Au niveau mondial, le cancer de l’œsophage est un cancer relativement peu fréquent. Il représente 3,2% des cas de cancer. Il est classé au 7e rang mondial d’incidence par cancer (572 000 nouveaux cas) . Toutefois, ce cancer est à pronostic très péjoratif (Figure 1) puisqu’il est classé au 6e rang mondial de cause de décès par cancer (509 000 décès), après le cancer du poumon, colorectal, gastrique, le carcinome hépato-cellulaire et le cancer du sein. Les hommes sont approximativement 3 fois plus atteints que les femmes dans le monde, avec la même répartition pour le taux de mortalité.
La répartition mondiale du cancer de l’œsophage est particulièrement hétérogène et s’avère différente selon le sous-type histologique (Figure 2). Ainsi, le carcinome épidermoïde de l’œsophage (CEO) à un taux d’incidence très élevé en Asie, de l’ordre de 90%. Pour certaines provinces chinoises, le taux de mortalité par cancer de l’œsophage est parmi le plus élevé au monde, par rapport à tous les autres types de cancers. Dans ce cadre, une recherche dédiée au cancer de l’œsophage est menée de façon active par les scientifiques chinois depuis quelques années, y compris un développement de molécules innovantes (exemple du laboratoire BeiGene© avec une molécule, le tislezumab). A contrario, l’adénocarcinome de l’œsophage, qui n’est pas le propos de cette thèse, est majoritairement retrouvée chez les caucasiens et dans les pays industrialisés comme l’Europe et les Etats-Unis et le sous-type épidermoïde ne constitue que 30% des cas de cancer de l’œsophage.
En France, en 2018, le nombre estimé de nouveaux cas de CEO était de 3224 soit près de 60% des cancers de l’œsophage. Son incidence tend à diminuer chez l’homme mais progresse chez la femme (6,8 pour 100000 personnes-années chez l’homme et de 1,5 chez la femme, soit un sexe ratio de 4,5) . Dans le Finistère, il existe une sur-incidence (+55 % pour les hommes et +20% pour les femmes) et une surmortalité (+82 % et 18%) du cancer de l’œsophage, par rapport à la moyenne nationale . Elle classe notre département dans les trois premières régions les plus touchées en France. Ceci en fait un sujet d’intérêt en termes de recherche et d’accès à l’innovation dans la région, dans le cadre d’une démarche de responsabilité populationnelle des structures territoriales de la santé, au premier rang desquelles, le Centre Hospitalier Régional Universitaire (CHRU) de Brest.
Bien que peu fréquent, le CEO a été responsable de 3825 décès par an entre 2007 et 2014 en France. C’est un cancer de sombre pronostic et la survie globale à 1 an et 5 ans sur la période 2010-2015 était de 48% et 16%, respectivement, pour les cas diagnostiqués. Sur la même période, la survie globale à 5 ans était de 14% chez l’homme et de 21% chez la femme , tous stades confondus. Plus de cinquante pour cent des patients diagnostiqués avec un CEO se présentent à un stade localement avancé ou métastatique. La survie globale à ce stade est de moins de 1% à 3 ans.
En Occident, le facteur de risque principal lié au CEO demeure l’intoxication alcoolotabagique et leurs effets synergiques.
Il existe un lien fort entre la consommation d’alcool et le risque de CEO, avec un risque d’autant plus fort que la consommation d’alcool est importante. Les personnes buvant de l’alcool présentent un risque jusqu’à cinq fois plus élevé de développer la maladie comparativement aux personnes ne buvant pas d’alcool. Ce risque est également dépendant de la durée de l’intoxication alcoolique. Le type d’alcool consommé ne montre pas d’association constante. Ce facteur de risque est indépendant de la consommation ou non de tabac.
La consommation de tabac est fortement associée au risque de CEO, selon une relation linéaire qui augmente avec la durée et l’intensité de la consommation tabagique. Le risque relatif est plus de deux fois plus important chez les fumeurs actifs. Ce risque est d’autant plus important que la consommation est importante. Le risque est également présent chez les personnes ayant un tabagisme passif. L’arrêt du tabagisme permet de diminuer ce risque. En effet les anciens fumeurs présentent un risque moins important de développer cette tumeur que les fumeurs actifs. Ce risque décroit de manière linéaire au fur et à mesure du temps avec un impact plus important après vingt ans d’arrêt de la consommation en tabac avec un risque alors égal à celui des non-fumeurs.
La consommation conjointe d’alcool et de tabac a un effet synergique sur le risque de CEO. La cohorte de Steevens J et al montre que les fumeurs actifs consommant plus de 15g d’alcool par jour ont un risque significativement plus élevé de développer un cancer que les nonfumeurs et faibles consommateurs d’alcool (0 à 5g/j d’éthanol) (RR 8,95 ; IC 95% 3,89-16,60). Les autres facteurs de risque identifiés sont : une consommation habituelle de boissons ou aliments chauds , un niveau socio économique faible, l’exposition à des cancérogènes tels que les rayons X et les rayons gamma , la pollution. D’autres potentielles étiologies demeurent inconnues.
La consommation importante de fruits et de légumes ainsi que la consommation d’acides gras mono-insaturés est associée à un risque plus faible de CEO.
La prise en charge thérapeutique des CEO fait appel à une évaluation générale de la maladie d’une part (taille, localisation, classification TNM) et d’une évaluation du patient d’autre part (état général, âge, comorbidités, état nutritionnel, facteurs de risque de toxicité aux traitements). Il est recommandé que le délai entre la fin du bilan d’extension et la mise en œuvre du traitement soit inférieur à 1 mois.
L’examen clinique est le point de départ du bilan. La fibroscopie oeso-gastro-duodénale permet la réalisation de multiples biopsies utiles au diagnostic histologique, l’évaluation de la taille de la tumeur, sa topographie (tiers supérieur, moyen ou inférieur ; Voir Annexe 1) et l’identification d’éventuels nodules de perméation. Le caractère franchissable ou non franchissable pose l’indication de l’écho-endoscopie complémentaire. Le scanner thoracoabdomino-pelvien (TDM TAP) spiralé complète le bilan en recherchant des lésions secondaires à distance. Ainsi l’ensemble de ces examens permet de classer les CEO selon la classification TNM .
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Table des matières
1. TABLE DES MATIERES
1. TABLE DES MATIERES
2. TABLE DES ILLUSTRATIONS
3. LISTE DES ABREVIATIONS
4. RÉSUMÉ
5. INTRODUCTION
6. MATERIEL & METHODE
6.1. POPULATION D’ETUDE
6.2. DONNEES COLLECTEES
6.3. ANALYSE STATISTIQUE
7. RÉSULTATS
7.1. CARACTERISTIQUES INITIALES DE LA POPULATION ETUDIEE
7.2. REGIMES DE CHIMIOTHERAPIE ET REPONSE THERAPEUTIQUE
7.3. OBJECTIF PRINCIPAL : RESULTAT DE LA SURVIE GLOBALE
7.4. OBJECTIFS SECONDAIRES
7.4.1. FACTEURS PRONOSTIQUES POUR LA SURVIE GLOBALE
7.4.2. SURVIE SANS PROGRESSION
7.4.3. CAS PARTICULIER DES PATIENTS GERIATRIQUES (≥75 ANS)
7.4.4. CAS PARTICULIER DES PATIENTS INCLUS DANS DES ESSAIS THERAPEUTIQUES
7.4.5. TOLERANCE ET CAUSES D’ARRET DU TRAITEMENT POUR L’ENSEMBLE DE LA POPULATION TRAITEE (GROUPE TSP)
8. DISCUSSION
9. CONCLUSION
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