Evaluation de l’état nutritionnel des enfants de 6 mois à 60 mois

La dénutrition est un état pathologique, qui résulte toujours d’une inadéquation entre les besoins et les apports, [1]. L’enfant est particulièrement vulnérable, car la croissance rend compte d’une importante dépense énergétique et de besoins protéiques élevés. Dans la plupart des pays, la dénutrition menace essentiellement les enfants malades. La maladie est responsable d’une diminution des capacités d’alimentation, d’une malabsorption, ou d’une augmentation de la dépense énergétique et des besoins protéiques. Les mécanismes sont souvent combinés, [2].

Elle est un enjeu de santé publique planétaire puisque plus d’un milliard d’êtres humains sont touchés et représente une grande cause de mortalité avec un milliard et demi de décès par an, [3]. Elle joue un rôle dans environ 45 % des décès d’enfants âgés de moins de 5 ans. Ces décès interviennent principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, [4].

Au Sénégal l’EDS-C de 2017 notait un taux de 17 % de malnutrition chronique et un taux de 9 % de malnutrition aigüe chez les enfants de moins de 5 ans, [5]. Cette prévalence de la malnutrition dans cette tranche âge de la population générale ne reflète pas la situation en milieu hospitalier, [6]. A HEAR en 2017 38,2% avaient une malnutrition aiguë, 31,3% une la malnutrition chronique et 34,5% une insuffisance pondérale [12].

Généralement aucune mesure préventive n’est prise lors de l’hospitalisation pour diverses affections qui exposent à un risque de dénutrition. Les patients sont rarement évalués sur le plan nutritionnel à l’admission, et les équipes soignantes n’affichent que sporadiquement une vigilance sur le régime diététique des patients, [7].

Aujourd’hui, la malnutrition continue de passer inaperçue dans les hôpitaux pédiatriques. Un état nutritionnel inadéquat se répercute sur la santé des enfants hospitalisés et est associé à des coûts annuels supplémentaires pour les centres hospitaliers, affectant donc le patient et le système de santé. La littérature indique que le statut nutritionnel des enfants malades se détériore au cours de l’hospitalisation et les pratiques non optimales de l’hôpital, telles que l’absence du dépistage nutritionnel, pourraient en fait aggraver la situation, [8].

Certaines cardiopathies empêchent les enfants de se nourrir et de grandir. La dénutrition reste un problème chez ses enfants atteints de cardiopathie, en particulier ceux qui présentent des symptômes d’insuffisance cardiaque ou cyanose. En 1962, Mehzivi et Drash ont signalé une prévalence de la malnutrition de 55% chez les enfants atteints de cardiopathie congénitale, [9]. Récemment, Cameron et al aient constaté que la malnutrition est présente dans 33% et 64% des enfants hospitalisés avec cardiopathie aux États-Unis, [10]. Si la malnutrition communautaire chez les enfants est documentée à travers plusieurs enquêtes démographiques et de santé et plusieurs travaux, la malnutrition en milieu hospitalier en particulier chez les enfants ayants une C.C l’est beaucoup moins. C’est dans cette optique que s’inscrit notre travail. L’objectif est de notre étude était d’évaluer l’état nutritionnel des enfants âgés de 6 mois à 60 mois ayant une cardiopathie congénitale, suivis en cardiologie pédiatrique au centre Hospitalier d’Enfants Albert Royer.

Cadre d’étude 

Notre étude s’est déroulée au centre Hospitalier National d’enfants Albert Royer (CHNEAR) de Dakar. Il s’agit d’un centre de référence national pédiatrique de niveau III. Il se situe dans l’enceinte du Centre Hospitalier National Universitaire (CHNU) de Fann de Dakar avec une capacité de 170 lits d’hospitalisations. Le CHNEAR est constitué de services suivants :
✯Service d’accueil des urgences (SAU) : Comportant une salle de déchocage, 2 salles hospitalisations, 3 cabines.
✯Le pavillon K : Service de pneumologie pédiatrique et pédiatrie générale avec 2 salles hospitalisations, 2 cabines, salle isolement covid
✯Le pavillon N : Service de néonatologie, réanimation et soins intensifs avec 5 lits de réanimations pédiatriques, 32 lits de réanimations néonatales, salle mère-kangourou, salle mère-enfants, 4 cabines
✯Le pavillon M : service d’endocrinologie, d’hématologie et de nutrition 3 salles d’hospitalisations, 4 cabines
✯Le pavillon O : Cardiologie pédiatrique et pédiatrie générale. Le service effectue :
– Consultation de cardiologie pédiatrique
– Suivi des patients en ambulatoire
– Hospitalisation

Le service travaille en étroite collaboration avec le service de chirurgie thoracique et cardio vasculaire (CTCV) du CHU de Fann de Dakar.
✯Le service de chirurgie pédiatrique avec une capacité de 18 lits. Le personnel soignant du HEAR comporte : des professeurs, des maitresassistants, des internes, des pédiatres de santé publique, des D.E.S, des biologistes, des radiologues, du personnel paramédical.

