La CPN est un suivi médical de la grossesse permettant de dépister et de traiter d’éventuelles complications survenues au cours de la grossesse et de définir le mode de l’accouchement. A cet effet l’Organisation Mondiale de la Santé et les gouvernements ont adopté la politique de la consultation prénatale (CPN) de qualité, les soins dispensés au cours de la grossesse et après l’accouchement. L’OMS recommande au moins 4 visites prénatales à intervalles réguliers tout au long de la grossesse [1]. Dans les pays industrialisés, presque toutes les femmes reçoivent les soins prénatals de qualité (99%), tandis que dans les pays en développement elles ne sont que de1%. [1] En Afrique de l’Ouest, une étude effectuée en 1997 dans certaines grandes villes (Abidjan, Bamako, Niamey, Nouakchott, Ouagadougou, Saint Louis et Kaolack), a montré que plus de 80% des femmes enceintes comptaient faire la CPN et que celle-ci était assurée à 94,6% par une sage femme; à Bamako au Mali: 86,5% des CPN sont faites par les sages femmes; 2,8% par les infirmières et 1,6% par les médecins [2]. Le 10 décembre 1990, le Mali a adopté la politique sectorielle et communautaire de santé de la reproduction (création et opérationnalisation des structures de santé communautaires ainsi que le renforcement et la redynamisation des structures) [1]. Par la suite, en 1994 il a adopté le concept de santé de la reproduction tel que défini par la Conférence Internationale pour la Population et le Développement (CIPD) dont « les soins prénatals de qualité » sont l’une des composantes [3]. Selon l’OMS, au Mali le pourcentage de femmes ayant fait au moins une CPN pour une raison liée à la grossesse par du personnel qualifié en soins obstétricaux est de 13% en milieu rural et de 83% à Bamako. Selon l’EDSM 2006, le taux de mortalité maternelle est de 464 sur 100000 naissances vivantes autrement dit au Mali une femme court un risque de 1/24 de décès pendant les âges de procréation (15-49 ans).
Au cours de la même période 1997-2001 pour 57% des naissances la mère avait seulement bénéficié d’au moins d’une CPN auprès du personnel formé. Par contre environ 3/5 des naissances (60%) se sont déroulées à domicile et 2/5 des naissances (40%) ont été assistées par du personnel de santé. Pourtant les décès et les handicaps pourraient être évités si les femmes suivaient régulièrement les soins avant et après l’accouchement. Malgré la valeur et l’intérêt accordés à la santé de la reproduction et les multiples travaux réalisés sur la CPN, le Mali connaît une situation sanitaire maternelle, néonatale et infantile préoccupante comme en témoignent les indicateurs. [4] L’ensemble des femmes enceintes doit par conséquent bénéficier d’une surveillance prénatale et d’un suivi obstétrical de qualité; celles qui y échappent peuvent représenter une population où les risques sont élevés. Malgré l’intérêt accordé à la santé de la reproduction au Mali, on ne sait pas encore avec précision le niveau réel de la qualité de la CPN au Mali.
Historique de la consultation prénatale:
La mise en place de programmes de politique de santé destinés à améliorer la santé des femmes et des enfants a vu le jour en Europe vers la fin du XIXe siècle. Avec le recul, les raisons de cette sollicitude dévoilent leur cynisme: à l’époque, les gouvernements voyaient dans la bonne santé des mères et des enfants un moyen de soutenir leurs ambitions économiques et politiques. Nombre de responsables politiques européens estimaient que la santé déficiente des enfants de leur nation sapait leurs aspirations culturelles et militaires. Ce sentiment était particulièrement marqué en France et en Grande Bretagne qui avaient de la peine à recruter des hommes suffisamment bons pour le service militaire. Dans les années 1890, les initiatives de précurseurs français tels que Léon Dufour (la goutte de lait), et Pierre Budin (la consultation des nourrissons) ont été une source d’inspiration pour les gouvernements. Ces programmes constituaient un moyen scientifique convainquant d’avoir des enfants en bonne santé, susceptibles de devenir des travailleurs productifs et des soldats robustes. Ces programmes pouvaient également s’appuyer de plus en plus sur les reformes sociales et les mouvements qualitatifs qui se faisaient toujours à l’époque. C’est ainsi que tous les pays industrialisés et leurs colonies, de même que la Thaïlande et de nombreux pays d’Amérique latine, avaient mis en place dès le début du XXe siècle au moins un embryon de service de santé maternel et infantile. La première guerre mondiale a accéléré le mouvement. Mais c’est après la seconde guerre mondiale que ces programmes ont véritablement commencé. En 1948, la déclaration universelle des droits de l’homme proclamée par l’organisation des nations unies nouvellement créée leur a fixé l’obligation d’assurer une aide et une assistance spéciale aux mères et aux enfants. Cette question de la santé maternelle et infantile avait par là acquis une dimension internationale et morale.
