Evaluation de la pollution de l’eau du littoral d’Annaba par l’impact chez le mulet doré Liza aurata

Le milieu marin est particulièrement vulnérable aux effets toxiques des polluants, il est considéré comme le réceptacle des produits chimiques utilisés dans les activités industrielles, agricoles et urbaines (Rao et al., 2007 ; Canesi et al., 2011 ; Freitas et al., 2012; Fang et al., 2013). Parmi les différentes sources de pollution des milieux marins et en plus de l’agriculture, souvent responsable d’une part non négligeable de la contamination chimique des hydrosystèmes par l’utilisation de produits phytosanitaires ; l’industrie est le premier responsable de la quasi-totalité des rejets des produits chimiques dans les eaux naturelles, elle opte pour implanter ses unités à proximité des fleuves, des rivières, des canaux de la mer et des zones margino littorales pour évacuer ses déchets qui ont inévitablement augmenté les niveaux de pollution par les produits chimiques dans les eaux naturelles ( Akif et al., 2002; Jordao et al., 2002 ; D’Adamo et al., 2008 ; Onivogui et al., 2015; El Hassani et al., 2016). Ces zones margino-littorales (côtières, estuariennes et lagunaires) sont le refuge de nombreuses espèces de poisson marines auxquelles elles servent de nurseries (Hervé et Bruslé, 1979), et par conséquent elles accumulent dans leurs tissus les résidus des différents polluants persistants (Binelli and Provini, 2003 ; Ennouri et al., 2008 ; Ben Salem, 2014), tels que les Polychlorobiphényles (PCBs) (Canesi et al., 2003 ; Jayed et al., 2015), les Polychlorodibenzo-p-dioxines (PCDDs) et les Polychlorodibenzo-furanes(PCDFs) (Rawn et al., 2006), les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAPs) (Kouzayha, 2011; Souyei, 2015), le Tributylétain (TBT) (Gomez-Ariza et al., 2000), les pesticides organophosphorés et carbamates (Xuyang et al., 2008 ; Bahrouni, 2010 ; Mokbel et al., 2015) , ainsi que certains métaux lourds (Rajkumar et al., 2011 ; Eddaoudi et al., 2014 ; El Hassani et al., 2016). L’impact de ces composés toxiques qui n’arrêtent pas de s’accroitre en quantité et en variété dans notre société de plus en plus technologique, a été largement étudié dans notre laboratoire sur plusieurs organismes visés, spécialement, sur des insectes à intérêt agronomique, tels que Tenebrio molitor et Ephestia kuehniella (Soltani et al., 2002 ; Khebbeb et al., 2008 ; Meskache & SoltaniMazouni, 2013 ; Kirane-Amrani et al., 2015 ; Tazir et al.,2016 ; Bakli et al., 2016), à interet médical, Blattela germanica (Habes et al., 2006 ; Kilani-Morakchi et al., 2014), les moustiques du genre culex (Boudjelida et al., 2008 ; Djeghader et al., 2013 ; Bouabida et al ; 2017 ), Apis mellifera (Achou et Soltani, 1997 ; Barour et al., 2005 ; Loucif-Ayad et al.,2008 ; Nabti et al., 2014 ; Rouibi et al., 2016 ), Lymantria dispar (Ouakid et al., 2005) ; ainsi que sur des espèces non visées telles que le myriapode Eupolybothrus nudicornis (Daas et al., 1996 ; 2007 ; Soucha et al., 2015), le poisson Gambusia affinis (Soltani et al., 2008 ; Chouahda & Soltani, 2013 ; Zaidi & Soltani, 2013), Les crevettes Penaeus kerathurus et Palaemon adspersus ( Soltani et al., 2009 ; Morsli et al., 2015), et l’haricot de mer Donax trunculus (Beldi, 2007 ; Belabed & Soltani, 2013 ; Merad & Soltani, 2017).

Les enjeux environnementaux et sanitaires, liés aux polluants toxiques dans les milieux aquatiques, sont actuellement au cœur de nombreux débats de société et de prise de conscience de la nécessité de réduire la pollution toxique de l’eau (Binelli & Provini, 2003 ; Sarkar et al., 2006). La préservation de l’environnement est donc devenue une des priorités des scientifiques et des gestionnaires de la mer. C’est ainsi que l’étude des polluants et de leurs effets sur les écosystèmes a donné naissance à une discipline récente qu’est l’écotoxicologie dont le développement est consécutif à l’augmentation des rejets et des accidents dus à l’intensification des activités anthropogéniques (Valavanidis et al., 2006).

