Les systèmes de production agropastoraux dans la zone
Le système de production d’une exploitation, selon Tristan et al., (2009), se défmit par la combinaison (nature et proportions) de ses activités productives et de ses moyens de production (terre, capital et travail). Sa compréhension peut être appréhendée grâce aux concepts de système de culture et de système d’élevage. En effet, le système de production est considéré comme une combinaison organisée de différents systèmes d’élevage et de systèmes de culture. Il est ainsi nécessaire de comprendre les fonctionnements de chacun de ces sous systèmes et les relations qu’ils entretiennent (Cochet et Devienne, 2006). En fonction du niveau de chaque composante du système et l’interaction entre les deux systèmes, il existe une diversité d’unité de production dans la zone ouest du Burkina Faso (Blanchard, 2005; Vall et al., 2006).
Les types d’exploitations existantes
Dans la zone cotonnière ouest trois grands types d’unité de production (UP) ont été caractérisés selon leur mode d’intensification et d’intégration agriculture-élevage. En fonction de la taille du troupeau de bovin et de la surface cultivée, on distingue les agriculteurs, les éleveurs et les agro-éleveurs (Blanchard, 2005; Vall et al., 2006). Selon les auteurs, les agriculteurs représentent 85 % des UP pratiquant un élevage limité aux animaux de trait. Ils cultivent surtout du coton et du maïs sur 3 à 15 hectares. Quant aux éleveurs, ils représentent 8 % des UP et cultivent de petites surfaces (3-4 hectares) de maïs et de sorgho recevant de la fumure animale et élèvent des troupeaux de bovins de 10 à 110 têtes. Les agro-éleveurs (7 % des UP) constituent la classe des grandes exploitations (8 à 35 hectares cultivés, 35 bovins en moyenne) les plus intensives. Ils combinent parfois traction bovine et motorisation lorsque la surface cultivée dépasse 40 hectares.
Les systèmes de production
Les systèmes de culture
Le système de culture est considéré comme « l’ensemble des modalités techniques mises en œuvre sur des parcelles traitées de manière identique. Chaque système de culture se définit par la nature des cultures et leur ordre de succession et les itinéraires techniques appliqués à ces différentes cultures, ce qui inclut le choix des variétés pour les cultures retenues» (Sebillotte, 1990). Le système de culture dépend de plusieurs facteurs que sont les facteurs naturels (sol, climat, topographie, hydrographie et l’environnement), les facteurs techniques (espèces et variétés, maitrise de l’itinéraire technique, etc.), les facteurs économiques (capital foncier, matériel, main d’œuvre, débouchés et rentabilité) et les facteurs humains (objectifs, technicité, temps de travail et conseils) (Grieu, 2005). Au Burkina Faso, le système de culture occupe une place très importante dans les exploitations agricoles avec des cultures diversifiées (coton, maïs, sorgho, mil, légumineuses etc). En effet, dans la zone ouest du Burkina Faso, la rotation coton-céréales avec généralement du maïs est très pratiqué. Cette pratique a permis une amélioration sensible de la productivité des céréales parallèlement à celle du coton, les céréales profitant de l’arrière effet des engrais apportés sur le coton (Bainville, 2013). Cette pratique a été largement promue par l’encadrement agricole et mis en œuvre par les producteurs pour pallier aux problèmes de réduction du foncier, de l’appauvrissement des terres cultivables et au détournement des engrais du coton pour les céréales.
Les systèmes d’élevage
Un système d’élevage peut être défini comme « un ensemble des techniques et des pratiques mises en œuvre par une communauté pour exploiter, dans un espace donné, des ressources végétales par des animaux, dans des conditions compatibles avec ses objectifs et avec les contraintes du milieu» (Lhoste, 1984). Selon Vallerand cité par Lhoste (1984), les systèmes d’élevage mettent en œuvre un milieu géographique et écologique qui fournit aux animaux l’essentiel de leurs ressources alimentaires, un milieu socio-économique de production (contexte économique, formes de production et d’organisation sociale) et l’ensemble des techniques et pratiques qui font l’activité des éleveurs. Il regroupe tous cela dans un schéma à trois pôles à savoir le territoire, le troupeau, la valorisation et au centre l’éleveur et ses pratiques. Au Burkina Faso, l’élevage est caractérisé par la coexistence de deux grands types de systèmes d’élevage bovin, ovin ou caprin: les systèmes traditionnels ou extensifs et les systèmes d’élevage modernes ou améliorés (semi intensifs et intensifs) (MRA/PNUD, 2011).
