Évaluation de la performance des outils de dépistage

Les outils d’évaluation alimentaire et de dépistage

Dans le domaine de la nutrition, il est souvent pertinent et même nécessaire d’effectuer une évaluation primaire de l’alimentation d’un patient ou d’un client avant même de planifier une intervention. En effet, l’estimation des apports alimentaires permet de cibler le problème principal pour mieux cadrer la dite intervention. En recherche, l’évaluation alimentaire prend une toute autre dimension, c’est-à-dire qu’elle fournit une infinité d’information à manipuler pour obtenir réponses à nos diverses questions. De nombreux outils d’évaluation alimentaire sont à notre disposition, mais ne se prêtent pas nécessairement à nos besoins spécifiques. La présente section portera majoritairement sur deux outils couramment utilisés en recherche, soit le rappel de 24h et le questionnaire de fréquence alimentaire, ainsi que les outils de dépistages. Le journal alimentaire, qui est également un outil de choix dans plusieurs branches de la recherche en nutrition, ne sera pas abordé, puisqu’il est moins souvent utilisé dans la recherche en nutrition sportive.

Le rappel de 24h

Le rappel de 24h est un outil subjectif et rétrospectif qui peut être administré par un interviewer ou encore auto-administré sur le web. Comme son nom l’indique, le sujet est questionné par rapport à son alimentation la journée précédant l’administration [10]. Les informations fournies par le répondant doivent inclure le type de nourriture consommé ainsi que ses caractéristiques et ce avec le plus de précision possible (quantité consommée, méthode de préparation, marque du produit, etc.) [11]. Pour que cette méthode soit efficace, il est nécessaire de fournir au sujet des exemples visuels d’aliments et de grosseur de portions afin de minimiser la sous-estimation des apports [11]. D’ailleurs, la sous-estimation est un des limites du rappel de 24h, surtout auprès des enfants et des personnes âgées [10, 11]. Notons également la nécessité de multiples rappels de 24h pour bien estimer l’apport régulier d’un individu et la compilation des données fastidieuse requérant un ou une nutritionniste expérimenté(e) [11]. Néanmoins, cet outil est valide, peut être utilisé auprès de population avec un faible niveau de littératie et offre une bonne répétabilité d’un intervenant à l’autre [10]. L’administration d’un unique rappel de 24h peut prendre entre 30 et 45 minutes [10].

Le questionnaire de fréquence alimentaire

Le questionnaire de fréquence alimentaire (FFQ) est également un outil rétrospectif questionnant les sujets à propos de leur alimentation usuelle durant une période de temps fixe (semaine, mois, année). Il est normalement composé de 100 à 150 questions/aliments et peut être auto-administré ou administré par entrevue. Il est composé d’une sélection d’aliments concise et structurée pour laquelle chacun des aliments est détaillé en terme de fréquence de consommation de portions usuelles [12]. Le FFQ est avantageux dans le cadre de la recherche, surtout pour des projets de grande envergure, puisqu’il est modifiable afin de cibler un nutriment en particulier et est peu coûteux pour de grands échantillons [10]. Cependant, il s’agit d’une méthode qui peut prendre du temps à administrer et à analyser et qui tend à surestimer les apports [10]. De plus, la fréquence et la grosseur de portion préétablies par le questionnaire ne reflèteront pas nécessairement l’apport usuel du répondant. L’utilisation du FFQ est plus précise lorsque combinée à un rappel de 24 heures ou encore une mesure biochimique [12]. L’administration d’un FFQ peut prendre de 30 à 60 minutes [10].

Les outils de dépistage

Malgré la qualité des outils d’évaluation alimentaire précédemment décrits, il arrive parfois que ceux-ci ne se prêtent pas au contexte de recherche ou au travail sur le terrain [13]. C’est dans cet optique que les outils de dépistage entrent en jeu, servant normalement à étudier un ou deux nutriments ou groupes alimentaires précis. La majorité du temps, ils sont issus de modifications apportées à des outils existants, comme le FFQ, ou encore composés d’une courte série de questions spécifiques à une habitude alimentaire, outre la fréquence de consommation d’aliments [10]. Ce type d’outil est grandement utile lorsqu’il n’est pas nécessaire d’avoir un détail précis de l’alimentation globale d’un sujet. Par exemple, un outil de dépistage pourrait être utilisé sur une large cohorte afin de cibler les gens plus à risque/qui bénéficieraient le plus d’une intervention nutritionnelle, surtout dans un milieu possédant des ressources limitées en professionnels de la santé [10]. Il est aussi possible de les utiliser pour surveiller les habitudes alimentaires et l’adhésion à certaines recommandations nutritionnelles ou patterns alimentaires, comme la diète méditerranéenne, et ce à grande échelle [13].

Bien que leur rapidité et leur facilité d’administration soient des avantages non-négligeables, les outils de dépistages ne sont pas sans failles. En effet, leur estimation des apports usuels d’un sujet est moins précise que celle d’outils plus complets et compte souvent des erreurs de mesure [10]. Dans ce sens, avant d’utiliser un tel outil, il est recommandé de le valider auprès de la population cible, en le comparant à un outil d’évaluation alimentaire de référence, comme un rappel de 24h [10, 13]. Dans le monde du sport, il n’existe que très peu d’études visant à développer et/ou à valider des outils de dépistage. De plus, à notre connaissance, aucune de ces études ne concerne l’alimentation des athlètes, ce qui est plutôt surprenant considérant l’importance de celle-ci dans l’atteinte d’une performance optimale. En ce sens, le présent projet de maîtrise était non seulement grandement nécessaire pour la pratique en nutrition sportive, mais également innovant dans son approche. Les méthodes de développement d’outils de dépistage envisagées seront d’ailleurs présentées dans la prochaine section de ce mémoire.

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Table des matières

Résumé
Abstract
Table des matières
Liste des figures et illustrations
Liste des abréviations
Avant-Propros
Introduction générale
Chapitre 1. Contexte de l’étude
1 Les outils d’évaluation alimentaire et de dépistage
Le rappel de 24h
Le questionnaire de fréquence alimentaire
Les outils de dépistage
Le développement d’outils de dépistage
Les arbres de décision
Les modèles de régression logistique
Évaluation de la performance des outils de dépistage
Conclusion partielle
Objectifs et hypothèses
Chapitre 2. Étude portant sur le développement et la validation d’un outil de dépistage d’une consommation adéquate en glucides chez des athlètes d’endurance
Résumé
Abstract
Conclusion générale
Bibliographie