MATERIELS ET METHODES

Présentation de l’espèce 

Les mugilidés, muges, ou mulets, sont un groupe de poissons très connus, comestibles, et très commercialisés en Algérie et dans d’autres pays côtiers. Ils sont représentés par six espèces, Mugil cephalus, Liza aurata, Liza ramada, Liza saliens, Chelon labrosus et Oedalichulis labeo (Farrugio, 1973, 1975; FAO, 1987). Leurs caractéristiques souvent très proches rendent leur distinction difficile sous l’eau, leurs habitudes sont similaires. Ils affectionnent particulièrement les eaux saumâtres à fortes variations de salinité et abondent dans les zones estuariennes et lagunaires, certaines espèces remontent les cours inférieurs des fleuves et supportent parfaitement les conditions de vie en eau douce, ils sont présents dans toutes les régions, aussi bien en mer qu’en fleuve ou en rivière.

Les mulets sont des poissons allongés, d’une taille pouvant aller jusqu’à 70 cm pour un poids de 3 à 4 Kg, de section subcylindrique. Leur tête est massive et aplatie dorsalement ; le museau court et obtus. La bouche est petite, terminale ou subterminale, avec des lèvres épaisses et des dents très petites ou absentes. Les yeux sont recouverts partiellement d’une paupière adipeuse. Les nageoires des mulets sont au nombre de 08, deux dorsales qui sont courtes et bien séparées, la première à 4 épines minces et la deuxième à une épine et 8 rayons mous. Les pectorales sont courtes et insérées haut sur les flancs. Les pelviennes sont en position abdominale et présentent un processus écailleux à leur base; la caudale est fourchue. Quant à la nageoire anale, elle est courte et munie de 2 à 3 épines et comprend 8 à 11 rayons mous. Le corps est couvert d’écailles assez grandes et cycloïdes; quelques unes présentent une ou plusieurs rangées de stries. Pas de ligne latérale. La coloration du dos est bleu verdâtre à gris plombé, celle des flancs est argentée, souvent avec 3 à 9 rayures longitudinales; quant aux nageoires, elles sont hyalines ou sombres. Les mulets se nourrissent de petits végétaux, d’invertébrés et de détritus variés qu’ils fouillent dans les sédiments du fond, et parfois d’insectes et de plancton.

Ces espèces sont grégaires et se déplacent dans les aires marines côtières par bancs serrés de plusieurs dizaines d’individus de même taille. Elles effectuent des migrations trophiques de la mer vers les lagunes; cependant, la maturation des gonades, la reproduction et la ponte se réalisent exclusivement en mer (Chauvet et Mkaouer, 1977; Chauvet, 1979; Erman, 1959; Ezzat, 1965; Landret, 1974; Brusle et Cambrony 1992). Parfois, lorsque cette migration thalassotoque ne peut pas s’accomplir, les produits génitaux involuent et la ponte ne se réalise pas (Farrugio, 1975). Leur fréquentation simultanée et saisonnière du milieu marin et lagunaire les expose à différents types d’engins de pêche.

Caractéristique des sites d’échantillonnage 

Golfe d’Annaba

Le golfe d’Annaba est situé au niveau du littoral Est algérien. Il est limité à l’Est par le Cap Rosa (8°15’E et 36°58’N) et à l’Ouest par le Cap de Garde (7°47’E et 36°58’N) (Fig. 4). Il s’étend sur une longueur d’environ 25,5 milles (40 Km), avec une profondeur maximale de 65 mètres. Le plateau continental est très étroit et accidenté, surtout au voisinage des caps (Gruvel, 1926). Il est nettement restreint au nord du cap de Garde (4,5 milles) puis s’élargit dans le golfe jusqu’à 14,5 milles avant de se rétrécir légèrement à l’Est au niveau du Cap Rosa (Vaissière & Fredj, 1963). La température varie entre 16°C en hiver et 28,8°C en été avec une amplitude de 12,8°C (Frehi, 1998); elle joue un rôle important dans les variations de la densité de l’eau. La salinité varie en fonction des zones. Les courants présentent à l’ouverture du golfe, après le Cap de Garde, une circulation orientée d’Ouest en Est avec des vitesses fluctuantes selon les saisons pouvant atteindre de 0,5 à 1m/s. Ce courant décolle de la face Sud Est du Cap de Garde en direction de l’embouchure de l’oued Mafragh (Anonyme, 1976), alors que les houles sont d’origine Nord Ouest à Est Nord Est. La baie reçoit des apports en eaux douces par le biais de deux oueds important dont oued Mafrag à l’Est qui ramène des éléments très riches en composés organiques et minéraux, et oued Seybousse au Sud-Ouest qui véhicule des rejets d’origine agricole, domestique et industrielle (KhélifiTouhami et al., 2006 ; Ounissi, 2007). De plus la zone reçoit d’autres rejets des effluents urbains (Khammar, 2007) et industriels de plusieurs usines installées sur la côte (Saker, 2007). En raison d’une forte abondance du matériel biologique utilisé et du niveau de pollution notre choix s’est porté sur deux sites situés au niveau du golfe d’Annaba, El Hnaya et Sidi Salem.

