Etudes ethnobotaniques pour l’évaluation des besoins en espèces végétales
Les savoirs détenus par les paysans sont très importants et leur connaissance est nécessaire avant toutes interventions extérieures d’amélioration (Ahmed, 2011). Une enquête ethnobotanique a été réalisée en décembre 2015 avant la collecte de données pour l’évaluation de stocks des espèces les plus utilisées dans la forêt d’Oronjia. Elle a été effectuée pour connaître toutes les espèces de plantes utilisées et les quantités que les communautés locales prélèvent dans la NAP.
Choix des sites d’enquête Les Fokontany Ramena et Ankorikihely ont été choisis pour effectuer cette enquête. Ce sont les deux Fokontany les plus proches. Ils constituent la zone d’influence de la NAP Oronjia.
Catégories de personnes enquêtées Les personnes enquêtées ont été choisies selon le genre, la classe d’âge et les secteurs d’activités. L’enquête a été menée sur un échantillon de 80 ménages des deux Fokontany. Nos guides locaux ont ajouté aussi quelques espèces utiles dans le domaine de la construction.
Elaboration des fiches d’enquêtes Des fiches d’enquête ont été préétablies pour enregistrer des informations acquises durant l’interview. Un modèle de fiche d’enquête élaborée est présenté dans l’ANNEXE II.
Type d’enquêtes Les enquêtes ont été effectuées en faisant des entretiens semi-structurés basés sur des questions ouverts qui servent comme guide et aide-mémoire. Pendant l’interview des nouvelles questions peuvent surgir à partir des réponses des informateurs (Camara-leret et al., 2012). Les enquêtes ont été faites individuellement par visite de chaque ménage ou par groupe (focus group).
Analyse des besoins par type d’utilisation
A partir des données quantitatives obtenues, les besoins des utilisateurs ont été évalués à l’aide du logiciel Excel. Le traitement des données consistent à quantifier les bois consommés par ménage pour chaque type d’utilisation afin d’évaluer la consommation au niveau de chaque Fokontany ainsi que pour l’ensemble de la zone d’étude (Raolinandrasana, 2004).
Besoins en bois de construction : Pour les consommations annuelles de bois de construction le rapport de la quantité nécessaire pour chaque espèce citée avec leur durée d’utilisation donne les besoins annuels en ces ressources végétales. Et en faisant la moyenne des 40 enquêtés par Fokontany la moyenne des besoins annuels par ménage de chaque Fokontany a été obtenue. Par extrapolation avec le nombre de ménages de chaque Fokontany, la moyenne des besoins annuels par Fokontany a été tirée.
Besoins en tubercule de Dioscorea orangeana : Pour les besoins en tubercule de Dioscorea orangeana, leur besoin mensuel ont été relevés par la quantité consommée de chaque ménage ou la quantité vendue avec les fréquences de prélèvement par mois. Ce besoin moyen mensuel multiplié par le nombre des mois où le « ovy ala » est exploité donne le besoin annuel de chaque ménage. Par la moyenne de tous les 40 ménages enquêtés de chaque Fokontany le besoin moyen annuel par ménage a été ressorti. L’extrapolation avec le nombre de ménages de chaque Fokontany a donné le besoin moyen annuel par Fokontany.
Bilan des stocks par rapport aux besoins
Le bilan des stocks et des besoins a été déduit d’une extrapolation des ressources sur l’ensemble des surfaces des forêts faisant l’objet de l’inventaire et le report des besoins sur l’ensemble de la population (Raolinandrasana, 2004). Pour la NAP Oronjia, la partie de la Zone d’Utilisation Durable est les lieux disponibles pour l’exploitation de ressources. Elle comprend le secteur 1 à l’Ouest, dans lequel toutes les activités sont permises, et le secteur 3 réservé essentiellement à la restauration, la collecte de tubercules sauvages et du « Hazondrangola » (MBG, 2015). Ils ont une surface totale de 760 ha (MBG, 2015). L’extrapolation des ressources sur l’ensemble de surface exploitable (la Zone d’Utilisation Durable) a été effectuée en utilisant la densité globale des individus du diamètre supérieur au diamètre minimale exploitable (Dme) de chaque type d’utilisation. Ce diamètre minimal exploitable est de 2 cm pour les gaulettes et 5cm pour les poteaux nécessaire à la construction de clôtures, 5 cm pour construction de maisons, 5 cm pour l’espèce Homalium albiflorum utilisée pour construction des balanciers de pirogue et 40 cm pour Delonix velutina et Broussonetia greveana destinées à la fabrication de coque de pirogue. Pour le bilan absolu des ressources et de besoins, la quantité de stocks disponibles doit être supérieure aux besoins totaux de la population des deux Fokontany. Concernant le bilan relatif, la capacité de charge de la forêt doit être supérieure au besoin de deux Fokontany pour pouvoir satisfaire leurs besoins, sinon les ressources risquent d’être surexploitées
Régénération naturelle des espèces les plus utilisées pour la construction de clôtures
