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TYPE, LIEU ET DUREE DE L’ETUDE
L’étude menée a été prospective, descriptive et bi-centrique. Les données ayant été obtenus par un questionnaire anonyme utilisant l’échelle EPA (échelle d’évaluation de la peur de l’accouchement) L’étude a été réalisée aux CHU de l’Hôpital Nord et de la Conception dans les services de consultation et le recueil des questionnaires s’est étendu de juin 2019 à fin novembre 2019.
POPULATION A L’ETUDE
Les critères d’inclusion à l’étude étaient : femmes primipares ou multipares, majeures, consultant aux CHU de Marseille, sachant parler français et volontaire.
Les critères de non-inclusion à l’étude étaient : Les femmes présentant une grossesse multiple, les femmes mineures, les femmes ne comprenant pas le français et n’étant pas volontaire.
Le critère d’exclusion était les femmes ayant une grossesse multiple.
REALISATION DU QUESTIONNAIRE
Le questionnaire préambule à l’échelle qui a permis de sélectionner les patientes selon les critères d’inclusion et de non-inclusion a été rédigé en janvier 2019. Il en a suivi la demande d’accord des cadres des services de consultations pour permettre la distribution de ce questionnaire, qui a commencé en juin 2019.
Le questionnaire utilisé [Annexe 1] était scindé en deux parties distinctes :
• La première partie comportait douze questions de renseignements généraux per-mettant de sélectionner les patientes, comme l’âge de la patiente, sa nationalité/origine, sa situation maritale, ses antécédents obstétricaux, son terme..
• La seconde partie correspondait à l’échelle EPA.
Elle comporte 21 items avec pour chacun d’entre eux, quatre possibilités de ré-ponses : « pas du tout », « un peu/rarement», «beaucoup/parfois », « tout à fait/souvent».
Ces Items sont regroupés en 5 facteurs
– l’anticipation d’un accouchement traumatique (quatre items, l’accouchement paraît être une expérience éprouvante, où la femme est malmenée physiquement ; la parturiente a peur de mourir ou d’être blessé, elle se sent angoissée et impuissante.
– l’intrusion (cinq items, la femme a des pensées, des images déplaisantes et fait des rêves déplaisants à propos de l’accouchement ; tout ce qui lui fait penser à ce moment provoque une détresse psychologique et physique chez elle) .
– l’évitement (trois items, la femme évite les pensées, les émotions, les conversations, les activités, les lieux ou les personnes qui pourraient lui faire penser à l’accouchement; elle a du mal à imaginer les étapes importantes de l’accouchement) .
– l’émoussement (quatre items, la femme a perdu son intérêt pour certaines activités, se sent isolée, ne trouve plus de sens à son avenir, est moins affectueuse qu’auparavant) .
– l’hyperstimulation (cinq items, la femme a de la difficulté à se concentrer, elle se sent tendue, sur le qui-vive, réagit fortement aux événements inattendus).
Les questionnaires ont été distribués par les secrétaires des consultations, à qui il avait été demandé de les distribuer à chaque patiente consultant une sage-femme. Ils étaient ensuite remis aux sages-femmes puis rangés jusqu’à récupération par l’étudiante sage-femme.
Plusieurs demi-journées ont été indispensables pour optimiser la distribution des questionnaires par l’étudiante sage-femme.
OUTILS DE RECUEIL DE DONNÉES ET OUTILS STATISTIQUES
Concernant l’exploitation des résultats, les données ont été saisies in-formatiquement dans un tableur Excel.
Les analyses statistiques de type descriptif (pourcentages, effectifs et moyennes) et les graphiques ont été réalisés à l’aide du logiciel XLSTAT et du tableur Excel.
Les statistiques analytiques permettant la comparaison des pourcentages obtenus a été effectuée par le test de Student
Résultats principaux de l’étude
Les tableaux obtenus représentant les pourcentages et effectifs du niveau de perception tocophobique pour chaque item de l’échelle EPA [Annexe 1] chez les primipares et les multipares, ainsi qu’à chaque trimestre de la grossesse, ainsi que les tableaux descriptifs pour la population générale obtenus (primipares + multipares/ 3 trimestres de grossesses) sont présentés en annexe. [Annexe 2 à 8]
Une comparaison entre les primipares et les multipares ainsi qu’entre chaque trimestre de grossesse a été ensuite réalisée pour répondre aux sous-objectifs. Les résultats suivants ont été obtenus avec le test de Student.
