Evaluation de l’état, de la dynamique et des tendances évolutives de la flore et de la végétation ligneuses

Le Sénégal, comme les autres pays du Sahel, a été durement éprouvé par une succession de sécheresses, notamment entre les années 1970 et 1990 (Olivry, 1983). La conjonction de ces épisodes avec d’autres facteurs liés à l’homme comme les défrichements agricoles, le surpâturage, les prélèvements de bois d’œuvre et d’artisanat, de bois de service et d’énergie, les feux de brousse, a été à l’origine de dégradations parfois profondes des formations végétales, y compris celles du domaine classé (MEPN, 1993). L’impact de ces facteurs s’est manifesté d’une part par une réduction sensible des superficies boisées, et d’autre part par une dégradation de la flore et de la végétation (MEPN, 1993). Dans certaines parties du pays, ces facteurs ont presque compromis les possibilités de reconstitution de la végétation.

Cette dégradation généralisée des ressources végétales et ses cortèges de drames n’ont pas manqué d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité d’entreprendre des actions vigoureuses de lutte contre le processus de dégradation des ressources naturelles. C’est dans ce contexte que des outils de planification et de gestion (plans, programmes et stratégies) ont été élaborés avec le concours des partenaires au développement pour aider à atténuer les effets de la sécheresse et à mieux gérer les ressources naturelles et l’environnement. Parmi ces outils les plus importants sont :
– le Plan Directeur de Développement Forestier (PDDF) adopté en 1981 ; ce plan devait permettre de faire un diagnostic général de la situation forestière du pays, de définir une stratégie d’action à moyen et long terme (1981-2016) et de dégager un plan d’action ;
– le Plan d’Action Forestier du Sénégal (PAFS) adopté en 1993 ; ce plan élaboré à partir du Programme d’Action Forestier Tropical (PAFT) et du PDDF devait permettre de mieux prendre en compte les enseignements tirés des expériences passées et les mutations en cours en matière de conservation des ressources naturelles ;
– le Plan National d’Action pour l’Environnement (PNAE) adopté en 1997; ce plan devait permettre de mettre en place un cadre stratégique global de gestion de l’environnement et des ressources naturelles dans la perspective d’un développement durable ;
– le Programme d’Action National de Lutte contre la Désertification (PAN/LCD) validé en 1998 ; ce programme devait permettre d’identifier les facteurs qui contribuent à la désertification et les mesures concrètes à prendre pour lutter contre celle-ci.

Par ailleurs, au plan international, le Sénégal a signé et ratifié dans la même période un certain nombre de conventions ayant une incidence directe sur la conservation des ressources forestières. Parmi ces conventions on peut citer :
– la Convention des Nations Unies sur la Diversité Biologique (CDB) signée en 1992 et ratifiée en 1994 ; cette convention devait permettre d’une part de créer un cadre et d’asseoir une politique active de conservation de la diversité biologique, et d’autre part de mobiliser des fonds au niveau international pour la conservation de la diversité biologique ;
– la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (CDD) signée en 1994 et ratifiée en 1995 ; cette convention avait pour objectif de lutter contre la désertification et d’atténuer les effets de la sécheresse dans les pays affectés ;

La Convention des Nations Unies sur la Diversité Biologique a été à l’origine de l’élaboration de deux importants documents relatifs à la conservation de la biodiversité :
– une Monographie Nationale sur la Biodiversité au Sénégal élaborée en 1998; ce document a fait le point et l’état des connaissances sur la diversité biologique au niveau national ;
– une Stratégie Nationale et Plan National d’Actions pour la Conservation de la Biodiversité validée en 1998 ; ce plan constitue un cadre qui devait permettre au Sénégal de conserver sa diversité biologique et de rétablir les équilibres écologiques nécessaires à un développement durable.

Parallèlement à l’élaboration des outils d’atténuation de la dégradation des ressources et à la signature des conventions, l’Etat sénégalais a entrepris une restructuration des institutions chargées de mettre en œuvre la politique de gestion des ressources naturelles. La création du Conseil Supérieur des Ressources Naturelles et de l’Environnement (CONSERE) au sein du Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature en 1993 montre la priorité que les autorités accordent à la gestion des ressources forestières. Sur le plan juridique, les révisions du Code Forestier en 1993 et en 1998 en vue de son adaptation aux nouvelles réalités, notamment aux dispositions de la loi sur la décentralisation et de la loi sur le transfert de compétences aux collectivités locales en matière forestière témoignent la volonté politique des autorités.

MATERIELS ET METHODES 

Matériel

Cette étude porte essentiellement sur la composante ligneuse de la végétation qui constitue la ressource la plus exploitée dans les forêts au Sénégal. En effet, l’exploitation forestière au Sénégal est synonyme de prélèvement de charbon de bois, de bois de chauffe, de bois de service, de bois d’œuvre et d’artisanat et dans une moindre mesure de prélèvement de produits forestiers non ligneux. Le choix des sites de l’étude a nécessité des missions de prospection des forêts classées de la zone d’étude. Les forêts sélectionnées ont été choisies pour répondre à un souci de validité de la méthode d’évaluation et de représentativité des forêts des domaines soudanien et sub-guinéen. En effet, les forêts classées du Sénégal sont réparties dans différentes zones éco-climatiques (Fig. 1) et présentent par conséquent des caractéristiques différentes.

