Pharmacovigilance
ย ย ย ย ย ย Cโest lโensemble des sciences et activitรฉs relatives ร la dรฉtection, ร lโรฉvaluation, ร la comprรฉhension et ร la prรฉvention des effets indรฉsirables et de tout autre problรจme liรฉ ร lโutilisation des produits de santรฉ. Lโidentification des effets indรฉsirables est faite par le praticien. Lโรฉvaluation se fait ร partir de lโeffet observรฉ et du mรฉdicament incriminรฉ. Elle permet la notification. La comprรฉhension permet dโidentifier lโorigine du mรฉdicament (formelle ou informelle), lโexistence de susceptibilitรฉ individuelle et le mรฉcanisme qui provoque lโeffet. Enfin la prรฉvention impose la formation et lโinformation des prescripteurs ainsi que lโinformation des malades. Son objectif principal est lโamรฉlioration de la sรฉcuritรฉ dโutilisation des produits de santรฉ par la surveillance continue de lโimpact sanitaire et par lโรฉvaluation du rapport bรฉnรฉfice/risque pour ces produits.
Mรฉdicaments et autres produits de santรฉ : Les mรฉdicaments
ย ย ย ย ย ย ย Substance ou composition prรฉsentรฉe comme possรฉdant des propriรฉtรฉs curatives ou prรฉventives ร l’รฉgard des maladies humaines ou animales ainsi que tout produit pouvant รชtre administrรฉ ร l’homme ou ร l’animal en vue d’รฉtablir un diagnostic mรฉdical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques. Les produits de santรฉ incluent les mรฉdicaments et les produits contraceptifs, le sang et ses dรฉrivรฉs, les vaccins, les produits biologiques, les produits de la biotechnologie, les produits diรฉtรฉtiques et les supplรฉments alimentaires, les plantes mรฉdicinales, les produits cosmรฉtologiques, les produits homรฉopathiques ainsi que les produits utilisรฉs dans le diagnostic biologique et radiologique et les produits ร usage vรฉtรฉrinaire, que ces produits aient bรฉnรฉficiรฉ de lโautorisation de mise sur le marchรฉ (AMM) ou qu’ils soient en cours de dรฉveloppement.
Pรฉnicillines du groupe G ou benzylpรฉnicilline
ย ย ย ย ย ย ย La pรฉnicilline G (couramment appelรฉe pรฉnicilline puisque cโest le premier reprรฉsentant du groupe) est disponible sous forme de sel de sodium. Ce dernier est stable pour les PH de 6 ร 6,5. Lorsque celui-ci est infรฉrieur ร 5 (aciditรฉ de lโestomac) ou supรฉrieur ร 7,5 il est inactivรฉ. Cโest pourquoi les pรฉnicillines de ce groupe ne peuvent รชtre administrรฉes que par voie parentรฉrale. Leur spectre dโaction est relativement รฉtroit. Il comprend la majoritรฉ des cocci gram positif et nรฉgatif, les bacilles gram positif, les anaรฉrobies, les spirochรจtes (trรฉponรจme), les leptospires et les actinomycรจtes. Sont donc insensibles ร la pรฉnicilline G, tous les bacilles gram nรฉgatif(BGN), les staphylocoques producteurs de pรฉnicillinases (beta lactamases) et les rickettsies.