L’échelle EPA a été scindé en 5 facteurs comme précédemment décrit (cf partie matériels et méthode) pour la comparaison.
Légendes des tableaux suivants :
– Test de Student significatif si p*= p<0,05.
– Test de Student très significatif si p** p=<0,001.
– NS : Résultats non significatifs.
Validité de l’étude
La distribution des questionnaires a été étalée sur une durée de 6 mois afin d’atteindre un objectif minimum de 200 réponses. 80 réponses manquent donc pour réaliser cet objectif malgré de nombreuses relances auprès de services.
Limite et biais internes à l’étude :
Plusieurs biais ont été relevé au cours de l’étude.
Le manque de réponse peut être expliqué par le choix des maternités publiques Nord et Conception représente un des principal biais de l’étude. Compte tenu de la patientèle diversifié de l’assistance publique des hôpitaux de Marseille (APHM), l’étude a été peu fructueuse, du fait de la barrière de la langue. De nombreuses patientes n’ont pu répondre au questionnaire car ne sachant pas parler ou lire le français.
L’étude présente un biais de sélection. En effet, celle-ci s’adressait à des patientes « tout venant » primipares et multipares. Ceci constitue un biais essentiel à l’étude. Les multipares, celle ayant eu au minimum plus d’un enfant, ont déjà vécu une ou plusieurs grossesses et accouchements. De ce fait les craintes et les peurs peuvent être diminuée étant donné qu’elles aient déjà vécu l’accouchement, ou bien au contraire amplifier car elles auraient vécu une grossesse difficile et/ou un accouchement traumatique au préalable. Comme la décrit Louis Victor Marcé, psychiatre français, au 19eme siècle, dans son Traité de la folie des femmes enceintes de la façon suivante : « Si elles sont primipares, l’attente d’une douleur inconnue les préoccupe au-delà de toute mesure, et les jette dans une angoisse inexprimable ; si déjà elles ont été mères, elles sont effrayées par le souvenir du passé et la perspective de l’avenir ; elles ont l’intime conviction qu’elles devront succomber à l’épreuve qui les attend… » [2]
De plus, il est à noter un autre biais de sélection, sachant que nous avons étudié toutes les femmes mêmes celle ayant eu au cours de leur grossesse une pathologie; exemple : menace d’accouchement prématuré, hypertension artérielle, anémie maternelle, diabète gestationnel. De fait, cela a pu surestimer les résultats obtenus concernant l’échelle de la peur de l’accouchement. Il est à noter qu’il existe également un biais de confusion concernant le suivi des cours de PNP. En effet, le questionnaire concernait des patientes à tout terme de leur grossesse.
Cependant les cours de PNP ne sont débutés qu’à partir de la fin du deuxième trimestre de grossesse. Il se peut donc que les résultats aient été sous-estimés, étant donnée que celle ayant répondu au questionnaire en étant au premier trimestre de grossesse ou bien au début de leur deuxième trimestre de grossesse ne pouvaient pas déjà suivre ces cours. Il aurait été plus judicieux pour obtenir un pourcentage plus représentatif de reformuler la question de la manière suivant «Suivez-vous ou avez-vous l’intention de suivre des cours de préparation à la naissance et à la parentalité au cours de cette grossesse ? ».
Résultats généraux de l’étude
Dans un premier temps, une étude générale de l’échantillon (n=120) a été faite. L’échantillon total regroupait les femmes enceintes primipares ainsi que les multipares à tout âge gestationnel de leur grossesse.
Le questionnaire se répartissant en 2 parties :
– « Comment envisagez-vous votre accouchement ? ».
– « Comment vous sentez-vous actuellement ? ».
Il regroupe donc une partie anticipation et projection de l’accouchement et une partie « états des lieux » à un moment donné au cours de la grossesse.
Une comparaison, entre les réponses récoltées de l’échelle EPA rassemblées en facteur et les renseignements généraux recueillis en préambule pour l’échantillon total, a été élaboré.
L’échantillon (n=120) comptait [Figure 5] 66% (n=79) de patientes ne présentant aucune pathologie et 34% (n=41) ayant une quelconque pathologie liée à la grossesse.