Par ailleurs, leur superficie varie de façon significative d’une forêt à l’autre. Pour mieux prendre en compte la diversité des situations, le choix des forêts a été basé sur les caractéristiques de leur végétation et sur leur étendu. Ainsi le choix a porté sur six (06) forêts dont les caractéristiques principales sont les suivantes :
– une forêt avec une végétation dégradée et une taille relativement petite (Forêt Classée de Wélor, 5 469 ha) ;
– une forêt avec une végétation peu dégradée et une taille moyenne (Forêt Classée de Ouli, 14 962 ha);
– une forêt avec une végétation peu dégradée et une taille relativement grande (Forêt Classée de Bala Est, 20 891 ha) ;
– une forêt avec une végétation relativement conservée et une taille relativement petite (Forêt Classée de Patako, 5 638 ha) ;
– une forêt avec une végétation relativement conservée et une taille grande (Forêt Classée de Kantora, 22 314 ha) ;
– une forêt avec une végétation bien conservée et une taille relativement petite (Forêt Classée de Mampaye, 8 286 ha).

Méthode

La méthode d’évaluation de la flore et de la végétation ligneuses a été conçue à partir d’informations recueillies dans la documentation relative à l’inventaire et auprès de personnes ressources spécialisées dans ce domaine. Les informations obtenues ont permis de procéder à des synthèses sur les plans d’échantillonnage classiques et couramment utilisés, sur les unités d’échantillonnage et la taille des échantillons et sur les expériences d’inventaire forestier au Sénégal. Ces synthèses ont permis de capitaliser les différentes expériences et de proposer une démarche méthodologique plus adaptée aux réalités de nos forêts et prenant en compte les préoccupations de précision et de fiabilité des données, d’opérationnalité sur le terrain, de coût, de cartographie des ressources et de la biodiversité, de conservation des ressources, d’aménagement et de suivi de la dynamique de la flore et de la végétation.

Synthèse sur les plans d’échantillonnage 

L’échantillonnage statistique est la méthode de collecte de données la plus utilisée dans l’évaluation des ressources végétales ligneuses (Lindsey, 1955 ; Sukhatme & Sukhatme, 1970 ; Cochran, 1977 ; Chacko, 1965 ; Rondeux, 1999). En fonction des objectifs de l’évaluation, des caractéristiques de la végétation, du temps et des moyens disponibles, différentes procédures sont utilisées pour la mise en place d’un échantillon représentatif (Cooper, 1963 ; Husch, 1971 ; Frontier, 1983 ; Decleire & Bâ, 1996). Les procédures de base les plus utilisées dans l’évaluation de la végétation ligneuse sont les suivantes :

Echantillonnage systématique
Les unités d’échantillonnage sont placées suivant un schéma régulier prédéterminé (grille ou transect). L’emplacement des unités d’échantillonnage dans le schéma est déterminé par la position de la première unité qui peut être choisie au hasard. Souvent préconisée dans les inventaires forestiers, cette méthode présente plusieurs avantages parmi lesquels la facilité de localisation et de repérage des unités d’échantillonnage sur le terrain, la possibilité de procéder à une distribution régulière des unités sur l’ensemble de la population, la possibilité de cartographier les caractéristiques estimées, la prise en compte des gradients écologiques (McIntyre, 1953). Le principal inconvénient est lié au manque d’indépendance entre les unités d’échantillonnage puisque le choix de la première détermine la position des autres. La théorie des sondages n’est plus strictement applicable et l’estimation de la moyenne comporte souvent un biais non négligeable. On ne peut donc pas estimer la variance de la moyenne et la détermination de l’erreur d’échantillonnage s’en trouve limitée. Cette méthode est particulièrement indiquée pour la mise en évidence de l’effet d’un gradient.

