Au début du nouveau millénaire, les dirigeants du monde entier se sont réunis aux Nations Unies pour élaborer un projet ambitieux destiné à combattre la pauvreté sous toutes ses formes. Cette vision, qui s’est traduite en huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), a constitué le cadre commun de développement mondial lors des quinze dernières années (Nations Unies, 2015). Les OMD ont été remplacé par les Objectifs de Développement durable (ODD) pour l’après 2015.
Pour Madagascar, le passage vers les ODD a été caractérisé par la non atteinte des OMD. En effet, le taux de pauvreté est passé de 69 % en 2005 à 71,5% en 2012 (Etat Malagasy, 2014). De plus, selon les estimations de l’Institut National de la STATistique (INSTAT), la population malagasy, majoritairement jeune (64% moins de 25 ans), serait estimée, l’année 2016, à plus de 23 millions d’habitants avec un taux de croissance de 2,8% par an. Environ 83% de la population vivent en milieu rural contre 17% vivant en milieu urbain (INSTAT, 2010). La moitié de cette population vit en dessous du seuil de pauvreté et est par ailleurs caractérisée par un faible capital humain. Le phénomène de sous-emploi et d’emplois précaires touche ceux qui sont occupés (MEETFP, 2015).
CONCEPTS
Population jeune et active
La population active comprend toutes les personnes qui fournissent durant une période de référence spécifiée la main-d’œuvre (BIT, 2000). Cette conception générale de la population suscite bon nombre de commentaires, il n’y a pas de limitation en ce qui concerne l’âge d’activité ; toutefois, les analystes des statistiques du marché du travail ont envisagé certaines restrictions pour être réalistes. L’adoption d’un âge minimum en dessous duquel une personne ne peut être considérée comme active et un âge maximum au-dessus duquel elle ne peut plus être considérée comme active. Les débats en rapport avec les limitations d’âges sont en cours et se heurtent aux considérations de chaque pays en fonction de la durée de scolarité au niveau primaire et l’âge d’entrée à la retraite. Pour le cas de Madagascar, l’intervalle d’âge de la population que nous pourrions considérer comme active peut être compris entre 18 ans (l’âge légal pour travailler) et 60 ans (l’âge de la retraite).
Pour le Bureau International du Travail, l’âge d’entrée en activité est fixé à 15 ans révolus et coïncide en général avec la fin des études au cycle primaire. En plus, le jeune est toute personne âgée d’au plus 24 ans. Pour les auteurs ANDRIANARIVELO et RANDRETSA dans leur livre « structure démographique de la jeunesse malgache », publiée en 1984, le terme jeune est défini comme étant la population âgée de 15 à 25 ans.
Besoin de formation
Le besoin se définit comme l’écart entre la situation existante et la situation désirée. En d’autres mots, il s’agit de ce qui est indispensable ou, du moins, utile à l’organisation ou aux individus pour atteindre un objectif valorisé et justifiable (FERNANDEZ, 1988). Le besoin de formation peut être considéré comme l’écart entre les compétences nécessaires pour exercer une activité ou la mise en œuvre d’un projet de développement et les compétences réelles d’un individu à un moment donné (Memento de l’agronome, 2002). Les besoins de formation peuvent être individuels ou collectifs. Le besoin collectif est déterminé à partir de l’ensemble des besoins individuels dont on dégage le plus petit dénominateur commun. C’est à partir de celui-ci que se développera l’activité de formation. Plus le groupe est homogène, plus il sera facile de déterminer les besoins collectifs. Selon LAWTON, il existe plusieurs types de besoins de formation : les besoins normatifs, institutionnels, comparatifs, démontrés et ressentis.
❖ Les besoins ressentis : Ils constituent l’écart entre les compétences qu’un professionnel se reconnaît et celles qu’il souhaite détenir. À la suite d’une démarche d’autocritique, l’individu détermine lui-même ses besoins selon ses expériences dans l’exercice de son travail. Les besoins ressentis sont donc issus du cadre de référence de l’individu, lui-même formé par les connaissances, les expériences et la compréhension des circonstances qu’a l’individu. La limite de ce niveau d’analyse est le fait que les professionnels ne peuvent pas ressentir un besoin pour quelque chose dont ils ignorent l’existence ou la nécessité (LAWTON, 1999).
❖ Les besoins démontrés : Ils émanent de l’écart mesuré entre les compétences d’un professionnel et celles qui sont recommandées par les spécialistes. Ces besoins peuvent être révélés par la compilation des réponses à des questionnaires d’autoévaluation, par l’appréciation des pairs, par les rapports de conseils d’établissement ou de comités travaillant à l’amélioration de la qualité globale (LAWTON, 1999).
❖ Les besoins comparatifs : Ils représentent les écarts observés entre un groupe ou des individus que l’on compare entre eux (LAWTON, 1999).
❖ Les besoins normatifs : Ils sont définis par des experts appartenant à des associations professionnelles reconnues ou à des milieux de recherche. Ils procèdent du développement perpétuel de la science et de la technologie et reposent donc sur la nécessité de mettre à jour les compétences selon les avancées réalisées dans le domaine de la recherche. Les nouveaux éléments sont souvent introduits sous forme de guides de pratique, de lignes directrices et de protocoles tels que de nouvelles normes et de nouvelles méthodes. Tout écart entre les pratiques actuelles et les nouveaux standards définis par les experts est reconnu comme étant le besoin normatif du professionnel ou du groupe (LAWTON, 1999).
