Evaluation de l’activité anti-falcemiante d’une combinaison d’extraits de maytenus senegalensis

La drépanocytose ou anémie falciforme est une maladie génétique, héréditaire récessive autosomique liée à une anomalie de l’hémoglobine. Première hémoglobinose à être découverte, elle est due à une mutation ponctuelle au niveau du 6eme codon de la chaîne beta globine sur le chromosome 11. Elle est actuellement répandue dans les cinq continents à cause des flux migratoires et constitue un lourd fardeau pour les pays africains par sa sévérité et sa prévalence. Plusieurs options thérapeutiques ont été mises au point pour lutter contre la drépanocytose, mais ces progrès, qui sont principalement applicables dans les pays à revenus élevés, ont malheureusement élargi le fossé entre les malades des pays développés et ceux des pays en développement (De Montalembert et al, 2007). La drépanocytose représente dès lors un véritable enjeu de santé publique pour ces pays, où le nombre de malades est important et où les moyens « financiers » pour se soigner sont insuffisants. Le retour à la médecine traditionnelle devient donc une nécessité pour ces populations. Partant de ce constat, des enquêtes ethnobotaniques ont été menées et ont permis de recenser une pléthore de plantes utilisées dans la prise en charge de la drépanocytose. Cependant, si la médecine traditionnelle apporte de nombreuses solutions pour le traitement de la drépanocytose, le manque de preuves scientifiques demeure un véritable problème. C’est ainsi que, notre Laboratoire a entrepris des recherches sur les racines de Maytenus Senegalensis et les feuilles de Combretum glutinosum. Ces études ont montré que les extraits méthanoliques de ces plantes ont respectivement des activités anti-falcémiantes de 71,25 et 80% (Mbaye, 2014 ; Thiam, 2017).

GENERALITES SUR LA DREPANOCYTOSE

La drépanocytose (encore appelée « sickle cell anémia », c’est-à-dire anémie à hématies falciformes) est une maladie génétique autosomale récessive dans laquelle l’hémoglobine A normale (α2β2) est remplacée par l’hémoglobine S (α2β2Σ), résultat d’une mutation génique sur le gène de la globine β substituant au niveau du 6ème codon une adénine par une thymidine. Cette mutation est à l’origine du remplacement d’un acide glutamique (figure 2) par une valine (figure 1) (Bernaudin, 2006). La drépanocytose se caractérise par une modification de la forme des globules rouges (hématies) qui, normalement biconcaves, prennent une forme de croissant ou de faucille et associe 4 grandes catégories de manifestations cliniques (Girot et al, 2003) :
– une anémie hémolytique chronique ;
– des phénomènes vaso-occlusifs ;
– une susceptibilité extrême aux infections ;
– la douleur.

Historique

La drépanocytose est une maladie bien connue depuis longtemps dans la médecine traditionnelle africaine. Les ghanéens auraient reconnu la maladie comme un syndrome héréditaire dangereux désigné par les tribus affectées, sous des vocables spécifiques, faits de syllabes répétées évoquant les crises douloureuses récurrentes (Konotey-Ahulu, 1968). La littérature médicale nigériane quant à elle, fait état des « ogbanjes » enfants qui meurent très jeunes dès 1870 (Stevenson, 1985). En 1874, Horton décrit le « rhumatisme chronique » dans son ouvrage « les maladies des climats tropicaux et leur traitement » : sa description révèle certaines des caractéristiques de la drépanocytose reconnues plus tard (Adeloye, 1973). En 1910, le syndrome est identifié pour la première fois par James Herrick chez un patient noir, originaire des Antilles anglaises. Il aurait présenté comme symptômes : toux, essoufflement, fièvre, vertiges, maux de tête, palpitations (Girot et al, 2003). Le stagiaire de Herrick, Ernest E. Irons, effectue l’examen sanguin qui montre une anémie sévère associée à une forme particulière des érythrocytes qui rappelle celle d’une faucille. (Savitt et al, 1989). En 1917, Emmel suggère une origine héréditaire et par un test qui porte son nom (Test d’Emmel), il démontre la falciformation provoquée (Emmel, 1917). En 1922, Mason propose le nom de « sickle cell anemia », exprimant l’aspect « en faucille » de globules et insiste sur l’aspect racial (Mason, 1922). En 1924, les premières descriptions de la « crise hémolytique » ont été faites par Sydenstricker, qui décrit l’aspect aigu et douloureux. Il reconnaît un aspect latent à la maladie, suivant la gravité de la symptomatologie (Sydenstricker, 1924).

En 1927, Hahn et Gillepsie constatent et démontrent que la déformation des globules rouges se produit en cas de basses pressions en oxygène dans le sang (Hahn et al, 1927). En, 1933, Diggs a avancé la notion de « trait » drépanocytaire. En 1940, Sherman et ses collaborateurs suggèrent pour la première fois le rôle de l’hémoglobine dans la maladie qu’ils considèrent comme héréditaire (Sherman, 1940). Dans la même lancée, Neel est le premier à exprimer clairement l’existence d’une forme homozygote, héritée de deux parents hétérozygotes ; c’est la transmission mendélienne de la maladie (Neel, 1949). En 1949, le terme de « maladie moléculaire » émerge grâce à Pauling, Itano, Well et Singer. Ils mirent en évidence la différence électrophorétique entre l’hémoglobine normale A (HbA) et l’hémoglobine anormale S (HbS). Ce fut la première maladie génétique due à un défaut de la structure moléculaire d’une protéine spécifique (Pauling et al, 1949). En 1950, Harris étudie sous microscope, en lumière polarisée, des concentrations variées d’hémoglobines drépanocytaires oxygénées ou désoxygénées et confirme l’approche de Pauling en ce qui concerne le mécanisme de falciformation (Harris J., 1950). En 1956, Ingram met en évidence l’anomalie biochimique et démontre que la différence entre HbS et HbA correspond à la substitution d’un seul acide aminé : l’acide glutamique de la chaîne bêta de la globine est remplacé par la valine. (Ingram, 1956). Dans les années 60, les chercheurs découvrent que le gène qui code la production de la chaîne bêta se trouve sur le chromosome 11 ; ainsi, en ce qui concerne l’anémie falciforme, la thymine (T) va remplacer l’adénine (A) sur le codon 6 : GAG devient GTG.

En 1963, Guthrie R. publie une méthode permettant d’envisager un dépistage néonatal systématique des maladies métaboliques. Le dépistage de la drépanocytose à la naissance s’aidera plus tard de cette méthode. En 1970, grâce au test de dépistage lancé aux Etats Unis, il est constaté que la population américaine d’origine africaine est la plus touchée. En 1980, Yuet Wai Kan met au point un test génétique prénatal de la drépanocytose. En 1995, l’hydroxyurée est reconnue comme un traitement de fond de la drépanocytose. Sa molécule permet de favoriser la production d’hémoglobine fœtale (HbF), formée habituellement en petite quantité et parfaitement fonctionnelle, en inhibant la production d’hématies contenant l’hémoglobine S (Historique de la drépanocytose).

Epidémiologie

➤ Dans le monde
La drépanocytose est l’hémoglobinopathie la plus connue dans le monde. L’OMS estime que plus de 50 millions d’individus dans le monde sont porteurs du gène drépanocytaire (World Health Assembly, 2006).

En effet, la drépanocytose n’est plus exclusivement une maladie des populations noires d’Afrique. La présence des populations immigrées africaines et d’origine antillaise dans les capitales européennes, et sur le continent américain, ainsi que l’accroissement du métissage, étendent cette maladie à l’échelle mondiale. Ainsi, dans les pays d’immigration de la population noire la fréquence du gène S est estimée à 10 %; Il s’agit des pays comme les Etats-Unis d’Amérique, les pays d’Europe, la Grande Bretagne, les Caraïbes et certains pays d’Amérique du Sud comme le Brésil ou la Colombie (Motulsky, 1973 ; Sergeant, 1989). La drépanocytose continue de faire parler d’elle dans les pays suivants : l’Italie plus précisément la Sicile, la Grèce, l’Albanie, la Turquie, de même que dans tous les pays du Moyen Orient (Muzaka, 2010).