En ce qui concerne la régénération des cinq espèces les plus utilisées pour la construction de clôtures, leurs structures démographiques sont mentionnées dans l’ANNEXE X. Seuls les diagrammes de Stéphanostegia hildebrantii et Erythroxylum platicladum dans le premier et deuxième groupement ainsi que celui de Commiphora sp. et Dichrostachyssp. dans le deuxième groupement(GII) (figure7 et 8) sont en forme de J inversé, cela explique qu’ils sont en bonne santé démographique (Rollet, 1983). Le digramme de Dichrostachys sp. montre un déséquilibre démographique, il ne possède pas d’individus à classe de diamètre ˃ 10 cm. Ce qui révèle une surexploitation de ces individus. Et pour les restes, les allures des diagrammes sont irrégulières c’est-à-dire en mauvaise santé. Les taux de régénération des cinq espèces les plus utilisées pour la construction de clôtures présentés sur le tableau 13 varient selon l’espèce et le zonage. Delonix regia a un taux moyen (156%) dans le premier groupement et très bas dans les deux autres voir même 0% dans le Zone d’Utilisation Durable. Elle a une difficulté de se renouveler à cause de son exposition à différentes pressions anthropiques et de son utilisation. Commiphora spp. a un taux moyen (126%) dans le premier groupement, bonne (341%) dans le deuxième groupement et très bonne (1 220%) dans le troisième groupement. Le contraire est observé pour Stephanostegia hildebrandtii, son taux de régénération est bon (400%) dans le premier groupement, moyen (254%) dans le deuxième groupement et très mauvais (0%) dans le troisième groupement. Dichrostachys sp. et Erythroxylum platycladum ont un taux de régénération respectivement très élevé TR ≥ 1 000 % du fait de déséquilibre démographique des peuplements et bonne (300 ≤ TR ˂ 900 %) dans tous les groupements (tableau 13).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: MILIEU D’ETUDE
I.1. LOCALISATION DE LA ZONE D’ETUDE
I.2. MILIEU ABIOTIQUE
I.2.1. Climat
I.2.2. Hydrographie
I.2.3. Topographie et substrat
I.3. MILIEU BIOTIQUE
I.3.1. Flore et végétation
I.3.2. Faune
I.3.3. Population et ses activités
I.3.3.1. Démographie
I.3.3.2. Activités socio-économiques relatives à l’exploitation des ressources naturelles
DEUXIEME PARTIE : METHODES D’ETUDE
II.1. RECUEIL BIBLIOGRAPHIQUE
II.2. ETUDES SUR TERRAIN
II.2.1. Etudes ethnobotaniques pour l’évaluation des besoins en espèces végétales
II.2.1.1. Choix des sites d’enquête
II.2.1.2. Catégories de personnes enquêtées
II.2.1.3. Elaboration des fiches d’enquêtes
II.2.1.4. Type d’enquêtes
II.2.2. Evaluation de stocks dans la forêt
II.2.2.1. Type d’échantillonnage
II.2.2.2. Inventaire des espèces cibles
II.2.2.3. Cartographie de l’emplacement des transects
II.2.2.4. Identification des espèces
II.2.2.5. Suivi de croissance des espèces cibles ligneuses
II.3. TRAITEMENT DES DONNEES
II.3.1. Analyse des besoins des espèces végétales utilisées par la communauté locale
II.3.1.1. Indice de fréquence d’utilisation (FI)
II.3.1.2. Niveau de fidélité (FL)
II.3.1.3. Analyse des besoins par type d’utilisation
II.3.2. Analyse des stocks d’espèces cibles
II.3.2.1. Identification des groupements floristiques des relevés des espèces utilisées
II.3.2.2. Espèces indicatrices des groupements floristiques des espèces utilisées
II.3.2.3. Calcul de la densité des espèces cibles
II.3.2.4. Calcul de surface terrière et biovolume des espèces cibles
II.3.2.5. Etude de régénération naturelle des espèces cibles
II.3.2.6. Evaluation de la capacité de charge et quota d’utilisation
II.3.3. Bilan des stocks par rapport aux besoins
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. DES ETUDES ETHNOBOTANIQUES
III.1.1. Utilisation des espèces végétales
III.1.2. Espèces de construction et besoins annuels des populations
III.1.2.1. Construction de clôtures
III.1.2.2. Construction de pirogues
III.1.2.3. Construction de maisons
III.1.3. Besoins en Dioscorea orangeana (DIOSCOREACEAE) ou « ovy ala »
III.2. STOCK EN ESPECES UTILISEES
III.2.1. Emplacement des transects dans la NAP Oronjia
III.2.2. Groupements floristiques des relevés des espèces cibles et les espèces indicatrices
III.2.3. Etat de stocks actuels
III.2.3.1. Etats de stocks des espèces utilisées pour la construction de clôtures
III.2.3.2. Etat de stocks des espèces utilisées pour la construction de pirogues
III.2.3.3. Etat de stocks des espèces utilisées pour la construction de maisons
III.2.3.4. Etat de stocks des Dioscorea orangeana ou « Ovy ala »
III.2.4. Capacité de charge et quota d’utilisation
III.3. COMPARAISON DU BESOIN ET DU STOCK DISPONIBLE
QUATRIEME PARTIE : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
IV.1. COMPARAISON DES RESULTATS PAR RAPPORT AUX ETUDES ANTERIEURES
VI.1.1. Comparaison de stocks de plantes pour les constructions à Oronjia actuel avec d’autre études similaires
VI.1.2. Comparaison des stocks des plantes de construction à Oronjia avec d’autres forêts sèches de Madagascar
IV.2. RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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