En 1987, l’appel pour une action en faveur d’une maternité sans risque l’a explicitement qualifié « de profondément enraciné dans l’environnement social, culturel et économique néfaste créé par la société, notamment en ce qui concerne la place réservée à la femme dans la société » Au cours du XXe siècle, plusieurs traités internationaux sur les droits de l’homme sont entrés en vigueur, rendant ainsi les pays signataires comptables des droits de leurs citoyens. Depuis deux décennies, les organes des nations unies ainsi que les juridictions internationales, régionales et nationales se préoccupent de plus en plus des droits de la mère et de l’enfant [1]. Malgré ces différentes interventions et l’implication des gouvernements, la mortalité maternelle et infantile constituait une immense tragédie dans le monde. En 1987, la première conférence internationale sur la maternité sans risque, convoquée à Nairobi, s’est fixée pour objectif de réduire de moitié d’ici l’an 2000 les taux de mortalité maternelle par rapport à 1990. Cet objectif a été adopté par la suite par les gouvernements et d’autres conférences internationales dont le sommet mondial pour les enfants de New York en 1990, la conférence internationale sur la population et le développement du Caire en 1994 et la quatrième conférence internationale sur les femmes de Beijing en 1995.
En 1996, l’OMS et l’UNICEF ont révisé ces estimations pour 1990, le volume des informations sur l’étendue du problème ayant nettement augmenté ces dernières années. Ces nouvelles estimations ont montré que ce problème a une ampleur bien plus importante qu’on ne l’avait soupçonné à l’origine et que le nombre annuel des décès maternels est plus proche de 600.000 dans les pays en développement [1, 9]. Bien que l’évaluation de la qualité des soins ait débuté il y a près d’un siècle aux USA, elle ne s’est vraiment développée qu’à partir des travaux de Donabedian en 1966, puis dans les pays anglo-saxons et par la suite en France au début des années 1980 en particulier sous l’impulsion de Papiernik et Coll., Lacronique Armogathe et Weil. Cette pratique de l’évaluation de la qualité des soins a été entérinée avec la création aux USA de l’Agence Nationale pour le Développement de l’Evaluation Médicale (ANDEM) et la loi sur la réforme hospitalière [5].
Définitions usuelles:
L’évaluation:
C’est une procédure scientifique et systématique qui consiste à déterminer dans quelle mesure une action ou un ensemble d’actions atteint avec succès un ou des objectifs préalablement fixés.
La qualité des soins:
La qualité des soins techniques consiste à appliquer des sciences et technologies médicales de manière à arriver au maximum des bénéfices pour la santé sans augmenter pour autant de risques. Le niveau de qualité est alors la mesure par laquelle les soins fournis permettent d’arriver à l’équilibre le plus favorable de risques et bénéfices. [4,14]. Selon l’OMS, la qualité des soins de santé consiste à exécuter correctement (selon les normes) des interventions dont on sait qu’elles sont sans risque, d’un coût abordable pour la société en question, et susceptible d’avoir un impact sur la mortalité, les invalidités et la malnutrition. Les soins de qualité sont le résultat d’une dynamique complexe comportant des dimensions multiples. L’entité «soins » comporte des aspects indissociables qui sont:
– la relation soignante soignée (respect de la dignité humaine);
– la démarche clinique et thérapeutique dont la qualité dépend de l’efficacité théorique du protocole des soins, de la compétence du personnel, de l’organisation du service et de l’acceptabilité par le patient;
– la continuité des soins;
– les conseils donnés à la patiente pour un bon déroulement de la grossesse;
– l’autonomisation [10].
Surveillance prénatale ou consultation prénatale (CPN):
La CPN est une pratique médicale qui s’organise autour d’un ensemble de gestes techniques contribuant à trois fins essentielles:
*Vérifier le bon déroulement de la grossesse et de dépister tous les facteurs de risques antérieurs ou contemporains,
*Traiter ou orienter la femme dans le cas échéant vers une surveillance ou une thérapeutique spécialisée en raison d’un des facteurs précédents,
*Etablir le pronostic de l’accouchement, prévoir les conditions d’accouchement et s’il faut le transfert dans un centre équipé pour faire face à d’éventuelles complications [5].
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Table des matières
I-INTRODUCTION
II-OBJECTIFS
III-GENERALITES
IV-METHODOLOGIE
V-RESULTATS
VI-COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VII-CONCLUSION
VIII-RECOMMANDATIONS
IX-REFERENCES
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