➤ En Afrique
En Afrique, « la ceinture drépanocytaire » commence à l’embouchure du fleuve Sénégal, couvre toute l’Afrique occidentale, équatoriale et orientale en passant par le canal du Mozambique et le sud du Soudan jusqu’au Zambèze et l’île de Madagascar (Chippaux et al, 1976).

Le taux de prévalence du trait drépanocytaire est compris entre 10 et 40 % en Afrique équatoriale alors qu’elle n’est que de 1 à 2 % sur la côte de l’Afrique du nord ; en Afrique australe, le taux de prévalence est en dessous de 1 % Dans certains pays d’Afrique comme le Nigéria, le Ghana, le Cameroun et le Gabon, les taux de prévalence se situent entre 20 et 30 % et atteignent 45 % dans quelques régions de l’Ouganda (Muzaka, 2010).

➤ Au Sénégal
Au Sénégal, la prévalence du trait drépanocytaire est estimée entre 8% et 10% (Mbodji, 2003). Chaque année il naît environ 416 400 enfants au Sénégal dont 2011 sont atteints de syndromes drépanocytaire majeurs (SDM). La drépanocytose SS représente plus de 95% des SDM (soit 1910 naissances / an SS au Sénégal), la drépanocytose HbS-HbC 4% (soit 80 naissances / an SC au Sénégal) et la drépanocytose HbS-β-thalassémie moins de 1 % ; soit moins de 20 naissances / an au Sénégal (Diagne et al, 2000). Une étude chez les nouveaux nés qui sont du reste très exposés à l’affection du paludisme, a permis la découverte de 0,4% de formes homozygotes à Dakar (Diagne et al , 2006).

Transmission génétique 

La transmission de la maladie est autosomale récessive, c’est-à-dire indépendante du sexe et s’exprimant lorsque les deux chromosomes transmis par les parents sont porteurs du gène de la maladie. En effet, Deux gènes béta hémoglobiniques s’expriment à égalité, l’un de provenance paternelle, l’autre d’origine maternelle. Ainsi, Lorsqu’un seul chromosome est porteur du gène de l’HbS (transmis par la mère ou par le père), la maladie est dite hétérozygote, le porteur est sain. Lorsque les deux chromosomes sont porteurs du gène (transmis par la mère et par le père), la maladie est dite homozygote, le porteur est malade.

On distingue ainsi 2 génotypes majeurs :
– AS hétérozygote asymptomatique,
– SS homozygote drépanocytaire malade .
Il est donc possible de prévoir le risque d’atteinte des enfants en fonction du génotype des parents .

