉmatique du produit cartographique
1.3. Situation de lโoccupation du sol de la zone dโรฉtude
1.4. Analyse de lโoccupation des sols
2. Teneur en carbone organique du sol
2.1. Teneur en carbone organique par type de sol
2.2. Teneur en carbone organique par occupation du sol
3. Valeurs de la pente
3.1. Distribution de la pente par type de sol
3.2. Distribution de la pente par occupation du sol
4. Taux de perte en terre
4.1. Facteurs de lโรฉrosion hydrique et valeurs de perte en terre
4.2. Taux de perte en terre selon le type de sol
4.3. Taux de perte en terre selon lโoccupation du sol
5. Aptitudes potentielles des sols
5.1. Description des diffรฉrentes classes dโaptitude
5.2. Validation par rapport ร la carte des grandes fonctions du site RAMSAR
5.3. Aptitude selon le type de sol
5.4. Aptitude en fonction de lโoccupation du sol
III. Discussions et recommandations
1. Discussions
1.1. Sur la mรฉthodologie
1.2. Sur les rรฉsultats
1.3. Sur les hypothรจses
1.4. Intรฉrรชts de la recherche
2. Recommandations
2.1. Recommandations mรฉthodologiques
2.2. Opรฉrationnalisation de la recherche
Conclusion
Rรฉfรฉrences
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