La biodiversité et les écosystèmes fournissent des services essentiels à l’humanité, qu’il s’agisse d’assurer la sécurité alimentaire, de maintenir la propreté des eaux, d’amortir les conditions climatiques extrêmes, de fournir des médicaments, d’offrir des loisirs ou encore d’enrichir la culture humaine (PNUE, 2011). De ce fait, la biodiversité constitue une dimension essentielle du vivant. Elle est à la base des moyens d’existence et de subsistance de nombreuses communautés rurales. Pourtant, cette diversité biologique est fortement menacée aujourd’hui. Les menaces apparaissent sous divers aspects, dont les plus connus sont les processus de dégradation d’habitats liés aux activités humaines. Madagascar est reconnu par sa richesse en ressources naturelles. Ces dernières années, la menace qui prône sur sa biodiversité ne cesse d’augmenter. La couverture forestière connait une diminution progressive au fil du temps. En 15ans, la surface forestière a régressé de 14% entre 1990 à 2005 (MEF/DVRN, 2009).
Le pays regorge de grandes potentialités en matière de Produits forestiers non ligneux. Les potentialités de la flore malgache en plantes aromatiques et médicinales sont encore mal-connues même si c’est l’une des plus riches et des plus diversifiés du monde avec un degré d’endémicité exceptionnel (près de 80%) (ANDRIAMIHARISOA, 1998). Cependant, le phénomène de dégradation des ressources forestières tend à s’accélérer avec la pression démographique, les pratiques agricoles, l’exploitation forestière abusive que ce soit en bois d’œuvre ou en bois d’énergie.
Le développement de filières ; permettant la valorisation économique des forêts, produits forestiers ligneux, non ligneux et services écotouristiques ; fait l’objet d’une attention particulière pour pallier à ce problème. Il a été conçu dans une perspective de développement durable, de mettre en valeur à travers le développement d’une filière marchande de certaines ressources naturelles fournis par des écosystèmes menacés de dégradation anthropique. La valorisation durable des ressources naturelles occupe une place centrale dans la politique environnementale de Madagascar (PE3) comme le souligne la charte de l’Environnement: « la finalité du PE3 est la conservation et la valorisation de l’importance et de la qualité des ressources naturelles pour permettre une croissance économique durable et une meilleure qualité de vie ». L’un des objectifs du PE3 est la valorisation des filières issues de la biodiversité et ce de façon durable.
METHODOLOGIE
Problématique
Le site expérimental de Vohimana est extrêmement menacé par les pressions anthropiques, notamment le tavy ou culture sur brûlis. Il est caractérisé par l’extrême pauvreté des populations, conséquence de leur dépendance aux ressources naturelles de plus en plus rares et à l’absence d’activités génératrices de revenus. L’intégration de la population dans la gestion de la forêt est donc primordiale pour s’assurer de sa conservation. La création d’activité génératrice de revenu s’avère indispensable pour limiter cette destruction.
Parmi les activités génératrices de revenus crées, il y a la filière huile essentielle. Dans le contexte d’un retour vers les produits naturels, elle a un avantage concurrentiel et dispose donc de réelles perspectives de développement. Ainsi, sa valorisation peut constituer une source de revenu non négligeable pour les paysans surtout en dehors des saisons culturales. La mise en place de la filière devrait permettre de réduire considérablement la déforestation grâce aux avantages apportés aux communautés via la création d’emploi et d’assurer une stabilité de revenu qu’elle procure aux familles rurales. Dans ce sens, une attention particulière a été portée sur le développement des filières huiles essentielles aussi bien sur les espèces des forêts naturelles que sur les espèces plantées sur le site de Vohimana.
LA FILIERE HUILE ESSENTIELLE DANS LA ZONE DE VOHIMANA
Généralités
• Définition
Les huiles essentielles sont des substances huileuses, volatiles et odorantes qui sont sécrétées par les plantes aromatiques. Elle est avec l’hydrolat aromatique, le résultat de la distillation à la vapeur d’eau des plantes ou arbres aromatiques pour en extraire l’essence, c’est-à-dire la substance aromatique sécrétée par la plante (WILLEM, 2004).
• Procédé de fabrication des huiles essentielles
Le procédé utilisé à la production d’huile essentielle est la distillation à la vapeur d’eau, à basse pression. La vapeur d’eau traverse une cuve remplie de plantes aromatiques, elle entraîne les composants volatiles puis passe dans un serpentin qui les refroidit et les condense. L’huile essentielle étant plus légère que l’eau, elle reste en surface et peut être récupérée. L’eau restante est légèrement parfumée et porte le nom d’hydrolat ou eau aromatique. Elle contient les principes actifs hydrophiles de la plante, ainsi qu’une infime quantité d’huile essentielle. L’hydrolat peut être utilisé en cosmétiques, soit seul, soit mélangé à de l’argile pour la confection de masques purifiants. (DEGUELDRE, 2008) .
Le marché des huiles essentielles
Le marché mondial des huiles essentielles
La tendance actuelle montre qu’il y a une augmentation continuelle de la demande en huile essentielle. Une des causes de cette augmentation est l’attrait des consommateurs vers les produits naturels qui sont de plus en plus à la demande. D’après COTA en 2000, on recense plus de 3000 sortes d’huiles essentielles extraites des racines, des écorces, des feuilles, des graines et des fleurs de diverses espèces végétales. Seule 500 d’entre elles font l’objet de commercialisation. L’offre et la demande en huiles essentielles sont abondantes. Mais en général, l’offre n’arrive pas à satisfaire la demande.