Il est important de savoir que pour tous les enfants issus de mêmes parents, le risque sera toujours le même. Par exemple, si l’un des parents est hétérozygote et l’autre parent homozygote (AS/SS) et si le premier enfant est SS, le deuxième enfant a toujours le même risque de 50 % d’être aussi SS. Par ailleurs, il existe d’autres anomalies de l’hémoglobine pouvant s’associer à la drépanocytose : les hémoglobines C, O Arab, D Punjab ; et la β-thalassémie. Il s’agit d’anomalies génétiques qui se transmettent aussi sur le mode autosomique récessif. Lorsqu’un sujet porteur de la drépanocytose contracte une union avec un sujet porteur de l’hémoglobine C, O Arab, D Punjab ou de la β-thalassémie, ces anomalies peuvent s’associer et donner naissance à des enfants « doubles hétérozygotes » (appelés aussi « hétérozygotes composites ») SC, SO Arab, SD Punjab ou S/β-thalassémie.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
1.GENERALITES SUR LA DREPANOCYTOSE
1.1.Historique
1.2.Epidémiologie
1.3.Transmission génétique
2. Physiopathologie de la drépanocytose
2.1.Polymérisation
2.2.Falciformation
2.3.Déshydratation
3.Manifestations cliniques
3.1.Drépanocytose homozygote
3.1.1.Phase inter-critique
3.1.2. Phase critique
3.1.3. Complications
3.1.3.1.Complications aigües
3.1.3.1.1. Accidents vaso-occlusifs graves
3.1.3.1.2. Complications infectieuses
3.1.3.1.3. Complications anémiques
3.1.3.2.Complications chroniques
3.1.3.2.1. Insuffisance rénale
3.1.3.2.2. Lithiase vésiculaire
3.1.3.2.3. Ostéonécrose aseptique
3.1.3.2.4. Ulcère de la jambe
3.1.3.2.5. Rétinopathie drépanocytaire
3.1.3.2.6. Insuffisance cardiaque
3.1.3.2.7. Troubles de la croissance
3.2.Drépanocytose hétérozygote AS
3.3.Autres syndromes majeurs
3.3.1. Double hétérozygote SC
3.3.2. Formes associées à la β thalassémie
4. Diagnostic biologique de la drépanocytose
4.1.Test d’Emmel ou test de falciformation
4.2.Test d’Itano ou de solubilité
4.3.Electrophorèse de l’hémoglobine
4.4.Isofocalisation électrique
4.5.Chromatographie liquide haute performance
5.Prise en charge
5.1.Médecine moderne
5.1.1. Mesures préventives générales
5.1.1.1.Mesures hygiéno-diététiques
5.1.1.2.Prévention des infections
5.1.1.3.Supplémentation en Acide folique
5.1.1.4.Conseil génétique
5.1.2. Moyens symptomatiques
5.1.2.1.Médicaments
5.1.2.1.1. Antalgiques
5.1.2.1.2. Hydroxyurée
5.1.2.1.3. Antifalcémiants
5.1.2.2.Transfusion Sanguine
5.1.3. Moyens étiologiques
5.1.3.1.Allo greffe
5.1.3.2.Thérapie génique
5.1.4. Recherches scientifiques
5.2.Médecine traditionnelle
5.3.Phytomédicaments
Chapitre II : Rappels sur les plantes Maytenus senegalensis et Combretum glutinosum
1.ETUDE BIOSYSTEMATIQUE DE MAYTENUS SENEGALENSIS
1.1.Classification
1.2.Noms vernaculaires
1.3.Description botanique
1.4.Habitat
1.5.Chimie de la plante
1.6.Usages et pharmacologie
2.ETUDE BIOSYSTÉMATIQUE DE COMBRETUM GLUTINOSUM
2.1.Classification
2.2.Noms vernaculaires
2.3.Description botanique
2.4.Répartition géographique
2.5.Chimie de la plante
2.6.Usages et Pharmacologie
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL
1.OBJECTIF DU TRAVAIL
2.CADRE D’ETUDE
3.MATERIEL ET METHODES
3.1. Matériel
3.1.1.Matériel végétal
3.1.2.Matériel de laboratoire
3.1.3.Matériel chimique
3.1.4.Matériel Biologique
3.2. Méthodes
3.2.1. Broyage
3.2.2. Extraction
3.2.2.1.Solvant utilisé
3.2.2.2.Macération et filtration
3.3. Calcul des rendements
3.4.Préparation des combinaisons d’extraits
3.4.1. Préparation de la solution tampon phosphate à pH 7,4
3.4.2. Préparation des dilutions
3.4.2.1.Préparation des solutions mères
3.4.2.2.Préparation des combinaisons
3.5. Collecte de sang
3.5.1. Protocole du test au laboratoire
1.RESULTATS ET DISCUSSION
1.1.Résultats
1.1.1. Résultats des tests biologiques
1.2. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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