Evaluation de l’aptitude des unités de récupération nutritionnelle

La malnutrition constitue un véritable problème de santé publique. Selon les estimations de la FAO, le nombre de personnes sous-alimentées s’élève à 925 millions en 2010, contre 1.023 milliard en 2009 [1] et reparti comme suit :
– 19 millions dans les pays développés
– 37 millions au Proche-Orient et en Afrique du Nord
– 53 millions en Amérique latine et Caraïbes
– 239 millions en Afrique Subsaharienne
– 578 millions en Asie et Pacifique [1].

La région Asie-Pacifique est la plus massivement touchée, avec 578 millions de personnes sous-alimentées, mais c’est aussi celle où la faim a le plus reculé, avec une baisse de 12 % par rapport à 2009 soit près de 80 millions de personnes en moins [1]. « La proportion d’affamés reste la plus forte en Afrique sub-saharienne, avec 30 % de la population qui souffre de la faim », précise la FAO [1]. Cependant, le nombre de personnes en proie à la faim est plus élevé en 2010 qu’avant les crises alimentaire et économique de 2008-2009 [2]. Près de 55 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent encore de malnutrition aiguë et 3,5 millions en meurent chaque année [2].

Au Niger, le taux de malnutrition aiguë des enfants de 6-59 mois s’élève à 16,7% [3]. Ce taux est au-dessus du seuil d’urgence (15%) et a fortement augmenté depuis la dernière enquête de juin 2009, passant de 12,3% à 16,7% sur l’ensemble du territoire. [3]. En cote d’ivoire, une enquête réalisée en 2006 avant la crise des prix des denrées alimentaires montre que le taux national de prévalence de la malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans est de 7%, avec un retard de croissance de 33,9% et une cachexie chez 14,9% des enfants de 12 à 23 mois [4]. Une enquête plus récente réalisée par le Programme Alimentaire Mondial fait apparaître une prévalence bien plus élevée de 17% de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans dans les régions septentrionales du pays [4].

Une étude réalisée en 2003 par Sy O. dans le service de pédiatrie B de l’hôpital Gabriel Touré révèle que la malnutrition est la 3ème cause d’hospitalisation avec 13,4%, et la 1ère cause de décès 31,7% avec une létalité de 16,7% [5]. Au Mali, les résultats de L’EDSM IV de 2006 montrent un taux de 15% d’enfants souffrant d’émaciation, 38% de retard de croissance et 27% d’insuffisance pondérale [6]. Et selon les résultats de l’enquête MICS de 2010, environ 2 enfants sur 10 de moins de 5 ans au Mali souffrent d’insuffisance pondérale (19%) dont 5% de cas sévères. Plus du quart des enfants de moins de 5 ans (28%) présentent un retard de croissance (ou court pour leur âge) dont 10% ont une malnutrition chronique sévère. Quant à l’émaciation (poids faible par rapport à la taille), sa prévalence est près d’un enfant sur dix (9%) dont 2% de cas sévère [45].

Selon la même étude, la région de Ségou a un taux de malnutrition aiguë globale de 15% [6]. La malnutrition contribue pour 56% à la mortalité infanto-juvénile [6]. Le mauvais statut nutritionnel des femmes maliennes dû à la malnutrition est responsable en grande partie du taux élevé de mortalité maternelle (464/100000 naissances) [6]. La malnutrition est particulièrement fréquente chez les pauvres et ceux qui ont un accès insuffisant à l’eau potable et à un assainissement de bonne qualité et sont privés d’éducation sanitaire [7]. Elle touche un grand nombre d’individus à cause des famines, des guerres et d’autres catastrophes qui empêchent ou réduisent l’approvisionnement des populations en vivres [7].

La lutte contre la faim en général et la malnutrition en particulier constitue un défi majeur à la réduction de la mortalité chez les enfants. Ainsi, de nombreuses stratégies ont été mises en place avec des succès variables [8]. L’OMS, préconise une prise en charge en fonction du degré de malnutrition et des affections et/ou infection associées. Cette prise en charge peut se faire soit en ambulatoire dans des centres de récupération nutritionnelles (CREN), en milieu communautaire ou en hospitalisation selon qu’il s’agisse de malnutrition modérée ou sévère associée à des complications [9].

A la faveur du forum national sur la nutrition tenue au Mali du 1er au 3 Juin 2010 dont l’objectif général était de contribuer à un meilleur repositionnement de la nutrition dans les politiques et stratégies de lutte pour la croissance et la réduction de la pauvreté au Mali, les communautés en collaboration avec le gouvernement du Mali se sont fixés des axes d’interventions dans les domaines de: l’allaitement exclusif, l’alimentation de complément, la nutrition thérapeutique, la supplémentation, la fortification en micronutriments et déparasitage [10].

Définitions des concepts

Aliment 

L’aliment est un produit du règne animal ou végétal pouvant être utilisé pour nourrir l’organisme. Comme exemple nous avons : le lait, la viande, le poisson, les légumes, les céréales etc. Les aliments peuvent être classés en 3 types selon leur mode d’action au niveau de l’organisme. Il existe les aliments de construction riches en protéines, les aliments énergétiques riches en glucides et en lipides et les aliments de protection riches en vitamines et sels minéraux [11].

Nutriment 

Le nutriment est une substance constitutive des aliments dont l’organisme a besoin pour son développement et son bon fonctionnement. C’est tout corps simple ou composé organique ou minéral pouvant être absorbé par les cellules intestinales [11].

Alimentation

L’alimentation est le mécanisme par lequel les aliments sont introduits dans l’organisme. C’est nourrir, « entretenir, faire vivre en donnant à manger ». C’est donc la production, la préparation, la distribution des denrées alimentaires [11].