❖ Les besoins institutionnels : Ils sont intrinsèquement liés à la vocation de l’organisation ou de l’établissement responsable de l’activité éducative. Il s’agit des compétences que l’organisation juge essentielles de retrouver chez ses divers groupes de professionnels en vue de remplir la mission qu’elle s’est donnée (McCONNELL, 2003).
Métier agricole et rural
Dans le Mémento de l’agronome, publié en 2002, les activités agricoles sont définis comme l’ensemble des activités liées à la production, la transformation, le stockage, la commercialisation des produits agricoles et alimentaires qu’il s’agisse de produits d’exportation, de petites productions marchandes, d’auto approvisionnement ou d’autoconsommation. Cependant, même si le milieu rural est essentiellement tourné vers la production agricole, de très nombreuses autres activités connexes, très diversifiées peuvent être considérées comme métiers ruraux:
♦ des activités de production en amont du secteur agricole: fabrication d’outils et de matériel, ou en aval : transformation des produits agricoles et alimentaires ;
♦ des activités de services liées à l’agriculture: crédit, commercialisation, transport, stockage, santé animale, conseil agricole…
♦ des activités de production artisanale: maçonnerie, mécanique, menuiserie, tissage, vannerie, couture, poterie, restauration…
♦ des activités de services: commerce, éducation, santé, administration…
Il importe toutefois de raisonner la complémentarité entre les différentes activités en milieu rural. Il n’existe pas de « frontière » stricte entre production agricole, transformation et commercialisation des produits agricoles et alimentaires, mais aussi avec l’artisanat local et les services… La survie de l’ensemble d’une unité familiale repose sur une diversité et une complémentarité d’activités diversifiées, génératrices de revenus (MARAGANNI, 2008).
Création de chaine de valeur
En principe, une entreprise cherche à obtenir un avantage concurrentiel et se donne pour mission de créer de la valeur pour ses clients. Mise au point par MICHAEL PORTER, professeur de stratégie d’entreprise de l’Université d’Harvard, la chaîne de valeur est un outil d’analyse stratégique permettant d’identifier, au sein d’une entreprise ou d’une organisation, les différentes activités clés créatrices de valeur pour le client et génératrices de marge pour l’entreprise (PORTER, 1985).
Selon PORTER, la chaîne de valeur repose sur l’enchaînement, la succession d’activités étape par étape, jusqu’au produit ou service final. Chaque étape permet d’y ajouter de la valeur et donc de contribuer à l’avantage concurrentiel de l’organisation. La chaîne de valeur de n’importe quelle entreprise se compose de neuf catégories d’activités fondamentales qui sont liées les unes aux autres. On distingue les activités principales et les activités de soutien qui renforcent les activités primaires.
Activités principales :
● Logistique interne : réception, stockage, manutention,…
● Production : processus de transformation, planification des moyens de production, ordonnancement, emballage, …
● Logistique externe : collecte, stockage et distribution physique des produits aux clients, …
● Commercialisation et vente : marketing, force de vente, publicité, …
● Services : fourniture de services visant à accroitre la valeur du produit.
Activités de soutien :
● Approvisionnements : achats des actifs notamment, …
● Développement technologique : recherche et développement
● Gestion des ressources humaines : recrutement, intégration, formation, rémunération,
● Infrastructure de la firme : direction générale, comptabilité, contrôle de gestion, gestion de la trésorerie,
En affectant les ressources de manière plus efficace tout au long de cette chaîne, l’entreprise pourra se positionner par rapport aux produits ou aux services des concurrents : un prix inférieur grâce à un processus de fabrication optimisé ou à l’achat des matières premières à moindre coût, une nouvelle technologie, une innovation ou fonctionnalité du produit qui permet à l’organisation de se différencier, une meilleure qualité de fabrication, un meilleur service après-vente, un délai de livraison plus court grâce à l’organisation logistique, etc. L’entreprise ne fabrique et ne fournit pas toujours un produit ou un service fini de A à Z comme souvent le cas dans le milieu agricole. Pour des produits complexes qui nécessitent plusieurs spécialisations, les entreprises s’organisent en filière. Dans une telle industrie, chaque entreprise apporte une partie de la valeur au produit final. Dans une filière, les chaînes de valeur de chacun des acteurs, fournisseurs, fabricants, distributeurs, etc., se coordonnent et s’imbriquent pour aboutir à un bien ou un service.
Une chaîne de valeur se traduit dans le monde agricole par un partenariat étroit entre les différents maillons de la chaîne d’approvisionnement, dans le but de répondre aux demandes des consommateurs et de créer de la valeur et des profits (CANTIN, 2005). Le début de la chaîne consiste en l’identification des besoins et des désirs des consommateurs et se termine par la mise en marché des produits appropriés. Une chaîne de valeur peut aussi être interprétée comme l’ensemble des acteurs (privés, publics, y compris les fournisseurs de services) et l’ensemble des activités à valeur ajoutée qui contribuent à porter un produit de la phase de production au consommateur final. Dans le cas de l’agriculture, on peut parler d’un ensemble de processus et de flux «de la ferme à la table» (MILLER et DA SILVA, 2005).
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Table des matières
INTRODUCTION
1 CONCEPTS ET ETAT DE L’ART
1.1 CONCEPTS
1.2 ETAT DE L’ART
2 MATERIELS ET METHODES
2.1 MATERIELS
2.2 METHODES
3 RESULTATS
3.1 Typologie des jeunes selon leurs situations
3.2 Evaluation du dispositif de FORMAPROD
4 DISCUSSIONS
5 RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES