Le terme mangrove désigne à la fois et dans une certaine mesure, la formation de palétuviers établie dans la zone de balancement des marées des littoraux tropicaux et d’autre part, l’écosystème caractéristique de ce milieu littoral (Iltis, 1995). Les estimations récentes indiquent que la couverture mondiale de mangroves est de 137 760 km² comparée à une estimation antérieure d’environ 150 000 km² (Wang’ondu, et al., 2014). Les mangroves font parties des écosystèmes dont la superficie diminue considérablement avec un taux annuel de déforestation des bois de palétuviers estimé à 0,7% (Spalding, et al., 2011). Cette perte est due essentiellement aux actions humaines, à travers leur conversion directe à l’aquaculture, l’agriculture ou aux aménagements urbains (Spalding, et al., 2011 ; Barbier, 2016).
A Madagascar, les mangroves se situent en grande partie sur la côte occidentale et occupent une superficie d’environ 3 038,15 km² soit environ 2% des mangroves mondiales (Razakanirina, 2012). Le paysage de Manambolo Tsiribihina comprend la plus grande étendue de mangroves dans l’ouest (WWF, 2015). Etant le principal écosystème sur place, les mangroves constituent la première source d’approvisionnement des populations locales en bois de construction et en bois de chauffe ainsi qu’en ressources halieutiques et sont soumises aux diverses exploitations et utilisations qui induisent sa dégradation.
Etat des connaissances
Restauration
La SER – ou Society for Ecological Restoration – définit la restauration comme « le processus qui assiste l’autoréparation d’un écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit ». La réparation des processus, de la productivité et des services de cet écosystème, permet de rétablir la structure des communautés vivantes qui existaient historiquement, de retrouver un « état d’origine », ou « écosystème de référence » (SER, 2004). Dans cette étude, les activités de restauration pratiquées par le WWF sont les plantations de propagules afin de rétablir une couverture forestière et dans le cas d’une restauration effective, retrouver les services écosystémiques fournis par les sites restaurés.
Mangroves
Le terme « mangrove », d’origine malaise mangui est introduit par la langue anglaise et néerlandaise, désigne une forêt plus ou moins dense, constituée de palétuviers poussant dans les vases côtières des pays tropicaux (Cabanis, et al., 1969). Les forêts de mangroves sont distribuées dans la zone intertidale entre la terre et la mer dans les régions tropicales et subtropicales approximativement entre 30°N et 30°S de latitude. Leur distribution globale est délimitée par les courants océaniques majeurs et une température isotherme de 20°C de l’océan en hiver (Giri, et al., 2011).
Les forêts de mangroves remplissent un nombre important de fonctions et fournissent des services tant au niveau local que national. Les pêcheurs, les agriculteurs et les populations locales dépendent des ressources venant des mangroves comme source de bois pour la construction, le chauffage mais aussi comme source de produits non ligneux. Les mangroves participent aussi à la conservation de la diversité biologique en constituant un habitat pour les espèces faunistiques et floristiques. Le plus important réside dans son rôle dans la chaîne alimentaire marine comme les juvéniles qui se développent au sein de ces écosystèmes. Ainsi la disparition des mangroves entraine une diminution de la production marine (FAO, 2007).
Flore des mangroves
La flore de mangrove à Madagascar est composée de 8 espèces réparties dans cinq familles. La famille des RHIZOPHORACEAE prédomine avec trois espèces, les autres familles sont représentées par une seule espèce. La famille des RHIZOPHORACEAE est représentée par les genres Rhizophora, Ceriops et Bruguiera. La famille des COMBRETACEAE, proche de la précédente, par les genres Lumnitzera. Elle se trouve surtout à la périphérie des mangroves au contact de la terre ferme. Aux SONNERATIACEAE, également proches des RHIZOPHORACEAE, appartiennent les Sonneratia (Andriamalala, 2007).
Faune des mangroves
Les mangroves qui sont une zone d’interpénétration marine et terrestre, servent d’habitat de transition ou permanent à la faune des deux écosystèmes. Il est difficile de caractériser la faune réelle de mangrove car certains animaux appelés « visiteurs » peuvent être vus occasionnellement, certains ont leur habitat en permanence et d’autres sont « associés » c’est-à-dire ils viennent s’y abriter pendant un certain temps (Tomlinson, 1986). Les principaux groupes suivants sont retrouvés dans les mangroves selon les zones : les crustacés, les mollusques, les poissons, les reptiles, les oiseaux et les mammifères. Pour le paysage de Manambolo Tsiribihina, les espèces clés dans les mangroves sont : l’aigle pêcheur de Madagascar, le Héron de Humblot, les crabes et poissons ainsi que les mollusques.
Milieu abiotique
Climat
Une température supérieure à 16 ou 18°C avec des fluctuations de 5°C constitue la limite supportable pour les espèces de mangroves. Les graines dont le mode de dissémination est l’hydrochorie, sont très sensibles aux gelées et aux froids (Chapman, 1984). Sous climat humide, les sols sont continuellement lessivés par des fortes pluies, ce qui limite la salinité du milieu et favorise encore plus l’installation des palétuviers qui sont des halophytes.
Substrat
Les mangroves s’implantent sur un milieu vaseux anaérobique. Ce sont des substrats meubles, vaseux à degrés variables ; mais certaines espèces peuvent s’installer sur du sable, des substrats caillouteux ou des côtes rocheuses. Le sol de mangrove se démarque par une hydromorphie élevée, une couleur grisnoire et une odeur nauséabonde due aux composés sulfurés, ce sont aussi des sols salés ou sols halomorphes. L’horizon superficiel du sol présente tout au moins une couche d’argile (Lebigre, 1990). Selon la proximité à la mer, les types de sol qui sont rencontrés dans les mangroves sont les sols sableux et les sols argileux.
Facteur hydrologique
Comme les mangroves se développent dans un milieu saumâtre, la régularité du régime hydrique notamment l’alimentation en eau douce et l’immersion quotidienne par les marées par l’intermédiaire des chenaux ainsi que l’apport suffisant d’éléments nutritifs par les matières organiques jouent un rôle important dans l’implantation des mangroves. Elles ont donc pour principaux habitats les deltas, lagunes, embouchures et baies (Snedaker, 1984). La santé des mangroves dépend fortement des réseaux hydriques qui régulent les flux d’eaux. C’est un facteur important notamment dans le déplacement des faunes mobiles comme les poissons (Lewis III & Brown, 2014).
Salinité
Les mangroves résistent aux fortes salinités par des adaptations physiologiques. Les crynohalophytes opèrent par excrétion de sel par les glandes épidermiques et les glycohalophytes filtrent le sel au sein du système racinaire (Andriamalala, 2007).
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Table des matières
INTRODUCTION
METHODOLOGIE
1. Problématique et hypothèses
2. Etat des connaissances
2.1. Restauration
2.2. Mangroves
3. Zones d’études
4. Espèces dans le paysage MTB
5. Méthodologie de collecte de données
5.1. Observation et entretien
5.2. Inventaire floristique
5.3. Etude du substrat
6. Traitement des données
6.1. Analyse de l’état des peuplements de restauration
6.2. Analyse des conditions du milieu
7. Cadre méthodologique de l’étude
7.1. Cadre logique
RESULTATS
1. Caractéristiques du substrat
1.1. Paramètres influents
1.2. Variations entre les horizons
1.3. Corrélation entre les paramètres du sol
1.4. Classification des sites
1.5. Caractéristiques des groupes
2. Caractéristiques de la végétation
2.1. Groupe 1 : Sites à sol sableux
2.2. Groupe 2 : Sites à sol argileux
2.3. Evolution de la végétation
2.4. Restauration passive et active
2.5. Amplitude écologique des espèces : Avicennia marina et Ceriops tagal
DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
1. Pertinence et faille de la méthodologie adoptée
2. Etat de la restauration
2.1. Conditions de mises en place de la restauration
2.2. Composition floristique
2.3. Structure spatiale
2.4. Services écosystémiques
2.5. Pressions sur les mangroves
2.6. Facteurs de la restauration
3. Discussion sur les hypothèses
4. Recommandations
4.1. Amélioration du processus de restauration
4.2. Amélioration de la gestion des mangroves
4.3. Plan d’action
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES