Marasme et Kwashiorkor (3)(4)(5)
L’état nutritionnel des enfants de moins de 5 ans varie selon un spectre continu, de la condition normale jusqu’à des syndromes de malnutrition avancée dont les deux principaux sont le marasme et le Kwashiorkor. Ces deux affections ne résument pas la Malnutrition Protéino-Calorique ou MPC dont les manifestations frustes sont beaucoup plus répandues. De fait, marasme et Kwashiorkor ne représentent que 5% des formes cliniques de la malnutrition protéino-calorique. Dans les régions tropicales et subtropicales, quelques 11 millionsd’enfants souffrent d’une grave malnutrition protéino-calorique et 70 millions souffrent d’une malnutrition modérée.
Autres aspects de la malnutrition protéino-calorique
Tous les tableaux intermédiaires entre Kwashiorkor et marasme peuvent s’observer. Les formes frustes sont les plus fréquentes (figure n° 1). Elles associent de façon très diverses, déficit calorique et déficit protéique. Elles sont souvent méconnues par les mères et les médecins. Pourtant, leurs conséquences métaboliques et leur rôle favorisant vis-à-vis des infections justifient leur dépistage. La surveillance régulière du poids, de la taille, du pli cutané, du périmètre crânien est largement utilisée dans les centres de protection maternelle et infantile. Le retard statural renseigne sur la durée de la carence et le retard pondéral permet d’apprécier l’intensité de cette carence. Des examens biochimiques systématiques ont été proposés : dosage de la préalbumine dont la diminution serait précoce et sensible, de l’hydroxyprolinurie, mesure du rapport des acides aminés non essentiels aux acides aminés essentiels dans le sang. La nécessité de faire un prélèvement, la complexité des techniques limite l’intérêt de ces méthodes.
Prophylaxie de la malnutrition protéino-calorique (6)(7)(8)
La fréquence et la gravité de la MPC en zone tropicale, le coût élevé du traitement hospitalier des formes graves expliquent l’accent mis actuellement sur sa prophylaxie. Mais celle-ci est difficile et se heurte à des obstacles financiers, humains et culturels considérables.
Conseils de régime Ils sont généralement enseignés à l’Hôpital, au dispensaire, dans les centres de récupération ou par des équipes mobiles d’éducation sanitaire. Dans les deux premiers cas, ils sont souvent interprétés comme une thérapeutique et non comme une mesure préventive nécessaire à l’enfant sain. Les équipes mobiles de monitrices et d’éducatrices visitant périodiquement la mère dans son village ou son quartier obtiennent de meilleurs résultats : elles peuvent apprendre à la mère un régime simple et parallèlement éduquer l’ensemble de la famille pour qu’elle accepte un changement profond des habitudes alimentaires traditionnelles
Centres de récupération La structure hospitalière est peu favorable à l’éducation sanitaire. Trop souvent, les conseils diététiques reçus sont suivis pendant la maladie de l’enfant et oubliés dès sa guérison. Les centres de récupération nutritionnelle sont plus efficaces. La guérison de l’enfant par la simple modification de son alimentation dans un cadre familier constitue la démonstration la plus convaincante. De retour dans son village, la mère reçoit régulièrement la visite de l’animatrice qui poursuit l’éducation nutritionnelle, cherche à résoudre les difficultés, développer l’éducation sanitaire dans la famille, le village, et éventuellement susciter sur place une animatrice qui pourra la relayer. La formation de ces animatrices constitue une priorité : il faut recruter des femmes susceptibles d’être écoutées par les autres.
Dépistage et traitement des malnutritions frustes Le dépistage et le traitement des malnutritions frustes se base essentiellement sur la surveillance nutritionnelle.
Les objectifs de la surveillance alimentaire et nutritionnelle (12)(13)
En pratique, on peut distinguer plusieurs fonctions à la surveillance nutritionnelle, parmi lesquelles celles de :
Définir et décrire l’état nutritionnel actuel de la population, son étendue et sa gravité, et surtout identifier les groupes ou les zones à risque avec leurs principales caractéristiques.
Connaître de façon continue la situation alimentaire et nutritionnelle de la population ou d’un groupe de population et ses changements, et ceci dans un triple but. Un but d’alarme d’abord : détecter et prévoir les changements importants, et en particulier les changements brusques dans la situation alimentaire, en vue d’une action rapide. Un but de planification et de programmation ensuite : choisir des priorités, définir des tâches, contribuer à une meilleure utilisation des ressources. Une fonction de prévision enfin : établir, sur la base des tendances du moment, des prévisions, quant à l’évolution probable des problèmes nutritionnels et de leurs principaux facteurs conditionnant.
Contrôler régulièrement le progrès des programmes de nutrition (monitoring) : savoir ce qui se passe ; faire des recommandations pour le réajustement des actions lorsque cela s’avère nécessaire ; évaluer l’efficacité et l’efficience des programmes de nutrition.