Aucun résultat n’est revenu significatif [Tableau 6] [Annexe 14 à 16] hormis pour le facteur hyperstimulation (regroupant l’item 17 à 21). Le fait d’avoir une pathologie est un élément favorisant d’angoisse, crée un stress supplémentaire chez les femmes enceintes.
Concernant la participation à des cours de PNP, l’échantillon total (n=120) se répartissait comme suivant 67% (n=80) n’avait pas suivi de cours de PNP contre 33% (n=40) qui en avait suivi. Aucun résultat n’est revenu significatif [Annexe 11].
Salomonsson et al. (2010) constatent que très peu de femmes présentant des craintes suivent des cours de PNP. Ceci s’explique en parti par leur attitude d’évitement. [12]
Une comparaison a également été faite par rapport aux différentes situations maritales et socio-professionnelles. [Tableau 6 et 11]
Les résultats pour l’étude par rapport aux situations socioprofessionnelles n’indiquent pas de différence significative pour les facteurs intrusion et évitement.
Cependant pour le facteur anticipation [Tableau 8], il existe une différence significative entre les patientes non-scolarisée et celles ayant un niveau d’étude collège/CAP/BEP (p=0,014), également entre les patientes au niveau d’étude collège/CAP/BEP et celles ayant un diplôme correspondant à l’enseignement supérieur (p= 0,034). On note une différence très significative entre les femmes enceintes au niveau collège/CAP/BEP et celles au niveau baccalauréat (p=0,001).
En ce qui concerne le facteur émoussement [Tableau 9], il existe une différence significative entre les patientes non-scolarisée et celles ayant un niveau d’étude correspondant au collège/CAP/BEP (p= 0,016). Également entre les femmes enceintes niveau collège/CAP/BEP et celles au niveau baccalauréat (p=0,035). On observe entre celles ayant le niveau baccalauréat et celles ayant niveau correspondant à l’enseignement supérieur, une différence très significative (p=0,001).
À propos du facteur hyperstimulation [Tableau 10], une différence significative est à relevé entre les patientes non-scolarisée et celle au niveau collège/CAP/BEP (p=0,027), entre celles au niveau collège/CAP/BEP et les femmes ayant un niveau baccalauréat (p=0,035), ainsi qu’entre les patientes au niveau collège/CAP/BEP et celles ayant pour diplôme l’enseignement supérieur (p=0,003).
A travers notre étude ce qui est a été observé, est qu’il existe chez les femmes « non-scolarisée » et « enseignement supérieur » un niveau de peur supérieur à celles ayant un niveau d’étude intermédiaire (collège/CAP/BEP et niveau baccalauréat). Aucune autre étude n’a pu relever ce constat.
Pour ce qui est de la répercussion de la situation maritale sur l’état phobique des femmes enceintes [Tableau 11], tous les résultats ne relève une différence significative [Annexe à ] sauf pour le facteur hyperstimulation. Où il existe une différence significative entre les femmes « seules sans le père » et celles « avec le père sans être mariée » (p=0,021) et entre celles « seules sans le père » et celles « avec le père et mariée » (p=0,011).
Les femmes enceintes célibataires sont plus à risque de développer une phobie de la grossesse et de l’accouchement que celle étant en couple. On peut donc en déduire que l’ absence du père joue un rôle favorisant à la tocophobie.
Melender (2002) montre dans son étude que les femmes vivant seules ou celles n’ayant pas d’emploi sont plus fréquemment sujettes aux peurs de l’accouchement. [13]
Pour compléter l’étude, une comparaison entre la population générale et les différentes tranches d’âge a été faite.[Tableau 13]
L’étude n’a rapporté aucun résultat significatif pour les facteurs anticipation, intrusion et émoussement. [Annexe 17 à 19 ]
Cependant, pour le facteur évitement, une différence significative entre les patientes ayant un âge compris entre « 18-24ans » et celles « > 35ans » (p=0,046) est observée. [Tableau 14]. Également pour le facteur hyperstimulation entre les patientes « 18-24ans » et celles ayant un âge compris entre « 25 et 34ans » (p=0,025). [Tableau 15]
On observe que les moins de 35ans réagissent plus sur les facteurs évitement et hyperstimulation que les plus de 35ans. Il aurait été intéressant de voir si les plus de 35ans comptabilisé plus de multipares que de primipares, ce qui expliquerait ces résultats. Les multipares ayant déjà vécu au minimum une grossesse et un accouchement ne réagissent pas de la même manière que les primipares. Cependant, aucune étude ne s’est penché sur le sujet.