Systèmes traditionnels ou extensifs
Très pratiqué au Burkina Faso, ce système est caractérisé par un très faible niveau d’investissement et d’utilisation d’intrants vétérinaires et alimentaires. L’alimentation des animaux dépend presque exclusivement des ressources naturelles accessibles lors du pâturage. Selon les critères de mobilité, on distingue deux sous-groupes: l’élevage transhumant de grande ou petite envergure et l’élevage traditionnel sédentaire partant uniquement au pâturage (MRA, 2000).
L’élevage transhumant est caractérisé par le déplacement saisonnier ou cyclique de la majeure partie des troupeaux sous la garde de quelques personnes, généralement des bergers salariés ou de jeunes hommes de la famille (Lhoste et al., 1993). Cette transhumance permet de sauver les animaux d’une mort certaine pendant la période de « soudure» fourragère. Mais, elle constitue aussi un danger pour l’élevage du pays car les animaux sont exposés à de nombreuses maladies (MRA, 2000).
Les élevages sont qualifiés de sédentaires lorsque les groupes humains et les troupeaux demeurent de façon permanente dans une zone ouverte comme les alentours d’un village, d’un campement permanent ou dans une zone bien délimitée comme une ferme ou un ranch. Dans ce système, les animaux sont gardés en permanence par un membre de la famille ou un berger salarié. il est plus pratiqué par les agriculteurs qui investissent le surplus de leurs productions sous forme de bétail ou par les pasteurs sédentaires, qui diversifient leurs sources de revenus en pratiquant l’agricuIture. Le système sédentaire est aussi caractérisé par l’installation de parcs de nuits hors des zones agricoles en saison des pluies afin d’éviter tous dégâts sur les cultures. Ceci constitue une perte de fumure organique issue des parcs de nuit pour ces éleveurs, qui généralement ne ramassent pas les déjections animales déposées dans ces parcs élo ignés des parcelles cultivées. L’alimentation des animaux est basée sur l’exploitation des pâturages naturels du terroir villageois ou inter-villageois et celle-ci est complémentée avec les résidus de récolte lors de la vaine pâture et des fourrages stockés au cours de la saison sèche (MRA, 2000 ; 2006).
Systèmes d’élevage améliorés
Le système d’élevage amélioré est plus pratiqué dans les zones urbaines et périurbaines. Son développement est favorisé d’une part, par une demande élevée en produits animaux et d’autre part par une forte disponibilité de main d’œuvre en ville (MRA, 2000). En effet dans les systèmes d’élevage améliorés, les éleveurs investissent des moyens plus conséquents en intrants vétérinaires et alimentaires, pour les infrastructures et pour le travail afin de permettre aux animaux de mieux extérioriser leurs performances. Ce système regroupe, le système semi-intensifs (6% des élevages) voire intensifs dans lesquels se retrouvent l’embouche familiale et commerciale et les élevages spécialisés laitiers, porcins et avicoles (0,5 %) (MRAlPNUD, 2011). L’embouche étant définie par Pagot (1985) comme « la préparation des animaux ou la mise en condition des animaux pour la boucherie, quelle que soit la méthode utilisée ». Elle consiste à mettre un animal dans de bonnes conditions d’alimentation en vue d’augmenter son gain de poids ou de l’engraisser dans un temps relativement court avec le minimum de dépenses possibles (PARE, 2010). On note l’existence de plusieurs fermes laitières dans les périphéries ou dans les grands centres urbains tels que, Bobo-Dioulasso, Ouagadougou, Koudougou, Ouahigouya, Fada, Dori (MRA, 2005). Cette forme d’élevage permet aux producteurs de disposer d’une grande quantité de fumier.