Le CHNEAR est également doté de services comprenant :
➤ Les services de consultation externe spécialisée : drépanocytose dermatologie, ophtalmologie, ORL, chirurgie dentaire.
➤ Une pharmacie : dépôt hospitalier en médicaments et matériels essentiels.
➤ Un laboratoire : pour la réalisation des analyses d’hématologie, de biochimie, de parasitologie et de bactériologie.
➤ Un service d’imagerie médicale : pour les examens de radiologie et d’échographie.

Données socio-démographiques 

Sexe 

Dans notre série, il avait une légère prédominance féminine avec un sexe ratio de 0,92 , ce qui avait été retrouvé également dans l’étude de Cameron,[10].A l’inverse de certains auteurs, telle que l’auteur I. Deme/Ly , qui a retrouvé un sexe ratio de 1,43 [12].Cette légère prédominance féminine peut s’expliquer par le fait qu’en Afrique, la force étant associée à une qualité dite masculine, les garçons sont privilégiés dans l’accès à la nourriture au sein des foyers tandis que les filles doivent se contenter de ce qui reste à manger. Cela se traduit par un accès inégal à des aliments hautement nutritifs et donc une plus grande vulnérabilité à la malnutrition. Les jeunes filles mangent en dernier et souvent en moins grande quantité ne répondant pas à leurs besoins nutritionnels journaliers, ceci s’ajoute à leur cardiopathie, qui les rendent encore plus vulnérable à développer une dénutrition .

Age

54,76 % de notre population avait plus de 1an, l’âge moyen était de 26 mois. Les enfants de plus de 1 an, étaient dénutris dans 64 % des cas. Ceci concorde avec le résultat de l’étude de Cameron, qui avait noté une prévalence de la dénutrition de 58, 4 % dans la tranche d’âge moins de 3 ans, [9]. D’autres part, à l’échelle nationale (HEAR ,2018), l’auteur Fatou.S, avait retrouvé un âge moyen de 20 mois, [15]. Ces taux de dénutrition qui intéressent la tranche d’âge entre 1 an et 3 ans, peut s’expliquer par plusieurs paramètres parmi lesquels la mauvaise qualité de la diversification alimentaire, le sevrage ainsi que la survenue de maladie précocement, rendent cette période vulnérable. Plusieurs auteurs ont noté une plus grande vulnérabilité de l’enfant durant les 2 premières années, [16, 17, 18, 19, 20, 21,22] .

Le sevrage, la plupart de temps, n’est pas réalisé dans les conditions idéales, décidé brutalement sans diversification au préalable sur terrain de cardiopathie congénitale, ce qui rend le cap difficile à franchir pour l’enfant entrainant ainsi la rupture de l’équilibre nutritionnel.

Origine 

60 % des dénutris sont originaire des régions et des banlieues. Ce résultat concorde avec celle de l’étude nationale, [11-15]. Ceci pouvant s’expliquer par la conjonction de plusieurs facteurs favorisants l’éclosion de la dénutrition dans cette zone. Il s’agit d’une part de condition d’hygiène médiocre, d’inondation fréquente, de l’analphabétisme des parents, d’une couverture sanitaire insuffisante, d’un niveau socio-économique bas et d’autre part le service de cardio-pédiatrie de HEAR qui est considéré comme référence à l’échelle national. Ces conditions s’ajoutent à la C.C, rendant ainsi les enfants très vulnérables à développer une dénutrition.

Antécédents 

Vaccination

On a recensé 83 patients ayant une vaccination à jour selon le PEV soit 98,81 %. Ce taux est au-dessus de celle en milieu hospitalier à HEAR qui a trouvé une couverture de 77,3 % des cas, [15]. Le contact vaccinal devrait être un moment privilégié pour dépister une dénutrition débutante chez les enfants ayant une cardiopathie et permettre de prendre en charge rapidement. Une vaccination correcte et un bon suivi médical sont d’un apport certain dans la lutte contre la dénutrition chez les enfants ayant une cardiopathie.