De manière général [Annexe 4], parmi les patientes primipares, multipares confondues à tout terme de leur grossesse, 33% ont répondu « beaucoup » et « tout à fait » à l’item 1 « l’accouchement sera une expérience éprouvante ». Il est à observer que le facteur hyperstimulation est celui qui est le plus mis en avant dans notre population totale (n=120). On compte 52% des femmes ayant répondu « souvent » à l’item 17 « j’ai de la difficulté à m’endormir ou me réveille dans la nuit » ; 47% des femmes ont répondu « parfois » à l’item 18 « Je peux soudainement me sentir très irritée ou en colère sans raison ». Ce qui est en rapport avec les différentes comparaisons traités ci-dessus.
Selon Salomonsson et al. (2010) [14], la peur de l’accouchement peut être rationnelle ou irrationnelle. Cette peur occupe en permanence l’esprit des femmes, les empêchant de profiter de leur grossesse et de se projeter dans l’accouchement. Celle-ci peut s’exprimer de différentes manières : soit les femmes nient la grossesse, soit elles souffrent de symptômes de grossesse plus intenses (nausées, vomissements, fatigue…). Cependant, elles ne sont pas toujours conscientes de leur peur.
Ces derniers mentionnent que cette peur peut se traduire par des changements dans les comportements quotidiens, c’est à dire, des attitudes dans lesquelles les femmes ne se reconnaissent pas (sautes d’humeur, irritabilité). Des symptômes physiques tels que des douleurs d’estomac, une tachycardie et des troubles du sommeil peuvent également être présents.
De plus certains signes cliniques recherchés à travers les questions de l’EPA peuvent être présents en dehors d’une peur de l’accouchement. De ce fait, une patiente peut répondre positivement à une question alors que la tocophobie n’en est pas la cause. Par exemple, l’item n°17 concernant les troubles du sommeil « j’ai de la difficulté à m’endormir ou je me réveille la nuit » peut constituer un biais, car beaucoup de facteurs, autres que l’anxiété, peuvent gêner un sommeil de qualité (douleurs lombaires, contractions utérines, mouvements fœtaux, crampes, reflux, mictions fréquentes dues au poids de l’utérus et du fœtus). Il pourrait donc être judicieux de reformuler la question de façon à ce qu’un lien entre les troubles du sommeil et des pensées à propos de l’accouchement soit établi. L’irritabilité (item n°18) peut trouver comme cause la peur de l’accouchement, mais également l’état hormonal dû à la grossesse en fait également partie.
Mise en perpespective
Afin de compléter notre étude et de répondre aux sous-objectifs du mémoire qui sont :
– Comparer la perception tocophobique entre les primipares et les multipares.
– Identifier les différences de niveau de perception entre les trois trimestres de grossesses.
Nous avons comparer les 5 facteurs que regroupe l’échelle EPA et la population primipares/multipares ainsi que les trois trimestres de grossesse indépendamment.
Comparaison primipares et multipares
Les résultats pour l’étude de comparaison primipares/multipares n’indiquent pas de différence significative pour les facteurs intrusion, évitement et émoussement. [Tableau 1] Cependant, une différence significative est à noter pour le facteur anticipation (p=0,005) et pour le facteur hyperstimulation (p=0,005).
Les résultats nous laissent donc penser que les primipares sont plus sensibles aux facteurs anticipation et hyperstimulation, ce qui peut être expliquer par le fait qu’elles ne sont pas égales aux multipares. En effet, celles-ci ont déjà vécu un ou plusieurs accouchements donc ont des facultés à anticiper l’accouchement et ces différentes étapes, et ceci n’engendre donc pas de répercussions physiques ou psychiques chez elles à l’inverse des primipares qui pour elles tout est inconnu.
Une des principales peurs ne concerne pas uniquement l’accouchement mais ce que celui-ci implique : devenir mère. Salomonsson et al. (2010) [14] décrivent que pour certaines femmes, la peur de l’accouchement est en réalité une peur anticipée du rôle de mère.
Les femmes n’ayant jamais vécu le travail de l’accouchement expriment une crainte face à la gestion de celle-ci. L’inconnu de son intensité et de sa durée sont deux facteurs accentuant cette peur. Concernant les multipares, un mauvais vécu de la douleur d’un accouchement précédent amène une appréhension pour cette nouvelle naissance.