Les huiles essentielles sont valorisées principalement sur les marchés de l’aromathérapie, de la parfumerie et de la cosmétique. Elles peuvent, soit entrer dans la composition de produits plus élaborés (crèmes, parfums, bougies,…), soit être utilisées à l’état liquide. Elles sont recherchées pour leurs propriétés odorantes ou thérapeutiques. Les principaux marchés de consommation sont les pays développés (Europe, Japon et Amérique du Nord) qui représentent 80% des débouchés mondiaux. (USAID, 2008) .
Le marché des huiles essentielles à Madagascar
Madagascar est riche en faune et en flore, avec ses 12 000 espèces dont 90 % endémiques. Parmi ces espèces, plusieurs plantes aromatiques avec des vertus thérapeutiques sont identifiées. Les produits malgaches sont très demandés sur le marché international grâce à cette forte endémicité qui, selon les professionnels et les connaisseurs, procurent une très bonne qualité et un bon rendement connus et reconnus par les pays importateurs. (RAHARINIRINA, 2008) .
Une demande croissante émanant des industriels de l’aromathérapie, de la cosmétique, de la pharmaceutique et autres filières de produits naturels, est observée. Elle est motivée par la demande des consommateurs de produits certifiés, équitables et biologiques. Les acheteurs s’intéressent de plus en plus aux ressources malgaches et adoptent progressivement une démarche plus éthique et environnementale. Une part importante de la production nationale est destinée à l’exportation. Le marché malgache en huile essentielle est en plein expansion.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : METHODOLOGIE
I.1 Problématique
I.2 Hypothèses de l’étude
I.3 Milieu d’étude
I.4 Méthodologie de recherche
I.4.1 Collecte des données
1.4.1.1 Enquête socio-économique
I.4.1.2 Exploitation des fiches de collecte et des fiches de distillation
I.4.2 Traitement et analyse des données
I.5 Cadre logique de la recherche
CHAPITRE II : LA FILIERE HUILE ESSENTIELLE DANS LA ZONE DE VOHIMANA
II.1 Généralités
II.2 Le marché des huiles essentielles
II.2.1 Le marché mondial des huiles essentielles
II.2.2 Le marché des huiles essentielles à Madagascar
II.3 Organisation de la filière à Vohimana
II.3.1 Types de filière
II.3.2 Les acteurs dans la filière huile essentielles de Vohimana
II.4 Les huiles essentielles produites à Vohimana
CHAPITRE III : ANALYSE DE LA MAITRISE DES TECHNIQUES DE VALORISATION
III.1. Les espèces sauvages
III.1.1. Modes d’exploitation des espèces sauvages
a. Impact de la mode d’exploitation sur la production
b. Mode de multiplication des espèces collectées favorable à une régénération rapide
III.1.2. Potentialité des ressources
a. Maniguette fine
b. Gingembre papillon
III.2. Les espèces plantées
III.2.1 Ravintsara ou Cinnamomum camphora
III.2.1.1 Mode d’exploitation
III.2.1.2 Potentialités des ressources
III.2.2 Zinziber officinale ou Gingembre
III.2.2.1 Mode d’exploitation du gingembre
III. 2.2.2 Potentialités des ressources
III.3 Conclusion partielle sur la première hypothèse
CHAPITRE IV : ANALYSE DE LA RENTABILITE DE LA FILIERE
IV.1 Fonctionnement de la production
IV.1.1 Capital de départ
IV.1.2 Fixation des quantités à produire
IV.2 Tendance de la demande
IV.2.1 Capacité à honorer les commandes
IV.3 Compte d’exploitation
IV.3.1 Charges directes
IV.3.2 Charges indirectes
IV.3.3 Calcul de la rentabilité de l’exploitation
a. Bénéfice par huile produite
a. Bilan de l’exploitation
IV.4 Conclusion partielle de la deuxième hypothèse
CHAPITRE V : ANALYSE DE L’IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DE LA FILIERE
V.1 Création d’emploi
V.2 Revenus moyens perçus
V.2.1 Pour la collecte
a. Nombre de collectrices
b. Nombre de collectes
c. Quantité de feuilles collectées
d. Bénéfices perçus par les collectrices
e. Utilisation des gains
V.2.2. Pour la production de feuille de Ravintsara
a. Nombre de producteurs
b. Nombre de pieds par producteurs
c. Investissement dans la plantation
d. Bénéfices perçus par les producteurs
e. Utilisation des gains
V.2.3 Pour le Gingembre
a. Nombre de producteurs
b. Investissement dans la plantation
c. Bénéfices perçus par les producteurs
V.3 Investissement financé par la filière Huile essentielle au niveau locale
V.4 Conclusion partielle de la troisième hypothèse
Chapitre VI : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
VI.1 Discussions
VI.1.1 Discussion sur la méthodologie
VI.1.2 Discussion sur l’exploitation des ressources
VI.1.2 Discussion sur la rentabilité de la filière
VI.1.3 Discussion sur l’amélioration des conditions de vie engendrée par la filière
VI.2 Recommandations
CONCLUSION