Site d’El Hnaya

Le site d’El Hnaya (36°N 54’24.0, 08°E 07’35) se trouve à environ 30 km à l’Est d’Annaba entre le village de Berrihane et de Kantra El-Hamra et à 18 km à l’est de l’oued Mafragh (Fig. 4). Il est pris comme site de référence en raison de son éloignement de toute source polluante et au régime hydrodynamique important auquel il est soumis qui contribuent fortement à la dilution de toute pollution pouvant touchée ce site.

Site de Sidi Salem

Le deuxième site d’étude est celui de Sidi Salem (36°50’ N, 7°47’ E), situé du côté Est de l’oued seybousse (Fig. 4). Ce site est soumis à différentes sources polluantes, avec des déchets urbains apportés par oued seybousse, et des rejets industriels du complexe FERTIAL, spécialisé dans la production de fertilisants et de produits phytosanitaires, en plus d’une pollution aux métaux lourds et aux hydrocarbures issus des activités portuaires. En effet, cette pollution est favorisée par la présence de lents tourbillons qui s’étendent au Sud et au Sud-Est du port empêchant une dilution efficace des polluants. Une étude granulométrique indique que la plage de Sidi Salem est composée de sable fin avec un diamètre moyen de 0,18 mm (Beldi, 2007).

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Table des matières

1. Introduction
2. Matériels et Méthodes
2.1. Présentation de l’espèce
2.2. Caractéristiques des sites d’échantillonnage
2.2.1. Golfe d’Annaba
2.2.2. Site d’El Hnaya
2.2.3. Site de Sidi Salem
2.3. Mesure des paramètres physico-chimiques de l’eau
2.4. Capture et prélèvement des poissons
2.5. Dissection et prélevement des organes
2.6. Dosage des biomarqueurs du stress environnemental
2.6.1. L’acétylcholinestérase
2.6.2. Glutathion S-transférase
2.6.3. Glutathion
2.6.4. Catalase
2.7. Compostion biochimique de la chair
2.7.1. Extraction et dosage des constituants
2.7.2. Protéines
2.7.3. Glucides
2.7.4. Lipides
2.8. Analyse statistique
2.8.1. Régression linéaire et corrélation
2.8.2. Analyse univariée
3. Résultats
3.1. Variations mensuelles des Paramètres physico-chimiques de l’eau
3.1.1. Température
3.1.2. Oxygène dissous
3.1.3. Salinité
3.1.4. pH
3.1.5. Corrélation entre les différents paramètres physico-chimiques dans les deux sites du golfe d’Annaba
3.2. Variations mensuelles des biomarqueurs du stress environnemental
3.2.1. Variations mensuelles de l’activité de l’acétylcholinestérase
3.2.2. Variations mensuelles de l’activité de la glutathion S-transférase
3.2.3. Variations mensuelles du taux du glutathion
3.2.4. Variation mensuelle de l’activité de la catalase
3.3. Variations mensuelles de la composition biochimique de la chair
3.3.1. Taux de protéines
3.3.2. Taux de glucides
3.3.3. Taux de lipides
3.4. Effets des paramètres physico-chimiques du milieu sur l’activité des biomarqueurs et les taux des métabolites
3.4.1. Corrélation entre les paramètres physico-chimiques du milieu et les Biomarqueurs
3.4.2. Corrélation entre les paramètres physico-chimiques du milieu et les métabolites
4. Discussion
4.1. Paramètres physico-chimiques de l’eau
4.2. Biomarqueurs du stress environnmental
4.2.1. Activité de l’acétylcholinestérase
4.2.2. Activité de la glutathion S-transférase
4.2.3. Taux du glutathion
4.2.4. Activité de la catalase
4.3. Composition biochimique de la chair
4.3.1. Taux de protéines
4.3.2. Taux de glucides
4.3.3. Taux de lipides
5. Conclusion et perspectives
6. Résumés
7. Références bibliographiques

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