Fenwick et al. (2015) [15] constatent que la peur de l’inconnu est manifestée par les primipares. Celle-ci, n’ayant pas l’expérience de l’accouchement, révèlent ne pas savoir à quoi s’attendre.
Ce qui est en désaccord avec l’étude de Lukasse et al. (2014) [16], qui dit que la peur sévère de l’accouchement touche 11% des femmes enceintes. Et concerne autant les primipares que les multipares (11,4% versus 11%).
Comparaison entre les trois trimestres de grossesse
Les résultats pour l’étude comparative entre les trois trimestres de grossesses n’a apporté aucunes données significatives pour les facteurs émoussement et hyperstimulation. [Annexe et ]
Concernant le facteur anticipation, on observe un résultat significatif (p=0,008) entre les patientes au deuxième trimestre et celle au troisième trimestre. [Tableau 3]
Ceci peut être expliqué par le fait que le terme se rapprochant, les patientes y pensent de manière beaucoup plus accentuée. La grossesse avance, le ventre s’arrondi, les mouvements de bébé font que tout devient de plus en plus concret et les plongent dans cette spirale où les questions, les peurs et les craintes concernant l’accouchement cheminent.
Pour ce qui est du facteur intrusion [Tableau 4], entre les patientes au premier trimestre et celles au dernier trimestre un valeur significative est à relever (p=0,008). En effet, au premier trimestre de grossesse les femmes enceintes sont plus sensibles, une certaine acceptation de soit, de la grossesse entraine des remaniements tant physiques que psychologiques.
Concernant le facteur évitement [Tableau 5], on observe une valeur très significative entre les patientes au premier trimestre et celle au second trimestre (p=0,001) et une autre significative entre les patientes du deuxième trimestre et celle du troisième trimestre (p=0,017). Ce qui s’explique par le fais qu’au premier trimestre les femmes enceintes se doivent d’accepter cette grossesse, même désirée, elles passent par plusieurs étapes et différentes questions s’ouvrent à elle. « vais-je être une bonne mère ? » ; « est-ce que c’est le bon moment ? ». Durant le second trimestre la grossesse est ancrée, moins de questions se posent, plus de représentations de leur enfant avec les échographies, les mouvements fœtaux, le ventre qui s’arrondit. A contrario, au troisième trimestre de la grossesse.
La grossesse représente une étape importante du développement psychologique de la femme, étape charnière dans la vie d’une femme, elle se répartie en trois trimestres bien distincts. A chaque trimestre un état psychologique est décrit. En fonction de chaque vécu de chaque femme et de la façon dont elles abordent leur grossesse, ces troubles psychiques peuvent varier dans leur expression et leur intensité.
Au premier trimestre, rare est la représentation de l’enfant, les femmes sont plus sur une phase d’adaptation qui est souvent source d’angoisses ainsi que de pertes de repères identitaires et corporels.
Au second trimestre, les modifications corporelles sont plus visibles et les symptômes physiques du premier trimestre disparaissent. Le corps s’est adapté à la grossesse et la femme enceinte ressent en général un bien-être physique. Cette deuxième période de la grossesse est souvent une période de sérénité relative pour la future mère.
Au troisième trimestre, étape importante où il y a une représentation de l’enfant et les représentations de séparation de cet être qui habite en elles depuis plusieurs moi qui apparaissent.
On peut dire que la femme enceinte pendant les neufs mois de sa grossesse, vit certains émotions vis-à-vis son corps, qui sont l’ambivalence, l’harmonie, et l’échéance.
Place de la sage-femme et pistes d’action proposées
La sage-femme occupe une place centrale dans l’accompagnement multidimensionnel de la femme et de sa famille lors de l’accouchement. Pour Page (2004) [17], l’expérience humaine vécue par chaque individu influence sa santé. Elle considère que, lorsque la sage-femme travaille avec la femme sur des facteurs importants comme la confiance en son corps, en son intuition et en sa capacité à donner naissance, cela pourrait permettre d’éviter une intervention médicale.
