Les blattes ou cafards sont des insectes qui suivent l’homme depuis l’antiquité (Grandcolas ,1998).Ces dernières appelées aussi cancrelats sont des insectes Dictyoptères descendant des Aptérygotes, sous-classe primitive dépourvue d’ailes qui sont apparues à l’époque silurienne (Elie, 1998). Plusieurs milliers d’espèces sont connues de par le monde En effet on dénombre 4000 à 5000 espèces de blattes et probablement autant qui ne sont pas encore découvertes (Garfield, 1990 ; Blanc, 1996). La plupart d’entre-elles habitent les zones équatoriales et tropicales car ces insectes affectionnent tout particulièrement la chaleur et l’humidité.
Cette étonnante persistance à travers les siècles, le cafard la doit tout d’abord à sa grande facilité d’adaptation alimentaire car omnivore, il s’accommode à tous les régimes (Grandcolas 1998) ; sa minceur ainsi que l’excellente protection conférée par une cuirasse chitineuse couvrant la partie antérieur de son corps, ont aussi permis à cet insecte de survivre aux cataclysmes géologiques (Koheler & Petterson,1987) .. Par ailleurs, ces espèces cosmopolites se caractérisent par une photophobie, une résistance aux conditions difficile (faim, soif, submersion) (Rivault et al ., 1995) et un important pouvoir de fécondité (Grandcolas,1998). Cependant, elles ne peuvent ni se développer, ni s’alimenter ni se reproduire au froid (Grandcolas, 1998).
Les blattes provoquent une détérioration des denrées alimentaires et constituent une nuisance psychologique (Porcar et al, 2006) , elles peuvent transporter des agents pathogènes pour l’homme et transmettre aussi des maladies infectieuses comme l’hépatite, le cholera et la tuberculose (Gordon,1996 ;Tokouda et al.,2008). Les blattes se trouvent souvent à l’origine d’allergies (Mindykowski et al.,2010 ; Peden &Reed, 2010 ; Sheehan et al.,2010) .
En général nos habitations n’hébergent que 4 des 4000 espèces connues : Blattella germanica, Periplaneta americana, Blatta orientalis et Supella longipalpa (Grandcolas,1998 ; Wattiez et Beys,1999). Parmi ces derniers, B.germanica est la plus répandue elle cause à elle seule jusqu’à 90℅ des infestations (Bell,1990 ; Elie,1998), et se rencontre dans les maisons, les entrepôts, les commerces, les hôpitaux et les immeubles chauffés en hiver où elles trouvent suffisamment d’humidité et de nourriture (Ebeling,1978 ; Burgess,1984 ; Ross et al. ,1984 ;Rivault et al. ,1995 ;Hasche et Zumofen,1999).
Discussion
Effet de l’acide borique sur le taux de glutathion
Bien que le glutathion ait été découvert en 1888, ce n’est que dans les années 1970 que son rôle détoxiquant a été reconnu. Il joue un rôle critique non seulement chez les humains et les mammifères, mais chez tous les vertébrés, insectes, plantes et micro-organismes (Bonus et Gold ., 1991).C’est l’une des plus abondantes petites molécules non protéiques thiols dans les tissus des mammifères, en particulier dans le foie (Zhao Hong Mei et al.,2011). Le glutathion est un tri peptide qui a une capacité de donner facilement un électron lié à la présence d’un groupement thiol (-SH), cette capacité ainsi que sa grande concentration intracellulaire lui procurent un important pouvoir réducteur et font de cette protéine un cofacteur important des enzymes antioxydants. (Saxena, 2011). Une déficience du GSH provoque un risque de dégâts oxydatifs pour la cellule se traduisant par des troubles pathologiques tels que le cancer, les désordres neuro-dégénératifs et les fibroses cystiques (Townsend et al., 2003).
Notre étude révèle une augmentation du taux de GSH chez les séries traités de B.germanica à la DL50 (77,62 µg/insecte). Des résultats similaires par l’action de la cyfluthrine ont été observés chez Musca domestica et chez Tribolium castaneum (Reidy et al. ,1990 ; Ugaki et al., 1985), chez certains poissons exposés au plomb (Thomas et Juedes.,1992) et chez les rats traités au mercure méthylé (Woods et Ellis.,1995). Des résultats non similaires, montrant une diminution du taux de GSH ont été observés chez les moules exposés au mercure et au cuivre (Canesi et al.,1999), chez les femelles de Gambusia affinis traités en continu par le dimilin (Draredja-Beldi et Soltani,2001), chez les rats exposés au lindane( Videla et al.,1991) et chez les carpes à grosse tête (Aristichthys nobilis), traités par injection à la microcysteine-LR (Dawen Zhang et al.,2011).
Effet de l’acide borique sur l’activité spécifique de la glutathion-stransférase
Le glutathion-S-transférase (GST) représente une famille multi génique d’enzymes qui jouent un rôle important dans la protection des tissus contre les éventuels composés toxiques et cancérigènes d’origine exogènes et endogènes (Vlaykova et al. ,2008 ; Sue et al., 2006) . Ce sont des isoenzymes de la phase ΙΙ du mécanisme de détoxification, catalysant la conjugaison du glutathion avec plusieurs composés électrophiles (Banrjee et Goswami, 2010). Elles sont surtout localisées dans le cytoplasme des cellules des corps gras et des muscles alaires (Franciosa et Bergé, 1995).