Description du cadre gรฉnรฉral de la prescription mรฉdicamenteuse en milieu pรฉdiatrique
ย ย ย ย ย ย ย ย La consultation externe constitue une grosse activitรฉ dans la pratique hospitaliรจre, avec environ 100 malades par jour. La prescription รฉtait le plus souvent basรฉe sur la symptomatologie dominante, Un diagnostic รฉtant rarement posรฉ. Il sโagit dโun traitement ร lโaveugle, sans avoir recours aux examens paracliniques dans la majoritรฉ des cas. La catรฉgorie dโรขge la plus souvent rencontrรฉe est celle des nourrissons, elle reprรฉsentait presque la moitiรฉ de lโรฉchantillon traitรฉ. Cette frรฉquence des nourrissons dans la consultation pรฉdiatrique est rapportรฉe dans des รฉtudes menรฉes dans la mรชme structure hospitaliรจre par Camara qui a trouvรฉ 50,1% [7], et dans dโautres structures avec des taux plus รฉlevรฉs 64% [9]. La frรฉquence de cette classe dโรขge justifie une prescription pertinente, adaptรฉe ร lโรฉtat physiologique de lโenfant, tenant compte de lโimmaturitรฉ de certains systรจmes principalement le foie et le rein comme prรฉcรฉdemment signalรฉ dans la premiรจre partie [6]. Dans notre รฉtude, nous avons notรฉ une prรฉdominance masculine, avec un sex ratio G/F de 1,5, qui reflรจte ce qui est classiquement retrouvรฉ dans les services de pรฉdiatrie en Afrique tel rapportรฉ par Sรฉne [2] ร la pรฉdiatrie de lโhรดpital Le Dantec ร Dakar et par Assimadji au Togo [3]. La prescription peut รชtre influencรฉe par le profil รฉpidรฉmiologique qui varie selon la pรฉriode de lโannรฉe. Notre รฉtude รฉtait rรฉalisรฉe ร la pรฉriode du mois de novembre ร mi-fรฉvrier qui correspond ร la pรฉriode froide, dominรฉe par les infections respiratoires, et de rares cas dโinfections palustres, dโoรน le nombre important dโanti-infectieux prescrits retrouvรฉs dans notre sรฉrie (environ 20%). Cette prรฉdominance des infections respiratoires particuliรจrement chez les nourrissons a รฉtรฉ รฉgalement rapportรฉe par Ovetchkine [29] en France oรน nous pouvons apprรฉcier lโinfluence des saisons dans ces maladies respiratoires. Par contre notre attention รฉtait particuliรจrement frappรฉe par la rรฉgression des accรจs palustres dans notre sรฉrie, dโoรน le faible nombre dโantipaludรฉens prescrits. Ce qui est opposable aux rรฉsultats de Sรฉne lors dโune รฉtude rรฉalisรฉe ร lโHALD en 2003 qui avait montrรฉ des taux nettement รฉlevรฉs [1]. La diffรฉrence entre nos rรฉsultats peut tรฉmoigner de lโefficacitรฉ des interventions du Programme National de Lutte contre le Paludisme. Les antibiotiques de spรฉcialitรฉs รฉtaient principalement reprรฉsentรฉs par la spiramycine (Rovamycine*), ceci est dรป ร la frรฉquence des pathologies bronchopulmonaires dans notre รฉtude, sachant que les macrolides constituent le traitement de choix dans ces pathologies, et essentiellement en pรฉdiatrie [33]. En dehors des anti-infectieux, les plus prescrits sont les mucolytiques/antitussifs, confirmant la prรฉdominance des pathologies respiratoires au cours de cette pรฉriode de lโannรฉe. Ils รฉtaient essentiellement reprรฉsentรฉs par lโacรฉtylcystรฉine 17,5%. Lโutilisation de cette derniรจre molรฉcule dans la prise en charge des infections respiratoires a รฉtรฉ particuliรจrement relevรฉe par Chalumeau dans une รฉtude faite dans plusieurs pays oรน elle se positionne toujours comme le premier mรฉdicament de la toux ร cรดtรฉ de la carbocystรฉine [23]. Nous pouvons constater ร partir des prescriptions, la faible part reprรฉsentรฉe par les antidiarrhรฉiques, cela traduit le recul de pathologies diarrhรฉiques, qui dans les annรฉes prรฉcรฉdentes reprรฉsentaient la principale pathologie, en milieu hospitalier [11, 17]. Dans notre รฉtude, le nombre moyen de mรฉdicament prescrit par ordonnance รฉtait de 3,6. Ce chiffre est proche ร celui dโune รฉtude prospective faite dans un hรดpital pรฉdiatrique ร Tours 3,2 [9]. Ce nombre reste relativement รฉlevรฉ, car toute ordonnance portant plus de trois produits mรฉdicamenteux, peut prรฉsenter certains risques :
๏ผ Interactions mรฉdicamenteuses (synergie ou antagonisme)
๏ผ Difficultรฉ de la prise orale simultanรฉe de deux produits, surtout chez les jeunes enfants et les nourrissons.
๏ผ Possibilitรฉ de lโoubli ou de confusion de lโemploi, surtout pour les parents non instruits.
Ceci prouve la prรฉsence de prescription inutile, pouvant entrainer une รฉlรฉvation des coรปts des ordonnances. Le coรปt moyen des prescriptions dans notre รฉtude รฉtait de 3700 FCFA. Nous pouvons dire que les ordonnances coรปtent relativement cher, et trรจs souvent les malades sโen plaignent : ยซ mieux vaut ne pas tomber malade quand on est pauvre ยป. La consรฉquence est quโune ordonnance est rarement entiรจrement payรฉe, les malades se contentent dโacheter les mรฉdicaments ร la portรฉe de leur bourse, dโoรน un traitement tronquรฉ laissant souvent de cรดtรฉ le mรฉdicament le plus utile. Lโaccรจs de la majoritรฉ de la population ร des soins efficaces passe nรฉcessairement par une rรฉduction du coรปt des mรฉdicaments grรขce ร une prescription rationnelle. Dโoรน lโinitiative de Bamako qui met ร la disposition des malades, des mรฉdicaments gรฉnรฉriques peu cher, et qui malheureusement ne sont pas valorisรฉs par les mรฉdecins. Ces derniers prescrivent le plus souvent des produits de spรฉcialitรฉ absents au niveau des pharmacies de lโhรดpital. Concernant la forme galรฉnique, la forme sirop/goutte reprรฉsentait plus des 3/4 des formes prescrites, car elle est facilement acceptรฉe par lโenfant, maisย รฉgalement cโest la forme la plus conforme ร une prise en charge ambulatoire.