Type alimentation

Quarante un patients en période de diversification alimentaire étaient dénutris, soit 82 %. Nos résultats rejoignent ceux retrouvés au Nigeria par une étude qui a montré une prévalence plus élevée de la malnutrition aigüe au sein des enfants en période de diversification, [23] Cette dernière est une étape capitale dans l’alimentation de l’enfant. Ainsi aussi bien du point de vue qualitatif comme du point de vue du nombre, l’alimentation des enfants est loin d’être satisfaisante. Ce qui explique qu’elle constitue un obstacle majeur pour certaines familles de revenu faible, rendant plus .

Données cliniques

Etat nutritionnel 

La malnutrition aigue
Dans notre série, la malnutrition aigüe selon le rapport Poids/Age ( au 3eme percentile) a été retrouvée chez 59,52 % des cas. Ce taux est largement supérieur à la prévalence de la malnutrition nationale selon EDS continue, [11]. Il est également supérieur que celui de l’auteur I. Deme/Ly qui avait retrouvé un taux de malnutrition aigüe de 38,2% au CHNEAR en 201, [12]. Cette différence s’explique d’une part par le fait que les parents consultent directement les structures de références et d’autres part notre population qui est bien spécifique. Par contre, notre prévalence se rapproche énormément de celle de Mehrizi et Drash, qui ont rapporté respectivement, 55% et 52% de prévalence de la dénutrition chez les enfants ayant une cardiopathie congénitale, [9]. Également, dans l’unité de cardiologie pédiatrique du centre hospitalier d’Ann Arbor, au Michigan (USA), la prévalence de la dénutrition était de 50%, [10]. Ainsi qu’en France, dans une enquête transversale multicentrique, où trente-deux services de pédiatrie des 12 hôpitaux universitaires ont été impliqués, 66 % des enfants hospitalisés dans ses structures étaient malnutris, [13]

D’autres études épidémiologiques avait retrouvé également une prévalence proche de la nôtre, notamment celle de Colomb Virginie et M.Bouhabib réalisées en France en 2010,avec 50 % dénutrition aigue chez les enfants ayant une cardiopathie congénitales,[14].Ces prévalences élevées de la dénutrition dans les différentes études, prouvent que les enfants porteurs de C.C sont plus exposés à développer une dénutrition, par la faite d’une augmentation des besoins nutritionnels en rapport avec la pathologie et avec son traitement médical et/ou chirurgical et d’autre part par l’insuffisance d’apport protéique et énergétique.

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Table des matières

INTRODUCTION
1 OBJECTIFS
1.1Objectif général
1.2 Objectifs spécifiques
2 CADRE, PATIENTS ET METHODES D’ETUDE
2.1. Cadre d’étude
2.2. Méthodes
2.2.1 Type
2.2.2 Période d’étude
2.2.3. Population d’étude
2.2.4. Echantillonnage
2.2.5. Variables
2.2.6 . Collecte des données
2.2.7 Traitement et analyse des données
2.2.8 Considérations éthiques
3 RESULTATS
3.1. Epidémiologie
3.1.1. Fréquence de la cardiopathie congénitale
3.1.2. Age
3.1.3. Sexe
3.1.4. Origine
3.2. Antécédents
3.2.1. Vaccination
3.2.2. Type alimentation
3.3. Données cliniques
3.3.1. Etat nutritionnel
3.3.1.1 Prévalence de la malnutrition aigue
3.3.1.2 Prévalence de l’insuffisance pondérale
3.3.1.3 Prévalence de la malnutrition chronique
3.3.2. Cardiopathie congénitale
3.3.2.1 Age de diagnostic
3.3.2.2 Les types de cardiopathies
3.3.2.3 Groupe de cardiopathie et dénutrition
3.4. Hospitalisation
3.4.1. Alimentation
3.4.2. Enrichissement alimentaire
3.4.3. Traitement de la cardiopathie
4 DISCUSSION
4.1 Données socio-démographiques
4.1.1. Sexe
4.1.2. Age
4.1.3. Origine
4.2. Antécédents
4.2.1. Vaccination
4.2.2. Type alimentation
4.3. Données cliniques
4.3.1 Etat nutritionnel
4.3.1.1 La malnutrition aigue
4.3.1.2. La malnutrition chronique
4.3.1.3. L’insuffisance pondérale
4.3.2 Cardiopathie congénitale
4.3.2.1. Age de diagnostic
4.3.2.2. Type de cardiopathie
4.3.2.3. Groupe de CC et dénutrition
4.4. Hospitalisation
4.4.1. Prise en charge nutritionnelle
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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