L’activité spécifique de la GST, chez B. germanica traitée par injection à l’acide borique à deux différents doses (DL50 et DL90) ; montre une augmentation significative pour la DL50 à différents âges par rapport aux témoins. Nos résultats sont en accord avec ceux de Habes et al., 2006 chez la même espèce utilisant l’acide borique par ingestion à deux doses différentes (DL50=8,20℅,DL90=49,62℅).De même, Le propoxur, le chlorpyripos et la cyalothrine par application topique entrainent une augmentation de l’enzyme de détoxification chez P.americana ,B.germanica, B.orientalis (Valles et al., 1999) Des résultats similaire sont notés chez cette même espèce traitée par un pyréthrinoide, la cypermethrine (Valles et al., 2000) et par le benfuracarbe et l’acétamipride (Messiad et al., 2006 ).Chez d’autres espèces traitées par les pyréthrinoides, notamment chez Cydia pomonella (Bouvuer et al.,2002) et Helicoverpa armigra (yang et al.,2004) traitées avec la déltamétrine. Drosophila melanogaster exposée au phénol, présente une résistance à ce produit par une élévation de l’activité enzymatique de la GST (Shen et al.,2003), une augmentation de l’activité enzymatique de la GST est signalée également chez les larves de Spodoptera litura exposés à des doses croissante de nickel (1à20mg/kg) dans l’alimentation (XongXia Sun et al.,2008) ; chez Anguilla anguilla exposée au naphtaléne (NAP) à différentes concentrations et à différents temps d’exposition (Teles et al., 2003) ou encore chez la souris traitée par le NAP (Mitchell et al.,2000). Une très grande résistance au carbaryl et au méthyl parathion a été observée chez Spodoptera frugiperda ; l’activité spécifique de la GST est plus élevée dans les corps gras chez la souche résistante de S.frugiperda et elle est plus importante dans l’intestin moyen et l’abdomen de la souche sensible (Yu et al.,2003 ;Yu. ,2004) , l’induction de la GST est également rapportée chez Pyrausta sticticais (Leonova et Slynko. ,2004), Lygus linolaris(Zhou et al.,2007), chez Ochlerotatus cataphylla (Boyer et al.,2006) et chez Oreochomis mossambicus (Rao.,2006).
Toutefois, des diminutions significatives dans l’activité de la GST ont été rapportées chez la mouche domestique Musca domestica, traitée au fenitrothion (Ahmed et Wilkins, 2002). Chez les larves de Chironomus tentans traités par un herbicide et un insecticide organophosphoré provoque la réduction de l’activité de la GST (Kun et al., 2007). Les travaux de Feng et al.(2001) révèlent chez les larves de Choristoneura fumiferana , une augmentation de l’activité GST après traitement avec le RH5992(agoniste des ecdystéroides ) mais une inhibition de cette même activité lors du traitement au difluobenzuron, inhibiteur de la synthèse de la chitine .Par contre les travaux de Shojaet HIssaki (2005) ont monté une augmentation de l’activité de la GST chez Plutella xylostella traitée au chlorofluazuron, autre inhibiteur de la synthèse de la chitine. Il a été montré que chez plusieurs espèces d’insectes différents mécanismes de résistance peuvent exister chez différentes souches. De plus différents mécanismes de résistance peuvent coexister chez le même individus (Siegfreid et Scott, 1992).Chez B. germanica, la GST ne semble pas exercer d’effet sur le phénomène de résistance au cypermethrine et au chlorpyrifos (Schraff et al.,1998) .
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Table des matières
1. Introduction
2. Matériel et méthodes
2.1Présentation du matériel biologique
2.1.1Présentation de l’insecte
2.1.2. Cycle biologique de B.germanica
2.1.3Morphologie des différents stades de développement
2.1.4Elevage en laboratoire
2.2Presentation de l’insecticide
2.3Traitement
2.4Technique histologique
2.5Dosage enzymatique
2.5.1 Extraction et dosage de la glutathion
2.5.2 Extraction et dosage de la glutathion-s-transférase
2.5.3 Extraction et dosage Dosage de l’acétylcholinestérase
2.5.4 Dosage des protéines
2.6Analyse statistique
CHAPITRE1 : Effet de l’acide borique sur les activités de quelques enzymes de détoxification
1. Introduction
2. Résultats
2.1 Effet de l’acide borique sur l’activité spécifique de la glutathion
2.2 Effet de l’acide borique sur l’activité spécifique de la glutathion-S-transférase
2.3 Effet de l’acide borique sur l’activité spécifique de l’acétylcholinestérase
3. Discussion
3.1 Effet de l’acide borique sur l’activité spécifique de la glutathion
3.2 Effet de l’acide borique sur l’activité spécifique de la glutathion-s-transférase
3.3 Effet de l’acide borique sur l’activité spécifique de l’acétylcholinestérase
CHAPITRE2 : Effet de l’acide borique sur l’histologie du tube digestif
1. Introduction
2. Résultats
2.1. Effet de l’acide borique sur l’intestin antérieur
2.3. Effet de l’acide borique sur l’intestin moyen
3. Discussion
4. Conclusion
3. Conclusion et perspectives
4. Résumé
5. Abstract