Echantillonnage aléatoire simple
Les unités d’échantillonnage sont prélevées au hasard et de façon indépendante. Avec cette procédure de mise en place des unités d’échantillonnage, toutes les unités de la population ont la même probabilité d’être sélectionnées. De cette façon, l’échantillon tiré est représentatif de la population statistique. Les tests statistiques et principalement les analyses de variance peuvent s’appliquer sans restriction. L’estimation de la moyenne n’est pas biaisée et le calcul de l’erreur d’échantillonnage peut se faire de façon rigoureuse. Cette méthode présente cependant deux inconvénients majeurs : la perte de temps liée aux déplacements parfois très grands pour la localisation des unités d’échantillonnages sur le terrain et la forte probabilité de prise en compte insuffisante ou même de non prise en compte de certains biotopes (biotopes réduits). Il en résulte une redondance des données collectées avec comme conséquence un nombre trop élevé d’unités d’échantillonnage pour certains milieux et un nombre insuffisants pour d’autres. Une bonne prise en compte des différentes composantes de la population nécessite un taux d’échantillonnage très élevé. Cette méthode est particulièrement indiquée pour l’estimation de l’abondance et de la fréquence des espèces.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1. MATERIELS ET METHODES
1.1. Matériel
1.2. Méthode
1.2.1. Synthèse sur les plans d’échantillonnage
1.2.2. Synthèse sur les unités d’échantillonnage et la taille des échantillons
1.2.3. Synthèse sur les expériences d’inventaire forestier au Sénégal
1.3. Traitement des données d’inventaire
CHAPITRE 2. PRESENTATION DES FORETS CLASSEES CHOISIES
2.1. Forêt Classée de Wélor
2.2. Forêt Classée de Patako
2.3. Forêt Classée de Ouli
2.4. Forêt Classée de Bala Est
2.5. Forêt Classée de Kantora
2.6. Forêt Classée de Mampaye
CHAPITRE 3. RESULTATS
3.1. Méthode d’évaluation de la flore et de la végétation ligneuses
3.1.1. Méthode de collecte des données
3.1.1.1. Choix des variables
3.1.1.2. Choix de l’approche
3.1.1.3. Choix du plan d’échantillonnage
3.1.1.4. Elaboration du support cartographique de l’échantillonnage
3.1.1.5. Choix du dispositif d’échantillonnage
3.1.1.6. Mise en place du dispositif d’échantillonnage
3.1.1.7. Repérage des mailles et des placettes sur le terrain
3.1.1.8. Equipe et matériel d’inventaire
3.1.1.9. Populations statistiques et taille des échantillons de sondage
3.1.2. Méthode de traitement et d’analyse des données
3.2. Application de la méthode dans les forêts classées choisies
3.2.1. Forêt Classée de Wélor
3.2.1.1. Flore ligneuse
3.2.1.2. Végétation ligneuse
3.2.1.3. Disponible potentiel des espèces ligneuses
3.2.1.4. Structure, dynamique et tendances évolutives de la végétation ligneuse
3.2.1.5. Structure, dynamique et tendances évolutives des populations des espèces
3.2.1.6. Conclusion sur la flore et la végétation ligneuses
3.2.2. Forêt Classée de Patako
3.2.2.1. Flore ligneuse
3.2.2.2. Végétation ligneuse
3.2.2.3. Disponible potentiel des espèces ligneuses
3.2.2.4. Structure, dynamique et tendances évolutives de la végétation ligneuse
3.2.2.5. Structure, dynamique et tendances évolutives des populations des espèces
3.2.2.6. Conclusion sur la flore et la végétation ligneuses
3.2.3. Forêt Classée de Ouli
3.2.3.1. Flore ligneuse
3.2.3.2. Végétation ligneuse
3.2.3.3. Disponible potentiel des espèces ligneuses
3.2.3.4. Structure, dynamique et tendances évolutives de la végétation ligneuse
3.2.3.5. Structure, dynamique et tendances évolutives des populations des espèces
3.2.3.6. Conclusion sur la flore et la végétation ligneuses
3.2.4. Forêt Classée de Bala Est
3.2.4.1. Flore ligneuse
3.2.4.2. Végétation ligneuse
3.2.4.3. Disponible potentiel des espèces ligneuses
3.2.4.4. Structure, dynamique et tendances évolutives de la végétation ligneuse
3.2.4.5. Structure, dynamique et tendances évolutives des populations des espèces
3.2.4.6. Conclusion sur la flore et la végétation ligneuses
3.2.5. Forêt Classée de Kantora
3.2.5.1. Flore ligneuse
3.2.5.2. Végétation ligneuse
3.2.5.3. Disponible potentiel des espèces ligneuses
3.2.5.4. Structure, dynamique et tendances évolutives de la végétation ligneuse
3.2.5.5. Structure, dynamique et tendances évolutives des populations des espèces
3.2.5.6. Conclusion sur la flore et la végétation ligneuses
3.2.6. Forêt Classée de Mampaye
3.2.6.1. Flore ligneuse
3.2.6.2. Végétation ligneuse
3.2.6.3. Disponible potentiel des espèces ligneuses
3.2.6.4. Structure, dynamique et tendances évolutives de la végétation ligneuse
3.2.6.5. Structure, dynamique et tendances évolutives des populations des espèces
3.2.6.6. Conclusion sur la flore et la végétation ligneuses
CHAPITRE 4. DISCUSSIONS ET CONCLUSIONS GENERALES
4.1. Sur la méthode d’évaluation de la flore et de la végétation ligneuses
4.2. Sur la flore
4.3. Sur la végétation
4.4. Sur le potentiel en espèces ligneuses
4.5. Sur la dynamique de la flore et de la végétation ligneuses
4.6. Sur le statut et les vocations des forêts classées étudiées
4.7. Perspectives
4.7.1. Utilisation de la méthode pour l’évaluation des ressources végétales du domaine forestier géré par les collectivités locales
4.7.2. Utilisation de la méthode pour l’évaluation des ressources forestières à l’échelle nationale
4.7.3. Utilisation de la méthode pour le suivi de la dynamique de la végétation
4.7.4. Utilisation de la méthode pour la construction d’indicateurs de changement d’état de la végétation
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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