Les erreurs de prescriptions
ย ย ย ย ย ย ย ย Parmi les principales erreurs liรฉes ร la prescription, celles de la durรฉe non prรฉcisรฉe viennent en tรชte 30,2%. Ceci pose le problรจme du suivi du traitement et de lโรฉvaluation de son efficacitรฉ, car le malade peut arrรชter le mรฉdicament avant la durรฉe requise dรจs quโil se sent mieux, ou au contraire prolonger la prise, entrainant une atteinte de certains organes surtout chez les jeunes enfants (immaturitรฉ du foie, dรฉbit filtration glomรฉrulaire faible) [6]. Lโimpact de cette non-conformitรฉ de la durรฉe a surtout des consรฉquences fรขcheuses lorsquโil sโagit dโantibiotique car cela peut contribuer ร la sรฉlection des germes rรฉsistants et affaiblir notre arsenal thรฉrapeutique face ร des maladies trรจs lรฉtales. Par ailleurs, notre attention รฉtait รฉgalement attirรฉe par La non-conformitรฉ de la posologie par rapport au poids du patient, qui a reprรฉsentรฉ 18,9%, et qui est nettement infรฉrieur ร celles retrouvรฉes dans dโautres รฉtudes oรน nous avons trouvรฉ respectivement ร Saint Germain par Lenclen 28% [31], ร Tours par Bourlon 21,5% [9] et en Amรฉrique par Kaushal 34% [19], dโoรน un risque de sous ou surdosage, avec les consรฉquences possibles dโintoxication ou dโinefficacitรฉ du traitement. Ce problรจme se pose particuliรจrement avec les corticoรฏdes, avec tous les risques dโeffets secondaires indรฉsirables tels lโhypercorticisme par freinage hypophysosurrรฉnalien, une alcalose hypokaliemique, une HTIC ou des atteintes ophtalmiques [4,33]. Une autre prรฉoccupation non nรฉgligeable รฉtait la non-conformitรฉ du mรฉdicament prescrit par rapport au diagnostic qui a reprรฉsentรฉ 14,4%. Les antiparasitaires reprรฉsentent le chef de fil, suivi par les orexigรจnes/vitamines. Ce sont des mรฉdicaments de soutient ; surtout dans notre pays oรน les parasitoses occupent une place importante dans les pathologies infantiles [26], et oรน les enfants souffrent de carences vitaminiques ร cause dโun rรฉgime alimentaire dรฉsรฉquilibrรฉ, ou dโun รฉtat physiologique liรฉ ร la croissance, et dont les besoins ne sont pas assurรฉs. Parmi les erreurs les moins enregistrรฉes, celles de la formeย galรฉnique nonconforme ร lโรขge qui reprรฉsente 5,9%, ceci constitue un point positif dans la prescription, car les formes sirop/gouttes sont les plus adaptรฉes aux types de patients qui se prรฉsentent dans notre structure. Cela prouve รฉgalement que ces formes sont beaucoup plus maniables que les formes injectables. Dโailleurs se sont les antiรฉpileptiques dont les formes galรฉniques sirop/gouttes sont rarement disponibles, oรน nous avons le plus dโerreur. Lโabsence de formes galรฉniques pรฉdiatriques, peut รชtre source dโerreur de dosage. Ce type dโerreurs peut รชtre facilement maitrisable si nous parvenons ร demander aux pharmaciens de reconditionner ces mรฉdicaments ayant la forme comprimรฉ par exemple, de sorte que cela soit adaptรฉ ร lโenfant [8-37-40]. Un autre type dโerreur dont nous devons tenir compte, est la non-conformitรฉ de la durรฉe du mรฉdicament aux normes de prescription 6,8%, surtout que les taux les plus รฉlevรฉs sont reprรฉsentรฉs par les antipyrรฉtiques, composรฉs dans notre sรฉrie par le paracรฉtamol et les AINS (Ibuprofรจne), qui sont hautement toxiques (surtout le paracรฉtamol), car exposant au risque de dโIRA ou dโhรฉpatite mรฉdicamenteuse [36-16], dโautant plus que notre population de base est