Nutrition 

La nutrition est la science qui explique le rôle joué par les aliments et les nutriments dans le corps humain, pendant la croissance, le développement et le maintien de la vie. Définie dans un contexte plus large, la nutrition appréhende « comment les aliments sont produits, transformés, manipulés vendus, préparés, partagés et consommés et quel est leur sort dans l’organisme : comment ils sont digérés, absorbés, utilisés » [11].

La malnutrition

Selon l’OMS, la malnutrition est un état pathologique général ou spécifique résultant de la carence ou de l’excès relatif ou absolu d’un ou de plusieurs nutriments essentiels, se manifestant cliniquement ou ne soit décelable que par des analyses biochimiques, anthropométriques ou physiologique [13].

Malnutrition aiguë

La malnutrition aigüe est l’ensemble des manifestations cliniques dues à un apport quantitatif et/ou qualitatif insuffisant, dans l’alimentation, de substances nutritives nécessaires à la croissance normale et au bon fonctionnement de l’organisme. Son évolution est très variable selon la gravité, la durée et l’âge auxquels elle survient: plus l’enfant est jeune, plus sa vitesse de croissance est rapide et plus il est vulnérable [11].

La malnutrition est le plus souvent constatée à travers les mesures de poids et de hauteur comparées à une norme de référence d’enfants américains du même âge. Les variations de poids tendent à refléter des déficiences nutritionnelles récentes, tandis que les variations de taille sont davantage liées à des déficiences chroniques. Le poids par rapport à l’âge de la classification de Gomez est la mesure la plus employée en Afrique subsaharienne, associée parfois à une évaluation de la courbe de croissance pour détecter les formes chroniques. Selon cette classification, la malnutrition sévère, modérée ou légère correspond, respectivement, à un poidspour âge inférieur ou égal à 60%, de 61 à 75%, et de 75 à 90% de la norme de référence (Chauliac et Masse-Raimbault, 1989) [14].

Le marasme (apport quantitatif insuffisant) et le kwashiorkor (malnutrition protéique) sont les deux principales manifestations graves de la malnutrition aiguë chez le jeune enfant. Les deux types de malnutrition peuvent souvent être associés. Cependant, il existe également des formes frustes de malnutrition aigue [11].

Les carences en micronutriments

Les carences en micronutriments résultent d’une déficience des réserves et de taux de micronutriments circulant dans le sang pour assurer la croissance, la santé et le développement. Par définition, les micronutriments désignent les substances (vitamines et les sels minéraux) nécessaires à l’organisme pour son développement harmonieux et son bon fonctionnement. Les carences en ces éléments ne sont pas toujours visibles et ne se manifestent pas par une insuffisance pondérale, une malnutrition chronique ou une émaciation. Les carences en vitamine A, fer et iode sont les plus répandues dans le monde. Celles en d’autres éléments tels que le zinc et l’acide folique peuvent causer de sérieux dommages pour la santé. Ainsi, il a été prouvé d’une part qu’une supplémentation en zinc permet de réduire la durée et la sévérité de la diarrhée, de réduire la malnutrition chronique et les complications de la grossesse. D’autre part, la carence en acide folique représente un risque de morbidité et de mortalité maternelle et un faible poids à la naissance [15].

Physiopathologie de la malnutrition

La sous-nutrition a comme point de départ une réduction de la prise alimentaire. L’apport alimentaire insuffisant (quantité ou qualité) entraîne un amaigrissement qui puise d’abord dans les réserves ou masse grasse de l’individu (le tissu adipeux peut quasiment disparaître), puis dans sa masse musculaire (30 à 50%). De ce fait, il y a une diminution de la masse corporelle (première manifestation d’une réduction de la prise alimentaire) qui se traduit par une perte de poids. Cette perte de poids entraîne une réduction des besoins nutritionnels avec réduction du métabolisme de base de 30 à 40% de sa valeur initiale, qui peut se poursuivre jusqu’à ce qu’un équilibre besoins/apports soit atteint.

Les malnutris ayant des œdèmes en l’absence d’amaigrissement n’ont pas activé les mécanismes d’adaptation observés habituellement en cas de malnutrition sévère. Les infections, les cytotoxiques et les radicaux libres semblent jouer un rôle dans l’apparition des œdèmes. Il existe également une réduction de la concentration cellulaire du glutathion, élément clé dans la défense contre l’agression oxydante par les radicaux libres. Quand on réduit expérimentalement le niveau de glutathion de cellules normales jusqu’au niveau atteint en cas de malnutrition avec œdèmes, les troubles de perméabilité sont reproduits et on observe le même type d’anomalie hydro électrolytique qu’au cours du kwashiorkor [16].

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Table des matières

SIGLES ET ABREVIATIONS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
1. INTRODUCTION
2. OBJECTIFS
2.1. Objectif général
2.2. Objectifs spécifiques
3. GENERALITES
3.1. Définitions
3.2. Physiopathologie de la malnutrition
3.3. Classification de la malnutrition
3.4. Les causes de la malnutrition
3.5. Aspects cliniques de la malnutrition aigue
3.6. Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté
3.7. Situation nutritionnelle et insécurité alimentaire
3.8. Stratégie nationale de sécurité alimentaire et sécurité nutritionnelle
3.9.Traitement de la malnutrition aigue
4. METHODOLOGIE
4.1. Cadre et lieu d’étude
4.2. Période et type
4.3. Population d’étude
4.4. Critères d’inclusion
4.5. Critères de non-inclusion
4.6. Paramètres étudiés
4.7. Outils de collecte des données
4.8. Analyse des résultats
5. RESULTATS
6. COMMENTAIRES ET DISCUTIONS
7. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
8. REFERENCES
9. ANNEXES

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