Il serait donc intéressant d’élaborer des stratégies par les professionnels comme : un suivi individualisé et continu par les mêmes sages-femmes, avant, pendant et après l’accouchement, ce qui favoriserait un climat de confiance et serait l’une des possibilités pour améliorer l’accompagnement de ces femmes et permettrait le dépistage de celles-ci. Ce suivi comprendrait un travail de fond sur les peurs avec la femme et son conjoint. Le nombre de consultation serait adapté en fonction des besoins. Dans les grandes structures, il serait intéressant de pouvoir proposer à ces femmes ce modèle de suivi.
Le dépistage de la peur lié à l’accouchement semble complexe. En tant que sage-femme, nous devons être attentives à certains indices : déni de grossesse, nombreux symptômes de grossesse, peur de la douleur… Toutefois, il nous semble primordial de ne pas tomber dans la dérive du dépistage systématique, pouvant rendre pathologique des phénomènes fréquents et souvent normaux chez les femmes enceintes.
Concernant la formation des étudiant(e)s sages- femmes, à travers nos études, nous avons constaté que dans les pays scandinaves, il existe des cliniques spécialisées dans l’accompagnement de ces femmes. Des sages- femmes formées y travaillent. Devant la complexité de ce phénomène, nous pensons que cette spécialisation est importante et permettrais aux futur(e)s sages-femmes d’offrir un accompagnement adapté. Elles devraient aussi pouvoir travailler avec une équipe pluridisciplinaire afin d’orienter les femmes lorsque la situation le nécessite (médecins, psychologues, pédopsychiatres).
L’entretien prénatal précoce (EPP) a été mis en place en 2007 afin de repérer précocement les problématiques médico-psychosociales et de permettre aux couples d’exprimer leurs attentes et leurs besoins concernant la grossesse, mais aussi aux professionnels de santé de dépister et cibler les situations à risque. L’anxiété pendant la grossesse pourrait avoir des conséquences sur le déroulement de celle-ci mais aussi sur la survenue de troubles psychologiques en post-partum. Cet entretien pourrait donc servir à dépister les femmes anxieuses durant la grossesse. Ces femmes pourraient alors avoir un suivi particulier et être éventuellement aidées par un psychologue pour la gestion de cette anxiété.
Il est encore peu diffusé en 2016 : seules 28,5 % des femmes déclarent en en avoir eu un, contre 21,4 % en 2010 alors que plus de la moitié avaient participé à des cours de PNP. [18] Cette différence de participation pourrait s’expliquer ainsi : la PNP est ancrée dans la culture obstétricale depuis de nombreuses années, contrairement à l’EPP qui est un « outil » récent puisque datant du plan périnatalité 2005-2007.
Il serait donc judicieux de faire diffuser aux professionnels de la périnatalité une lettre d’information leur rappelant les recommandations de la HAS concernant l’EPP et la PNP. Celles-ci préconisent la proposition systématique à toute femme enceinte d’un entretien prénatal précoce au quatrième mois de grossesse.
De plus, plusieurs idées semble être intéressante à développer comme par exemple de proposer un entretien prénatal tardif (EPT) sur le début du troisième trimestre afin d’optimiser ce dépistage. Comme nous avons pu voir tout au long de l’étude, il existe différents comportements physiques et psychiques à chaque moment de la grossesse, et certaines femmes enceintes sont plus susceptibles de réagir à certain moment et moins à d’autre. Ceci permettrait d’optimiser le dépistage et d’établir un accompagnement performant auprès de ces patientes.
Où bien, comme il est déjà proposé des entretiens éducatifs de groupe en puériculture ouvert aux parents durant le séjour à la maternité dans le service des suites de couches dans le but d’apporter un meilleur accompagnement à la parentalité et aux soins de puériculture. [19]
Nous pouvons donc proposer dans le même principe des entretiens éducatifs de groupe à la parentalité. Ces groupes seraient proposer en pré-natal durant la grossesse ; des groupes hétérogènes comprenant des primipares, des multipares mais également des patientes à des termes différents seraient formé afin d’aborder ensemble une autre façon de voir, de faire, ou d’agir. Ces groupes permettraient aux couples ou bien aux femmes enceintes de pouvoir discuter ensemble, s’apporter des conseils et répondre à leurs questions ensemble tout en ayant un avis professionnel car ceci-ci serait encadré par un professionnel de santé comme par exemple une sage-femme.
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Table des matières
I- INTRODUCTION A L’ETUDE
II- MATERIELS ET METHODE
III- RESULTATS
IV- ANALYSE ET DISCUSSION
V- CONCLUSION
VI- BIBLIOGRAPHIE
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