constituรฉe de jeunes enfants immatures hautement sensibles. Nous avons ainsi enregistrรฉs un taux global dโerreur de prescription de 76%. Ce taux est nettement supรฉrieur ร celui retrouvรฉ dans la littรฉrature qui est de 19% [28] et de 44% [31] dans les pays dรฉveloppรฉ, ce qui pourrait tรฉmoigner la qualitรฉ de la prise en charge dans notre pays, mais รฉgalement de lโenvironnement lรฉgislatif liรฉ ร la prescription mรฉdicale, car dans ces pays une erreur mรฉdicale avec des consรฉquences fรขcheuses conduit ร un procรจs, dโoรน la rigueur accordรฉe par les prescripteurs. Dans des pays comme le Maroc, pour limiter ces erreurs, on fait appel ร des guides de prescription รฉlaborรฉs par des laboratoires et mis ร disposition des prescripteurs. Par ailleurs beaucoup dโerreurs pouvant รชtre รฉvitรฉes, si le mรฉdecin ou le prescripteur accordait une plus grande importance ร la communication et au dialogue avec les malades, en leur expliquant les posologies de faรงon correcte et en sโassurant que le patient ou lโaccompagnant a bien compris. Ces lacunes sont liรฉes ร la formation de base de ces mรฉdecins, oรน le module dโinformationรฉducation-communication nโest pas bien dรฉveloppรฉ.
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Table des matiรจres
I Introduction gรฉnรฉraleย
II Rappel sur les rรจgles de prescriptionsย
2-1 Dรฉfinitions des concepts
2-1-1 Pharmacovigilance
2-1-2 Mรฉdicaments et autres produits de sante : les mรฉdicaments
2-1-3 Les effets
2-1-4 Abus
2-1-5 Mรฉsusage
2-1-6 Pharmacodรฉpendance
2-1-7 Notice
2-2 Normes de prescriptions par classe de mรฉdicament
2-2-1 Les antibiotiques
2-2-2 Mucolytiques et antitussifs
2-2-3 Les antihistaminiques
2-2-4 Les antiparasitaires
2-2-5 Les glucocorticoรฏdes
2-5 Autres
2-5-1 Les antireflux
2-5-2 Les laxatifs
2-5-3 Les antiseptiques intestinaux
2-5-4 Les antispasmodiques
2-5-5 Les antiรฉpileptiques
2-5-6 Les antipaludรฉens
III Travail personnelย
1 Objectifsย
2 Cadre du travailย
2-1 Moyens humains
2-1- 1 Le personnel mรฉdical
2-1-2 Le personnel paramรฉdical et technique
2-2 Fonctionnements pratiques
2-2-1 Activitรฉs hospitaliรจres
2-2-2 Activitรฉs universitaires
3 Mรฉthodologie
3-1 Type dโรฉtude
3-2 Cibles et durรฉes
3-3 Echantillonnage
3-4 Questionnaire
3-5 Analyse des donnรฉes
V Rรฉsultats
4-1 Frรฉquences gรฉnรฉrales des variables
4-1-1 Les ordonnances
4-1-2 Lโรขge de la population participant a lโรฉtude
4-1-3 Sexe
4-1-4 Les pathologies dominantes
4-1-5 Catรฉgories des mรฉdicaments prescrits
4-1-6 Les formes galรฉniques
4-1-7 Le coรปt
4-2 Erreurs de prescriptions
4-2-1 Conformitรฉ du mรฉdicament prescrit ร la symptomatologie
4-2-1-1 Pour lโensemble des mรฉdicaments
4-2-1-2 Par classe mรฉdicamenteuse
4-2-2 Non conformitรฉ de la posologie
4-2-2-1 Pour lโensemble des mรฉdicaments
4-2-2-2 Par classe mรฉdicamenteuse
4-2-3 Les durรฉes prรฉcisรฉes et non prรฉcisรฉes
4-2-3-1 Pour lโensemble des mรฉdicaments
4-2-3-2 Par classe mรฉdicamenteuse
4-2-4 Non conformitรฉ des durรฉes dโadministration des mรฉdicaments
4-2-4-1 Pour lโensemble des mรฉdicaments
4-2-4-2 Par classe mรฉdicamenteuse
4-2-5 Erreurs de la forme galรฉnique
4-2-5-1 Pour lโensemble des mรฉdicaments
4-2-5-2 Par classe mรฉdicamenteuse
V Discussionย
VI Recommandationsย
5-1 En direction des autoritรฉs sanitaires
5-2 En direction des prescripteurs
5-3 En direction du public
VI Conclusionย
Bibliographie
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