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Table des matières
INTRODUCTION GÉNÉRALE
CHAPITRE 1. SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1 LES SYSTEMES DE PRODUCTION AGROPASTORAUX DANS LA ZONE
1.1.1 Les types d’exploitations existantes
1.1.2. Les systèmes de production
a. Les systèmes de culture
b. Les systèmes d’élevage
c. Les pratiques d’intégration agriculture élevage
1.2 LES TECHNIQUES DE PRODUCTION DE FUMURE ORGANIQUE ET UTILISATION DES ENGRAIS MINERAUX
1.2.1 Fumure organique
a. Techniques de production de fumure organique
b. Utilisation de la Fumure Organique
1.2.2 Engrais minéraux
a. Types d’engrais minéraux
b. Mode d’utilisation des engrais minéraux
1.3 EVALUATION DE LA DURABILITE DES SYSTEMES APPLIQUES AUX PRODUCTIONS AGRICOLES
1.3.1 Concept de développement durable
1.3.2 Agriculture Durable
a. Définition
b. Démarche d’évaluation de la durabilité en agriculture
c. Différentes méthodes d’évaluation de la durabilité
CHAPITRE Il. MATÉRIELS ET MÉTHODES
2.1 PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE ET SITE D’ETUDE
2.1.1. Présentation de la zone
2.1.2. Site d’étude
2.2 DEFINITIONS DES CONCEPTS
2.2.1. Le concept de systèmes innovants et de systèmes hors-normes
2.2.2. La recherche active ou traque des systèmes hors-normes
2.3 METHODE MOBILISEE POUR LA TRAQUE DES SYSTEMES « HORS-NORMES»
2.3.1. Démarche générale
2.3.2. Choix de l’échantillon des producteurs enquêtés
2.4 COLLECTE DE DONNEES
2.4.1. Etape 1 : identification des exploitations hors-normes et de références et analyse de la raison des pratiques
2.4.2. Etape 2 : Caractérisation du fonctionnement des systèmes de production hors-norme et de références
2.4.3. Etape 3: Evaluation de la productivité et de la durabilité des systèmes de production
2.5 CONCEPTION THEORIQUE DE L’ANALYSE DES DONNEES
2.5.1. Identification des systèmes de production hors-norme et de référence et analyse de la roison des pratiques
2.5.2. Caractéristiques du fonctionnement des systèmes de production
a. Caractérisation des pratiques de production de la fumure organique
b. Analyse du fonctionnement des systèmes de production
2.5.3. Évaluation des performances des systèmes de production agropastoraux
a. Évaluation des performances techniques
b. Évaluation des performances économiques
c. Évaluation des performances environnementales
d. Évaluation des performances sociotechniques
CHAPITRE III. RÉSULTATS ET DISCUSSION
3.1 RESULTATS DE LA TRAQUE DES SYSTEMES DE PRODUCTION DE LA FUMURE ORGANIQUE HORS-NORME
3.1.1 Description générale des exploitations agropastorales enquêtées et identification des systèmes hors-normes
a. Description des exploitations agropastorales enquêtées
b. Identification des systèmes de production de la FO hors-normes
3.1.2 Description des systèmes de production de FO des exploitations de référence et hors-normes dans la zone d’étude
a. Les exploitations de références
b. Les exploitations hors-normes
3.1.3 Les raisons des pratiques de production de la fumure orgonique hors-normes par rapport aux références
a. Objectifs de la production et de l’utilisation de la fumure organique et d’utilisation des engrais mineraux
b. Appuis reçus pour la production de la fumure organique
c. Conséquences de fumure organique sur la production agricole
d. Difficultés rencontrées dans la production et utilisation de la fumure organique
e. Projets d’amélioration de la production de fumure organique
3.1.4 Évaluation de la durabilité des systèmes
a. Performance techniques chez les producteurs de références et hors-normes
b. Performances économiques chez les producteurs de références et hors-normes
c. Performances environnementales chez les producteurs de références et hors-normes
d. Performances sociotechniques chez les producteurs de références et hors-normes
3.2 Discussion
3.2.1 Méthode de la traque des systèmes de production hors-normes
3.2.2 Pratiques de production et d’utilisation de la FO chez les producteurs hors-normes
3.2.3. Evaluation de la durabilité des systèmes de production de fumure organique hors-normes
a. La durabilité des systèmes de production de fumure organique hors-normes
b. Limites de l’évaluation de la durabilité des exploitations
CONCLUSION
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