Améliorer notre connaissance des causes de la malnutrition et des facteurs qui lui sont associés, de façon à mieux comprendre les caractéristiques épidémiologiques et le processus dynamique d’apparition de la malnutrition.
Contribuer à une prise de conscience de l’opinion publique et des autorités sur la nature et l’étendue des problèmes nutritionnels locaux ou nationaux, de façon à inciter le gouvernement ou les autorités locales à prendre les décisions nécessaires à la solution de ces problèmes.
On n’appliquera pas évidemment tous ces objectifs à chaque situation, et on n’en retiendra que quelques uns en tenant compte du programme d’action auquel la surveillance s’associe, de la politique dans laquelle elle s’insère, et du niveau auquel elle s’applique. La surveillance peut en effet porter sur des individus ou sur des groupes de dimensions et de caractéristiques éminemment variables : groupes dits « à risque », communautés locales, régions, pays. Elle peut même être « globale » ou sens des Nations Unies, c’est à dire mondiale. Dans une très large mesure, on peut l’assimiler à un diagnostic nutritionnel continu d’une population. La surveillance nutritionnelle se différence des systèmes d’information classiques par les caractères suivants :
o Elle ne porte pas seulement sur la situation alimentaire et nutritionnelle, mais aussi sur les facteurs associés. A long terme, notons le, notre connaissance de ces facteurs associés pourrait s’avérer plus utile que celle de l’état de nutrition proprement dit.
o Elle possède des sources situées dans plusieurs secteurs, et à son tour rétroalimente les données recueillies en direction de tous les secteurs : données agricoles vers la santé, données écologiques…etc.
o Enfin elle exige pour fonctionner que l’information soit transmise, interprétée et restituée rapidement. Le facteur vitesse est en effet essentiel à la surveillance et particulièrement, cela est évident, dans les situations d’urgence où, une fois déclenchée l’alarme au niveau local, l’information doit pouvoir courcicuiter tous les blocages possibles et atteindre sans retard le lieu ou le niveau où l’action sera décidée et entreprise.
Les actions de prévention et de récupération nutritionnelle
Les actions de prévention et de récupération nutritionnelle seront mises en œuvres par le biais du même système. Il peut s’agir :
• D’actions d’information : Les informations et éducations nutritionnelles peuvent être données au niveau du CSB2, des autres formations sanitaires privées et des centres partenaires. Ceci nécessite la formation de groupes d’éducateurs nutritionnels au niveau de chaque cite d’action.
• D’action d’appui aux familles ayant des enfants atteints de malnutrition grave.
∗ Ces actions peuvent être menées au niveau de centres locaux de récupération et d’éducation nutritionnelle.
• D’action d’amélioration du niveau de vie
∗ En agissant sur les revenus (programme aliments contre le travail mené par des ONG)
• D’action pour des secteurs de production
Ceci concerne l’aide au développement de l’agriculture et de l’élevage : dons de semences ou de poussins à élever…etc.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LA MALNUTRITION ET LA SURVEILLANCE NUTRITIONNELLE
1. LA MALNUTRITION DE LA PREMIERE ENFANCE
1.1. Marasme et Kwashiorkor
1.2. Autres aspects de la malnutrition protéino-calorique
1.3. Prophylaxie de la malnutrition protéino-calorique
1.3.1. Conseils de régime
1.3.2. Centres de récupération
1.3.3. Dépistage et traitement des malnutritions frustes
2. SURVEILLANCE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE
2.1. Surveillance nutritionnelle
2.2. Les objectifs de la surveillance alimentaire et nutritionnelle
2.3. Le système de surveillance
2.3.1. Les tâches d’un système de surveillance
2.3.2. Composition d’un système de surveillance
2.4. Les niveaux de surveillance.
2.4.1. La surveillance nutritionnelle au niveau national
2.4.2. La surveillance nutritionnelle au niveau de la communauté
DEUXIEME PARTIE : ETUDE DE LA SURVEILLANCE NUTRITIONNELLE AU CSB2 D’ANALAMAHITSY
1. CADRE D’ETUDE
1.1. Le CSB2 d’Analamahitsy
1.1.1. Le personnel du CSB2
1.1.2. Activités du CSB2
1.2. Le secteur sanitaire
1.2.1. Démographie
1.2.2. Autres formations sanitaires du secteur sanitaire
2. METHODOLOGIE
2.1. Méthode d’étude
2.2. Paramètres d’étude
3. RESULTATS
3.1. Groupe cible
3.2. Nombre de cas de malnutrition
3.3. Les tranches d’âge
3.4. Le sexe
3.5. Profession des parents
3.6. Le nombre d’enfants dans la famille
3.7. Les maladies associées
3.8. Facteurs étiologiques identifiées
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES, DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
1. COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
1.1. La couverture des pesées
1.2. Prévalence de la malnutrition
1.3. Situation familiale des enfants malnutris
1.4. Maladies associées
2. SUGGESTIONS
2.1. Le système de surveillance nutritionnelle multisectorielle et centralisé au niveau du CSB2
2.3. Les actions de prévention et de récupération nutritionnelle
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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